dimanche 19 avril 2020

Adopter des Minhoghim différents de ceux de sa communauté d'origine


בס״ד

Adopter des Minhoghim différents de ceux de sa communauté d'origine


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J'ai reçu le message suivant :

Shalom Rav

Je possède des Tafilin / Yéménite Sofer venant d'Eres Israël. J'ai aussi un Talit selon le Rambam. Je connaissais un Hakham qui me guidait dans la pratique selon le Rambam (mais il n'est plus). Je ne suis pas Yéménite (père non juif et mère juive du Maroc /Andalousie). Mais le peu de pratique que je connais est suivant les instructions du Rambam.

Si je retourne dans une synagogue, ne vais-je pas me faire « remarquer » avec mon Talit et Tafilin de ce genre?

Pardon pour la question mais cela pose des problèmes d'identité...

Shaboua Tob!

Sachez qu'il existe d’innombrables paires de Taphillin différentes. Par conséquent, c'est un domaine dans lequel il existe une grande diversité au sein du peuple juif. Les Taphillin les plus connues sont celles dites de « Rash''i ». Ce sont les Taphillin standards que l'écrasante majorité des Juifs mettent quotidiennement. Les deuxièmes paires les plus connues sont celles dites de « Ribbénou Tam ». De nombreux Hasidhim et Saphoraddim les mettent en plus de celles de « Rash''i ». Puis, il y a deux autres types de Taphillin moins connus que les deux premiers, et qui sont portées par certains Maqoubbolim, à savoir les Taphillin dites « Shamouroh Rabboh » et celles dites « Ra`ava''d ». Je n'ai cité ici que les quatre façons les plus courantes d'accomplir la Miswoh des Taphillin, mais sachez qu'il en existe encore beaucoup d'autres. Halakhiquement parlant, rien ne vous interdit de porter le type de Taphillin que vous voulez, voire même de changer de temps en temps en passant d'un type de paire à une autre, comme le font d'ailleurs bon nombre de Juifs. L'important est que votre paire soit Koshér. Je vous garantis que personne ne vous regardera d'un air étrange, car c'est une chose très habituelle.

Et de même, concernant les Sisiyôth et le Talith, il existe une grande diversité de façon différente, toute acceptée, de nouer les nœuds des Sisiyôth, indépendamment de la pratique locale ou de la communauté à laquelle vous appartenez. Chacun a toujours été libre de nouer ses Sisiyôth même d'une manière différente de la communauté à laquelle il appartient, chose plus courante que vous ne pourriez le penser. Voici d'ailleurs ci-dessous les huit façons les plus courantes de faire les nœuds des Sisiyôth, et il est possible de varier ou d'adopter une manière que l'on conservera :


Libre à vous, donc, d'adopter la méthode qui vous convient le mieux, quand bien même elle divergerait de celle des autres. Cela ne constitue aucun problème, et n'entre pas dans la catégorie des pratiques qui séparent de la communauté.

En ce qui concerne le Nôsah des prières, la règle est que tout ce qui est dit en privé, vous pouvez le faire selon le rite avec lequel vous êtes à l'aise. Seulement lorsque vous récitez des prières à haute voix - ne vous éloignez pas du Sibbour (communauté), mais récitez plutôt les prières comme les autres le font; et lorsque vous êtes le Shaliah Sibbour, si c'est une synagogue qui permet à chaque Shaliah Sibbour de prier selon son propre Minhogh (comme il en existe beaucoup), faites-le selon le Minhogh que vous avez adopté. Ribbénou `avrohom ban HaRambo''m rapporte que sa communauté suivait un rite différent des autres Juifs de la communauté égyptienne, et chaque fois qu'ils priaient en privé ses Talmidhim suivaient leur propre rite, tandis que lorsqu'ils priaient avec d'autres Juifs ils suivaient la pratique locale.

Une fois que le Sanhédhrin aura été restauré, ses membres pourront déterminer un Minhogh standard. Mais en attendant, il est utile de continuer les diverses coutumes, car chacune a une valeur spéciale.

Toutefois, votre question soulève une question qu'il est intéressant de traiter : peut-on adopter des Minhoghim différents de ceux de ses ancêtres ? Ou, si l'on est séfarade marocain, comme vous, doit-on nécessairement se tenir qu'aux Minhoghim de ses ancêtres séfarades marocains ? Si l'on diverge des Minhoghim de nos ancêtres, transgresse-t-on l'interdiction de mépriser la « Tôroh de sa mère » ?

Il convient de souligner que les « Minhaghé `ovôth » (coutumes des ancêtres) ne s'appliquent qu'aux coutumes connues que l'on a vues dans sa propre maison, et ne s'appliquent pas aux Minhoghim que l'on a vu écrites dans un livre, qui possèdent en effet l'avantage de sauvegarder les variations, mais n'ont pas la principale vertu de maintenir l'héritage juif. Par conséquent, si vous n'avez pas grandi dans un foyer religieux (ce que je devine du fait que vous exprimez que le peu que vous savez du judaïsme, vous l'avez appris du Rambo''m), vous n'êtes tenu à aucun « Minhagh `ovôth », puisque le concept de coutumes des ancêtres n'est d'application qu'avec les coutumes qui étaient pratiquées dans votre maison et que vous avez pu voir de vos yeux.

En ce qui concerne les Minhoghim contestés auxquels plusieurs Gadhôlé Yisro`él étaient opposés, si ce sont des Minhaghé `ovôth qui ne sont écrits que dans un livre et que vous ne vous souvenez pas les avoir vus dans la maison familiale - vous ne devriez pas les pratiquer, car ils n'ont pas la validité de « Minhagh `ovôth ».

Si vous vous souvenez les avoir vu dans la maison familiale, alors, si les principaux rabbins de la communauté ont des réponses crédibles pour les valider, vous pouvez continuer le Minhagh `ovôth. Autrement, vous pourrez l'abandonner pour un autre Minhogh, car, comme le rapporte le Rambo''m dans son introduction au Mishnéh Tôroh, depuis que le Talmoudh a été scellé, si quelqu'un peut démontrer en s'appuyant sur le Talmoudh qu'une pratique est erronée, il est en droit de l'abandonner et suivre une pratique qu'il peut démontrer être plus en phase avec les enseignements des Sages du Talmoudh. Et à cet égard, la façon de nouer les Sisiyôth du Rambo''m est celle qui est préconisée aussi bien dans le Talmoudh que dans la Qabboloh !