mardi 2 décembre 2014

La source de la moralité juive et du Pésaq Halokhoh

בס״ד

La source de la moralité juive et du Pésaq Halokhoh


Un ami Séfardî m'a posé la question suivante :

Une femme Ashkénaze peut-elle être l'une des femmes d'un Séfarade, c'est-à-dire, faire partie d'une famille polygame, alors que les Ashkénazes n'y ont pas le droit (il me semble que le Hérém de Rabbénou Gershom a été prolongé après l'an 5000).

Je lui ai répondu ceci :

Ce Hérém n'était pas fait pour durer éternellement, mais était effectivement limité dans le temps. En outre, il ne touchait pas, à la base, tous les `Ashkénazîm, mais uniquement les pays de l'Empire Germanique. C'est pourquoi il ne concernait ps tous les `Ashkénazîm et qu'on a pu voir des `Ashkénazîm polygames dans d'autres pays, malgré la promulgation du Hérém de Rabbénou Gershôm. Et puisque ce décret ne visait pas tous les Juifs, les Séfardîm, les Mizrahîm et les Téimônîm ne lui ont jamais accordé une valeur contraignante. C'est ainsi que jusqu'à aujourd'hui, les Juifs Yéménites continuent à pratiquer la polygamie, et que cela est également pratiqué parmi certains Séfardîm.


Rappelons aussi que la raison principale pour laquelle Rabbénou Gershôm a émis ce Hérém, c'était à cause du danger de mort. L’Église de l'Empire Germanique avait effectivement fait passer une loi qui condamnait à mort quiconque était polygame. Ce décret visait clairement les Juifs, puisque les Chrétiens avaient abandonné cette pratique depuis très longtemps, tandis que dans l'Europe Chrétienne les Juifs continuaient à être polygames. Aujourd'hui, en `Èrès Yisro`él, ou la loi des Sionistes interdit la polygamie aux citoyens Juifs mais la permet aux citoyens Musulmans et aux Samaritains (néanmoins, certains Juifs la pratiquent en dépit de la loi des Sionistes, car le décret de Rabbénou Gershôm ne s'est jamais appliqué en terres séfarades ou orientales, et `Èrès Yisro`él n'est pas une terre Ashkénaze), un `Ashkénazî doit recueillir la signature de 100 rabbins pour pouvoir épouser une deuxième épouse, et uniquement à la condition que sa première femme soit tellement malade qu'elle ne parvient plus à remplir ses rôles d'épouses.


Pour répondre à la question, cela pourrait être acceptable, au point près que les `Ashkénazîm ont la coutume d'inclure dans la Kéthoubboh une clause interdisant la polygamie. Donc, à moins que cette femme `Ashkénazîyoh n'accepte de se marier selon les conditions séfarades, il ne conviendrait pas qu'elle fasse partie de la famille d'un Séfardî polygame. Mais il y a très peu de chances qu'une `Ashkénazîyoh l'accepte, car ce n'est pas dans leur culture et cela sonne pour eux comme une pratique trop « musulmane » (comme s'il n'y avait pas de polygames dans la Bible).

Tout cela amène à se poser la question suivante : quelle est la source de la moralité juive et du Pésaq Halokhoh ?

La source de toute moralité est la Tôroh. La source de toute Halokhoh et pratique juive est la Tôroh. Toute moralité ou loi qui ne serait pas basée sur la Tôroh n'est pas juive !

Par Tôroh, il faut comprendre le contenu de la Tôroh Écrite et les explications orales qui nous ont été transmises par tradition et codifiées dans le Talmoud. Le Rambam זצ״ל, dans son Introduction au Mishnéh Tôroh, comme nous l'avions vu ici (point n°34), écrit que tous les Juifs, où qu'ils vivent, ont l'obligation de suivre les décisions halakhiques, ainsi que les Taqqonôth et Gézérôth, contenues dans le Talmoud, tandis que lorsqu'il s'agit de commentaires, de décisions, d'affirmations, d'interdictions, de coutumes ou de décrets d'excommunication (Hérém) qui furent promulgués après la rédaction du Talmoud, ils n'ont pas de valeur contraignante sur l'ensemble du peuple Juif. En matière de Halokhoh, nous devons suivre les décisions du Talmoud. Mais dans des cas qui ne seraient pas clairs ou pour des situations qui ne seraient pas abordées dans le Talmoud, nous n'accordons aucune importance à qui est dans la majorité ou dans la minorité, ni quel Pôséq est venu avant et lequel est venu après, mais on se base plutôt sur l'avis qui a le plus de sens à nos yeux et qui ne contredit pas une décision du Talmoud. (Voir le point n°33 dans l'Introduction au Mishnéh Tôroh.) Cela signifie que si vous comprenez correctement le Talmoud et que vous ne vous référez qu'au Talmoud, vous avez alors compris ce que doit être la Halokhoh LéMa'aséh loi pratique). Cela est tout à fait normal : si nous disons croire en une Tôroh Orale qui fut mise par écrit dans le Talmoud, comment pourrions-nous alors ignorer les décisions du Talmoud et trancher même des règles et pratiques qui contredisent le Talmoud ? Cela n'a aucun sens, car cela indique que l'on ne croit donc pas du tout que le Talmoud contient la Loi Orale et que cette Loi Orale est éternelle, comme la Loi Écrite !

Et étrangement, il s'avère en fait que beaucoup ne sont pas d'accord avec le Rambam sur ce point, et ont inventé une fausse doctrine selon laquelle la Tôroh nous demanderait de suivre les avis halakhiques des « Grands de chaque génération ». Premièrement, ce que la Tôroh dit est qu'il faut écouter les Juges qui siègeront à Yérousholoyim dans chaque génération, c'est-à-dire, les Juges faisant partie du Sanhédrîn de Yérousholoyim. Ainsi, la Tôroh nous dit elle-même que l'avis final appartient au Sanhédrîn. Ainsi, le Talmoud est bien l'autorité finale en matière de Halokhoh, puisqu'il renferme les décisions de ces Juges-là et leurs disciples. Deuxièmement, qui sont les « Grands de chaque génération » ? Cette notion est plus qu'arbitraire et subjective, puisque chaque communauté possède sa propre liste de rabbins qu'elle considère comme un « Grand de la génération ». Les Séfardîm se fient à des rabbins Séfardîm, les `Ashkénazîm à des rabbins `Ashkénazîm, les Hasîdîm ne comptent pas les rabbins Harédîm non-Hassidiques comme des « Grands de la génération », les Harédîm non-Hassidiques ne considèrent que des rabbins Litvaqîm comme faisant partie des « Grands de la Génération », les `Ashkénazîm ne suivent pas les opinions des « Grands de la Génération » Séfardîm, etc. Donc, qui sont les « Grands de la Génération » que nous devrions écouter ? Troisièmement, tous ces pseudos « Grands de la Génération » ne sont très souvent jamais d'accord les uns avec les autres. Si on est censé les écouter, mais qu'ils se contredisent les uns les autres, que faut-il faire ? Cette notion des « Grands de la Génération » n'a aucune base dans la Halokhoh ! D'après le Rambam, nous n'avons aucune obligation de les suivre !

Contrairement à ce que l'on avance souvent, cette méthode consistant à déterminer la Halokhoh directement sur la base du Talmoud, et non sur la base des avis des pseudos « Grands de chaque génération », ne fut pas inventée par le Rambam. C'est ainsi qu'agissaient tous les Gé`ônîm et la quasi-totalité des Ri`shônîm ! D'ailleurs, ce fut également la méthode utilisée par le Go`ôn de Wîlno` et les Rabbonîm de Brîsq, qui lui succédèrent. C'est également la méthode employée par les Juifs Yéménites, les Talmîdéi HaRambam, les Juifs de l'école de pensée Brîsq, ou encore les Juifs du rite Hispano-Portugais.

On donne souvent comme argument que nous avons l'obligation de suivre le Shoulhon 'Oroukh et que l'on ne peut donc pas trancher des questions de Halokhoh sur la base du Talmoud. Ces mêmes personnes nous disent que « Le Shoulhon 'Oroukh fut accepté par tous et fait donc autorité pour l'ensemble du peuple Juif ». Ceux qui avancent de tels arguments sont soit des ignorants, soit des gens de mauvaise foi !

Le Shoulhon 'Oroukh fut rédigé par Rabbî Yôséf Karo זצ״ל en 1565. C'était un Séfardî, et dans l'écrasante majorité des cas ses avis suivent l'opinion majoritaire entre le Rîf זצ״ל, le Rambam et le Rô`sh זצ״ל, qu'il décrit comme étant les « Trois Grands Ri`shônîm ». Mais plus particulièrement, son Shoulhon 'Oroukh tranche à près de 85% de la même manière que le Rambam dans son Mishnéh Tôroh. Très souvent, il recopie même mot pour mot ce que le Rambam a écrit dans son Mishnéh Tôroh. Son respect pour le Rambam était si grand qu'il l'appelait tout simplement רבנו « Rabbénou » (notre Maître). Il est donc ironique de voir que la majorité des Juifs boudent le Rambam tout en prétendant suivre le Shoulhon 'Oroukh ! Par la suite, Rabbî Môshèh `Issarlès זצ״ל, surnommé le Ramo`, rédigea le « Mapoh » (qui est depuis lors publié dans toutes les éditions du Shoulhon 'Oroukh), qui s'oppose au Shoulhon 'Oroukh sur plusieurs Halokhôth et tente de le rendre conforme à la pratique Ashkénaze.

Une fois que les deux furent publiés ensemble, de nombreux `Aharônîm les commentèrent. En voici les principaux :

  • le « Mogén `Avrohom », par Rabbî `Avrohom Gombiner זצ״ל ;
  • le « Touréi Zohov », par Rabbî Dowîd HaLéwî Ségal זצ״ל (surnomé le Taz) ;
  • le « Sifthéi Kôhén », par Rabbî Shabbathaï HaKôhén זצ״ל (surnomé le Shakh) ;
  • le « Béith Shémou`él » ;
  • le « Hélqath Méhôqéq » ;
  • le « Bé`ér Hétèv » ;
  • le « Pérî Hodosh », par Hizqîyohou da Silva זצ״ל ;
  • le « Pérî Mégadîm », par Rabbî Yôséf bèn Mé`îr Teomîm זצ״ל ;
  • le « Sha'aréi Téshouvoh », par Rabbî Hayîm Mordékhaï Margolîyôth זצ״ל ;
  • le « Mahasîth HaShéqél », par Rabbî Shémou`él Neta HaLéwî זצ״ל ;
  • le « Shoulhon 'Oroukh HaRov », par Rabbî Shnéour Zalman de Lyiadi זצ״ל (surnomé le Ba'al HaTanya`) ;
  • le « Mishnoh Bérouroh », par Rabbî Yisro`él Mé`îr Kagan HaKôhén זצ״ל (surnomé le Hofés Hayîm).

Ces commentaires expliquent parfois les mots employés par Rabbî Yôséf Karo et/ou le Ramo`, tandis que très souvent aussi ils sont en opposition avec l'un, l'autre, voire carrément les deux ! En outre, contrairement au mythe bien répandu, même les Séfardîm n'ont pas tous accepté les décisions du Shoulhon 'Oroukh. Très souvent, les Séfardîm suivent les instructions du `ArîZal et du Zôhar, plutôt que celles du Shoulhon 'Oroukh (il y a même des cas où ils suivent l'opinion du Ramo` plutôt que celle du Méhabbér). Cela montre clairement qu'il n'existe pas d'acceptation universelle du Shoulhon 'Oroukh comparable à celle du Talmoud.

Les rabbins locaux, même du temps du Talmoud, ont toujours eu le droit de promulguer des décrets d'excommunication et des interdictions. L'autorité de ces interdictions locales dépend des gens qui les acceptent. Si les gens n'acceptent pas une Taqqonoh ou une Gézéroh, elle n'a pas de valeur contraignante.

De l'autre côté, une fois qu'elle a été acceptée, elle est contraignante sur la communauté qui l'a acceptée, mais pas sur les autres. Quant à savoir si la Taqqonoh ou la Gézéroh n'est que temporaire ou est pour toujours, cela dépend de nombreux facteurs, comme par exemple la façon dont elle fut rédigée à l'origine. (Par exemple, un décret, comme celui contre la polygamie qui fut émis par Rabbénou Gershôm, qui fut à l'origine promulgué pour des raisons bien particulières et avec une date d'expiration, ne se renouvelle pas automatiquement. En effet, ce décret doit être renouvelé à nouveau et être accepté à nouveau.)

En outre, une Taqqonoh ou une Gézéroh émise dans un endroit précis n'a pas de valeur contraignante dans un autre endroit. Et très souvent, elle n'a plus même de valeur contraignante sur les gens originaires de cet endroit s'ils sont allés s'installer de façon permanente dans une communauté différente. C'est ainsi, par exemple, comme je le rappelais à mon ami Séfardî, que les `Ashkénazîm originaires de pays faisant partie de l'Empire Germanique du temps du décret de Rabbénou Gershôm, pratiquaient la polygamie une fois qu'ils s'étaient installés en-dehors de la sphère d'influence de l'Empire Germanique, car ce décret n'avait de valeur contraignante que dans ces pays-là. Contrairement à ce que l'on dit aujourd'hui, ce décret n'était donc pas un décret qui liait tous les `Ashkénazîm, à toutes les époques, mais uniquement ceux vivant dans des pays de l'Empire Germanique du temps de Rabbénou Gershôm.

En conclusion, pour prouver que quelque chose est immoral, vous devez prouver que cette pratique contredit la Tôroh telle qu'elle nous a été expliquée par le Talmoud. Et pour prouver que quelque chose est permis ou interdit par la Tôroh ou par une Taqqonoh rabbinique qui lierait tous les Juifs, vous devez le prouver à partir du Talmoud. Pour prouver que quelque chose est interdit par un décret ultérieur au Talmoud, vous devez déterminer exactement ce qu'est ce décret, dans quelles circonstances il fut promulgué, s'il a été accepté, par qui il a été accepté, et s'il a expiré ou pas. Mais dire « Je le fais, car les Grands de la Génération tranchent ainsi » ne veut rien dire, car qui sont les « Grands de la Génération » ? Par quels critères sont-ils considérés ainsi ? Qui leur a donné ce statut ? Pourquoi la liste change d'une communauté à l'autre, voire même d'une personne à l'autre ? En outre, ces « Grands de la Génération » se battent entre eux (certains allant jusqu'à s'insulter) et divergent sur de très nombreux points essentiels, sans oublier que ces « Grands de la Génération » appartiennent à différentes écoles concurrentes les unes des autres (certains sont des Litvaqîm, d'autres des Hasîdîm, d'autres des Harédîm Séfardîm, d'autres des Sionistes Religieux, d'autres des Orthodoxes Modernes, etc.).

La seule source fiable de Halokhoh est le Talmoud. Et ce n'est pas une doctrine inventée par le Rambam ! Pour trancher une Halokhoh et déduire la règle à suivre, on doit commencer par se demander « Le sujet est-il abordé dans le Talmoud ? ». Si la répons est oui et que le sujet fut tranché, on suit alors la conclusion du Talmoud. Et si le sujet est bel et bien abordé, mais qu'il n'a pas été tranché, cela signifie que l'on suive l'une ou l'autre pratique, cela ne cause aucun problème. Si la réponse est non, on doit alors se demander « Existe-t-il dans le Talmoud une discussion sur un sujet +/- identique ? ». Si la réponse est oui, on emprunte alors la conclusion du Talmoud sur cet autre sujet et on l'applique au sujet sur lequel on s'est questionné. Si la (réponse est non, soit on fait le choix de suivre l'opinion qui, à nos yeux, a le plus de sens, soit on considère qu'étant donné qu'aucune autorité halakhique ne peut émettre de nouvelles interdictions depuis la rédaction du Talmoud et que cette question n'est pas traitée dans le Talmoud, aussi bien directement qu'indirectement, il n'y a alors aucune base pour interdire. C'est ainsi que raisonnaient/raisonnent les Gé`ônîm, la quasi-totalité des Ri`shônîm, le Go`ôn de Wîlno`, les rabbins de l'école de pensée Brîsq, les Talmîdéi HaRambam, les Juifs de rite Hispano-Portugais, les Juifs Yéménites, et toute personne que l'on peut décrire comme étant un « talmudiste » (par opposition à ceux qui déduisent la Halokhoh par des sources extérieures au Talmoud, comme par exemple ceux qui se basent sur le Zôhar ou les dires des pseudos « Grands de la Génération »).

En outre, puisque la Tôroh et le Talmoud sont les sources de notre moralité et pratique religieuse, considérer comme « immorale » une pratique autorisée par la loi de la Tôroh parce que le monde laïque la trouve immorale, dégoûtante, etc., c'est insulter HaShem Lui-même, qui nous a donné cette Tôroh ! Il y a des Juifs religieux qui s'offusquent dès que des organisations des droits des animaux critiquent la Shéhîtoh1 en la considérant « immorale » et « barbare », et contre-attaquent en disant que la Shéhîtoh ne peut être « barbare » ou « immorale », car cette pratique vient de la Tôroh. Masi quand il s'agit de la polygamie, ils font deux poids et deux mesures et n'ont pas honte de dire que c'est une pratique « immorale », oubliant que la Tôroh l'a permise et qu'elle ne fut jamais interdite par nos Sages. (Cela ne veut pas dire que peut être polygame qui veut, et que la polygamie peut se pratiquer n'importe comment. Il y a des règles strictes à ce sujet, qui font que les polygames ne peuvent être qu'une minorité. Mais dire que la polygamie ne doit pas être patiquée parce que cette pratique est « immorale », c'est insulter HaShem, les grands hommes de la Bible qui étaient polygames et les Sages du Talmoud qui n'ont jamais déconseillé cette pratique sur la base que ce serait « immoral ».) Les deux exemples n'ont pas été pris au hasard, car ce sont des cas de concessions qu'HaShem nous a faites. En effet, l'idéal de l'homme est qu'il soit végétarien. Lorsqu'HaShem a créé l'homme, c'était pour qu'il mange des plantes. Ce n'est qu'à la suite du Déluge qu'HaShem a fait une concession aux êtres humains et leur a permis de consommer de la viande. Mais puisque ce n'est pas l'idéal, Il s'est arrangé pour nous imposer des règles très strictes à suivre (abattre l'animal d'une certaine manière, le vider obligatoirement de tout son sang, enterrer son sang après l'égorgement, etc.), qui limitent notre consommation de viande et rendent en fait très difficile la consommation de la viande (à tel point qu'en réalité, de nombreux Juifs religieux ne consomment pas du tout de viande, non pas parce qu'ils sont végétariens, mais parce que très peu de bouchers respectent vraiment les lois de la Shéhîtoh comme il faudrait, ce qui fait que la viande de bon nombre de boucher est Treif. Les scandales liés à la Shéhîtoh sont nombreux, et certains ne prennent plus le risque d'acheter de la viande. D'autres encore s'arrangent pour abattre eux-mêmes leurs bêtes, plutôt que de se fier aux Shohtîm. D'autres encore ne consomment que du poisson, un animal qui ne nécessite pas d'abattage rituel). Dès l'instant où HaShem nous a fait cette concession, aucun homme ne peut venir nous dire « Il est interdit de manger de la viande, car c'est immoal ou parce que l'idéal de D.ieu est qu'on soit végétarien ». De même en est-il de la polygamie. Il est clair et évident que l'idéal est la monogamie (et l'écrasante majorité des Juifs ont toujours été monogames). Mais à partir du moment où la polygamie est autorisée par la Sainte Tôroh, aucun homme ne peut venir l'interdire sous prétexte que ce serait immoral ou que l'idéal au début de la création était la monogamie (mais pour nous indiquer que ce n'est pas la pratique idéale, la Tôroh donne des règles très strictes qui rendent difficile la pratique de la polygamie, ce qui fait que de tout temps ce ne fut jamais une pratqiue très répandue ou majoritaire). HaShem a donné une Tôroh qui ne pourra plus être changée. C'est l'une de Ses spromesses répétée à maintes reprises dans le TaNaKh, et HaShem a interdit d'ajouter ou de retirer quoi que ce soit de cette Tôroh ! Ceux qui interdisent ce qu'HaShem a permis sont des falsificateurs. À leur sujet, voici ce que dit la Tôroh2 : אָרוּר, אֲשֶׁר לֹא-יָקִים אֶת-דִּבְרֵי הַתּוֹרָה-הַזֹּאת « Maudit soit celui qui ne confirme pas/ne soutient pas les paroles de cette Tôroh ».

De la même manière, personne ne peut déclarer qu'il est « immoral » de se marier à 14, 15 ou 16 ans, car c'est quelque chose qui est autorisé par la Tôroh. Une grande majorité de nos rabbins des générations passées étaient mariés avant 18 ans, et jusqu'à aujourd'hui de nombreux Hasîdîm et d'autres (comme par exemple les Yéménites et les Talmîdéi HaRambam) marient leurs enfants le plus tôt possible, aux environs de 16 ans. (En fait, cela se faisait même jusqu'à récemment dans les pays dits « occidentaux », sans oublier que même jusqu'à aujourd'hui il est permis de se marier avant 18 ans dans plusieurs états des États-Unis et d'autres pays « occidentaux ». Par exemple, le mariage est permis au Canada à partir de 16 ans. Il est surprenant de voir que certains considèrent « immoral » le fait de se marier à 15 ou 16 ans, mais trouvent tout à fait normal qu'à 15 ou 16 ans des adolescents aient des rapports intimes avec leurs « petits copains » en-dehors du mariage !)

Il va de soi que puisque le Talmoud tranche que דינא דמלכותא דינא « Dîno` Démalkhoutho` Dîno` – la loi du royaume est la loi », ce qui signifie qu'un Juif doit respecter la loi du pays dans lequel il vit, si la loi interdit une certaine pratique qui n'est pas une obligation religieuse (comme par exemple la polygamie ou le mariage d'individus de moins de 18 ans), on doit obéir à la loi (aucune loi de la Tôroh n'oblige à être polygame, ni à se marier avant 18 ans. Par conséquent, si le pays dans lequel on vit l'interdit, on doit se plier à la loi du pays). Par contre, le Talmoud précise que cette règle ne s'applique pas dans le cas où la loi du pays interdit une pratique juive qui est une obligation (comme par exemple la Bérîth Mîloh3, puisque tout Juif a l'obligation d'être circoncis). Dans un tel cas, loi du pays ou pas, les Juifs ne doivent pas s'y plier car lorsqu'il s'agit d'une obligation religieuse c'est la Loi Divine qui passe au-dessus de la loi des hommes !
1Abattage rituel.
2Dévorîm 27:26
3La circoncision.