ב״ה
Différence
entre « marcher dans Ses voies » et « aimer son
semblable comme soi-même »
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Nous
lisons dans la Tôroh1 :
וַיֵּרָא
אֵלָיו יְהוָה,
בְּאֵלֹנֵי
מַמְרֵא;
וְהוּא
יֹשֵׁב פֶּתַח-הָאֹהֶל,
כְּחֹם
הַיּוֹם « `adhônoy
lui apparut dans les plaines de Mamré` tandis qu'il était assis à
l'entrée de la tente à la chaleur du jour. »
Le Talmoudh2
interprète ce verset comme voulant dire qu'HaShem ית׳
a
« visité » `avrohom `ovinou ע״ה,
qui se remettait de sa récente circoncision. HaZa''l
considèrent cette « visite » Divine comme établissant
le concept de בִּיקּוּר
חוֹלִים
« Biqqour
Hôlim »,
visiter les malades quand ils en ont besoin. Le Talmoudh ajoute qu'en
vertu de l'obligation de וְהָלַכְתָּ,
בִּדְרָכָיו
« Waholakhto
Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies »3,
qui exige de suivre l'exemple d'HaShem, nous aussi, en tant
qu'Israélites, sommes enjoints à faire preuve de bonté envers nos
frères malades en les assistant, en les visitant et en les
encourageant durant leur maladie.
Le
Ramba''m ז״ל
codifie
l'obligation de Biqqour Hôlim,
ainsi que de nombreux autres actes de bonté obligatoires, dans le
quatorzième chapitre des Hilkôth `éval, où il écrit ceci4 :
Il
est une Miswath ´aséh [émanant] de leurs paroles5
de visiter les malades, de réconforter les endeuillés, de faire
sortir le défunt6,
d'apporter la mariée7,
d'escorter les invités8,
de s'occuper de tous les besoins de l'enterrement, de porter le
lit mortuaire sur ses épaules, de marcher devant lui, de faire
des éloges funèbres, de creuser9,
d'enterrer10,
et aussi de réjouir le marié et la mariée et les aider dans
tous leurs besoins. Ce sont des actes de bonté pour lesquels on
donne de sa personne [et] qui n'ont pas de mesure.
|
מִצְוַת
עֲשֵׂה שֶׁלְּדִבְרֵיהֶם לְבַקַּר
חוֹלִים,
וּלְנַחַם
אֲבֵלִים,
וּלְהוֹצִיא
הַמֵּת,
וּלְהַכְנִיס
הַכַּלָּה,
וּלְלַוּוֹת
הָאוֹרְחִים,
וְלַעְסֹק
בְּכָל צָרְכֵּי הַקְּבוּרָה,
לָשֵׂאת
עַל הַכָּתֵף,
וְלֵילֵךְ
לְפָנָיו,
וְלִסְפֹּד,
וְלַחְפֹּר,
וְלִקְבֹּר;
וְכֵן
לְשַׂמַּח הֶחָתָן וְהַכַּלָּה,
וּלְסַעֲדָם
בְּכָל צָרְכֵּיהֶם.
וְאֵלּוּ
הֶן גְּמִילוּת חֲסָדִים שֶׁבְּגוּפוֹ,
שְׁאֵין
לָהֶם שֵׁעוּר
|
Mais
curieusement, contrairement à ce que l'on peut comprendre dans le
Talmoudh, le Ramba''m ne présente pas ces obligations dans le
contexte de la Miswoh
de וְהָלַכְתָּ,
בִּדְרָכָיו
« Waholakhto
Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies »,
une Miswoh
qu'il a abordée bien plus tôt dans son Mishnéh Tôroh.11
Ici, le Ramba''m établit une base différente pour l'obligation de
גְּמִילוּת
חֲסָדִים
« Gamilouth
Hasodhim
– actes de bonté »,
à savoir la Miswoh de וְאָהַבְתָּ
לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ
« Wa`ohavto
Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme
toi-même. »12
En effet, voici ce qu'il écrit13 :
Bien
que toutes ces Miswôth émanent de leurs paroles, elles
font partie de « et tu aimeras ton prochain comme
toi-même. » Toutes les choses que tu voudrais que
les autres te fassent, fais-les pour [celui qui est] ton frère
dans la Tôroh et les Miswôth.
|
אַף
עַל פִּי שֶׁכָּל מִצְווֹת אֵלּוּ
מִדִּבְרֵיהֶם,
הֲרֵי
הֶן בִּכְלַל "וְאָהַבְתָּ
לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ".
כָּל
הַדְּבָרִים שֶׁאַתָּה רוֹצֶה
שֶׁיַּעֲשׂוּ אוֹתָם לָךְ אֲחֵרִים,
עֲשֵׂה
אוֹתָן אַתָּה לְאָחִיךָ בַּתּוֹרָה
וּבַמִּצְווֹת
|
Ainsi,
d'après le Ramba''m, les obligations telles que le Biqqour Hôlim
tombent dans la catégorie de וְאָהַבְתָּ
לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ
« Wa`ohavto
Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme
toi-même »,
qui est l'obligation nous enjoignant de traiter nos semblables (les
Israélites) de la manière dont nous voudrions être nous-mêmes
traités.
La
perspective du Ramba''m soulève une question naturelle sur la
relation entre cette obligation et la Miswoh
de וְהָלַכְתָּ,
בִּדְרָכָיו
« Waholakhto
Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies. »
Comme cela a été précédemment mentionné, le Ramba''m codifie
cette Miswoh
(qui consiste à imiter HaShem dans Ses exemples de compassion et de
miséricorde) dans ses Hilkôth Dé´ôth (lois relatives aux traits
de caractère et de personnalité). À première vue, cela devrait
également inclure les actes de bonté qu'il énumère dans les
Hilkôth `éval, mais qu'il considère être requis en vertu de la
Miswoh
de וְאָהַבְתָּ
לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ
« Wa`ohavto
Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme
toi-même. »
La question qui se pose est donc celle-ci : Quelle est donc la
différence entre ces deux Miswôth ?
Ou, pour la poser autrement, que vient ajouter la Miswoh
de וְאָהַבְתָּ
לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ
« Wa`ohavto
Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme toi-même »
par rapport à celle de וְהָלַכְתָּ,
בִּדְרָכָיו
« Waholakhto
Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies » ?
La
différence entre ces deux Miswôth
est la différence qui existe entre la bonté, d'un côté, et le
développement de ses traits de caractère, de l'autre côté.
וְאָהַבְתָּ
לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ
« Wa`ohavto
Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme toi-même »
requiert de notre part d'agir avec bonté envers les autres, de
montrer que l'on se soucie des autres comme on se soucie de
nous-mêmes. Par contraste, וְהָלַכְתָּ,
בִּדְרָכָיו
« Waholakhto
Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies »
transmet une exigence totalement différente, à savoir devenir bon,
généreux, miséricordieux, soucieux des autres. Être bon et faire
le bien ne sont vraiment pas la même chose. Tout comme être
miséricordieux et accomplir des actes de miséricorde. On peut
parfaitement faire le bien sans forcément être soi-même quelqu'un
de bien. Ainsi, la Miswoh
de וְהָלַכְתָּ,
בִּדְרָכָיו
« Waholakhto
Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies »
ne se rapporte pas au fait de pourvoir aux besoins des autres, mais
plutôt au raffinement de sa propre personne, de ses propres traits
de caractère. Il nous est enjoint non seulement d’agir avec bonté,
mais également d'être bons ; non seulement d’afficher de la
sensibilité face aux difficultés des autres, mais aussi d'être
sensibles. De cette façon, nous rendons non seulement servir aux
autres mais également à nous-mêmes ; nous accomplissons les
deux Miswôth,
celle de prendre soin des autres qui sont dans le besoin comme on
aimerait qu'ils prennent eux aussi soin de nous, ainsi que celle de
l'obligation de développer et raffiner nos traits de caractère pour
ressembler à HaShem du mieux que nous pouvons !
1Baré`shith
18:1
2Sôtoh
14a
3Davorim
28:9
4Hilkôth
`éval 14:1
5C'est-à-dire,
des paroles des Scribes
6Pour
aller l'enterrer
7C'est-à-dire
de l'accompagner jusqu'au lieu du mariage
8C'est-à-dire
de les raccompagner lorsqu'ils partent
9Une
tombe
10Un
défunt
11Hilkôth
Dé´ôth, Chapitre 1
12Wayyiqro`
19:18
13Hilkôth
`éval 14:2