mardi 5 juillet 2016

La Paroshoh avec le Ramba''m : Qôrah

ב״ה

La Paroshoh avec le Ramba''m

Parashath Qôrah


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La Paroshoh de cette semaine, Parashath Qôrah, nous parle principalement de la campagne audacieuse lancée par Qôrah et ses acolytes contre l'autorité de Môshah Rabbénou ע״ה. Ce dernier répond d'ailleurs de façon surprenante à cette attaque en demandant une intervention Divine surnaturelle. Il donne pour instruction à l'une des factions de Qôrah, qui désirait pour lui les privilèges que conférait la כְּהוּנָה « Kahounoh » (prêtrise), d'offrir un קָרְבַּן קְטוֹרֶת « Qorban Qatôrath » (offrande d'encens) en même temps que `aharôn Hakkôhén ע״ה, afin que soit déterminé l'homme qu'HaShem ית׳ Lui-même aura choisi pour la fonction de la haute prêtrise, alors que tous savaient pertinemment bien qu'apporter un Qorban Qatôrath injustifié provoquerait la mort de celui qui aurait osé commettre un tel acte. Quant au reste du groupe des rebelles, Môshah Rabbénou se présenta devant leurs tentes et leur annonça que la terre s'ouvrirait et dévorerait tous les insurgés. Et effectivement, un feu Divin descendit sur l'autel de `aharôn Hakkôhén pour indiquer que c'est son Qorban Qatôrath qui avait été agréé de Dieu, tandis que la terre s'ouvrit et avala tous les rebelles, leurs familles et leurs biens.

Le Ramba''m ז״ל, en expliquant le huitième de ses treize principes de foi, qui est la croyance dans le concept de תּוֹרָה מִן הַשָּׁמַיִם « Tôroh Min Hashomayim » (l'origine Divine de la Tôroh), cite la déclaration faite par Môshah Rabbénou avant que la terre ne s'ouvre pour dévorer Qôrah et ses partisans1 :

Par ceci vous reconnaîtrez que c'est `adhônoy qui m'a donné mission d'accomplir toutes ces œuvres, que je n'ai rien fait par moi-même.
בְּזֹאת תֵּדְעוּן, כִּי-יהוה שְׁלָחַנִי לַעֲשׂוֹת אֵת כָּל-הַמַּעֲשִׂים הָאֵלֶּה: כִּי-לֹא, מִלִּבִּי

D'après le Ramba''m, ce verset établit que la Tôroh transmise aux Israélites par Môshah Rabbénou tire sa source de Dieu Lui-même. Môshah Rabbénou n'a pas inventé la Tôroh et n'y a pas non plus inclus ce qui lui passait par l'esprit, mais c'est plutôt יהוה שְׁלָחַנִי לַעֲשׂוֹת אֵת כָּל-הַמַּעֲשִׂים הָאֵלֶּה « `adhônoy qui m'a donné mission d'accomplir toutes ces œuvres ».

Le fait que le Ramba''m cite ce verset dans le contexte de la doctrine de « Tôroh Min Hashomayim » nous permet de comprendre comment est-ce qu'il analyse toute cette histoire rapportée dans notre Paroshoh de la semaine. Il semble que Qôrah et ses partisans ne contestaient pas seulement la nomination de `aharôn au rang de Kôhén Godhôl, ni les autres « décisions politiques » prises par Môshah Rabbénou, mais remettaient également en question l'origine Divine de tout ce que Môshah Rabbénou enseignait au peuple. Ils accusaient Môshah Rabbénou de concocter dans son esprit des lois qu'il attribuait ensuite faussement à Dieu, simplement par népotisme et pour sa propre gloire. Le Talmoudh Yarousholmi2 dit en effet que Qôrah avait rejeté l'origine Divine de la Tôroh et la position de Môshah Rabbénou en tant que prophète. Cela explique pourquoi Môshah Rabbénou eut recours à des méthodes de persuasion surnaturelles. Il devait être parfaitement et clairement établi que Dieu Lui-même avait choisi et désigné Môshah Rabbénou comme législateur et prophète, que tout ce qu'il faisait et enseignait provenait du Tout-Puissant, et non pas de notions provenant de son intellect et des désirs de son cœur.

Certains commentateurs soulèvent une question très intéressante sur la perspective du Ramba''m sur ce récit biblique, lorsqu'il affirme ceci, sans équivoque, dans son célèbre Épître au Yémen (qui est téléchargeable sur le blog dans son intégralité, dans l'article intitulé « `iggarath Témon du Ramba''m ») :

Nous avons reçu l’assurance divine stipulant que non seulement toutes les personnes qui étaient présentes à la Révélation du Sinaï croient en la prophétie de Môshah et dans sa Loi, mais que leurs descendants le feront jusqu’à la fin des temps, comme il est écrit3 : « Voici, Je viens vers toi dans une épaisse nuée, afin que le peuple entende quand Je te parlerai, et puisse aussi croire en toi pour toujours ».

Par conséquent, il est évident que celui qui repousse la religion qui a été révélée n’est pas un descendant des gens qui en furent les témoins. Car nos sages de mémoire bénie ont insisté sur le fait que ceux qui ont des scrupules concernant le message divin ne sont pas des descendants de la race de ceux qui étaient présents sur le mont Sinaï.4

Afin de renforcer la foi des Juifs yéménites, qui faisaient l'objet d'une grande persécution et de profondes pressions théologiques de la part des musulmans, le Ramba''m écrit que Dieu a promis qu'aucun des descendants des Israélites qui se sont tenus au pied du Mont Sinaï et ont expérimenté la révélation de Dieu lorsque la Tôroh fut donnée, ne concevrait un jour le moindre doute sur l'origine Divine de la Tôroh. De ce fait, quiconque se prétend Juif/Israélite et renie l'origine Divine de la Tôroh (et adopte ainsi une autre religion ou modifie les préceptes inscrits dans la Tôroh) peut être soupçonné d'être en fait un descendant de l'autre camp, mais certainement pas un descendant de la génération de ceux qui ont reçu la Tôroh au Sinaï. Or, Qôrah lui-même était présent au Sinaï lorsque la Tôroh fut donnée, et de ses propres oreilles il avait entendu la voix de Dieu. Et pourtant, comme nous le voyons dans la Paroshoh de cette semaine, il a fini par remettre en question la doctrine de « Tôroh Min Hashomayim ». Comment peut-on soutenir la théorie du Ramba''m à la lumière du cas de Qôrah qui, bien qu'il fut présent au Sinaï, tomba dans la Kafiroh (mécréance) ?

Une façon de comprendre les propos du Ramba''m consiste à expliquer que le Ramba''m n'affirme pas qu'aucun des descendants de ceux qui se sont tenus au pied du Mont Sinaï ne tombera jamais dans la Kafiroh. Toute sorte de facteurs extérieurs, comme la tentation du péché, l'ignorance, les pressions familiales ou encore une soif de pouvoir, d'argent, etc., peut mener quelqu'un vers la voie de l'apostasie et de la mécréance. De nombreux Juifs se sont rapprochés des impies et ont embrassé des théories hérétiques afin de se débarrasser des responsabilités que fait peser sur eux la pratique de la Tôroh, ou tout simplement parce qu'ils n'ont pas reçu une bonne éducation juive. Mais d'un point de vue purement objectif et philosophique, il est clairement impossible pour un Juif d'en arriver à renier l'origine Divine de la Tôroh. C'est ce que veut dire ici le Ramba''m.

Qôrah fut poussé par la jalousie et une soif de pouvoir. Sa mécréance en l'origine Divine de la Tôroh transmise par Môshah Rabbénou n'était pas le produit d'une réflexion objective et philosophique, mais le résultat de son grand désir d'autorité, de sa soif de pouvoir. C'est ainsi que bien qu'il fut présent au moment du Don de la Tôroh, il est arrivé à mécroire en la Tôroh. Mais autrement, d'un point de vue purement philosophique et objectif, il n'était pas capable de renier l'origine Divine de la Tôroh. Seul l'ignorance ou un intérêt personnel peut mener un Juif à la Kafiroh. Autrement, un Juif ne pourra jamais en arriver là, car croire est gravé dans son âme ; c'est une partie intégrale de lui-même.

C'est ainsi qu'à notre époque, nous voyons des Juifs religieux, avec barbe et papillotes, soutenir toute sorte d'hérésies et de superstitions. Ce n'est pas parce qu'ils ont analysé objectivement la Tôroh et le Talmoudh, et en ont conclu que ces idéologies et pratiques pouvaient être soutenues d'un point de vue religieux, mais simplement parce que leur amour aveugle pour leurs Rebbe`im, pour leurs pseudo Gadhôlé Haddôr, ainsi que leur soif de pouvoir et d'autorité (quand il s'agit des rabbins) les ont égarés, car d'un point de vue purement philosophique et objectif, il est impossible qu'un Juif en arrive à croire que ces idéologies et pratiques puissent être compatibles avec le Judaïsme. Voilà comment des Juifs qui croient en la Tôroh et l'origine Divine de chacune des prescriptions qu'elle contient peuvent basculer dans l'hérésie, bien qu'ils soient les descendants de ceux qui s'étaient tenus au pied du Mont Sinaï pour recevoir la Tôroh. Ils perdent alors toute objectivité et se mettent à inventer des interprétations bibliques et talmudiques soutenant leurs hérésies, déguisant ainsi leur mécréance en foi !

1Bamidhbor 16:28
2Sanhédhrin 10:1
3Shamôth 10:9

4Nadhorim 20a