ב״ה
Les
Birakhôth Hattôroh
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La
bénédiction de la Tôroh, on doit y faire très attention.
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Cette
instruction selon quoi on devrait prendre garde à bien réciter la
bénédiction de la Tôroh avant de l'étudier est basée sur le
passage talmudique suivant2 :
Pourquoi
n'est-ce pas habituel de voir des Talmidhé Hakhomim
produire des Talmidhé Hakhomim parmi leurs fils ? Rov
Yôséf3
a dit : « Afin que l'on ne puisse pas dire que la
Tôroh est leur héritage ! »4
Rov Shéshath, le fils de Rov `iddi5,
a dit : « Afin qu'ils ne soient pas arrogants envers
la communauté ! ». Mor Zoutro`6
a dit : « Parce qu'ils se comportent trop
autoritairement envers la communauté ! ». Rov
`ashi7
a dit : « Parce qu'ils insultent les gens
d'ânes ! »8.
Ravîno`9
a dit : « Parce qu'ils ne récitent pas au préalable
une bénédiction [quand ils s'occupent] dans la Tôroh, car Rov
Yahoudhoh10
a dit au nom de Rov11 :
Que veut-on dire par [le verset12] :
''Quel
est l'homme assez sage pour le comprendre?''13
[Ce verset implique que] cette question fut posée aux Sages et
aux Prophètes, mais ils ne purent l'élucider, jusqu'à ce que le
Saint, béni soit-Il, ne l'élucida Lui-même, comme il est
écrit14 :
''HaShem
l'a dit: C'est parce qu'ils ont abandonné Ma Tôroh, etc.''15
Mais ''Ils n'ont pas écouté Ma voix'' n'est-il pas la même
chose que [de dire] ''ils n'ont pas marché en elle'' ? Rov
Yahoudhoh a dit au nom de Rov : ''[Cela signifie] qu'ils ne
récitaient pas de bénédiction [lorsqu'ils s'occupaient] dans la
Tôroh !'' »
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ומפני
מה אין מצויין ת"ח
לצאת ת"ח
מבניהן אמר רב יוסף שלא יאמרו תורה ירושה
היא להם רב ששת בריה דרב אידי אומר כדי
שלא יתגדרו על הצבור מר זוטרא אומר מפני
שהן מתגברין על הצבור רב אשי אומר משום
דקרו לאינשי חמרי רבינא אומר שאין מברכין
בתורה תחלה דאמר רב יהודה אמר רב מאי
דכתיב מי האיש החכם ויבן את זאת דבר זה
נשאל לחכמים ולנביאים ולא פירשוהו עד
שפירשו הקדוש ברוך הוא בעצמו דכתיב
ויאמר ה'
על
עזבם את תורתי וגו'
היינו
לא שמעו בקולי היינו לא הלכו בה אמר רב
יהודה אמר רב שאין מברכין בתורה
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Nous
pouvons nous rendre compte tout d'abord que ce n'est pas un
passage halakhique, mais un échange d'opinions centré autour de
la question suivante : comment se fait-il que les Talmidhé
Hakhomim de la période de la Gamoro` (les `ammôro`im) ne
donnaient pas naissance à des fils qui étaient eux-mêmes des
Talmidhé Hakhomim ? Et différents `ammôro`im donnent
leur opinion et proposent diverses réponses.
Si
nous prenons au sens littéral l'enseignement de Rov Yahoudhoh
ז״ל
selon
quoi les contemporains du prophète Yirmayohou ע״ה
furent
punis parce qu'ils ne récitaient pas de bénédiction avant
d'étudier la Tôroh, il y a alors un problème. En effet, le Ra''n
ז״ל
fait
remarquer que du temps du prophète Yirmayohou une bénédiction sur
la Tôroh n'existait pas encore. En outre, même du temps de la
Mishnoh il n'y avait pas de bénédiction standardisée à faire
avant d'étudier la Tôroh, comme nous le verrons par la suite. Que
peut donc vouloir dire Rov Yahoudhoh lorsqu'il conclut que la raison
de la destruction de la Terre Sainte à l'époque du prophète
Yirmayohou était que les Israélites ne faisaient pas de bénédiction
lorsqu'ils s'occupaient dans la Tôroh ? Le Ra''n répond que
bien qu'ils l'étudiaient, leurs motivations étaient égoïstes. Ils
n'étudiaient pas la Tôroh
Lishmoh, pour la mettre en pratique, et n'appréciaient donc
pas de façon appropriée sa valeur intrinsèque. Cette idée est
exprimée par l'affirmation selon laquelle ils ne récitaient pas de
bénédiction avant de l'étudier, c'est-à-dire, ils n'accordaient
pas à la Tôroh une valeur en elle-même. Étudier la Tôroh n'était
pas traité par eux comme une Miswoh, mais comme une
occupation ordinaire.
Ce
que nous appelons de nos jours בִּרְכוֹת
הַתּוֹרָה « Birakhôth
Hattôroh » (« bénédictions [sur] la Tôroh »)
n’existait non seulement pas du temps de la Mishnoh (aucune
bénédiction à faire avant d'étudier la Tôroh n'y est
mentionnée), mais n'était pas non plus un texte formalisé. En
d'autres mots, chacun disait un peu ce qu'il voulait avant d'étudier
la Tôroh. Les Birakhôth Hattôroh ne font donc pas partie des
bénédictions qui furent composées par les Hommes de la Grande
Assemblée, mais virent le jour du temps des `ammôro`im.
Nous
avons deux preuves explicites dans le Talmoudh confirmant ce que nous
venons de dire. La première est que dans Barokhôth 60a-b, là
où le Talmoudh énonce toutes les Birakhôth Hashahar
(bénédictions du matin), aucune bénédiction sur l'étude de la
Tôroh n'est donnée, indiquant par-là que les hommes de la Grande
Assemblée et les Sages de la Mishnoh ne composèrent aucune
bénédiction avant l'étude de la Tôroh le matin. La deuxième est
le passage de Barokhôth 11b, qui cite trois formulations
différentes énoncées par trois `ammôro`im :
Quelle
bénédiction est faite [avant l'étude de la Tôroh] ? Rov
Yahoudhoh a dit au nom de Shamou`él16 :
« ...Qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous
a ordonné de nous occuper dans les paroles de la Tôroh ».
Rov Yôhonon17
avait l'habitude de la conclure de la façon suivante :
« Rends plaisantes, de grâce, HaShem notre Dieu, les
paroles de Ta Tôroh dans nos bouches et dans les bouches de Ton
peuple la Maison d'Israël, afin que nous-mêmes, nos descendants
et les descendants de Ton peuple, la Maison d'Israël, tous
puissions connaître Ton Nom et nous occuper de Ta Tôroh. Béni
Tu es HaShem, Qui apprend la Tôroh à Son peuple Israël »
Rov Hamnouno`18
disait : « ...Qui nous a choisis entre tous les
peuples et nous a donné Sa Tôroh. Béni Tu es HaShem, Qui donne
la Tôroh ». Rov Hamnouno`
a dit : « Celle-ci19
est la plus élevée des bénédictions. Par conséquent20,
disons-les toutes !21 »
|
מאי
מברך א"ר
יהודה אמר שמואל אשר קדשנו במצותיו
וצונו לעסוק בדברי תורה ור'
יוחנן
מסיים בה הכי הערב נא ה'
אלהינו
את דברי תורתך בפינו ובפיפיות עמך בית
ישראל ונהיה אנחנו וצאצאינו וצאצאי עמך
בית ישראל כלנו יודעי שמך ועוסקי תורתך
ברוך אתה ה'
המלמד
תורה לעמו ישראל ורב המנונא אמר אשר בחר
בנו מכל העמים ונתן לנו את תורתו ברוך
אתה ה'
נותן
התורה אמר רב המנונא זו היא מעולה שבברכות
הלכך לימרינהו לכולהו
|
En
d'autres mots, il n'y avait aucune formulation spécifique concernant
la bénédiction à faire avant d'étudier la Tôroh le matin. Chacun
disait ce qu'il voulait. Shamou`él ז״ל
enseigna
à Rov Yahoudhoh la bénédiction de לַעֲסוֹק
בְּדִבְרֵי תוֹרָה
« La´asôq
Badhivré Thôroh », tandis que Rov Yôhonon ז״ל faisait une prière qui se concluait par הַמְלַמֵּד
תּוֹרָה לְעַמּוֹ יִשְׂרָאֵל
« Hamalammédh
Tôroh
La´ammô
Yisro`él ».
Et enfin, Rov Hamnouno` ז״ל
ne
récitait ni l'une ni l'autre, mais la même bénédiction faite à
la Synagogue avant la lecture publique de la Tôroh, à savoir,
אֲשֶׁר
בָּחַר־בָּנוּ
« `ashar
Bohar
Bonou ». Il considérait que la bénédiction sur
l'étude de la Tôroh était la plus élevée des bénédiction.22
Mais puisqu'il y avait une divergence quant à sa formulation, il
préconisa de les réciter toutes les trois. Et c'est de là que
vient la pratique consistant à faire chaque matin ces trois
bénédictions !
Lorsque
nous jetons un coup d’œil dans l'ensemble de nos Siddourim depuis
celui du Rov ´amrom Go`ôn ז״ל
jusqu'à
nos jours, nous remarquons qu'au fur et à mesure du temps les
Birakhôth Hattôroh ont occupé au moins quatre positions
différentes dans les Birakhôth Hashahar :
- Pour ceux d'entre vous qui suivez le Nousah `ashkanaz, vous êtes habitués à les réciter entre les bénédictions de אֲשֶׁר יָצַר « `ashar Yosar » et אֱלֹהַי נְשָׁמָה « `alôhay Nashomoh » ;
- Pour ceux d'entre vous qui suivez le Nousah des ´édhouth Hammizroh (Safaradhim et Orientaux), vous êtes habitués à les réciter après la bénédiction de גּוֹמֵל חֲסָדִים טוֹבִים לְעַמּוֹ יִשְׂרָאֵל « Gômél Hasodhim Tôvim La´ammô Yisro`él ». C'est également là qu'elles se trouvent dans le Siddour du Rov ´amrom Go`ôn ;
- Rov Ya´aqôv de Emden ז״ל, dans son Siddour, place les Birakhôth Hattôroh entre « `alôhay Nashomoh » et הַנּוֹתֵן לַשֶּׂכְוִי בִּינָה « Hannôthén Lassakhwi Vinoh » ;
- Le Go`ôn de Wilno` les place entre הַמְּקַדֵּש שְׁמוֹ בָרַבִּים « Hammaqaddésh Shamô Vorabbim » et la récitation des קָרְבָּנוֹת « Qorbonôth ».
Il
y a tant de variations pour la simple raison que le Talmoudh ne dit
pas à quel moment les Birakhôth Hattôroh devraient être faites le
matin, d'autant plus que ce passage de Barokhôth 11b est le
seul endroit du Talmoudh où ces bénédictions sont mentionnées.
Nous
remarquons également qu'il y a des différences de formulation de
ces bénédictions dans nos Siddourim. Rabbi Yôséf Qa`rô écrit
ceci dans son Shoulhon ´oroukh23 :
Les bénédictions de la Tôroh24 [sont] : « `ashar Qiddashonou Bamiswôthow Wasiwwonou ´al Divré Thôroh », « Waha´arév No`, etc. », et « `ashar Bohar Bonou ». |
Celui qui se lève tôt pour lire dans la Tôroh avant la récitation du Shama´, qu'il lise dans la Tôroh Écrite ou dans la Tôroh Orale, il lave ses mains au préalable et récite trois bénédictions, puis seulement il lit. [Ces trois bénédictions] sont : « Boroukh `attoh HaShem `alôhénou Malakh Ho´ôlom `ashar Qiddashonou Bamiswôthow Wasiwwonou ´al Divré Tôroh. Ha´arév No` HaShem `alôhénou `ath Divré Tôrothakho Bafînou Ouvafifiyôth ´ammakho Khol Béth Yisro`él Wanihyah `Anahnou Wasa`aso`énou Wasa`aso`é ´ammakho Khol Béth Yisro`él Yôdh´é Shamakho Walômadhé Tôrothakho Lishmoh. Boroukh `attoh HaShem Nôthén Hattôroh. Boroukh `attoh HaShem `alôhénou Malakh Ho´ôlom `ashar Bohar Bonou Mikkol Ho´ammim Wanothan Lonou `ath Tôrothô. Boroukh `attoh HaShem Nôthén Hattôroh ». |
הַמַּשְׁכִּים
לִקְרוֹת בַּתּוֹרָה קֹדֶם שֶׁיִּקְרָא
קִרְיַת שְׁמַע,
בֵּין
קָרָא בְּתוֹרָה שֶׁבִּכְתָב בֵּין
בְּתוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה--נוֹטֵל
יָדָיו תְּחִלָּה,
וּמְבָרֵךְ
שָׁלוֹשׁ בְּרָכוֹת,
וְאַחַר
כָּךְ קוֹרֶא;
וְאֵלּוּ
הֶן:
בָּרוּךְ
אַתָּה ה'
אֱלֹהֵינוּ
מֶלֶךְ הָעוֹלָם,
אֲשֶׁר
קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְווֹתָיו וְצִוָּנוּ
עַל דִּבְרֵי תּוֹרָה.
הַעֲרֵב
נָא ה'
אֱלֹהֵינוּ,
אֶת
דִּבְרֵי תּוֹרָתְךָ בְּפִינוּ
וּבְפִיפִיּוֹת עַמְּךָ כָל בֵּית
יִשְׂרָאֵל,
וְנִהְיֶה
אֲנַחְנוּ וְצֶאֱצָאֵינוּ וְצֶאֱצָאֵי
עַמְּךָ כָל בֵּית יִשְׂרָאֵל,
יוֹדְעֵי
שְׁמֶךָ וְלוֹמְדֵי תּוֹרָתְךָ
לִשְׁמָהּ;
בָּרוּךְ
אַתָּה ה',
נוֹתֵן
הַתּוֹרָה.
בָּרוּךְ
אַתָּה ה'
אֱלֹהֵינוּ
מֶלֶךְ הָעוֹלָם,
אֲשֶׁר
בָּחַר בָּנוּ מִכָּל הָעַמִּים וְנָתַן
לָנוּ אֶת תּוֹרָתוֹ;
בָּרוּךְ
אַתָּה ה',
נוֹתֵן
הַתּוֹרָה
|
Premièrement,
nous pouvons constater qu'aussi bien le Ramba''m que Rabbi Yôséf
Qa`rô concluent la première bénédiction par la phrase עַל
דִּבְרֵי תּוֹרָה
« ´al
Divré Thôroh », alors que la formule rapportée
par Shamou`él, dans le Talmoudh, se conclut par לַעֲסוֹק
בְּדִבְרֵי תוֹרָה
« La´asôq
Badhivré Thôroh ». La majorité des `ashkanazim
disent « La´asôq
Badhivré Thôroh », tandis que les
Safaradhim et certains `ashkanazim disent « ´al
Divré Thôroh ». Cette différence démontre davantage
que le passage talmudique de Barokhôth 11b n'était pas
vraiment halakhique, et qu'en réalité chacun peut réciter la
bénédiction qu'il désire avant d'étudier la Tôroh, l'important
étant qu'il fasse néanmoins une bénédiction. Elle n'a donc jamais
été fixée pour toujours, et il n'y a pas de texte standard à
faire à cet effet. Si cela avait été le cas, il n'y aurait pas eu
de différence entre la formule employée par les `ashkanazim et
celle employée par les Safaradhim. N'oublions pas non plus que ces
Birakhôth Hattôroh ne furent pas composées par les Hommes de la
Grande Assemblée. Ce qui fait que leur formulation n'est pas
immuable !
Deuxièmement,
concernant la deuxième bénédiction, Rov Yôhonon
et le Ramba''m la font commencer par le mot הַעֲרֵב
« Ha´arév »,
tandis que Rabbi Yôséf Qa`rô la fait commencer par וְהַעֲרֵב
« Waha´arév »
(avec un Wow). Il écrit d'ailleurs ceci, dans son Shoulhon
´oroukh26 :
On dit « Waha´arév », avec un Wow. |
אומר
והערב עם וי"ו
|
Le
Ramo''` ז״ל
commente
ce passage du Shoulhon
´oroukh en disant ceci :
[D'autres] le disent sans Wow, et telle est notre coutume. Mais il est préférable de le dire avec un Wow. |
D'où
provient cette divergence ? Elle provient de la façon de
comprendre les mots employés dans le Talmoudh pour décrire la
formule de Rov Yôhonon. En effet, avant de rapporter la
formule que ce dernier employait, le Talmoudh déclare : ר'
יוחנן
מסיים בה הכי « Rov
Yôhonon
avait l'habitude de la conclure de la façon suivante ».
Les
Ri`shônim débattent
quant au sens à donner aux mots מסיים
בה
« la
conclure ».
Est-ce que cela signifie que Rov Yôhonon
prolongeait
la bénédiction de Shamou`él en y ajoutant le paragraphe commençant
par « Ha´arév
No` »,
ou est-ce que cela signifie qu'il récitait une autre bénédiction
de la Tôroh dont le début ne nous est pas donné mais qu'il
concluait par le paragraphe commençant par « Ha´arév
No` » ?
En d'autres mots, sommes-nous en présence de deux
ou trois
bénédictions ? Si le paragraphe qui commence par « Ha´arév
No` »
est la prolongation de la bénédiction de Shamou`él, il n'y a alors
que deux bénédictions, tandis que si c'est une bénédiction
distincte, il y a alors trois bénédictions.
C'est
ce débat qui est la raison de la divergence concernant la nécessité
de mettre ou pas un Wow devant « Ha´arév
No` ».
Le Ro`''sh27
ז״ל
écrit
qu'il n'y a que deux bénédictions et que, par conséquent, le
paragraphe de « Ha´arév
No` »
doit commencer par un Wow conjonctif (donc « Waha´arév
No` »),
qui indique donc qu'il est lié à la bénédiction précédente, qui
ne forment ensemble qu'une seule bénédiction longue28.
Par contre, le Ramba''m (dans le passage susmentionné du Mishnéh
Tôroh) est d'avis qu'elles forment trois bénédictions distinctes
et, par conséquent, il ne faut pas commencer le paragraphe de
« Ha´arév
No` »
par un Wow conjonctif, indiquant par-là que c'est le début d'une
nouvelle bénédiction. Rabbi Yôséf Qa`rô tranche à la fois en
suivant l'opinion de Rov Hamnouno`, selon qui il faudrait réciter
toutes ces bénédictions, ainsi qu'en suivant l'opinion du Ro`''sh,
selon qui le paragraphe de « Ha´arév
No` »
n'est pas une nouvelle bénédiction mais la prolongation de celle de
Shamou`él et doit donc être précédé d'un Wow conjonctif. Quant
au Ramo''`, il estime estime également qu'il est préférable de
faire comme le Ro`''sh, même s'il signale que le Minhogh des
`ashkanazim consiste à faire comme le Ramba''m, c'est-à-dire à les
considérer comme trois bénédictions distinctes, ce qui fait que
« Ha´arév
No` »
n'est pas précédé d'un Wow conjonctif.
Troisièmement,
toujours concernant ce paragraphe de « Ha´arév No` »,
remarquez qu'aussi bien chez Rabbi Yôséf Qa`rô que chez le
Ramba''m, il se conclut différemment de la formule employée par Rov
Yôhonon. Avant de conclure sa bénédiction, le Talmoudh
rapporte que Rov Yôhonon disait כֻּלָּנוּ
יוֹדְעֵי שְׁמֶךָ וְעוֹסְקֵי תוֹרָתְךָ
« [que]
nous tous
puissions connaître Ton Nom et nous occuper de Ta Tôroh »,
tandis que le Ramba''m et Rabbi Yôséf Qa`rô ont supprimé cette
phrase pour la remplacer par celle-ci : יוֹדְעֵי
שְׁמֶךָ וְלוֹמְדֵי תּוֹרָתְךָ לִשְׁמָהּ
« [que
nous tous] connaissions
Ton Nom et étudiions Ta Tôroh pour elle-même ».
Tout
ce que nous avons dit dans cet article nous montre clairement que la
bénédiction à réciter avant l'étude de la Tôroh ne fut jamais
réellement formalisée, ni imposée, au peuple d'Israël, mais est
libre. Nous pouvons très bien faire n'importe quelle bénédiction,
Chacun est libre de réciter la bénédiction qu'il souhaite avant
l'étude de la Tôroh, et ces deux ou trois bénédictions rapportées
dans Barokhôth
11b
n'ont pas de stature obligatoire et contraignante.
Nous
allons illustrer ce fait davantage en rapportant les divergences
d'opinion qui existent quant à savoir pour quels types d'études de
la Tôroh ces bénédictions devraient-elles être récitées ?
Nous
avons mentionné plus haut que le Ramba''m écrit ceci :
Celui qui se lève tôt pour lire dans la Tôroh avant la récitation du Shama´, qu'il lise dans la Tôroh Écrite ou dans la Tôroh Orale, il lave ses mains au préalable et récite trois bénédictions, puis seulement il lit. |
הַמַּשְׁכִּים
לִקְרוֹת בַּתּוֹרָה קֹדֶם שֶׁיִּקְרָא
קִרְיַת שְׁמַע,
בֵּין
קָרָא בְּתוֹרָה שֶׁבִּכְתָב בֵּין
בְּתוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה--נוֹטֵל
יָדָיו תְּחִלָּה,
וּמְבָרֵךְ
שָׁלוֹשׁ בְּרָכוֹת,
וְאַחַר
כָּךְ קוֹרֶא
|
Le
Ramba''m est donc d'avis que ces bénédictions devraient être
faites, que l'on étudie dans la Tôroh Écrite ou dans la Tôroh
Orale. Dans ses Hilkôth
Talmoudh Tôroh 1:13-14,
il nous fait comprendre que l'expression « Tôroh Écrite »
se réfère à l'intégralité du TaNa''Kh, tandis que l'expression
« Tôroh Orale » se réfère à la Mishnoh29
(ainsi qu'aux décisions halakhiques que l'on étudie sans se soucier
des principes qui les régissent30).
Par
contre, voici ce que tranche Rabbi Yôséf Qa`rô dans son Shoulhon
´oroukh31 :
Il est nécessaire de réciter [ces bénédictions] aussi bien pour l’Écriture, que pour la Mishnoh, que pour la Gamoro`. |
צריך
לברך בין למקרא בין למשנה בין לגמרא
|
Celui qui rédige des paroles de Tôroh, quand bien même il ne les lit pas, doit réciter [ces bénédictions]. |
Ainsi,
pour lui, il faudrait réciter ces bénédictions avant une étude du
TaNa''Kh, de la Mishnoh ou de la Gamoro`, et également avant de
rédiger des paroles de Tôroh (par exemple, un sermon ou un
Shi´our).
Le
Ramo''` suit le Shoulhon ´oroukh et ajoute également l'étude
du Midhrosh dans les types d'études qui nécessitent la récitation
de ces bénédictions.
D'où
proviennent ces divergences ? Du passage suivant du Talmoudh32 :
Rov Houno`33 a dit : « Pour la lecture de l’Écriture, on doit bénir. Mais pour l'étude du Midhrosh34, on ne bénit pas ». Rov `al´ozor35 a dit : « Pour l’Écriture et pour le Midhrosh, on doit bénir36. Mais pour la Mishnoh, on ne bénit pas37 ». Rov Yôhonon a dit : « Pour la Mishnoh aussi, on doit bénir.38 (Mais pour le Talmoudh39, on ne bénit pas)40 ». Ravo`41 a dit : « Même pour le Talmoudh, on doit bénir42, car Rov Hiyo` bar `ashi43 a dit : ''Je me suis tenu à de nombreuses reprises devant Rov pour répéter notre chapitre dans le Sifro` Davé Rov44, et il avait l'habitude de d'abord se laver les mains, de réciter [une bénédiction], et de passer ensuite en revue notre chapitre avec nous'' »45. |
אמר
רב הונא למקרא צריך לברך ולמדרש א"צ
לברך ור'
אלעזר
אמר למקרא ולמדרש צריך לברך למשנה א"צ
לברך ור'
יוחנן
אמר אף למשנה נמי צריך לברך [אבל
לתלמוד א"צ
לברך]
ורבא
אמר אף לתלמוד צריך לברך
דאמר רב חייא בר אשי זימנין סגיאין הוה
קאימנא קמיה דרב לתנויי פרקין בספרא
דבי רב הוה מקדים וקא משי ידיה ובריך
ומתני לן פרקין
|
Comme
vous le voyez, cette question n'est donc pas résolue dans le
Talmoudh. Tout dépendra donc de l'importance que l'on accorde à ce
que l'on étudie au matin et de notre façon de considérer les
choses.
Après
avoir béni la Tôroh, on étudie ou lit un peu. Et là encore, ce
qu'on lira ou étudiera dépendra de chacun, et rien n'a été fixé
à cet égard, même si certains exemples ont été donnés et
imprimés dans nos Siddourim. Si vous y jetez un coup d’œil, vous
remarquerez que dans les Siddourim des Safaradhim seul le passage de
la Birakath Kôhanim est mentionné après les bénédictions de la
Tôroh, tandis que chez les `ashkanazim il y a toute une série de
passages tirés de la Mishnoh et de la Gamoro` en plus de la Birakath
Kôhanim. Quant au Ramba''m, il mentionne dans son Siddour46
les passages suivants en guise d'étude de la Tôroh du matin :
- Pé`oh 1:1 (Shabboth 127a)
- Niddoh 66a
- Maghilloh 28b (Niddoh 73a)
- Barokhôth 64a (Yavomôth 122b, Nozir 66b ; Karithôth 28b, et Tomidh 32b)
Le
Ramba''m a plus particulièrement choisi ces passages, car ils ont
pour thème l'importance de l'étude quotidienne de la Tôroh.
Là
encore, tous ces passages cités par Rabbi Yôséf Qa`rô, le
Ramba''m et d'autres, ne sont que des propositions, et
chacun est libre de pouvoir lire ou étudier les passages de la
Tôroh, de la Mishnoh ou de la Gamoro` qu'il souhaite, et autant que
son temps le lui permette au matin.
Le
but de cet article n'est pas de dire qu'il ne faut pas réciter ces
trois (ou deux) bénédictions avant d'étudier un peu de Tôroh au
matin, mais d'analyser et expliquer objectivement les sources
talmudiques sur laquelle s'appuie cette pratique, afin de voir si la
récitation d'une bénédiction avant l'étude de la Tôroh est
réellement mandatée au niveau de la Halokhoh et s'il faut
obligatoirement réciter toutes les trois (ou deux) bénédictions
imprimées dans les Siddourim contemporains. Et il apparaît que la
réponse à la première question est oui, tandis que celle à la
deuxième question est non, et nous en avons donné les raisons. Par
conséquent, d'un point de vue strictement halakhique, une seule
bénédiction suffit avant d'étudier la Tôroh au matin et la
Halokhoh n'a pas déterminé qu'elle devait être cette bénédiction
ni ce qu'il convenait de lire ou réciter après avoir béni.
1Shoulhon
´oroukh, `ôrah Hayim 47:1
2Nadhorim
81a
3Un
`ammôro` babylonien de la troisième génération. Il était
également aveugle
4C'est-à-dire,
afin que les autres n'en arrivent pas à penser que l'érudition
dans la Tôroh est quelque chose de génétique, qui se transmet à
la génération suivante sans qu'aucun effort ne soit nécessaire
5Rov
`iddi fut un `ammôro` Babylonien de la quatrième génération
6Un
`ammôro` Babylonien de la sixième génération de l'ère des
`ammôro`im
7Il
fut l'un des derniers et des plus éminents `ammôro`im Babyloniens.
Il est né en 352 et est décédé en 427.
8Cela
montre qu'en ces temps-là, après l’Ère de la Mishnoh, il
existait une méfiance mutuelle entre les érudits et les masses. Il
est également évident de ces passages-ci que beaucoup de Rabbins
critiquaient l'attitude hautaine des érudits
9Un
`ammôro` Babylonien de la sixième génération, décédé en 422
10Un
`ammôro` Babylonien de la deuxième génération
11`abbo`
`arîkho`, un `ammôro` du troisième siècle, né en 175 et décédé
en 247. il est plus connu sous le surnom de Rov (Maître), car c'est
lui qui institua l'étude systématique de la Mishnoh, ce qui va
donner naissance à la Gamoro`. Il était le maître de Rov
Yahoudhoh
12Yirmayohou
9:11
13Ce
verset se poursuit de la façon suivante : « Et
à qui la bouche d'HaShem l'a-t-elle révélé, pour qu'il le
communique? Pourquoi ce pays est-il ruiné, dévasté comme le
désert où personne ne passe? »
14Ibid.,
12
15Ce
verset se poursuit de la façon suivante : « que
J'avais placée devant eux. Et ils n'ont pas écouté Ma voix et
n'ont pas marché en elle »
16Le
camarade d'étude de Rov, avec qui il avait des débats incessants.
Il fut un `ammôro` Babylonien de la première génération. Il est
né en 165 et est décédé en 257
17L'un
des `ammôro`im Palestiniens les plus importants de la seconde
génération. Il est né en 200 et est décédé en 280
18Un
`ammôro` Babylonien de la deuxième génération (fin du 3ème
siècle)
19C'est-à-dire,
la bénédiction sur l'étude de la Tôroh
20C'est-à-dire,
puisqu'il y a divergence d'opinion
21Faisons
toutes les formules mentionnées dans ce passage de la Gamoro`
22Rash''i
explique que c'est la plus élevée des bénédictions, car elle
fait à la fois la louange de la Tôroh et du peuple d'Israël
23`ôrah
Hayim 47:5
24Notez
comment Rabbi Yôséf Qa`rô est passé de « La bénédiction
de la Tôroh » (au paragraphe 1) à « Les
bénédictions de la Tôroh » (dans ce paragraphe-ci),
indiquant bien par-là qu'à l'origine une seule bénédiction
devrait être récitée, et non plusieurs
25Hilkôth
Tafilloh Ouvirakhath Kôhanim 7:10
26`ôrah
Hayim 47:6
27Barokhôth
1:13
28Une
bénédiction longue est une bénédiction qui commence par
« Boroukh `attoh HaShem `alôhénou Malakh Ho´ôlom »
et se conclut par « Boroukh `attoh HaShem »
29L'étude
de la Gamoro` fait partie d'une branche à part, d'après le
Ramba''m
30Voir
Rash''i sur Sôtoh 22a
31`ôrah
Hayim 47:2-3
32Barokhôth
11b
33Un
`ammôro` Babylonien de la deuxième génération, et directeur de
la Yashivoh de Soura. Il est né aux environs de l'an 216 et est
mort entre 296 et 297
34Ce
terme se réfère uniquement au Sifro`, au Sifré et au Makhilto`
35Un
Tanno` de la quatrième génération et disciple de Rébbi ´aqivo`.
36Car
le Sifra, le Sifré et le Makhilto` sont des commentaires de la
Tôroh
37Car
c'est l'explication sur la mise en pratique des Miswôth et à
la base elle était censée rester orale
38Parce
qu'elle représente la Tôroh Orale et mérite donc une bénédiction
comme pour la Tôroh Écrite, car les deux ne font qu'un
39C'est-à-dire,
l'étude analytique et profonde des Halokhôth
40Car
ce genre d'étude ne sert pas à comprendre la Tôroh et sa mise en
application mais est une étude intellectuelle qui sert à analyser
les Halokhôth déjà existantes (comprendre leur mécanisme) et
tenter de déduire d'autres Halokhôth. Ce n'est donc pas une étude
qui se rapporte à la Parole de Dieu
41De
son vrai nom, `abbo` ban Yôséf bar Hammo`. Né en 280 et
décédé en 352. Ce fut un `ammôro` Babylonien de la quatrième
génération.
42Car
l'étude analytique et profonde pourrait ne pas concerner une
Halokhoh mais des versets de l’Écriture. En effet, le Talmoudh ne
contient pas que des discussions sur les Halokhôth mais aussi des
discussions sur le sens des versets du TaNa''Kh, de sorte que
pratiquement chaque verset est commenté dans le Talmoudh
43Un
`ammôro` Babylonien de la deuxième et troisième génération.
C'était un disciple de Rov
44Un
Midhrosh halakhique sur Wayyiqro` Chapitre 5
45Ce
qui prouve pour lui que même pour l'étude analytique et profonde
(Talmoudh) des versets de l’Écriture, on doit bénir
46Mishnéh
Tôroh, Sédhar Hattafilloh 1