בס״ד
Qu'est-ce
qui ne va pas avec le Zôhar ?
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Histoire
de la Qabboloh I
- Les origines
Pour
comprendre la signification du Zôhar, nous devons d'abord comprendre
le terme « Qabboloh ».
Le
terme קבלה
« Qabboloh »
tel qu'il est utilisé de nos jours pour désigner l'intégralité de
la littérature ésotérique juive est une grande supercherie. Rabbi
Mé`ir ban Shalômôh `Abbou Sahoula (1260-1335) fut un kabbaliste
contemporain du Rashb`a et auteur d'un commentaire sur le Séfar
Yasiroh. Il témoigne que la vérité est que le terme
« Qabboloh » et מקבלים
« Maqqoubbolim »
pour désigner les études ésotériques ne sont apparus qu'au
douzième siècle, et en ces temps-là ils ne se rapportaient qu'à
l'étude des philosophies relatives aux dix Safirôth et certaines
explications profondes des Miswôth basées sur ces études.
Il écrit ceci :
Il
nous incombe d'investiguer toutes les choses du meilleur de nos
capacités et suivre les sentiers tracés par ceux qui sont
appelés, dans notre génération et depuis les 200 dernières
années, « Maqqoubbolim », qui font référence à
l'étude des dix Safirôth et certaines raisons des Miswôth
par le terme « Qabboloh ».
|
חייבים
אנו לחקור כל הדברים כפי השגתנו ולדרוך
בהם הדרך שדרכו הנקראים בדורנו בדורות
שהיו לפנינו מהיום מאתיים שנה -
מקובלים,
וקוראין
לחכמת העשר ספירות וקצת טעמי המצוות
קבלה
|
Il
n'existe aucune référence à ces termes de « Maqqoubbolim »
et « Qabboloh » dans des sources antérieures au 13ème
siècle pour faire référence à des croyances ou pratiques
mystiques. Par conséquent, ces « 200 dernières années »
mentionnées ici sont une exagération. En fait, ce sens nouveau
donné à ces deux termes tire sa source dans l'introduction que le
Ramba''n (1194-1270) a faite dans son Commentaire sur la Tôroh.
Beaucoup
plus tard, l'emploi du terme « Qabboloh » fut étendu
pour également inclure le מעשה
מרכבה
« Ma´aséh
Markovoh », le מעשה
בראשית
« Ma´aséh
Varé`shith » (voir les chapitres 2
et 4
des Hilkhôth Yasôdhé Hattôroh, dans lesquels ces deux termes sont
expliqués), les ordres des firmaments, les textes relatifs aux
היכלות
« Hékholôth »1,
les combinaisons des lettres, les sujets relatifs aux גלגולים
« Gilgoulim »2,
la science des פרצופים
« Parsoufim »3,
et pratiquement tout ce qui touche aux רזי
תורה
« Razé
Tôroh »4
et beaucoup de « secrets » pas forcément liés à la
Tôroh. Mais c'est un usage complètement détourné du sens
traditionnel du terme « Qabboloh », et ce détournement
fut sans aucun doute volontaire pour donner aux nouvelles traditions
« kabbalistiques » une plus grande légitimité et
antériorité. Par conséquent, il nous incombe de garder à
l'esprit, à partir de maintenant, que le mot « Qabboloh »,
comme on l'entend aujourd'hui, est en fait un terme « nouveau »
sans tradition antérieure au 13ème siècle sur lequel s'appuyer.
- Le Séfar Yasiroh
L'une
des doctrines centrales de la Qabboloh est les dix Safirôth.
La
source la plus ancienne qui mentionne les dix Safirôth est le Séfar
Yasiroh.
Bien
qu'il soit mentionné dans le livre lui-même qu'il fut rédigé par
`Avrohom `Ovinou, et que c'est ce que croyaient de nombreux Ga`ônim
et Ri`shônim, parmi lesquels le Rov Hay
Go`ôn, le Rov Yahoudhoh Halléwi ou encore le Ramba''n, il existe
néanmoins une autre « tradition » selon lequel l'auteur
en serait Rébbi ´Aqivoh tel que cela est mentionné par les
Maqqoubbolim Rabbi Môshah Qôrdôvérô (le Rama''q) et Rabbi
Yahoudhoh Hayyath.
Cette deuxième opinion tiendrait plus la route lorsqu'on prend en
considération les faits suivants : le Séfar Yasiroh
rapporte des versets tirés de tout le TaNaKh, mentionne les mois de
l'année en se référant à leurs noms babyloniens, et désigne
HaShem par le nom de « Savo`ôth »,
un nom qui, d'après le Talmoudh, fut attribué à HaShem pour la
première fois par Hannoh, la mère du prophète Shamou`él. Le livre
traite également abondamment des quatre éléments essentiels que
sont la terre, l'air, le feu et l'eau (qui ne fut développé qu'à
la fin de l'ère du Premier Temple), des signes du zodiaque et
l'influence directe des organes sur le processus de la pensée, avec
des axiomes et dogmes que nous savons aujourd'hui être complètement
faux !
Le
« Séfar Yasiroh »
(Livre de la Création) est mentionné dans le Talmoudh et il est dit
que ce livre aurait servi à créer des vies. Peu de gens connaissent
le passage talmudique suivant :
Sanhédhrin
65b
|
Rabbo` créa
un homme5
et l'envoya se présenter devant Rébbi Zéro`. Ce dernier lui
parla mais n'obttint aucune réponse de sa part. Sur ce, il lui
dit : « Tu es une créature des magiciens !
Retourne vers ta poussière ! ». Rov Hanino` et Rov
`Ôsha`yoh passaient chaque veille de Shabboth à étudier le
Séfar Yasiroh, à l'aide duquel ils créèrent un veau
adulte au un tiers6
et le mangèrent.
|
רבא
ברא גברא,
שדריה
לקמיה דרבי זירא.
הוה
קא משתעי בהדיה,
ולא
הוה קא מהדר ליה.
אמר
ליה:
מן
חבריא את,
הדר
לעפריך.
רב
חנינא ורב אושעיא הוו יתבי כל מעלי שבתא
ועסקי בספר יצירה,
ומיברו
להו עיגלא תילתא,
ואכלי
ליה
|
C'était
un ouvrage thaumaturgique très populaire dans les temps talmudiques
également appelé appelé הלכות
יצירה
« Hilkhôth
Yasiroh »
(Lois relatives à la Création). Sur cette création du veau,
Rash''i commente ceci :
C'est au moyen
des combinaisons des lettres du Nom [Divin] par lesquelles le
monde fut créé. Et il n'y à là aucune sorcellerie, car les
œuvres du Saint, béni soit-Il, furent amenées à l'existence au
moyen de Son saint Nom.
|
על
ידי שהיו מצרפים אותיות השם שבהם נברא
העולם,
ואין
כאן משום מכשפות דמעשה
הקדוש
ברוך הוא הן,
על
ידי שם קדושה שלו הוא
|
On
pourrait suggérer que le cœur du Séfar Yasiroh
est vrai, que les combinaisons de lettres peuvent réellement créer,
et que cela fut révélé à `Avrohom `Ovinou par HaShem mais que
c'est Rébbi ´Aqivoh qui a théorisé les processus de création sur
la base des thèses philosophiques existant à son époque. Les
`Amôro im qui créèrent des hommes et des animaux n'avaient donc
besoin que de connaître les combinaisons des lettres. Mais même
cette affirmation selon laquelle Rébbi ´Aqivoh serait l'auteur du
Séfar Yasiroh
est douteux, notamment parce que les kabbalistes qui soutiennent
cette thèse manquent totalement de crédibilité, comme nous le
verrons plus bas. Au final, nous ne savons pas qui a rédigé ce
livre.
Mais
le livre en lui-même ne fut jamais interprété de la façon dont il
l'est aujourd'hui.
- Interprétation
Jusqu'à
avant les publications abondantes des Maqqoubbolim, le Séfar Yasiroh
fut toujours interprétée très simplement comme se référant aux
trente-deux sentiers de la sagesse, qui sont les constituants
élémentaires du processus de la pensée Divine et humaine, composés
des dix nombres (ספירות
« Safirôth »
signifie tout simplement « nombres », comme dans
l'expression ספירת
העומר
« Safirath
Ho´ômar – décompte du Omer ») et les vingt-deux lettres de
l'alphabet hébraïque. HaShem Lui-même a fait usage de combinaisons
de ces lettres et nombres pour créer le monde, en commençant par
les quatre éléments fondamentaux (air, feu, etc.), les
constellations des étoiles (taureau, capricorne, etc.) et les
différentes parties du corps humain. Le Séfar Yasiroh affirme que
toutes ces choses (les quatre éléments fondamentaux, les
constellations des étoiles et les parties du corps humain) auraient
des effets et des influences sur la psyché de l'homme de différentes
façons.
C'est
ainsi que ce livre fut expliqué par Rabbi Shabbataï Donolo, Rabbi
Yahoudhoh de Barcelone et Rabbi Yahoudhoh Halléwi.7
(C'est aussi ce qu'explique le Go`ôn de Wilno`.) Ils sont tous morts
avant le 12ème siècle. Ils furent donc la toute première
génération d'interprètes du Séfar Yasiroh.
- Les premiers Maqqoubbolim
Ensuite
sont arrivés les premiers Maqqoubbolim. Qui sont les premiers
Maqqoubbolim que nous connaissons ?
- Le Rov Hay Go`ôn
Certains
Maqqoubbolim comme le Rama''q, le Rov Mé`ir ban Hizqiyohou
`Ibn Gabba y et le Rov Ménahém
´Azaryoh de Fano prétendent que le Rov Hay Go`ôn (969-1038) fut un
kabbaliste, et ils se basent en cela sur des lettres fictives
« citées » dans certains livres de Qabboloh, et
plusieurs livres kabbalistioques lui ont été attribués. Tout cela
est complètement faux, étant donné que si vous jetez un coup d’œil
sur ces lettres, vous verrez que leur style est complètement
différent (à tous les niveaux) de celui de l'ère des Ga ônim.
Deuxièmement, si vous jetez un coup d’œil dans les Tashouvôth
Hagga`ônim (qui rassemblent l'intégralité des lettres rédigées
par les Ga`ônim et qui nous sont parvenues), il y a une très longue
lettre dans laquelle lui-même écrit que si quelqu'un croit
qu'ajourd'hui quelqu'un pourrait réaliser des voyages miraculeux (se
trouver à en endroit et arriver à un autre endroit situé à
plusieurs kilomètres mais en un instant. Les Hasidhim, notamment,
attribuent un tel pouvoir au Ba´al Shém Tôv) ou se faire
disparaître aux moyens d'incantations, une telle personne est naïve
et crédule. Il écrit également que malgré qu'il connaisse les 42
lettres qui constituent le Shem Mém Béth8,
il ne sait pas comment le prononcer étant donné qu'il n'existe
aucune Masôroh (tradition) ayant été transmise sur le sujet ou
dans les livres relatifs aux Noms Divins, et qu'il n'a entendu que
des bribes sur le sujet.
Connaître
les noms secrets d'HaShem ne fait pas de vous un kabbaliste. Mais ne
pas même s'impliquer dans l'étude des noms secrets d'HaShem exclut
la possibilité que vous soyez un kabbaliste ! Le Rov Hay
Go ôn n'en n'était pas un !
- Le Rov Hamay Go ôn
Les
mêmes Maqqoubbolim susmentionnés ( le Rama''q, le Rov Mé`ir ban
Hizqiyohou
`Ibn Gabba y et le Rov Ménahém
´Azaryoh de Fano) affirment également qu'il existait un Goµ ôn du
nom de Rov Hamay Go`ôn qui aurait rédigé un ouvrage kabbalistique
appelé ספר
העיון
« Séfar
Ho´iyyoun ». Mais leur affirmation est plus que douteuse,
étant donné que ce « Rov Hamay
Go`ôn » apparaît nulle part dans les `Iggarôth Rov Shariro`
Go ôn, qui énumèrent toutes les dynasties gaoniques. Son nom n'est
également mentionné dans aucun livre connu. Quant au Séfar
Ho´iyyoun en question, il cite des propos prétendument attribués
au Rov Hay
Go`ôn (le tout dernier des Ga ônim) en ajoutant un « za''l »
(de mémoire bénie) après son nom ! Si ce Rov Hamay
Go`ôn avait vécu du temps des Ga`ônim et que le Rov Hay Go ôn fut
le dernier des Ga`ônim, comment ce Rov Hamay
Go`ôn peut-il parler du Rov Hay
Go ôn comme étant mort ?
Enfin,
le Radziner Rebbe déclare ouvertement et sans détour que le Séfar
Ho iyyoun fut rédigé par Rabbi Yôséf ban `Avrohom Gikatilla
(1248-1310), dont le style est clairement reconnaissable dans le
livre.
Ainsi,
rien ne prouve que le « Rov Hamay
Go`ôn » fut un kabbaliste antérieur au 13ème siècle... et
encore faut-il qu'il ait existé !
- Le Ra`ava''dh
Certains
prétendent que le Ra`ava''dh (Rabbi `Avrohom ban Dowidh, 1125-1198)
était un Maqqoubbol. Ils se basent sur le fait qu'il existe un
commentaire sur le Séfar Yasiroh
appelé פירוש
הראב״ד
« Piroush
HaRa`ava''dh ». Or, le Rama''q dit pour sa part qu'il fut
rédigé par Rabbi Yôséf Ha`arôkh, un Maqqoubbol qui vécu durant
la génération après celle du Rashb`o (Rabbi Shalômôh ban
`Addarath, 1235-1310), et Rabbi Hayyim
Vital est également d'accord pour dire que le Ra`ava''dh n'en est
pas l'auteur.
Aucune
preuve n'existe pour affirmer que le Ra`ava''dh fut un kabbaliste
antérieur au 13ème siècle.
- Rabbi Yishoq l'Aveugle
Peut-être
que le plus ancien des Maqqoubbolim connus fut Rabbi Yishoq
l'Aveugle, le fils du Ra`ava''dh, à qui l'on attribut également un
commentaire sur le Séfar Yasiroh,
bien que beaucoup soient sceptiques à ce propos.
- Le Ramba''n
Après
lui vint le Ramba''n (1194-1270), concernant lequel il n'existe aucun
doute qu'il fut un Maqqoubbol, puis Rabbi ´Azro` de Gérone
(également appelé « Rabbi `Azri`él », 1160-1238), et
enfin le Rashb`o.
Dans
la troisième partie, nous aborderons notamment la nouvelle
interprétation que les Maqqoubbolim firent du Séfar Yasiroh
et des Safirôth.
1Des
textes mystiques rapportant les visions d'ascensions dans les palais
célestes
2Réincarnations
3Faces,
formes ou manifestations Divines
4Secrets
de la Tôroh
5À
l'aide du Séfar Yasiroh
6C'est-à-dire,
un veau qui avait atteint un tiers de sa croissance totale ;
d'autres le comprennent comme un veau dans sa troisième année ;
d'autres encore comme un veau né au un tiers
7C'est
aussi ce qu'explique le Go`ôn de Wilno` à la fin de son livres sur
les Hiddoushé Shabboth
8Mentionné
dans le Talmoudh, Qiddoushin 71a