ב״ה
Quand
fait-on la bénédiction relative à la Soukkoh ?
Perspective
du Ramba''m
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Dans
sa présentation des lois relatives à la Soukkoh, le Ramba''m ז״ל
tranche
que l'on doit prononcer la bénédiction sur cette Miswoh en
étant debout, juste avant de s'asseoir dans la Soukkoh.1
(Nous l'avions rapporté dans l'article intitulé « Quelques
autres règles relatives à la Soukkoh. »)
Le
Pasaq Din du Ramba''m a suscité de très nombreuses interrogations
et discussions parmi les `aharônim. Un principe halakhique
connu stipule que lorsque la Halokhoh exige qu'une bénédiction soit
faite sur l'accomplissement d'une Miswoh, on doit la faire
juste avant d'accomplir la dite Miswoh. (Ce principe est connu
sous le nom de עוֹבֵר
לַעֲשִׂיָּתָן « ´ôvér
La´asiyôthon », c'est-à-dire « avant son
accomplissement. ») Si nous accomplissions la Miswoh
en entrant simplement dans la Soukkoh, il nous aurait donc été
demandé de faire la bénédiction juste avant d'y entrer. Et si la
Miswoh n'était accomplie que lorsque nous mangeons dans la
Soukkoh, la bénédiction devrait alors être faite après s'être
assis dans la Soukkoh, juste avant de manger (et telle est la
pratique acceptée par la majorité des Juifs). Mais le fait que le
Ramba''m préconise de faire la bénédiction juste avant de
s'asseoir dans la Soukkoh semble indiquer qu'il définit plutôt la
Miswoh de la Soukkoh comme étant une obligation de s'y
asseoir.
Beaucoup
de `aharônim
suggèrent que le Ramba''m a atteint une telle conclusion sur base
des termes bibliques employés pour décrire l'obligation de la
Soukkoh : בַּסֻּכֹּת
תֵּשְׁבוּ,
שִׁבְעַת
יָמִים « Bassoukkôth
Téshavou Shiv´ath Yomim. »2
Le mot תֵּשְׁבוּ
« Téshavou »
découle de la racine ישׁב,
qui signifie à la fois « résider »
et « s'asseoir. »
On suppose généralement qu'ici, en référence à l'obligation de
la Soukkoh, le mot est employé dans le sens de « résider »,
et la Tôroh oblige à établir notre résidence principale dans la
Soukkoh. Mais pour bon nombre de `aharônim,
il semblerait que le Ramba''m ait interprété « Téshavou »,
dans ce verset, comme voulant dire « s'asseoir »,
de telle sorte que, d'après lui, on accomplirait la Miswoh en
s'asseyant dans la Soukkoh.
Aussi
répandue que cette explication puisse être, elle est complètement
fausse, comme le font aussi bien remarquer le Ro`''sh3
ז״ל
que
le Ra`ava''dh4
ז״ל
dans
leur rejet du Pasaq Din du Ramba''m. En outre, le Ramba''m lui-même
cite explicitement ce verset comme établissant l'obligation de
« résider » dans la Soukkoh. En effet, quelques
Halokhôth plus tôt, il écrit5 :
Comment
[doit s'accomplir] la Miswoh
de résider dans la Soukkoh ? C'est lorsqu'il mange, boit et
habite dans la Soukkoh tous les sept jours, aussi bien en journée
que durant la nuit, de la même façon qu'il habite dans sa maison
les autres jours de l'année. Et l'intégralité des sept jours,
l'homme doit faire de sa maison [une résidence] temporaire et de
sa Soukkoh [une résidence] fixe, ainsi qu'il est dit6 :
« Vous résiderez dans des Soukkôth sept
jours. »
|
כֵּיצַד
הִיא מִצְוַת הַיְּשִׁיבָה בַּסֻּכָּה:
שֶׁיִּהְיֶה
אוֹכֵל וְשׁוֹתֶה וְדָר בַּסֻּכָּה,
כָּל
שִׁבְעַת הַיָּמִים בֵּין בַּיּוֹם
בֵּין בַּלַּיְלָה,
כְּדֶרֶךְ
שְׁהוּא דָּר בְּבֵיתוֹ,
בִּשְׁאָר
יְמוֹת הַשָּׁנָה.
וְכָל
שִׁבְעַת הַיָּמִים,
עוֹשֶׂה
אָדָם אֶת בֵּיתוֹ עֲרַאי וְאֶת סֻכָּתוֹ
קְבָע,
שֶׁנֶּאֱמָר:
בַּסֻּכֹּת
תֵּשְׁבוּ,
שִׁבְעַת
יָמִים
|
Clairement,
le Ramba''m comprend le verset comme une exigence de résider dans la
Soukkoh, et non de simplement s'asseoir dedans. S'il en est ainsi,
pourquoi tranche-t-il que la bénédiction doive être faite
précisément avant de s'asseoir dans la Soukkoh, et non pas juste
avant d'y entrer ?
Deux
propositions peuvent être avancées. La première consiste à se
baser sur un autre principe général concernant la récitation de
bénédictions avant l'accomplissement d'une Miswoh,
a savoir que chaque fois que HaZa''l
ont institué la récitation d'une bénédiction sur une Miswoh,
indépendamment de la définition essentielle que l'on pourrait
donner à la Miswoh
en question, la bénédiction ne doit être faite qu'avant
l'accomplissement d'un acte concret et significatif. Par exemple, ce
n'est pas juste avant de mettre la Taphilloh du bras que la
bénédiction est faite dessus, mais juste avant que l'on ne commence
à serrer la Taphilloh. Ce n'est que par cet acte concret, et non pas
par le seul fait de mettre la Taphilloh, que l'on considère que la
Miswoh
est accomplie. Ainsi, le Ramba''m est certainement d'accord avec le
fait que l'on accomplit la Miswoh
de la Soukkoh au moment où on y entre. Néanmoins, d'après lui,
simplement entrer dans la Soukkoh ne constitue pas un acte
suffisamment significatif que pour nécessiter qu'une bénédiction
soit faite. En effet, quelqu'un pourrait alors entrer dans la Soukkoh
et en ressortir immédiatement, sans rien avoir fait à l'intérieur.
Par conséquent, on ne fait la bénédiction qu'avant de s'asseoir
dans la Soukkoh, ce qui constitue l'acte formel de l'accomplissement
de la Miswoh.
Une
deuxième approche, plus ou moins similaire, a été proposée par le
Ta''z ז״ל.7
Il définit la Miswoh
comme nécessitant d'établir sa résidence dans la Soukkoh, dont le
fait de s'asseoir à l'intérieur constitue l’expression pratique.
Comme l'écrit le Ta''z, on ne démontre une permanence que lorsqu'on
s’assied. Quand quelqu'un entre temporairement dans une pièce, il
reste assis. De là, nous voyons que s'asseoir quelque part est la
démonstration extérieure d'un sentiment de permanence (ou du moins
de longue durée). Par conséquent, le Ramba''m a exigé de ne faire
la bénédiction qu'avant de s'asseoir dans la Soukkoh, étant donné
que c'est parc et acte que l'on exprime sa « résidence »
permanence dans la Soukkoh, accomplissant ainsi l'obligation de la
Tôroh.
1Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Shôphor Wasoukkoh Walôlov 6:12
2Wayyiqro`
23:42
3Ro`''sh,
Soukkoh 4:3
4Critiques
sur le Mishnéh Tôroh
5Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Shôphor Wasoukkoh Walôlov 6:5
6Wayyiqro`
23:42
7Commentaire
sur le Shoulhon ´oroukh, `ôrah
Hayim 643:2