ב״ה
Les
femmes sont-elles tenues de prier ?
L'approche
du Ramba''m
Cet article peut être téléchargé ici.
Voici
ce qu'écrit le Ramba''m ז״ל
dans
son Mishnéh Tôroh :
Hilkôth
Tafilloh Ouvirkhath Kôhanim 1:1-2
|
1.
Il est une Miswath
´aséh1
de prier chaque jour, car il est dit2 :
« et vous servirez HaShem, votre Dieu ».
De tradition orale, ils ont enseigné que ce service [dont on
parle] est la prière. Et il est dit3 :
« et pour Le servir de tout votre cœur ».
Les Sages ont dit4 :
« Et qu'est-ce que le service qui [se fait] avec
le cœur ? C'est la prière ! ».
Min Hattôroh il n'y a pas de nombre de prières [à faire], Min
Hattôroh il n'y a pas de formulation spécifique à la prière,
et Min Hattôroh la Tôroh il n'y a pas de temps fixé à la
prière. Par conséquent, les femmes et les esclaves sont
astreints à la prière, parce que c'est une Miswath
´aséh qui n'est pas associée à un temps [d'accomplissement]
spécifique.
|
א מצות
עשה להתפלל בכל יום,
שנאמר
"ועבדתם,
את
ה'
אלוהיכם":
מפי
השמועה למדו שעבודה זו--היא
תפילה,
ונאמר
"ולעובדו,
בכל
לבבכם";
אמרו
חכמים,
איזו
היא עבודה שבלב,
זו
היא תפילה.
ואין
מניין התפילות מן התורה,
ולא
משנה התפילה הזאת מן התורה.
ואין
לתפילה זמן קבוע מן התורה;
ולפיכך
נשים ועבדים חייבין בתפילה,
לפי
שהיא מצות עשה שלא הזמן גרמה
|
2.
Mais l'obligation de cette
Miswoh
[s'accomplit] de la manière suivante : l'être humain doit
prier et supplier chaque jour et faire l'éloge du Saint, béni
soit-Il, puis demander pour les choses dont il a besoin par des
requêtes et des supplications, ensuite offrir des louanges et des
remerciements à HaShem pour le bien dont Il l'a gratifié, chacun
selon sa capacité.
|
ב אלא
חיוב מצוה זו,
כך
הוא--שיהא
אדם מתפלל ומתחנן בכל יום,
ומגיד
שבחו של הקדוש ברוך הוא,
ואחר
כך שואל צרכיו שהוא צריך להן בבקשה
ובתחינה,
ואחר
כך נותן שבח והודיה לה'
על
הטובה שהשפיע לו:
כל
אחד כפי כוחו
|
Le
Ramba''m commence par nous dire que la prière est une obligation
biblique (Miswoh Min Hattôroh). Chaque Israélite a le devoir
de prier HaShem ית׳
au
moins une fois chaque jour. Il base son opinion sur le Sifri et le
Talmoudh, qui expliquent un verset difficile que l'on retrouve dans
la Tôroh. Il est dit dans la Tôroh : ולעובדו,
בכל
לבבכם « et
pour Le servir de tout votre cœur ». Le problème avec ce
verset est que le mot עבודה
« ´avôdoh
- service » renvoie généralement à un acte physique, alors
que le cœur représente le métaphysique. Nos Sages répondent que
ce verset se réfère à la prière, qui est un service qui nécessite
un acte physique (c'est-à-dire prononcer des paroles avec sa
bouche), mais qui s'accomplit principalement avec sa pensée et ses
émotions (c'est-à-dire la Kawwonoh). Ainsi, la Tôroh nous impose
de prier, mais ne nous a jamais dit quelle parole prononcer en guise
de prière, à quelle fréquence il fallait prier et à quel moment.
Le
Ramba''m explique donc que le concept de prière est Min Hattôroh
(d'origine biblique), mais que la formulation, la fréquence et le
moment des prières sont tous Middarabbonon (d'origine rabbinique).
C'est pourquoi, poursuit-il, les femmes ont une obligation biblique
de prier. La raison à cela est qu'elles sont exemptes de toutes les
Miswôth positives dont l'accomplissement est lié à un temps
spécifique (Miswôth ´aséh Shahazzamon Garomoh). Puisque
nous avons vu que le concept de prière n'est pas limité à un temps
d'accomplissement spécifique requis par la Tôroh, elles sont tenues
de prier. Et comment s'accomplit ce devoir biblique de prier ?
Le
Ramba''m explique que pour s'acquitter de son devoir biblique de
prier, on doit faire une prière qui commence par des louanges
générales à HaShem, qui se poursuit par ses requêtes
personnelles, et qui se conclut par des paroles de remerciements pour
toutes les bonnes choses de la vie qu'Il nous a déjà accordées.
C'est en fait exactement de cette manière-là que l'on est censé
s'adresser à un roi. Lorsque les gens soumettaient leurs requêtes à
un roi, ils commençaient par faire les éloges du monarque, et
seulement après avoir encensé le roi ils soumettaient leurs
requêtes et concluaient par des paroles de louanges supplémentaires
et de remerciements à l'égard du roi pour toutes les bonnes choses
qu'il avait déjà accordées et continuera à accorder aux sujets de
son royaume. C'est ainsi que n'importe qui peut accomplir son devoir
biblique de prier. Et chacun s'exprimera en fonction de ses
capacités, c'est-à-dire selon l'aisance de sa locution, avec ses
propres mots, et à n'importe quel moment de la journée, au moins
une fois par jour.
Dans
les Halokhôth suivantes, le Ramba''m poursuit en expliquant qu'en
plus de cela, les `anshé Kanasath Haggadhôloh (les Hommes de la
Grande Assemblée) exigèrent de tous les hommes de prier deux autres
fois, mais à des moments bien spécifiques, à savoir, le matin et
en fin d'après-midi. Ils formulèrent également un texte de base à
dire lors de ces deux occasions en guise de prière (texte qui porta
le nom de שמונה
עשרה « Shamônah
´asréh », qui signifie « dix-huit », car il est
composé de dix-huit bénédictions. Voir ici),
de façon à ce que chacun puisse s'exprimer en Langue Sainte
lorsqu'il prie et se concentrer sur les requêtes réellement
essentielles et basiques, ce qui n'est pas toujours évident
lorsqu'on prie dans ses propres mots. Et c'est ainsi que l'on
accomplit son devoir rabbinique de prier chaque jour. Puisque les
Shamônah ´asréh doivent se faire selon une certaine formulation,
un nombre spécifique de fois et à des moments bien précis de la
journée, il s'agit là d'une Miswath ´aséh Shahazzamon
Garomoh, un commandement positif déterminé par un temps
d'accomplissement spécifique. Or, les femmes étant exemptes des
Miswôth ´aséh Shahazzamon Garomoh, elles ne sont pas tenues
de faire les Shamônah ´asréh.
Ainsi,
d'un côté les femmes sont tenues de prier au moins une fois par
jour (au moment qu'elles désirent) dans leurs propres mots et selon
leurs besoins et leur aisance d'élocution (ce qui représente
l'aspect biblique de la prière), mais de l'autre côté, elles sont
exemptes de la récitation des Shamônah ´asréh le matin et
l'après-midi (ce qui représente l'aspect rabbinique de la prière).
Que
les femmes ont un rapport différent à la prière que les hommes se
vérifie aisément. Lorsqu'on entre dans une Synagogue n'importe où
dans le monde, on verra à chaque fois la même scène. Pratiquement
tous ceux qui sont rassemblés pour y prier sur une base quotidienne
sont des hommes. Et même lorsqu'il n'y a pas d'office de prière, on
remarquera que le nombre de places assises est généralement deux
fois plus important du côté des hommes que du côté des femmes.
Comme pour tout ce qui touche à la Halokhoh, ce n'est pas une
anomalie architecturale, mais reflète vraiment l'influence de la
Tôroh sur chaque aspect de nos vies. La Halokhoh n'a jamais exigé
des femmes de se rendre à la Synagogue, et de toute façon la
plupart des femmes n'ont tout simplement pas le temps ou la
motivation de s'y rendre sur une base quotidienne. En fait, la
présence des femmes dans une Synagogue a toujours été une vision
très rare depuis que les Synagogues existent. C'est même l'une des
raisons pour lesquelles la majorité des vieilles Synagogue à avoir
été retrouvées ne possédaient même pas une séparation pour les
femmes, car elles ne s'y rendaient pratiquement pas (et lorsqu'elles
s'y rendaient pour des occasions particulières, une séparation de
fortune pouvait être montée ou mise en place). Quant au fait de
prier à la maison, nous venons d'expliquer que les femmes sont
exemptes des Shamônah ´asréh, bien qu'elles soient astreintes au
devoir de prier (mais quand elles le veulent, au moins une fois dans
la journée, selon leurs propres mots et l'aisance de leur
élocution).
Cette
approche du Ramba''m concorde également avec l'opinion que le Ri''f
ז״ל
exprime
dans son commentaire sur le Talmoudh.5
Il relève que la Mishnoh tranche que les femmes sont astreintes à
la prière, et explique que c'est parce que la prière n'est pas une
Miswath ´aséh Shahazzamon Garomoh, sous-entendant par-là
qu'il soutient une approche identique à celle du Ramba''m,
c'est-à-dire que la prière est composé de deux aspects ;
l'aspect biblique, dont les femmes sont astreintes car il n'est pas
lié à un temps d'accomplissement spécifique, et l'aspect
rabbinique, dont les femmes sont exemptes car il est lié à un temps
d'accomplissement spécifique.
L'un
des plus grands opposants de cette approche fut le Ramba''n ז״ל.
Pour lui, il n'y a pas d'aspect biblique et rabbinique à la prière,
mais uniquement un aspect rabbinique. En outre, il tranche que bien
que la prière rabbinique soit lié à un temps d'accomplissement
spécifique, les femmes y sont astreintes car la prière est une
demande de miséricorde Divine, et les femmes en ont également
besoin. Par conséquent, elles sont elles aussi astreintes à faire
les Shamônah ´asréh deux fois par jour, le matin et en fin
d'après-midi, comme les hommes.6
L'approche du Ramba''n est également sous-entendue par Rash''i ז״ל.7
Le
Shoulhon ´oroukh8
s’aligne clairement sr l'approche du Ramba''m (et du Ri''f) selon
quoi les femmes sont astreintes à l'obligation de prier, car ce
n'est pas un devoir lié à un temps d'accomplissement spécifique.
Le Moghén `avrohom9
ז״ל
explique
que d'après le Mahabbér (surnom de Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל,
auteur du Shoulhon ´oroukh), une femme a seulement besoin de
faire une courte prière dans ses propres mots chaque jour. Il
suppose que c'est sans doute la raison pour laquelle de nombreuses
femmes qui sont généralement très minutieuses dans leur ´avôdath
HaShem semblent ne jamais faire les Shamônah ´asréh. Après s'être
lavé les mains et avoir récité leurs bénédictions du matin, de
nombreuses femmes ajoutent une courte prière qui commence par des
louanges à HaShem, se poursuit par une ou deux requêtes, et se
conclut par des louanges et remerciements à HaShem, suivant le
modèle énoncé par le Ramba''m, et s'acquittent ainsi de leur
devoir de prier. Mais le Moghén `avrohom n'est pas d'accord avec le
Mahabbér et écrit que l'opinion majoritaire suit l'approche
du Ramba''n. De ce fait, il suppose que les femmes ne peuvent
s'acquitter de leur devoir de prier qu'en faisant les Shamônah
´asréh.
Bien
que l'opinion majoritaire soit que les femmes sont tenues de faire
les Shamônah ´asréh deux fois par jour, le matin et l'après-midi,
nous avons vu que ce n'est pas la seule façon de considérer le
problème. En outre, l'approche du Ramba''m peut plus facilement être
connectée au Talmoudh que celle du Ramba''n, et elle est, en outre,
beaucoup plus en phase avec la logique, la raison et l'histoire.
1Commandement
positif
2Shamôth
23:25
3Davorim
11:13
4Ta´anith
2a ; Sifri, Davorim 11:13
5Barokhôth
20a-b
6Hassaghôth
Laséfar Hammiswôth 5
7Sur
Barokhôth 20b
8`ôrah
Hayim 106:1
9106:1