ב״ה
Faut-il
un Minyon pour procéder à la lecture de la Maghilloh ?
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À
l'approche de Pourim, nous consacrerons quelques articles à des
sujets relatifs à cette fête.
Certains
Rabbins actuels nous font croire qu'il est nécessaire d'avoir
obligatoirement un Minyon pour pouvoir lire la Maghillath `astér
(Rouleau d'Esther) à Pourim, alors qu'en réalité cette Miswoh
est avant tout individuelle, et peut donc aussi bien être accomplie
seule qu'en communauté. En outre, cette opinion selon laquelle on ne
pourrait lire la Maghilloh qu'avec un Minyon n'est pas acceptée par
tous, contrairement à l'impression que l'on pourrait avoir.
La
Gamoro` traite de la question de savoir si la Maghilloh, lorsqu'elle
est lue en son temps, peut être lue en privé, sans Minyon. Et voici
ce qui est dit1 :
Rov
a dit : « Lorsque la Maghilloh est lue en son temps,
elle peut être lue en privé ; quand elle n'est pas lue en
son temps, elle doit être lue en présence de dix [individus] ».
Rov `assi a dit : « Qu'elle ait été lue en son
temps ou pas, elle doit être lue en présence de dix
[individus] ».
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אמר
רב מגילה בזמנה קורין אותה אפילו ביחיד
שלא בזמנה בעשרה רב אסי אמר בין בזמנה
בין שלא בזמנה בעשרה
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Certains
Ri`shônim2
tranchent en suivant l'avis de Rov `assi ז״ל,
et vont jusqu'à dire que celui qui lit la Maghilloh seul ne doit pas
faire les Barokhôth qui précèdent la lecture. Mais
la majorité des Ri`shônim adoptent l'opinion de Rov ז״ל,
et c'est celle qui est codifiée dans le Shoulhon ´oroukh
(quant au Mishnéh Tôroh, il ne mentionne pas du tout l'obligation
d'avoir un Minyon, sous-entendant par là qu'il accepte également
cette position). Il n'y a aucune obligation de lire la Maghilloh avec
un Minyon. Celui qui l'a lue sans Minyon est quitte de son
obligation, et il doit également faire les bénédictions qui
précèdent la lecture, s'il la lit à partir d'un rouleau Koshér.
Nous
avons plusieurs preuves dans la Mishnoh elle-même qu'il n'y a pas du
tout besoin d'un Minyon pour la lecture de la Maghilloh. Voici ce qui
est rapporté dans la Mishnoh3 :
[Si]
on l'a lue par étapes et qu'on s'est endormi, on est quitte. Si
on en train de l'écrire, de la commenter ou de la corriger, si on
avait concentré son cœur, on est quitte. Et si ce n'était pas
le cas, on n'est pas quitte.
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קראה
סירוגין,
או
מתנמנם--יצא.
היה
כותבה,
דורשה,
ומגיהה--אם
כיוון ליבו,
יצא;
ואם
לאו,
לא
יצא
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[Si]
on l'a lue par étapes et qu'on s'est endormi, on est quitte :
Il
est clair et évident qu'on ne parle pas du tout d'une lecture avec
Minyon, mais de quelqu'un qui lisait la Maghilloh individuellement et
s'est soudainement endormi. S'il se réveille et reprend la lecture
là où il s'est arrêté, il est quitte de la Miswoh
de la lecture de la Maghilloh, car la Maghilloh peut être lue durant
toute la journée, et l'important est de la lire dans l'ordre, que ce
soit en une seule fois ou en plusieurs fois (en faisant de petites
pauses, par exemple entre les chapitres).
Si
on était en train de l'écrire, de la commenter ou de la corriger,
si on a concentré son cœur, on est quitte. Et si ce n'était pas le
cas, on n'est pas quitte :
Là encore, il est clair et évident que l'on ne parle pas de
quelqu'un qui lit avec un Minyon, mais de quelqu'un qui fait une
lecture individuelle. S'il était en train de lire la Maghilloh en
même temps qu'il la recopiait, qu'il la commentait ou la corrigeait,
et qu'il avait l'intention explicite dans son cœur d'accomplir la
Miswoh
de lire la Maghilloh, tout en la recopiant, la commentant ou la
corrigeant, il est quitte de son devoir. S'il n'avait pas cette
intention dans son cœur, il n'est pas quitte. On parle donc bien de
quelqu'un qui la lit seul, sans Minyon.
Dans
une autre Mishnoh, nous lisons ceci4 :
Le
résident d'une ville [ouverte] qui se rend vers une ville
fortifiée, ou le résident d'une ville fortifiée qui se rend
vers une ville [ouverte], s'il retournera plus tard à sa place,
il lit à sa place. Et si ce n'est pas le cas, il lit avec eux.
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בן
עיר שהלך לכרך,
ובן
כרך שהלך לעיר--אם
עתיד לחזור למקומו,
קורא
כמקומו;
ואם
לאו,
קורא
עימהם
|
Le
résident d'une ville [ouverte] qui se rend vers une ville fortifiée,
ou le résident d'une ville fortifiée qui se rend vers une ville
[ouverte], s'il retournera plus tard à sa place, il lit à sa
place :
C'est-à-dire, s'il avait l'intention de retourner d'où il vient
dans la nuit du 14 `adhor, il attendra de retourner d'où il vient
pour lire la Maghilloh. Nous voyons donc bien qu'un Minyon ne lui est
pas du tout nécessaire pour accomplir cette Miswoh.
Mais s'il ne comptait pas retourner d'où il vient dans la nuit du 14
`adhor, il devra alors la lire avec le reste des gens de la ville où
il se trouve, de façon à pouvoir lire la Maghilloh en son temps.
Et
pour finir, il convient de noter que la Mishnoh elle-même, dans le
dernier chapitre du traité Maghilloh, énumère les activités
religieuses qui ne peuvent se faire qu'en présence d'un Minyon5 :
Ils
ne morcellent pas le Shama´, ils ne descendent pas devant
l'arche, ils n'élèvent pas leurs paumes, ils ne font pas la
lecture de la Tôroh, ils ne concluent pas par un prophète, ils
ne font pas les haltes [aux funérailles], ils ne disent pas la
bénédiction des endeuillés ou la consolation des endeuillés,
ni la bénédiction des mariés, et ils ne mentionnent pas Le Nom
[dans le Zimmoun], sauf en présence de dix [hommes]. Pour les
biens sacrés qui sont rachetés, neuf [hommes] et un Kôhén
[sont nécessaires]. Et de même pour un homme.
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אין
פורסין על שמע,
ואין
עוברין לפני התיבה,
ואין
נושאין את כפיהם,
ואין
קורין בתורה,
ואין
מפטירין בנביא,
ואין
עושין מעמד ומושב,
ואין
אומרין ברכת אבילים וחתנים,
ואין
מזמנין על המזון בשם--פחות
מעשרה.
ובקרקעות,
תשעה
וכוהן;
ואדם,
כיוצא
בהן
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Comme
vous pouvez le voir, la lecture de la Maghilloh n'est pas du tout
mentionnée dans les activités religieuses nécessitant un Minyon !
Et
comme nous l'avons dit plus haut, la majorité des Ri`shônim ont
tranché qu'un Minyon n'était pas nécessaire, et c'est également
ce qui est rapporté dans le Shoulhon
´oroukh.
Tout
cela étant dit, il est évident que lire la Maghilloh en communauté
est préférable au fait de la lire seul. Mais la question portait
simplement sur le fait de savoir s'il était permis de lire la
Maghilloh seul, si on le souhaite ou ne peut faire autrement. Et la
réponse à cette question est « Oui ! », car un
Minyon n'est pas obligatoire, ni pour la récitation des Barokhôth,
ni pour la lecture de la Maghilloh.
1Maghilloh
5a
2Le
Béha''g, le Yara''m,
Rabbénou `amrom et Rabbénou Gérshôm
3Maghilloh
2:2
4Ibid.,
2:3
5Maghilloh
4:3