vendredi 10 février 2017

La fête de Tou Bishavot

ב״ה

La fête de Tou Bishavot


Beaucoup de Juifs célébreront une fête appelée ט"ו בִּשְׁבָט « Tou Bishavot », qui signifie tout simplement « 15 du mois de Shavot. » Ce jour-là, ils consomment de nombreux fruits et tiennent une espèce de « Sédhar » comme à Pasah. Cela pourrait surprendre beaucoup de gens, mais ce n'est même pas une fête officielle du Judaïsme, mais une innovation des Kabbalistes. C'est au seizième siècle, à Safath (Safed), que Rabbi Yishoq Louria`, plus connu sous l'acronyme du `ari, institua un cérémoniel à respecter pour ses disciples à Tou Bishavot. Très rapidement, cela se répandit à d'autres communautés, pour être adopté par une grande partie des Juifs (mais pas tous).

Il n'existe que deux références talmudiques à Tou Bishavot. La première se trouve dans la toute première Mishnoh du traité Rô`sh Hashonoh1 :

Les quatre nouveaux ans sont : Le premier Nison, le nouvel an pour les rois et les fêtes de pèlerinage ; le premier `aloul, le nouvel an pour la dîme des animaux domestiques. Rébbi `al´ozor et Rébbi Shim´ôn disent : « Le premier Tishri » ; le premier Tishri, le nouvel an pour les années, pour les Shamittin, pour les Yôvélôth, pour la plantation et pour les légumes ; le premier Shavot, le nouvel an des arbres selon les paroles de Béth Shamma`y. Mais Béth Hillél disent : « Le quinzième jour de ce mois. »
אַרְבָּעָה רָאשֵׁי שָׁנִים הֵן: בְּאֶחָד בְּנִיסָן, רֹאשׁ הַשָּׁנָה לַמְּלָכִים וְלָרְגָלִים; בְּאֶחָד בֶּאֱלוּל, רֹאשׁ הַשָּׁנָה לְמַעְשַׂר בְּהֵמָה; רֵבִּי אֶלְעָזָר וּרֵבִּי שִׁמְעוֹן אוֹמְרִים: בְּאֶחָד בְּתִשְׁרִי; בְּאֶחָד בְּתִשְׁרִי, רֹאשׁ הַשָּׁנָה לַשָּׁנִים וְלַשְּׁמִטִּין וְלַיּוֹבֵלוֹת לִנְטִיעָה וְלִירָקוֹת; בְּאֶחָד בִּשְׁבָט, רֹאשׁ הַשָּׁנָה לָאִילָן, כְּדִבְרֵי בֵית שַׁמַּי; וּבֵית הֶלֵּל אוֹמְרִין: בַּחֲמִשָּׁה עָשָׂר בּוֹ

Dans ce passage, nous voyons qu'il y a quatre nouveaux ans dans le calendrier hébraïque, et une divergence d'opinion concernant deux de ces quatre dates. En outre, AUCUN de ces quatre nouveaux ans n'était une fête en elle-même, mais simplement des dates à partir desquelles on devait compter certains événements ou calculer les dîmes. Par exemple, le premier Nison n'était pas un jour de fête, mais simplement la date à partir de laquelle on comptait le règne des rois et calculait les dates des fêtes de pèlerinage, dont la première est Pasah, qui tombe le quatorzième jour de Nison. De même, c'est à partir du premier Tishri que l'on calculait les années du calendrier (c'est la raison pour laquelle c'est le premier de l'année), les années sabbatiques, les années de jubilé, les plantations et les légumes (car il fallait attendre un certain nombre d'années avant de pouvoir en faire la dîme et les consommer), et ainsi de suite. En fait, si Yôm Tarou´oh ne tombait pas non plus le premier Tishri, il n'y aurait jamais eu de fête à cette date.

Il est donc important de comprendre que ce n'est pas parce que ces dates sont appelées « Nouvel An » qu'il s'agit automatiquement de jours de fête. Même dans le calendrier grégorien de bon nombre de pays occidentaux, il existe de nombreux nouveaux ans. Il y a, par exemple, le 1er Septembre, qui est le nouvel an scolaire ; plusieurs pays ont également un nouvel an fiscal, à partir duquel commencer à calculer ses impôts, etc., et ces dates ne sont pas du tout des jours de fête.

La deuxième référence talmudique sur Tou Bishavot se retrouve dans la Gamoro` de Rô`sh Hashonoh 14b, où il est rapporté qu'à cause du doute qu'avait Rébbi ´aqivoh ז״ל concernant la date réelle du nouvel an des arbres (puisqu'il y a divergence entre Béth Hillél et Béth Shamma`y, comme mentionné plus haut), il a cueilli les citrons de son citronnier le premier Shavot et en a fait deux fois la dîme au lieu d'une, car peut-être que Béth Hillél étaient également d'accord que la vraie date du nouvel an des arbres était le premier Shavot. (Il convient de préciser que cette même Gamoro` stipule que Rébbi ´aqivoh a agi ainsi, car bien que la Halokhoh suive Béth Hillél, elle a également permis à celui qui le désirait de suivre Béth Shamma`y sur ce point, car leur opinion est également tout à fait valable.) Nous voyons clairement de ce passage que cette date n'était en rien un jour de fête, mais simplement le jour à partir duquel on calculait la dîme de ses fruits lorsqu'on s'apprêtait à les cueillir. Aucun des Ga`ônim, ni des Ri`shônim, n'a jamais parlé de cette date comme d'une fête.


1Mishnoh, Rô`sh Hashonoh 1:1