mercredi 19 octobre 2016

Quand fait-on la bénédiction relative à la Soukkoh

ב״ה

Quand fait-on la bénédiction relative à la Soukkoh ?

Perspective du Ramba''m


Cet article peut être téléchargé ici.

Dans sa présentation des lois relatives à la Soukkoh, le Ramba''m ז״ל tranche que l'on doit prononcer la bénédiction sur cette Miswoh en étant debout, juste avant de s'asseoir dans la Soukkoh.1 (Nous l'avions rapporté dans l'article intitulé « Quelques autres règles relatives à la Soukkoh. »)

Le Pasaq Din du Ramba''m a suscité de très nombreuses interrogations et discussions parmi les `aharônim. Un principe halakhique connu stipule que lorsque la Halokhoh exige qu'une bénédiction soit faite sur l'accomplissement d'une Miswoh, on doit la faire juste avant d'accomplir la dite Miswoh. (Ce principe est connu sous le nom de עוֹבֵר לַעֲשִׂיָּתָן « ´ôvér La´asiyôthon », c'est-à-dire « avant son accomplissement. ») Si nous accomplissions la Miswoh en entrant simplement dans la Soukkoh, il nous aurait donc été demandé de faire la bénédiction juste avant d'y entrer. Et si la Miswoh n'était accomplie que lorsque nous mangeons dans la Soukkoh, la bénédiction devrait alors être faite après s'être assis dans la Soukkoh, juste avant de manger (et telle est la pratique acceptée par la majorité des Juifs). Mais le fait que le Ramba''m préconise de faire la bénédiction juste avant de s'asseoir dans la Soukkoh semble indiquer qu'il définit plutôt la Miswoh de la Soukkoh comme étant une obligation de s'y asseoir.

Beaucoup de `aharônim suggèrent que le Ramba''m a atteint une telle conclusion sur base des termes bibliques employés pour décrire l'obligation de la Soukkoh : בַּסֻּכֹּת תֵּשְׁבוּ, שִׁבְעַת יָמִים « Bassoukkôth Téshavou Shiv´ath Yomim. »2 Le mot תֵּשְׁבוּ « Téshavou » découle de la racine ישׁב, qui signifie à la fois « résider » et « s'asseoir. » On suppose généralement qu'ici, en référence à l'obligation de la Soukkoh, le mot est employé dans le sens de « résider », et la Tôroh oblige à établir notre résidence principale dans la Soukkoh. Mais pour bon nombre de `aharônim, il semblerait que le Ramba''m ait interprété « Téshavou », dans ce verset, comme voulant dire « s'asseoir », de telle sorte que, d'après lui, on accomplirait la Miswoh en s'asseyant dans la Soukkoh.

Aussi répandue que cette explication puisse être, elle est complètement fausse, comme le font aussi bien remarquer le Ro`''sh3 ז״ל que le Ra`ava''dh4 ז״ל dans leur rejet du Pasaq Din du Ramba''m. En outre, le Ramba''m lui-même cite explicitement ce verset comme établissant l'obligation de « résider » dans la Soukkoh. En effet, quelques Halokhôth plus tôt, il écrit5 :

Comment [doit s'accomplir] la Miswoh de résider dans la Soukkoh ? C'est lorsqu'il mange, boit et habite dans la Soukkoh tous les sept jours, aussi bien en journée que durant la nuit, de la même façon qu'il habite dans sa maison les autres jours de l'année. Et l'intégralité des sept jours, l'homme doit faire de sa maison [une résidence] temporaire et de sa Soukkoh [une résidence] fixe, ainsi qu'il est dit6 : « Vous résiderez dans des Soukkôth sept jours. »
כֵּיצַד הִיא מִצְוַת הַיְּשִׁיבָה בַּסֻּכָּה: שֶׁיִּהְיֶה אוֹכֵל וְשׁוֹתֶה וְדָר בַּסֻּכָּה, כָּל שִׁבְעַת הַיָּמִים בֵּין בַּיּוֹם בֵּין בַּלַּיְלָה, כְּדֶרֶךְ שְׁהוּא דָּר בְּבֵיתוֹ, בִּשְׁאָר יְמוֹת הַשָּׁנָה. וְכָל שִׁבְעַת הַיָּמִים, עוֹשֶׂה אָדָם אֶת בֵּיתוֹ עֲרַאי וְאֶת סֻכָּתוֹ קְבָע, שֶׁנֶּאֱמָר: בַּסֻּכֹּת תֵּשְׁבוּ, שִׁבְעַת יָמִים

Clairement, le Ramba''m comprend le verset comme une exigence de résider dans la Soukkoh, et non de simplement s'asseoir dedans. S'il en est ainsi, pourquoi tranche-t-il que la bénédiction doive être faite précisément avant de s'asseoir dans la Soukkoh, et non pas juste avant d'y entrer ?

Deux propositions peuvent être avancées. La première consiste à se baser sur un autre principe général concernant la récitation de bénédictions avant l'accomplissement d'une Miswoh, a savoir que chaque fois que HaZa''l ont institué la récitation d'une bénédiction sur une Miswoh, indépendamment de la définition essentielle que l'on pourrait donner à la Miswoh en question, la bénédiction ne doit être faite qu'avant l'accomplissement d'un acte concret et significatif. Par exemple, ce n'est pas juste avant de mettre la Taphilloh du bras que la bénédiction est faite dessus, mais juste avant que l'on ne commence à serrer la Taphilloh. Ce n'est que par cet acte concret, et non pas par le seul fait de mettre la Taphilloh, que l'on considère que la Miswoh est accomplie. Ainsi, le Ramba''m est certainement d'accord avec le fait que l'on accomplit la Miswoh de la Soukkoh au moment où on y entre. Néanmoins, d'après lui, simplement entrer dans la Soukkoh ne constitue pas un acte suffisamment significatif que pour nécessiter qu'une bénédiction soit faite. En effet, quelqu'un pourrait alors entrer dans la Soukkoh et en ressortir immédiatement, sans rien avoir fait à l'intérieur. Par conséquent, on ne fait la bénédiction qu'avant de s'asseoir dans la Soukkoh, ce qui constitue l'acte formel de l'accomplissement de la Miswoh.

Une deuxième approche, plus ou moins similaire, a été proposée par le Ta''z ז״ל.7 Il définit la Miswoh comme nécessitant d'établir sa résidence dans la Soukkoh, dont le fait de s'asseoir à l'intérieur constitue l’expression pratique. Comme l'écrit le Ta''z, on ne démontre une permanence que lorsqu'on s’assied. Quand quelqu'un entre temporairement dans une pièce, il reste assis. De là, nous voyons que s'asseoir quelque part est la démonstration extérieure d'un sentiment de permanence (ou du moins de longue durée). Par conséquent, le Ramba''m a exigé de ne faire la bénédiction qu'avant de s'asseoir dans la Soukkoh, étant donné que c'est parc et acte que l'on exprime sa « résidence » permanence dans la Soukkoh, accomplissant ainsi l'obligation de la Tôroh.

1Mishnéh Tôroh, Hilkôth Shôphor Wasoukkoh Walôlov 6:12
2Wayyiqro` 23:42
3Ro`''sh, Soukkoh 4:3
4Critiques sur le Mishnéh Tôroh
5Mishnéh Tôroh, Hilkôth Shôphor Wasoukkoh Walôlov 6:5
6Wayyiqro` 23:42

7Commentaire sur le Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 643:2