ב״ה
La
Miswoh de Rô`sh Hashonoh est-elle de sonner du Shôphor ou de
l'écouter ?
Perspective
maïmonidienne
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article peut être téléchargé ici.
Poursuivons
notre analyse des lois, pratiques et coutumes relatives aux fêtes de
Tishri.
Dans
son énumération des 613 Miswôth
de la Tôroh, le Ramba''m ז״ל
écrit
ceci dans son Séphar Hammiswôth
sur la Miswoh
Positive n°170 : הציווי
שנצטווינו לשמוע קול שופר ביום אחד בתשרי
« Il
s'agit du commandement qui nous a été enjoint d'écouter le son du
Shôphor le premier jour de Tishri. »
Le Ramba''m définit clairement la Miswoh
comme étant une obligation d'écouter le son du Shôphor, et non de
sonner du Shôphor. De même, dans le passage d'introduction des
Hilkôth Shôphor Wasoukkoh Walôlov de son Mishnéh Tôroh, le
Ramba''m écrit : מִצְוַת
עֲשֵׂה שֶׁלַּתּוֹרָה,
לִשְׁמֹעַ
תְּרוּעַת הַשּׁוֹפָר בְּרֹאשׁ הַשָּׁנָה
« Il
est un commandement positif de la Tôroh d'écouter le son du Shôphor
à Rô`sh Hashonoh. »
Pour
comprendre l'importance et le sens de la formulation du Ramba''m,
nous nous devons de relever une distinction simple entre différentes
sortes de Miswôth
positives. La plupart des Miswôth
nécessitent un accomplissement personnel. Par exemple, on a
l'obligation personnelle de mettre les Taphillin chaque jour, d'étudier
la Tôroh, de placer des Sisith
à nos vêtements à quatre coins dont on se couvre, ou encore de
prendre un Lôlov à Soukkôth. Le dénominateur commun entre ces
Miswôth
est qu'elles nécessitent toutes que la personne accomplisse
personnellement l'acte, car on ne peut s'acquitter de ces devoirs-là
par l'intermédiaire de quelqu'un d'autre.
Une
deuxième catégorie de Miswôth
inclut celles que l'on peut accomplir par un intermédiaire. Par
exemple, un père a l'obligation de circoncire lui-même son fils
nouveau-né, mais la Miswoh
s'accomplit généralement par l'intermédiaire d'un Môhél
professionnel. Les pères n'ont pas l'obligation absolue d'étudier
l'art de la circoncision et ont l'option de simplement payer
quelqu'un d'autre pour accomplir l'acte en leur faveur. Autre
exemple, les mariés sont censés réciter eux-mêmes les
bénédictions du mariage, mais on accorde généralement cet honneur
à d'autres personnes qui les réciteront en leur faveur. De même,
les gens qui ont construit une nouvelle maison engagent souvent
quelqu'un d'autre pour ériger le garde-fou autour du balcon, plutôt
que d'accomplir eux-mêmes la Miswoh.
Il est également possible de demander à quelqu'un d'autre de
séparer la Taroumoh ou le Ma´asér de ses produits à sa place.
Dans tous ces cas, la personne s'acquitte de son devoir par le
principe halakhique de שְׁלוּחוֹ
שֶׁל אָדָם כָּמוֹתוֹ
« Shalouhô
Shal `odhom Komôthô – l'émissaire/agent d'un homme est comme
lui-même »,
qui établit que l'agent qui a été désigné par quelqu'un est
considéré comme la personne qui l'a désigné.
Il
existe encore une troisième catégorie de Miswôth,
qui est composée de Miswôth
nécessitant la récitation d'un texte particulier. Les exemples
courants sont la lecture de la Maghilloh à Pourim, ou encore la
récitation du Qiddoush à Shabboth. En règle générale, une
personne à table récite le Qiddoush en faveur des autres convives,
tandis que les fidèles s'acquittent de leur obligation de lire la
Maghilloh en écoutant le lecteur. Il convient de signaler que dans
ces cas, l'obligation est de lire ou réciter, et non d'écouter, le
dit texte. Cependant, on a l'option de s'acquitter de son devoir en
écoutant la récitation, à cause du fameux principe de שׁוֹמֵעַ
כָּעוֹנֶה « Shôméa´
Ko´ônah – celui qui écoute est comme celui qui répond »,
qui établit qu'écouter [un texte] est comme le réciter, et par-là
il s'acquitte de son devoir de réciter le Qiddoush.
La
question que de nombreux érudits se sont posés concernant la Miswoh
du Shôphor est : Dans quelle catégorie doit-on classer cette
Miswoh ?
Une possibilité consiste à dire que cette Miswoh
du Shôphor est comparable aux Miswôth
telles que la récitation du Qiddoush et de la Maghilloh. Dans le
fond, d'après cette approche, la Tôroh exige de chaque individu
qu'il sonne personnellement du Shôphor, tout comme on est chacun
tenu de réciter le Qiddoush chaque Shabboth. Cependant, tout comme
le principe de « Shôméa´
Ko´ônah »
permet à quelqu'un qui a écouté la récitation du Qiddoush d'être
considéré comme ayant récité le texte, de même, quelqu'un qui
écoute les sons du Shôphor peut être considéré comme ayant sonné
du Shôphor.
Une
autre possibilité consiste à dire qu'écouter le Shôphor n'exige
pas l'application du principe de « Shôméa´
Ko´ônah. »
Plutôt, la définition essentielle de la Miswoh
est d'écouter le Shôphor, et non de sonner du Shôphor. Les fidèles
rassemblés à la synagogue accomplissent leur devoir, pas parce
qu'ils sont considérés comme ayant personnellement sonné du
Shôphor, mais plutôt parce que c'est précisément là ce qu'exige
la Miswoh :
écouter le son du Shôphor !
D'après
la première approche qui a été présentée, le Shôphor appartient
à la même catégorie que des Miswôth
telles que la récitation de la Maghilloh et du Qiddoush, des Miswôth
qui nécessitent qu'un certain texte soit récité, ou dans ce cas-ci
qu'un son soit produit, mais dont on peut s'acquitter en écoutant
quelqu'un d'autre le réciter ou produire le son, étant ainsi
considéré comme ayant soi-même récité le texte ou produit le
son. Mais d'après la deuxième approche, la Miswoh
du Shôphor appartient à la première catégorie de Miswôth,
celles que l'on doit accomplir personnellement, et pas par un agent,
émissaire ou intermédiaire. Cette approche affirme que la Tôroh
exige d'écouter le Shôphor, et ceux qui écoutent avec leurs
propres oreilles, et non celles des autres, accomplissent ainsi leur
obligation, pas à travers la personne qui sonne du Shôphor, mais
plus directement en faisant précisément ce qu'exige la Miswoh,
à savoir écouter de ses propres oreilles.
Le
Ramba''m suit très clairement la deuxième approche. Il définit
explicitement l'obligation du Shôphor comme nécessitant d'écouter
le son du Shôphor, et non pas d'en sonner. Pour montrer la cohérence
de sa position, le Ramba''m écrit qu'avant de sonner du Shôphor on
doit réciter la bénédiction suivante : בָּרוּךְ
אַתָּה ה'
אֱלֹהֵינוּ
מֶלֶךְ הָעוֹלָם,
אֲשֶׁר
קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְווֹתָיו וְצִוָּנוּ
לִשְׁמֹעַ קוֹל שׁוֹפָר
« Béni
Tu es HaShem notre Dieu, Roi de l'univers, Qui nous a sanctifiés par
Ses commandements et nous a ordonné d'écouter le son du Shôphor. »1
Nos Sages ont enseigné qu'avant l'accomplissement de chaque Miswoh,
qu'elle soit biblique ou rabbinique, une bénédiction devait être
récitée. Mais ils n'ont pas toujours formulé des bénédictions
pour toutes les Miswôth,
laissant parfois à chacun la possibilité de composer sa propre
bénédiction pour les Miswôth
dont aucune formule n'a été donnée. La Miswoh
du Shôphor est l'une des ces Miswôth
pour lesquelles aucune formule n'a été donnée par nos Sages (c'est
également le cas de la Miswoh
de l'allumage des lampes de Shabboth). Ainsi, la formule choisie par
le Ramba''m reflète clairement la définition de cette Miswoh
comme étant une obligation d'écouter et non de sonner du Shôphor.
Le Pasaq du Ramba''m est l'opposé de l'opinion de Rabbénou Ta''m2
ז״ל,
qui soutient qu'avant de sonner du Shôphor on devrait plutôt
réciter la bénédiction de בָּרוּךְ
אַתָּה ה'
אֱלֹהֵינוּ
מֶלֶךְ הָעוֹלָם,
אֲשֶׁר
קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְווֹתָיו וְצִוָּנוּ
עַל תְּקִיעַת שׁוֹפָר
« Béni
Tu es HaShem notre Dieu, Roi de l'univers, Qui nous a sanctifiés par
Ses commandements et nous a enjoint de sonner du Shôphor. »
La formule de Rabbénou Ta''m définit l'obligation comme nécessitant
de sonner du Shôphor, et non d'écouter le son du Shôphor. (Il
convient de signaler que Rabbi Yôséph Qa`rô ז״ל,
dans son Shoulhon
´oroukh3,
suit l'opinion du Ramba''m, puisqu'il rapporte la formule du Ramba''m
comme étant la bénédiction à réciter avant de sonner du
Shôphor.)
Le
Ramba''m exprime davantage son opinion par son fameux Pasaq dans
lequel il valide un son produit par un Shôphor volé.4
La Halokhoh disqualifie généralement une Miswoh
accomplie par un objet volé. Par exemple, si quelqu'un a volé un
Lôlov et l'a utilisé pour la Miswoh
des Quatre Espèces à Soukkôth, il n'a pas accomplit son obligation
du Lôlov, étant donné qu'il l'a réalisée avec un objet volé.
Mais le Ramba''m soutient que celui qui utilise un Shôphor volé
pour sonner à Rô`sh Hashonoh a techniquement accompli son
obligation. Il explique ceci : שׁוֹפָר
הַגָּזוּל שֶׁתָּקַע בּוֹ,
יָצָא
יְדֵי חוֹבָתוֹ--שְׁאֵין
הַמִּצְוָה אֵלָא בִּשְׁמִיעַת הַקּוֹל
אַף עַל פִּי שֶׁלֹּא נָגַע בּוֹ וְלֹא
הִגְבִּיהוֹ הַשּׁוֹמֵעַ,
וְאֵין
בַּקּוֹל דִּין גָּזֵל
« Un
Shôphor volé, si on sonne avec on est quitte de son obligation, car
la Miswoh
ne consiste qu'à écouter le son, bien que celui qui écoute ne l'a
pas touché ou ne l'a pas soulevé. Or, il n'y a pas de statut de vol
avec un son. »
En d'autres mots, l'objet de la Miswoh,
pour ainsi dire, n'est pas le Shôphor en lui-même, mais plutôt le
son qu'il produit et que l'on écoute. Le Shôphor est simplement le
moyen par lequel on crée « l'objet » de la Miswoh.
Et puisqu'un son est intangible, il ne peut être « volé »
dans le sens strict et légal du terme. Par conséquent, celui qui
écoute le son d'un Shôphor volé a accompli son obligation, étant
donné qu'il n'a pas réellement accompli cette Miswoh
avec un article volé, mais ses oreilles !
Le
Ramba''m développe davantage cette position dans l'une de ses
Tashouvôth5,
dans laquelle on lui demanda d'expliquer la raison pour laquelle on
devrait réciter la bénédiction de לִשְׁמֹעַ
קוֹל שׁוֹפָר
« Lishamôa´
Qôl Shôphor »
(écouter le son du Shôphor) au lieu de la bénédiction de עַל
תְּקִיעַת שׁוֹפָר
« ´al
Taqi´ath Shôphor »
(de sonner du Shôphor). Il a répondu que si nous définissions
l'obligation comme une exigence de sonner du Shôphor, tout le monde
devrait alors personnellement sonner du Shôphor, et il n'y aurait
alors plus la possibilité de s'acquitter de son devoir en écoutant
le son du Shôphor. Le fait que la Halokhoh permette à l'assemblée
d'accomplir la Miswoh
en écoutant le son du Shôphor démontre que la Miswoh
est définie par le fait d'écouter, et non par l'acte de sonner du
Shôphor.
Le
Ramba''m sous-entend dans sa réponse qu'il y a une différence
fondamentale entre sonner du Shôphor et réciter un texte.
Concernant la récitation d'un texte, comme le Qiddoush par exemple,
le mécanisme de « Shôméa´
Ko´ônah »
permet à celui qui écoute de devenir comme celui qui récite, et de
ce fait celui qui écoute le Qiddoush accomplit son obligation
puisque, halakhiquement parlant, il a « récité » le
texte du Qiddoush. Le Ramba''m part du principe que ce mécanisme
n'est limité qu'aux Miswôth
qui impliquent la parole. Quelqu'un qui écoute des mots peut être
considéré comme les ayant lui-même prononcés grâce au mécanisme
de « Shôméa´
Ko´ônah. »
Mais sonner du Shôphor diffère de la récitation d'un texte et
n'est, par conséquent, pas sujet à la règle de « Shôméa´
Ko´ônah. »
La Halokhoh offre à ceux qui écoutent un texte la possibilité
d'avoir le statut de ceux qui le récitent, mais elle n'étend pas ce
mécanisme à ceux qui écoutent le son d'un Shôphor. Le Ramba''m
raisonne, de ce fait, que si la Halokhoh permet à l'assemblée
d'accomplir la Miswoh
du Shôphor en écoutant le son du Shôphor, c'est que nous devons
conclure que cette Miswoh
se définit comme étant une obligation d'écouter le Shôphor, et
non pas comme une obligation de sonner le Shôphor !
1Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Shôphor Wasoukkoh Walôlov 3:11
2Citée
par le Ro`''sh, Rô`sh Hashonoh 4:10
3`ôrah
Hayim 585:2
4Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Shôphor Wasoukkoh Walôlov 1:3
5Tashouvôth
HaRamba''m n°142