lundi 9 février 2015

Les diverses sources des décisions halakhiques

בס״ד

Les diverses sources des décisions halakhiques


Le thème de la Paroshoh de cette semaine, Parashath Mishpotim, étant le droit et la justice, nous allons passer en revue les diverses sources des décisions halakhiques. La base principale de cet article sera le Chapitre 2 des Hilkhôth Mamrim, dans le Mishnéh Tôroh.

  1. מנהג Minhog (Coutume) : La coutume, bien qu'elle ne fasse pas vraiment partie de la Halokhoh, peut changer. Un Minhog est n'importe quel acte que les masses, d'elles-mêmes, ont accepté sur elles. Selon le Rambam זצ״ל, pour être qualifié de Minhog, la pratique doit ensuite être ratifiée par le rabbinat de la communauté. Tout Minhog qui est contraire à la Halokhoh normative est appelé מנהג טעות « Minhog Ta´ôth » (coutume erronée). Tout Minhog qui est basé sur un malentendu est appelé מנהג שטות « Minhog Shatouth » (coutume insensée). Ces deux sortes de Minhogim ne doivent pas être suivies. Tout Minhog presque universellement adopté est appelé מנהג ישראל « Minhog Yisro`él » (coutume d'Israël), et a quasiment le même degré d'autorité qu'une loi de la Tôroh. Porter une Kippoh et prier Ma´ariv sont deux exemples d'un Minhog Yisro`él.
  2. דין דרבנן Din DaRabbonon (Loi Rabbinique) : Ce sont des lois établies par le rabbinat de la communauté, et non par les masses, afin de renforcer l'esprit de la loi. Par exemple, Pourim et Hanoukkoh. Il y a au total sept commandements qui sont entièrement d'origine rabbinique : 1) se laver les mains pour le pain ; 2) les lois des différents ´Érouvim ; 3) réciter une Barokhoh avant de consommer quoi que ce soit ou avant de jouir d'un quelconque plaisir ; 4) allumer les bougies de Shabboth et de Yôm Tôv ; 5) célébrer Pourim ; 6) célébrer Hanoukkoh ; 7) réciter la prière appelée « Hallél » à certaines occasions. Il y a donc au total 620 Miswôth : les 613 de la Tôroh Écrite + les 7 de la Tôroh Orale. Notez au passage qu'il y a 620 lettres dans les Dix Commandements, et nous savons que toutes les Miswôth sont sous-entendues dans les Dix Commandements !
  3. גזירה דרבנן Gazéiroh DaRabbonon (Décret Rabbinique) : Ce sont des lois instaurées pour empêcher une cause commune (un acte habituel) de violer la lettre de la loi. Par exemple, toucher quelqu'un du sexe opposé ; l'obligation de signer une Kathoubboh pour se marier, etc. Il convient de noter qu'une Gazéiroh DaRabbonon ne devient contraignante que si la communauté l'accepte (c'est la raison pour laquelle la Gazéiroh du prophète ´Azro` ע״ה imposant aux hommes d'aller se tremper au Miqwah après un rapport sexuel n'eut pas la force d'une loi. Néanmoins, les pieux l'ont gardée). Selon le Rambam, une fois qu'une Gazéiroh a été acceptée, elle ne peut pas être renversée. Toutefois, une Gazéiroh pour laquelle la raison de la loi est énoncée est implicitement conditionnée à la raison de cette loi. Cela signifie que lorsque la raison pour laquelle la Gazéiroh fut instituée ne s'applique plus, la Gazéiroh est annulée. Mais tout le problème consiste à savoir quand la raison de la loi est donnée dans la Gazéiroh, et quand la Gamoro` fournit le motif de cette Gazéiroh. Par exemple, la viande doit être salée endéans les trois jours après l'abattage, ou sinon le sang sera trop incrusté dans la viande que pour en être extraite. Mais qu'en est-il de la situation contemporaine où la viande n'est pas consommée sur l'instant, mais est généralement gelée après l'abattage ? Certains tranchent qu'étant donné que la raison de cette pratique est donnée dans la Gazéiroh, la raison ne s'applique plus, ni même le délai, et saler la viande après abattage n'est plus une obligation à notre époque. D'autres tranchent vers la rigueur, car ils pensent pas que le raisonnement sur le sang pouvant s'incruster dans la viande faisait partie de la Gazéiroh telle qu'elle fut codifiée à l'origine. Selon le Tif`arath Yisro`él זצ״ל, il faudrait en réalité subdiviser les Gazéirôth DaRabbonon en deux sous-catégories :
  1. סיג Siyag – Barrière (Siyag est hébreu, alors que Gazéiroh est araméen) : Quelque chose qui mènera à une transgression future, à cause d'une erreur de compréhension de la loi. Par exemple, la Gazéiroh interdisant de mélanger de la volaille avec du lait, par crainte que les gens soient laxistes dans le mélange entre la viande et le lait.
  2. חשש Héshash – Inquiétude : Des cas où la menace de transgression existe dans la situation actuelle, parce qu'on se trouve dans une situation où l'habitude prend le dessus et ou d'autres incidents sont plus que probables. Le Tif`arath Yisro`él dit qu'une Héshash peut être considérée inapplicable si les normes changent à un tel point que la menace n'existe plus. Cela ne nécessite pas de Béith Din qui soit supérieur en nombre ou en sagesse, puisque la loi n'est pas annulée. C'est juste que la situation actuelle est considérée comme n'entrant pas dans les limites de cette loi.

  1. אסמכתא `Asmakhto` (Mnémonique) : Ce sont des lois instaurées, ou des décisions prises, qui sont soutenues par des versets de la Tôroh. HaShem יתברך a rédigé Lui-même ces `Asmakhtôth afin de nous fournir des outils pour trancher correctement la loi. Ce sont des lois et décisions rabbiniques qui appartiennent à une catégorie complètement à part de toutes les autres sortes de lois rabbiniques.
  2. דברי קבלה Divréi Qabboloh (Les paroles qui ont été reçues) : Cette catégorie inclut toutes les lois énoncées par le Béith Din des אנשי כנסת הגדולה « `Anshéi Kanasath Haggadôloh », qui comprenait des Sages et des Prophètes. Ce sont les lois rabbiniques les plus proches de la loi toranique, puisque ces lois furent ratifiées après avoir consulté HaShem Lui-même. Elles ressemblent aux `Asmakhtôth, mais s'en différencient par le fait qu'elles nous sont non seulement suggérées par HaShem, mais il nous est en plus dit que la situation qui a vu leur instauration les justifie. Par exemple, le Béith Din de Dowid Hammalakh ע״ה a instauré l'interdiction pour tout homme et femme non mariés ensemble de s'isoler après l'épisode ayant eut lieu entre `Avsholôm et Tomor. On peut également y inclure Pourim, qui est plus qu'un Din DaRabbonon, car c'est à la suite d'un événement bien particulier que cette fête fut instituée.
  3. פסק Pasaq (Décision Rabbinique) : Une décision rabbinique qui traite du domaine discutable d'une loi ou d'une coutume. Un Pasaq qui n'est pas de prime abord en violation d'une Halokhoh acceptée ne peut être renversé que par une autre entité qui est à la fois plus large en nombre de sages (ou peut-être de disciples) et plus grand en sagesse (qui a la capacité de savoir profondément analyser les faits pour parvenir à une certaine conclusion. On ne parle pas de celui qui a le plus de connaissances en Tôroh, mais de celui qui est plus profondément versé dans le Pilpoul).
  4. דרשה Daroshoh (Herméneutique) : C'est une loi déduite par l'herméneutique (règles d'interprétation des Écritures). Certains sont d'avis qu'une Daroshoh ne peut servir de soutien qu'à des lois déjà connues, et est par conséquent un outil pour émettre un Pasaq. Mais d'autres, comme le Rambam, considèrent la Daroshoh comme une méthode constructive permettant de découvrir des nouvelles lois religieuses. Cela est soutenu par le Midrosh Routh Rabboh, qui explique que Bô´az est crédité du fait d'avoir pleinement révélé que « Mô`avi » ne désignait que les Moabites de sexe masculin, mais pas les femmes. C'est grâce à la Daroshoh que l'on est également capable d'interpréter d'une manière quasiment illimitée l'interdiction de placer un obstacle sur le chemin d'un aveugle. Dans ce sens-là, une Daroshoh peut être synonyme de חידוש Hidoush.
  5. Une dernière catégorie ne possède que deux exemples. La loi toranique impose une Shavouth, une obligation de se reposer à Shabboth. Elle exige également de s'abstenir de certaines Mal`okhôth (œuvres de création ou de construction), même à Hôl Hammô´éd. Mais HaShem a laissé aux hommes la possibilité de décider de certains des paramètres régissant ces formes de repos.