בס״ד
Réflexions
sur la bonne et mauvaise éducation torahique – Partie II
Cet
article peut être téléchargé ici.
- La Tôroh et la science
Puisque
le même D.ieu a créé aussi bien la Tôroh que la science, il est
axiomatique de considérer que la Tôroh et la science ne peuvent pas
avoir de conflit fondamental. La Tôroh et la science sont des
manifestations du D.ieu Unique, l'Auteur de la vérité. C'est la
raison pour laquelle nos Sages ont enseigné qu'HaShem Se comprend à
travers Ses œuvres de création. Et sur base de cela, Ribbénou
consacre les quatre premiers chapitres de son Mishnéh Tôroh à
traiter de la science, car la connaissance scientifique est
indispensable dans la foi juive authentique. Si la Tôroh et la
science paraissent s'opposer sur certains points, c'est soit parce
que nous n'avons pas correctement compris la Tôroh, soit parce que
nous n'avons pas bien révisé nos sciences.
La
connaissance scientifique a énormément progressé depuis les temps
anciens. Chaque génération a contribué au savoir cumulé de
l'humanité, et ce processus se poursuit dans notre génération, il
se poursuivra également dans les générations futures. Avec
l’avènement de nouveaux outils de recherche, les scientifiques ont
été capables d'étendre l'horizon de la connaissance scientifique.
Si HaZa''l et les rabbins de l'ère médiévale croyaient que
la Terre était plate, que la Terre était le centre de l'univers, ou
que le soleil tournait autour de la Terre, cela ne peut pas
surprendre, puisque c'était là le niveau de leurs connaissances
scientifiques en ces temps-là. De même, on ne peut pas leur
reprocher de ce ne pas avoir connu des choses qui ne furent
découvertes ou théorisées que bien des années ou siècles après
leurs morts. Rash''i pensait que l'Océan Atlantique était
« l'extrémité du monde » : Ribbénou
croyait que le système ptoléméen d'astronomie était correct ;
HaZa''l croyaient que les éclipses étaient des signes de la
fureur Divine, alors qu'il s'agit simplement de phénomènes naturels
prévisibles. Ce serait absurde de défendre les opinions
scientifiques caduques de ces Sages et illustres rabbins, puisque
nous savons aujourd'hui que leurs opinions ont été démontrées
incorrectes. Les Sages et Ri`shônim se basaient sur les meilleures
informations scientifiques disponibles à leurs époques ; mais
les recherches et découvertes ultérieures ont conduit vers des
informations plus précises et exactes. Nous devons traiter les
choses sur base du niveau actuel de connaissance scientifique.
Penchons-nous donc sur la question de l'âge de l'univers, à la
lumière de la tradition torahique et de la science moderne.
Les
Sages anciens calculèrent l'âge de l'humanité en additionnant les
âges des personnages bibliques depuis le temps de `odhom. Il y
avait des divergences d'opinion quant à la datation exacte, étant
donné que le récit biblique ouvre la porte à diverses
interprétations.1
La Bible elle-même n'utilise jamais le anno mundi (depuis la
création du monde) pour dater des événements, et le système que
nous utilisons actuellement (5779 au moment de la rédaction de cet
article) semble s'être répandu seulement après les temps
talmudiques. Les Tôsophôth2
s'étonnaient de la permissivité, à leur époque, de dater les
Gittin (documents de divorce) en prenant pour base la création du
monde, alors qu'en fait les Gittin d'antan (et d'autres documents
légaux) étaient datés sur base de l'année du roi régnant du pays
dans lequel les Juifs résidaient.
En
fait, bien que le système de datation actuel que nous utilisons ne
prend pas pour référence la création du monde, mais celle de
`odhom, les littéralistes supposent faussement que l'on pourrait
atteindre l'âge de l'univers en ajoutant les cinq premiers jours de
la création à l'âge de `odhom ! Cela signifierait que le
monde aurait été créé moins de 6 000 ans auparavant, d'où
l'impossibilité pour eux que quoique ce soit ait pu exister avant ce
temps-là. Mais nous avons des preuves sans équivoque de fossiles
d'êtres qui existaient des millions d'années de là, et d'autres
preuves scientifiques que l'univers est venu à l'existence il y a
des milliards d'années. Les littéralistes résolvent le dilemme en
niant l'existence de la moindre chose avant 5779 ans d'ici. Ils
considèrent les évidences scientifiques comme imprécises, fausses,
ou basées sur de mauvaises suppositions scientifiques. Ils sont
prêts à mettre leurs mains à couper que le monde n'a que 5779 ans.
Les dinosaures ne peuvent donc pas avoir existé ; quand on voit
des ossements de dinosaures, il s'agirait simplement d'ossements de
chiens qui furent avalés durant le déluge de Nôah, ou
d'ossements qu'HaShem a plantés juste pour nous tester afin de voir
si l'on pourrait croire que le monde ait plus de 5779 ans, ou encore
qu'il s'agirait d'ossements qui ont mal été datés en raison de
l'incompétence des scientifiques.
Pourtant,
la Tôroh exige-t-elle réellement que nous nions les évidences
scientifiques afin de justifier le système de datation anno
mundi ? Ribbénou répondrait que non, puisqu'il insiste à
d'innombrables reprises sur le fait que nous devrions rechercher la
vérité et nous rapprocher ainsi de l'Auteur de la vérité. Si la
science a démontré au-delà de tout doute raisonnable que les
dinosaures ont existé il y a plusieurs millions d'années en
arrière, nous devons alors rejeter l'opinion littéraliste selon
quoi le monde n'aurait que 5779 ans !
Plusieurs
de nos Sages et rabbins ont, en outre, mis en avant le fait que les
six jours de la création n'étaient pas des jours de 24 heures. En
effet, le soleil ne fut créé qu'au quatrième jour ; il ne
pouvait donc pas y avoir un coucher ou un lever du soleil lors des
trois premiers « jours ». Le mot « jour »,
tel qu'il est employé au début de la Tôroh, doit plus exactement
se comprendre par « période » d'une longueur
indéterminée. À chaque période de la création, il y a eu un
passage d'une phase plus simple à une phase plus complexe. Puisque
ces six « jours » de la création pourraient avoir
duré des milliards d'années par calculs humains, les dinosaures
peuvent avoir largement le temps d'avoir vécu et disparu avant que
`odhom et Hawwoh n'eurent été créés au sixième « jour ».
le
Rov `aryéh Kaplan a cité dans ses ouvrages de nombreux textes
traditionnels Juifs soutenant que le monde est bien plus âgé que ne
les laissent supposer les 5779 ans de notre système de datation
actuel. Par exemple, le Séphar Hattamounoh,
qui fut rédigé par le Tanno` (Sage de l'époque de la Mishnoh)
Ribbi Nahounyoh
ban Hakkanoh, avance que d'autres mondes existaient avant que `odhom
ne fut créé. Même le Midhrosh Baré`shith Rabboh 1:5
enseigne qu'il existait des « ordres de temps »
avant le premier jour de la création rapporté dans la Tôroh. Quant
au Talmoudh3,
il rapporte l'opinion selon laquelle il exista 974 générations
avant `odhom.
Le
plus intéressant est l'opinion de Ribbénou Yishoq d'Acre, un
disciple et collègue du Rambo''n et l'un des premiers kabbalistes de
son époque. En examinant l'un des ouvrages les plus importants de
Ribbénou Yishoq, `ôsar Hahayyim, le Rov Kaplan
a découvert que Ribbénou Yishoq déduisit que l'univers
aurait un peu plus de 15,3 milliards d'années ! Cette théorie
avancée par un kabbaliste médiéval, sur la seule base
d'interprétations des textes bibliques et rabbiniques, est
remarquablement proche des calculs de la science moderne qui date le
« Big Bang » à approximativement 15 milliards
d'années d'ici.4
Ribbénou Yishoq ne considérait pas être un besoin d'offrir
des explications farfelues et tirées par les cheveux pour justifier
à tous prix la théorie des 5779 ans. Lui, et ses nombreux pieux
collègues et disciples, n'avaient aucun problème à considérer un
univers vieux de plusieurs milliards d'années ; ils ne
considéraient pas un tel calcul comme compromettant la vérité et
véracité de la Tôroh. Il est donc essentiel de retenir que nous
possédons des traditions légitimes dans le judaïsme torahique qui
estiment que l'univers est plus âgé que 5779 ans.
Nos
écoles et les parents ne devraient pas enseigner aux enfants que les
ossements de dinosaures seraient des ossements de chiens emportés
dans le déluge. Ce n'est pas une éducation torahique, mais de la
mauvaise éducation. Il n'y a non seulement aucune nécessité
religieuse à enseigner une telle absurdité, mais c'est au contraire
un impératif religieux de ne pas enseigner de fausseté. Habiller
une fausseté dans des manteaux de religiosité, c'est compromettre
la foi véritable.
De
même, au sujet de l'emplacement de la trachée et de l’œsophage,
c'est un travestissement de l'éducation et de la morale d'enseigner
sans honte de fausses informations dans le but de « valider »
les notions erronées des rabbins des générations antérieures. Le
Talmoudh5
enseigne que s'accouder vers l'arrière ou sur le côté droit n'est
pas une façon valable d'accomplir le précepte de Hasibboh
(s'accouder en mangeant), et ajoute l'explication que s'accouder
d'une façon incorrecte peut mettre en danger la personne en amenant
la nourriture à descendre dans la trachée. Commentant ce passage
talmudique, Rash''i déclare que cette explication fut donnée en
référence au fait de s'accouder vers l'arrière. Mais le Rashba''m
s'oppose à la compréhension de Rash''i et cite ses maîtres qui ont
plutôt affirmer que la trachée se trouvait à droite ; ainsi,
d'après les maîtres du Rashba''m, le Talmoudh interdisait de
s'accouder à droite en raison du danger de s'étouffer. Bien que ni
Ribbénou ni même le Shoulhon ´oroukh ne citent cette
explication farfelue, elle fut reprise par le Moghén `avrohom et le
Ta''z, et devint depuis lors un enseignement très répandu dans les
milieux orthodoxes. Or, cette explication, qui a commencé par les
maîtres du Rashba''m, est factuellement fausse, et ne doit, par
conséquent, pas être enseignée pour expliquer la raison pour
laquelle nous nous accoudons à gauche lorsque nous mangeons.
Lorsqu'on
enseigne aux enfants qu'il faut s'accouder à gauche en mangeant
(notamment la nuit du Sédhar de Pasah), la seule explication
valide est que dans l'Antiquité les hommes libres mangeaient assis
sur des couches. Ils s'accoudaient ensuite sur leur côté gauche
pour deux raisons : premièrement pour marquer leur statut
d'hommes libres, et deuxièmement parce qu'en s'accoudant de ce
côté-là leur main droite était disponible pour prendre la
nourriture. C'est aussi simple que cela ! Si quelqu'un demande :
« Ne nous accoudons-nous pas à gauche parce que c'est là
que se trouve notre œsophage ? », la réponse est :
« Certaines personnes pensaient de façon erronée que telle
était la raison de notre accoudement à gauche, mais ce n'est pas la
raison correcte. l’œsophage et la trachée ne sont pas l'un à
côté de l'autre, mais l'un derrière l'autre ! »
C'est
un principe général d'insister auprès de nos enfants et élèves
que les déclarations scientifiques de HaZa''l et des rabbins
des générations antérieurs étaient basées sur le niveau de
connaissances scientifiques disponible à leurs époques. Nos Sages
ont eux-mêmes admis dans le Talmoudh6
que les hommes instruits parmi les Gôyim étaient de loin plus
avancés qu'eux dans les sujets scientifiques, et régulièrement nos
Sages se tournaient vers eux lorsqu'ils avaient des questions à ces
sujets. Comment donc, tout d'un coup, les Orthodoxes prétendent-ils
que nos Sages connaissaient tout ce qui touchait aux domaines
scientifiques ? C'est du pur mensonge ! Voici ce que l'un
de nos illustres rabbins, le Rov Hayyim Dowidh Halléwi, a
remarqué7 :
S'il
devient clair au moyen d'une méthode scientifique précise qu'une
certaine idée exprimée par nos Sages est complètement incorrecte,
cela ne diminue en rien leur grandeur intellectuelle, Hos
Washolôm, ni même leur grandeur en tant que sages de la Tôroh.
Leurs paroles qui se rapportent à la Tôroh furent émises par la
puissance de la sainteté de la Tôroh avec une part de Rouah
Haqqôdhash (inspiration Divine) ; mais leurs autres paroles
émises sur des sujets généraux furent prononcées uniquement du
fond de leur sagesse humaine.
À
suivre...
1Ribbénou
´azaryoh de Rossi (1511-1578) énonça toutes les inexactitudes et
contradictions dans les calculs rabbiniques dans son ouvrage « Mé`ôr
´énayim »
2Sur
Gittin 80b
3Haghighoh
13b
4`aryéh
Kaplan, Immortalité, Résurrection et l’Âge de l'Univers :
Une Opinion Kabbalistique
5Pasohim
108a
6Ibid.,
94b
7´aséh
Lakho Rov 5:49