בס״ד
Calamité
et punition : Lorsque la foi s’aligne avec la science pour nous aider à
surmonter la COVID-19
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En cette période de pandémie
mondiale de la COVID-19, nous recevons de très nombreuses instructions
sanitaires (bien se laver les mains, utiliser un savon désinfectant, bien
nettoyer les surfaces, limiter les rencontres ou rassemblements, garder une
certaine distance entre les personnes, porter un masque, etc.), mais un élément
important manque presque à chaque fois : la foi ! Pour un Juif, la
foi doit imprégner tous les aspects et détails de sa vie quotidienne. Nous ne
disons pas qu’il ne faudrait pas faire attention à toutes les mesures
sanitaires précitées ; nous disons juste qu’il faudrait les compléter avec
un élément spirituel, qui est la foi. Nous vivons malheureusement dans un monde
qui est beaucoup trop dualiste: ou bien les médicaments ou bien la foi ;
ou bien les médecins ou bien les rabbins ; ou bien la médecine ou bien la
religion. Nous, nous disons que rien de tout cela est contradictoire, mais se
complète. Regarder comment les gens pensaient à la science et à la religion
dans le passé peut éclairer l'approche du monde contemporain à l'égard de la COVID-19.
·
Les calamités – un fait de la vie
Les fléaux étaient
une réalité de la vie dans les mondes antiques et médiévaux. Des lettres
personnelles retrouvées dans la Ganizoh du Caire (un trésor de
documents des Juifs de l'Égypte médiévale) attestent que les épisodes de
maladie répandue étaient si courants que les écrivains avaient des mots
différents pour les désigner. Ils variaient d'une simple épidémie – « wabāʾ »,
ou « maladie infectieuse » en arabe - à une épidémie – « Davar
Godhôl », l’hébreu pour « pestilence massive », qui
rappelle le langage des dix plaies de la Ṭôroh.
À l'époque de notre
maître le Rambo’’m ז״ל, qui dirigeait la communauté juive d'Égypte, Fusṭāṭ
(le vieux Caire) a été confrontée à une peste si redoutable en 1201 que la
population juive de la ville n'est jamais revenue à sa gloire d'antan.
·
Punition Divine ?
Les religieux à
travers l'histoire ont souvent vu les fléaux comme la manifestation de la
volonté Divine, comme une punition pour le péché et un avertissement contre le
laxisme moral. Le même refrain est entendu par une minorité aujourd'hui. En
tant que Juif rationnaliste, je suis gêné de lire qu'un rabbin a récemment été
cité comme disant que la COVID-19 était une punition Divine pour les défilés de
la Gay Pride. Ce qui est totalement insensé.
Quoi que les
philosophes et les théologiens de l’époque du Rambo’’m aient pu dire sur la
capacité de l'homme à influencer les décisions de Hashshém ית׳ par ses
actes, le cœur croyait que les actes pouvaient être efficace : une prière
intense et sincère, de la Ṣadhoqoh et des jeûnes pouvaient éloigner
la catastrophe.
Mais la communauté
juive d’antan traitait également la peste qui s’était abattue en ces temps-là
d'une autre manière, et sa réponse globale aux épidémies révèle un partenariat
- et non un conflit - entre la science et la religion.
·
Science et Religion
À l'époque
médiévale, des penseurs comme le Rambo’’m ont combiné l'étude de la science et
de la religion. Comme le Rambo’’m l'explique dans son chef-d'œuvre
philosophique « Le Guide des Egarés », il croyait que l'étude de la
physique était un précurseur nécessaire de la métaphysique. Plutôt que de
considérer la religion et la science comme hostiles les unes aux autres, il les
a vues se soutenir mutuellement.
En effet, les
spécialistes des textes religieux à l’époque des Ri`shônim complétaient leurs
études par des écrits scientifiques, contrairement aux rabbins Ḥarédhim de nos
générations qui non seulement sont déconnectés des réalités de la vie et
manquent de connaissances de base pour appréhender correctement la vie, mais bannissent
en outre les études scientifiques pourtant indispensables pour évoluer
correctement dans ce monde. Le Rambo’’m nous a transmis que ce n’est que par la
connaissance scientifique que l’on peut véritablement aimer Hashshém et s’attacher
à Lui. Le Rambo’’n ז״ל et beaucoup d’autres suivaient cette même voie,
puisque bon nombre de nos Rabbonim de l’époque des Ri`shônim étaient à la fois
de parfaits Ṭalmidhé Ḥakhomim et des hommes de science (médecins,
mathématiciens, astronomes, biologistes, etc.). Le contemporain islamique du
Rambo’’m, Ibn Roushd (1126-1198), en est un parfait exemple. Bien qu'il soit un
philosophe et un penseur religieux important, Ibn Roushd a également apporté
une contribution significative à la médecine, notamment en suggérant
l'existence de ce qui allait plus tard s'appeler la maladie de Parkinson.
Combiner religion et science était une chose naturelle dans l’islam et judaïsme
d’antan ; qu’il est ironique que les extrémistes modernes de ces deux
religions (d’un côté les Ḥarédhim et de l’autre côté les salafistes) enseignent
aujourd’hui que la connaissance scientifique est antinomique avec la religion.
Mais dans les temps
anciens, ce n’étaient pas seulement les savants d'élite qui voyaient la
religion et la science comme complémentaires. En réalité, même la personne la
plus simple, comme l’attestent les documents de la Ganizoh, était
membre de cette société raffinée du Moyen-Orient et de la Méditerranée qui croyait
au pouvoir de la science en complément de la religion. De ce fait, contrairement
à la position dominante superstitieuse de notre époque, la maladie était perçue
comme un phénomène naturel et, par conséquent, devait être traitée avec les
moyens fournis par la nature.
·
S’occuper de sa propre vie intérieure
La science et la
religion faisaient donc partie intégrante de l'âme du Juif des temps anciens.
Il n'y avait aucune perception que ces deux piliers de la pensée se défiaient
l'un l'autre. En s'occupant de leur vie intérieure à travers des rituels qui
les aidaient à faire face à la tristesse et à la trépidation, et de leur corps
grâce aux outils de médecine à leur disposition, les Juifs des temps des Ri`shônim
adoptaient une approche holistique des épidémies.
Pour eux, suivre les
conseils médicaux du Rambo’’m ou de Ibn Roushd était un élément essentiel de
leur réponse à la peste et d’autres calamités. Mais tandis qu'ils se
confinaient chez eux pour échapper à la peste, ils se tournaient également vers
les conseils spirituels de ces penseurs et d'autres pour prendre soin de leur
âme. Ceux d'entre nous qui connaissent le stress, la solitude et l'incertitude
au milieu de la pandémie de la COVID-19 pourraient apprendre du monde médiéval
que notre vie intérieure exige également de l'attention.
Ecoutez donc toutes
les recommandations sanitaires qui sont données ; mais n’oubliez pas de
combiner tout cela avec de la spiritualité. Car les recommandations sanitaires
sont pour le bien de votre corps ; les enseignements de nos illustres
Rabbonim sont pour la bonne santé de vos âmes. Par la combinaison des deux,
vous serez entiers, et cette plaie passera au-dessus de vous sans vous
atteindre, comme lors de la plaie de la mort des premiers-nés égyptiens, avec l’aide
de Hashshém !