בס״ד
Consommer
du poisson à Shabboth : comment on est passé d'un Minhogh à
de la superstition
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Nous
connaissons la coutume très ancienne consistant à consommer du
poisson à Shabboth. Elle est d'ailleurs déjà mentionnée dans le
Talmoudh. Après avoir parlé de l'obligation de faire du Shabboth un
jour de délice/plaisir, le Talmoudh nous dit ceci :
Shabboth
118b
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Et
comment montre-t-on son plaisir ? Rov Yahoudhoh, le fils de
Rov Shamou`él bar Shilath, a dit au nom de Rov : « Avec
un plat de betteraves, un grand poisson et des têtes d'ail ».
Rov Hiyyo` bar `Ashi a dit au nom de Rov : « Même
un petit quelque chose, à partir du moment qu'on l'a fait en
l'honneur du Shabboth, est un délice ». De quoi
s'agit-il ?1
« Une tarte au hachis de poisson ».
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במה
מענגו רב יהודה בריה דרב שמואל בר שילת
משמיה דרב אמר בתבשיל של תרדין ודגים
גדולים וראשי שומין רב חייא בר אשי אמר
רב אפילו דבר מועט ולכבוד שבת עשאו הרי
זה עונג מאי היא אמר רב פפא כסא דהרסנא
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Beaucoup
de gens ont élevé la pratique consistant à manger du poisson à
Shabboth au rang de Halokhoh, au point de considérer qu'un Shabboth
sans poisson n'est pas un Shabboth. Or, le Talmoudh ne dit pas du
tout que c'est une obligation. Le sujet concerne le fait de consommer
des aliments délicieux à Shabboth. Dans ce contexte, le Talmoudh
donne quelques exemples, comme un plat de betteraves, un grand
poisson et des têtes d'ail. Mais au final, ce ne sont que des
exemples, et la Halokhoh est que peu importe ce que l'on mange à
Shabboth, même un petit quelque chose, l'important est que ce que
l'on mange a été préparé avec amour spécialement pour honorer le
Shabboth. Ainsi, ce n'est ni ce que l'on mange, ni la quantité, ni
le fait que ce soit un aliment simple ou raffiné, qui compte, mais
qu'on l'ait préparé pour honorer le Shabboth et qu'il a bon goût.
La raison pour laquelle le Talmoudh n'a déterminé précisément ce
que l'on devait manger en l'honneur du Shabboth est que manger à
Shabboth fait partie de la Miswoh de עונג
שבת « ´Ônagh
Shabboth » (délice du Shabboth), ce qui fait que c'est donc
purement une question de goût. Or, on ne peut légiférer sur une
question qui se rapporte uniquement au goût, puisque c'est à chacun
de préparer ce qu'il aime. Voilà pourquoi consommer du poisson, un
plat e betterave, etc., n'est qu'un Minhogh (coutume) et non une
Halokhoh, et chacun fera ce qu'il désire préparer pour Shabboth,
même un petit quelque chose.
Mais
à cause de l'influence de la Qabboloh sur le Judaïsme depuis la
publication du Zôhar, l'histoire a pris une tournure dégoûtante.
Déjà au Moyen-âge, les disciples du Rashbo''` (Rabbi Sjalômôh
Ban `Adharath (1235-1310) introduisirent la Qabboloh dans la Halokhoh.
Et après Rabbi Yôséf Qa`rô (auteur du Béth Yôséf et du
Shoulhon ´Oroukh), le Rama''q (Rabbi Môshah Qôrdôvarô,
1522-1570) et surtout le `Ari (Rabbi Yishoq Louria`
`Ashkanazi), le processus s'est accéléré, au point qu'aujourd'hui
beaucoup ne savent plus ce qui vient de nos Sages et ce qui vient de
la Qabboloh, ce qui est authentique et ce qui ne l'est pas, ce qui
est valable comme croyance et ce qui est de la pure hérésie. Et le
Minhogh de la consommation de poisson à Shabboth est un exemple
parfait de la folie que la Qabboloh injecte dans la foi israélite
sans que les gens semblent s'en rendre compte.
Le
poisson est désormais devenu un aliment quasiment incontournable des
tables du Shabboth parce que les kabbalistes enseignent que les
Saddiqim se réincarnent en poisson après leur décès (le
´Oroukh HaShoulhon invoque lui-même cette explication,
citant le Qisour HaShalah). Ainsi, en consommant l'âme que
contient le poisson, la Miswoh élève l'âme de ce Saddiq
réincarné dans ce poisson.
Le
livre kabbalistique חמדת
ימים « Hamdath
Yomim » (un livre que l'on soupçonne fortement avoir été
écrit par Nothon de Gaza, un disciple de l'hérétique Shabbathaï
Sévi, et qui est rempli d'hérésie de la première à la
dernière page), qui est très populaire dans les milieux
kabbalistiques et Hassidiques, et qui mentionne les coutumes
de toutes les fêtes et prétend les expliquer, ajoute des idées
supplémentaires à ce mélange. Voici donc les cinq raisons qui se
sont développées avec le temps :
- La raison d'origine et rationnelle invoquée par nos Sages : c'est une question de goût. Ainsi, celui qui aime le poisson, qu'il en fasse pour Shabboth. Et s'il aime autre chose, qu'il fasse autre chose, même de très simple, tant que c'est en l'honneur du Shabboth.
- Une raison symbolique invoquée par les kabbalistes : les yeux de poisson sont toujours ouverts, ce qui est un symbole de la Providence Divine qui est constante.
- Trois raisons kabbalistiques superstitieuses :
- en consommant du poisson lors d'un repas qui est une Miswoh, l'âme qui s'est réincarnée dedans est sauvée ;
- le Hamdath Yomim invoque le concept kabbalistique de l'élévation des étincelles. Ainsi, en consommant du poisson, on libère les étincelles de sainteté cachées dedans ;
- il explique également que consommer du poisson crée une connexion ordonnée entre les dix Safirôth, permettant ainsi un bel équilibre dans les mondes spirituels.
Il
y aurait de quoi vous dégoûter de consommer du poisson à Shabboth
à partir de maintenant ! Il y a trop de vaudou dans l'air !
Il
serait plus que temps de retourner à une Halokhoh authentique, telle
que mise en place par HaZa''l dans le Talmoudh et expliquée
par le Ramba''m dans son Mishnéh Tôroh, où toutes ces
superstitions n'ont pas leur place !
1C'est-à-dire,
quel exemple d'un petit quelque chose peut-on donner ?