dimanche 12 octobre 2014

Introduction du Rambam à son Mishnéh Tôroh

ב״ה

הַקְדָּמָה

Introduction


1. Toutes les Miswôth que Môshah reçut sur le Sinaï furent donnés ensemble avec leur explication, car il est dit1 : « Je te donnerai les tables de pierre, la Tôroh et la Miswoh » ; « la Tôroh », c'est la Loi Écrite, « la Miswoh », c'est son explication. Il nous a [donc] ordonné d'accomplir la Tôroh conformément à la « Miswoh ». Cette « Miswoh » est ce qui est appelée la Loi Orale.
א  כָּל הַמִּצְווֹת שֶׁנִּתְּנוּ לוֹ לְמֹשֶׁה בְּסִינַי--בְּפֵרוּשָׁן נִתְּנוּ, שֶׁנֶּאֱמָר "וְאֶתְּנָה לְךָ אֶת-לֻחֹת הָאֶבֶן, וְהַתּוֹרָה וְהַמִּצְוָה": "תּוֹרָה", זוֹ תּוֹרָה שֶׁבִּכְתָב; וּ"מִצְוָה", זֶה פֵּרוּשָׁהּ. וְצִוָּנוּ לַעֲשׂוֹת הַתּוֹרָה, עַל פִּי הַמִּצְוָה. וּמִצְוָה זוֹ, הִיא הַנִּקְרֵאת תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה
Tous les commandements que Môshah reçut sur le Sinaï, furent donnés ensemble avec leur explication : En insistant sur le fait que lors de la révélation au Sinaï les Miswôth furent données בְּפֵרוּשָׁן « Baféroushon – avec leur explication », le Ramba''m ז״ל déclare que les Lois Écrites et Orales ne peuvent pas être vues comme étant deux entités distinctes, mais plutôt comme deux dimensions d'un seul ensemble, la loi écrite rapportant l'ordre à accomplir, tandis que la loi orale en est l'explication pratique. On ne peut donc être un vrai croyant si l'on ne croit qu'en la loi écrite.
2. Toute la Tôroh que Môshah Rabbénou a rédigée avant de mourir, il l'a rédigée de sa main. Il remit un rouleau à chacune des tribus et plaça un rouleau dans l'arche [sainte] afin qu'il serve de témoin, car il est dit2 : « Prenez ce rouleau de la Tôroh et déposez-le à côté de l'arche de l'alliance d'HaShem, votre Dieu. Et il restera là, en ton sein, pour servir de témoin ».
ב  כָּל הַתּוֹרָה--כְּתָבָהּ מֹשֶׁה רַבֵּנוּ קֹדֶם שֶׁיָּמוּת, בִּכְתָב יָדוֹ. וְנָתַן סֵפֶר לְכָל שֵׁבֶט וְשֵׁבֶט; וְסֵפֶר אֶחָד--נְתָנָהוּ בָּאָרוֹן לְעֵד, שֶׁנֶּאֱמָר: לָקֹחַ, אֵת סֵפֶר הַתּוֹרָה הַזֶּה, וְשַׂמְתֶּם אֹתוֹ, מִצַּד אֲרוֹן בְּרִית-ה' אֱלֹהֵיכֶם; וְהָיָה-שָׁם בְּךָ, לְעֵד
Toute la Tôroh que Môshah Rabbénou a rédigée avant de mourir, il l'a rédigée de sa main : Nous ne croyons pas que la Tôroh fut rédigée par quelqu'un d'autre que Môshah Rabbénou ע״ה. Chaque ligne fut écrite par lui, et cela sous la dictée divine. Quiconque ne croit pas en cela est en mécréant.
Il remit un rouleau à chacune des tribus et plaça un rouleau dans l'arche [sainte] : Au total, Môshah Rabbénou a donc rédigé treize rouleaux de la Tôroh.

afin qu'il serve de témoin : C'est-à-dire de façon à empêcher la falsification de la Tôroh. Si une tribu falsifiait la moindre partie de la Tôroh, il y aurait douze autres exemplaires démontrant que c'est une falsification. C'est ainsi que jusqu'à aujourd'hui, tous les Juifs, où qu'ils soient, possèdent le même exemplaire de la Tôroh, du Yémen à l'Espagne, en passant par la Pologne ou encore la France. Quiconque croit que la Tôroh que nous avons en notre possession n'est pas le texte d'origine est un mécréant.
3. Il n'a pas mise par écrit la « Miswoh », qui est l'explication de la Tôroh, mais l'a plutôt enjointe aux Anciens, à Yahôshoua´ et à l'ensemble du reste des Israélites, car il est dit3 : « Toute la parole que je vous ai ordonnée, vous la garderez pour l'accomplir, etc. ». C'est en raison de cela qu'on l'appelle « Loi Orale ».
ג  וְהַמִּצְוָה, שְׁהִיא פֵּרוּשׁ הַתּוֹרָה--לֹא כְתָבָהּ; אֵלָא צִוָּה בָּהּ לַזְּקֵנִים וְלִיהוֹשׁוּעַ וְלִשְׁאָר כָּל יִשְׂרָאֵל, שֶׁנֶּאֱמָר "אֵת כָּל-הַדָּבָר, אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוֶּה אֶתְכֶם--אֹתוֹ תִשְׁמְרוּ, לַעֲשׂוֹת ...". וּמִפְּנֵי זֶה נִקְרֵאת תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה
Il n'a pas mise par écrit la « Miswoh », qui est l'explication de la Tôroh : Voir le Talmoudh4, qui interdit de mettre par écrit les enseignements de la Loi Orale. Néanmoins, à partir de ce que le Ramba''m écrit ici et dans son introduction au « Commentaire sur la Mishnoh » qu'il a rédigé, il semble que cette interdiction ne s'appliquait dans les temps passés qu'à la rédaction d'un texte à partir duquel on comptait enseigner, et non pas à la rédaction de notes destinées à servir pour une étude personnelle. Depuis que la Mishnoh a été rédigée par Rébbi Yahoudhoh Hannosi` ז״ל, cette interdiction ne s'applique plus.

mais l'a plutôt enjointe aux Anciens, à Yahôshoua´ et à l'ensemble du reste des Israélites : Le Talmoudh5 explique l'ordre précis dans lequel Môshah Rabbénou a enseigné la loi orale : il l'a enseignée à `aharôn ע״ה (son frère), puis aux fils de `aharôn, ensuite aux Anciens, puis à Yahôshoua´ bin Noun ע״ה, et enfin à l'entièreté du reste du peuple d'Israël.

car il est dit : « Toute la parole que je vous ai ordonnée : Ce qui indique bien que l'on parle ici des instructions orales qu'il leur a données.
4. Bien que la Loi Orale ne fut pas mise par écrit, Môshah Rabbénou l'a intégralement enseignée dans son tribunal aux 70 Anciens. `al´ozor, Pînhos et Yahôshoua´, tous les trois, reçurent [la Loi Orale] de Môshah. À Yahôshoua´, qui était son [principal] disciple, Môshah Rabbénou transmit la Loi Orale et lui donna des instructions. De même, tous les jours de sa vie, Yahôshoua´ enseigna oralement.
ד  אַף עַל פִּי שֶׁלֹּא נִכְתְּבָה תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה, לִמְּדָהּ מֹשֶׁה רַבֵּנוּ כֻּלָּהּ בְּבֵית דִּינוֹ לְשִׁבְעִים זְקֵנִים; וְאֶלְעָזָר וּפִינְחָס וִיהוֹשׁוּעַ, שְׁלָשְׁתָּן קִבְּלוּ מִמֹּשֶׁה. וְלִיהוֹשׁוּעַ שְׁהוּא תַּלְמִידוֹ שֶׁלְּמֹשֶׁה רַבֵּנוּ, מָסַר תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה וְצִוָּהוּ עָלֶיהָ; וְכֵן יְהוֹשׁוּעַ, כָּל יְמֵי חַיָּיו לִמַּד עַל פֶּה
À Yahôshoua´, qui était son [principal] disciple, Môshah Rabbénou transmit la Loi Orale et lui donna des instructions : Sur la façon de la transmettre à son tour aux autres.6
5. De nombreux Anciens la reçurent de Yahôshoua´. ´élî reçut [la Loi Orale] des Anciens et de Pînhos ; Shamou`él reçut [la Loi Orale] de ´élî et son tribunal ; Dowidh reçut [la Loi Orale] de Shamou`él et son tribunal ; `ahiyoh le Shilôni faisait partie de ceux qui sont sortis d’Égypte et était un Léwi. Il entendit [les enseignements provenant] de Môshah mais était petit du temps de Môshah, et reçut [la Loi Orale] de Dowidh et son tribunal.
ה  וּזְקֵנִים רַבִּים קִבְּלוּ מִיְּהוֹשׁוּעַ, וְקִבַּל עֵלִי מִן הַזְּקֵנִים וּמִפִּינְחָס; וּשְׁמוּאֵל קִבַּל מֵעֵלִי וּבֵית דִּינוֹ, וְדָוִיד קִבַּל מִשְּׁמוּאֵל וּבֵית דִּינוֹ. וַאֲחִיָּה הַשִּׁילוֹנִי, מִיּוֹצְאֵי מִצְרַיִם הָיָה וְלֵוִי הָיָה, וְשָׁמַע מִמֹּשֶׁה, וְהָיָה קָטָן בִּימֵי מֹשֶׁה; וְהוּא קִבַּל מִדָּוִיד וּבֵית דִּינוֹ
De nombreux Anciens la reçurent de Yahôshoua´ : Le Ramba''m va à présent longuement citer la chaîne de transmission de la Loi Orale. En retranscrivant l'entièreté de la chaîne de la Masôroh (Tradition), le Ramba''m démontre comment la Loi Orale fut transmise dans une chaîne continue et n'était pas l'invention des Sages ultérieurs. En outre, cela indique que quiconque ne croit pas en cette chaîne de transmission et en la Loi Orale ne croit pas non plus en Môshah Rabbénou, qui est le premier chaînon du processus. Et enfin, cette longue liste a pour but, comme il le dira à la fin, d'indiquer que personne n'a l'autorité de trancher une loi qui irait à l'encontre des décisions prises par les personnes faisant partie de la chaîne de transmission. Aucun rabbin ne peut s'opposer aux traditions ou décisions prises par ces personnes-là, car elles ont tout reçu de Môshah Rabbénou lui-même, qui lui a tout reçu de Dieu Lui-même. Il y a donc une hiérarchisation dans l'autorité. Un rabbin de notre temps qui dirait donc l'inverse, par exemple, de ce que le Roi Dowidh ע״ה a écrit dans ses Psaumes, ne doit se voir accorder aucune crédibilité, car Dowidh faisant partie de la chaîne de transmission, tout ce qu'il a écrit est certain. Tout enseignement qui ne s'inscrit donc pas dans cette chaîne de transmission de la Loi Orale est à rejeter.

`ahiyoh le Shilôni faisait partie de ceux qui sont sortis d’Égypte : Comme cela est rapporté dans le Talmoudh7.
6. `éliyohou reçut [la Loi Orale] de `ahiyoh le Shilôni et son tribunal ; `alisho´ reçut [la Loi Orale] de `éliyohou et son tribunal ; Yahôyodho´ le Kôhén reçut [la Loi Orale] de `alisho´ et son tribunal ; Zakharyohou reçut [la Loi Orale] de Yahôyodho´ et son tribunal ; Hôshéa´ reçut [la Loi Orale] de Zakharyoh et son tribunal ; ´omôs reçut [la Loi Orale] de Hôshéa´ et son tribunal ; Yasha´yohou reçut [la Loi Orale] de ´omôs et son tribunal ; Mikhoh reçut [la Loi Orale] de Yasha´yohou et son tribunal ; Yô`él reçut [la Loi Orale] de Mikhoh et son tribunal ; Nahoum reçut [la Loi Orale] de Yô`él et son tribunal ; Havaqqouq reçut [la Loi Orale] de Nahoum et son tribunal ; Safanyoh reçut [la Loi Orale] de Havaqqouq et son tribunal ; Yirmayoh reçut [la Loi Orale] de Safanyoh et son tribunal ; Boroukh ban Nériyoh reçut [la Loi Orale] de Yirmayoh et son tribunal ; ´azro` et son tribunal reçurent [la Loi Orale] de Boroukh et son tribunal.
ו  אֵלִיָּהוּ קִבַּל מֵאֲחִיָּה הַשִּׁילוֹנִי וּבֵית דִּינוֹ, וֶאֱלִישָׁע קִבַּל מֵאֵלִיָּהוּ וּבֵית דִּינוֹ, וִיהוֹיָדָע הַכּוֹהֵן קִבַּל מֵאֱלִישָׁע וּבֵית דִּינוֹ, וּזְכַרְיָהוּ קִבַּל מִיְּהוֹיָדָע וּבֵית דִּינוֹ, וְהוֹשֵׁעַ קִבַּל מִזְּכַרְיָה וּבֵית דִּינוֹ, וְעָמוֹס קִבַּל מֵהוֹשֵׁעַ וּבֵית דִּינוֹ, וִישַׁעְיָהוּ קִבַּל מֵעָמוֹס וּבֵית דִּינוֹ, וּמִיכָה קִבַּל מִיְּשַׁעְיָה וּבֵית דִּינוֹ, וְיוֹאֵל קִבַּל מִמִּיכָה וּבֵית דִּינוֹ, וְנַחוּם קִבַּל מִיּוֹאֵל וּבֵית דִּינוֹ, וַחֲבַקּוּק קִבַּל מִנַּחוּם וּבֵית דִּינוֹ, וּצְפַנְיָה קִבַּל מֵחֲבַקּוּק וּבֵית דִּינוֹ, וְיִרְמְיָה קִבַּל מִצְּפַנְיָה וּבֵית דִּינוֹ, וּבָרוּךְ בֶּן נֵרִיָּה קִבַּל מִיִּרְמְיָה וּבֵית דִּינוֹ, וְעֶזְרָא וּבֵית דִּינוֹ קִבְּלוּ מִבָּרוּךְ וּבֵית דִּינוֹ
Boroukh ban Nériyoh reçut [la Loi Orale] de Yirmayoh et son tribunal : Yirmayohou ע״ה et Boroukh ע״ה furent témoins de la destruction du Premier Béth Hammiqdhosh. Après la mort de Yirmayohou, Boroukh se rendit à Babylone et y enseigna la Tôroh aux exilés.
7. [Les membres du] tribunal de ´azro` sont ceux que l'on appelle « Hommes de la Grande Assemblée ». Et les voici : Haggay, Zakharyoh, Mal`okhi, Doniyé`l, Hananyoh, Misho`él, ´azaryoh, Nahamyoh ban Hakhalyoh, Môrdokhay, Zaroubboval, et beaucoup d'autres sages avec eux ; 120 Anciens [en tout]. Le dernier d'entre eux fut Shim´ôn le Saddiq. Il était inclus parmi les 120 et reçut d'eux tous la Loi Orale. Il fut Kôhén Godhôl après ´azro`.
ז  בֵּית דִּינוֹ שֶׁלְּעֶזְרָא, הֶם הַנִּקְרָאִין אַנְשֵׁי כְּנֶסֶת הַגְּדוֹלָה. וְהֶם חַגַּי זְכַרְיָה וּמַלְאָכִי, וְדָנִיֵּאל חֲנַנְיָה מִישָׁאֵל וַעֲזַרְיָה, וּנְחֶמְיָה בֶּן חֲכַלְיָה, וּמָרְדֳּכַי, וּזְרֻבָּבֶל; וְהַרְבֵּה חֲכָמִים עִמָּהֶם, תַּשְׁלוּם מֵאָה וְעֶשְׂרִים זְקֵנִים. הָאַחֲרוֹן מֵהֶם הוּא שִׁמְעוֹן הַצַּדִּיק, וְהוּא הָיָה מִכְּלַל הַמֵּאָה וְעֶשְׂרִים, וְקִבַּל תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה מִכֻּלָּן; וְהוּא הָיָה כּוֹהֵן גָּדוֹל, אַחַר עֶזְרָא
[Les membres du] tribunal de ´azro` sont ceux que l'on appelle « Hommes de la Grande Assemblée » : C'est une des périodes les plus importantes de l'histoire du peuple d'Israël et une des phases les plus essentielles dans la chaîne de transmission de la Loi Orale, car les אַנְשֵׁי כְּנֶסֶת הַגְּדוֹלָה « `anshé Kanasath Haggadhôloh – Hommes de la Grande Assemblée » sont un organe composé de sages et prophètes des temps bibliques qui deviendra plus tard le Sanhédhrin de Jérusalem, la plus haute autorité halakhique dans la foi israélite, et dont les avis ont valeur de loi jusqu'à aujourd'hui, car les membres du Sanhédhrin reçurent leurs traditions et lois des prophètes des temps bibliques qui composaient les « Hommes de la Grande Assemblée ».

Et les voici : Comme le Ramba''m le dit, les « Hommes de la Grande Assemblée » étaient au total 120. Il ne va donc pas tous les citer ici, mais va uniquement donner les noms des prophètes qui sont mentionnés dans le TaNa''Kh (Bible), démontrant par-là que ces gens étaient bien des élus de Dieu, puisque leurs écrits ont été canonisés dans la Bible.

Haggay, Zakharyoh, Mal`okhi, Doniyé`l, Hananyoh, Misho`él, ´azaryoh, Nahamyoh ban Hakhalyoh, Môrdokhay, Zaroubboval, et beaucoup d'autres sages avec eux ; 120 Anciens [en tout] : Les « Hommes de la Grande Assemblée » furent la plus haute autorité lors du retour des exilés vers `aras Yisro`él au début de la période du Second Béth Hammiqdhosh, et ils plantèrent les fondations morales, éthiques et spirituelles qui permirent la reconstruction du peuple d'Israël, après une période d'exil à Babylone qui avait fait d'énormes dégâts au sein du peuple, puisque une grande partie d'entre eux s'était assimilée, les Miswôth de la Tôroh et la Halokhoh avaient été oubliées, et la grande majorité des Israélites ne savaient plus parler ou comprendre la Langue Sainte.

Le dernier d'entre eux fut Shim´ôn le Saddiq : C'est-à-dire, il fut le dernier membre des 120 sages et prophètes d'origine qui composaient la Grande Assemblée à mourir. Sa mort clôt la transmission de la Loi Orale durant la période biblique, et fait débuter une nouvelle période de transmission : la transmission de la Loi Orale durant la période post-biblique, que l'on appelle « mishnaïque », ou encore l'ère des « Tano`im ».
8. `antighnôs de Sôkhô et son tribunal reçurent [la Loi Orale] de Shim´ôn le Saddiq et son tribunal ; Yôséf ban Yô´azar de Sarédhoh et Yôséf ban Yôhonon de Yarousholayim et leur tribunal reçurent [la Loi Orale] de `antighnôs et son tribunal ; Yahôshoua´ ban Parahyoh et Nitta`y le `arbéli et leur tribunal reçurent [la Loi Orale] de Yôséf et Yôséf et leur tribunal ; Yahoudhoh ban Tova`y et Shim´ôn ban Shotoh et leur tribunal reçurent [la Loi Orale] de Yahôshoua´ et Nitta`y et leur tribunal ; Les Géré Hassadhaq Shama´yoh et `avtalyôn et leur tribunal reçurent [la Loi Orale] de Yahoudhoh et Shim´ôn et leur tribunal ; Hillél et Shamma`y et leur tribunal reçurent [la Loi Orale] de Shama´yoh et `avtalyôn et leur tribunal ; Rabban Yôhonon ban Zakka`y et Rabban Shim´ôn, le fils d'Hillél, reçurent [la Loi Orale] d'Hillél et son tribunal.
ח  אַנְטִיגְנוֹס אִישׁ שׂוֹכוֹ וּבֵית דִּינוֹ קִבְּלוּ מִשִּׁמְעוֹן הַצַּדִּיק וּבֵית דִּינוֹ, וְיוֹסֵף בֶּן יוֹעֶזֶר אִישׁ צְרֵדָה וְיוֹסֵף בֶּן יוֹחָנָן אִישׁ יְרוּשָׁלַיִם וּבֵית דִּינָם קִבְּלוּ מֵאַנְטִיגְנוֹס וּבֵית דִּינוֹ, וִיהוֹשׁוּעַ בֶּן פְּרַחְיָה וְנִתַּאי הָאַרְבֵּלִי וּבֵית דִּינָם קִבְּלוּ מִיּוֹסֵף וְיוֹסֵף וּבֵית דִּינָם, וִיהוּדָה בֶּן טָבַאי וְשִׁמְעוֹן בֶּן שָׁטָח וּבֵית דִּינָם קִבְּלוּ מִיְּהוֹשׁוּעַ וְנִתַּאי וּבֵית דִּינָם. שְׁמַעְיָה וְאַבְטַלְיוֹן גֵּרֵי הַצֶּדֶק וּבֵית דִּינָם קִבְּלוּ מִיְּהוּדָה וְשִׁמְעוֹן וּבֵית דִּינָם. וְהִלֵּל וְשַׁמַּאי וּבֵית דִּינָם קִבְּלוּ מִשְּׁמַעְיָה וְאַבְטַלְיוֹן וּבֵית דִּינָם. וְרַבַּן יוֹחָנָן בֶּן זַכַּאי וְרַבַּן שִׁמְעוֹן בְּנוֹ שֶׁלְּהִלֵּל קִבְּלוּ מֵהִלֵּל וּבֵית דִּינוֹ
Yôséf ban Yô´azar de Sarédhoh et Yôséf ban Yôhonon de Yarousholayim : Ces deux sages initient la lignée des זוּגוֹת « Zoughôth » (paires), qui sont mentionnées dans le tout premier chapitre de la Mishnoh de `ovôth. Le premier sage mentionné dans chaque paire est toujours le נָשִׂיא « Nosî` » (chef de l'académie), tandis que le sage mentionné en deuxième dans chaque paire est toujours le אָב־בֵּית־דִּין « `ov Béth Din » (chef du tribunal). Ainsi, dans notre première paire, Yôséf ban Yô´azar ז״ל est le Nosî`, tandis que Yôséf ban Yôhonon ז״ל est le `ov Béth Din.

Les Géré Hassadhaq Shama´yoh et `avtalyôn : גֵּרֵי הַצֶּדֶק « Géré Hassadhaq » est une expression qui désigne ceux qui se sont convertis à la foi israélite. Shama´yoh ז״ל et `avtalyôn ז״ל étaient des convertis, comme cela est rapporté dans le Talmoudh8. Beaucoup se demandent comment est-ce que, en tant que convertis, ils ont pu respectivement être Nosî` et `ov Béth Din, alors qu'il semblerait que des convertis n'aient pas le droit d'être en position d'autorité sur les Israélites de naissance.9

Rabban Yôhonon ban Zakka`y et Rabban Shim´ôn, le fils d'Hillél : Ils furent tous les deux témoins de la destruction du Deuxième Béth Hammiqdhosh par les Romains. Avant la chute de Jérusalem, Rabban Yôhonon ban Zakka`y ז״ל parvint à s’enfuir avec ses disciples vers la ville de Yavnah et bâtit les fondations qui permirent à notre peuple de survivre spirituellement à la perte du Béth Hammiqdhosh et à l'exil.

reçurent [la Loi Orale] d'Hillél et son tribunal : Le nom de Shamma`y ז״ל n'est pas mentionné ici, parce qu'à partir de la destruction du Second Béth Hammiqdhosh, l'école de pensée basée sur les Halokhôth et enseignements d'Hillél (ֵית הִלֵּל « Béth Hillél ») va devenir l'école majoritaire du peuple d'Israël, les autres écoles ayant été pratiquement anéanties à la suite de la destruction du Béth Hammiqdhosh et le début de l'exil. Cela marque donc une nouvelle phrase dans la chaîne de transmission de la Loi Orale : depuis la destruction du Béth Hammiqdhosh, nous suivons les règles halakhiques de Béth Hillél (dans la majorité des cas), comme le veut le principe qui stipule הֲלָכָה כְּבֵית הִלֵּל « Halokhoh Kavéth Hillél – La Halokhoh est tranchée comme Béth Hillel ». L'écrasante majorité des rabbins mentionnés dans le Talmoudh appartenait à cette école juridique.
9. Rabban Yôhonon ban Zakka`y avait cinq disciples qui furent de grands sages qui reçurent de lui [la Loi Orale]. Les voici : Ribbi `ali´azar le Grand, Ribbi Yahôshoua´, Ribbi Yôsé le Kôhén, Ribbi Shim´ôn ban Nathana`él et Ribbi `al´ozor ban ´arokh. Ribbi ´aqivoh ban Yôséf reçut [la Loi Orale] de Ribbi `ali´azar le Grand ; son père10, Yôséf, était un Gér Sadhaq. Ribbi Yishmo´é`l et Ribbi Mé`îr, un fils de Gér Sadhaq, reçurent [la Loi Orale] de Ribbi ´aqivoh. Rabbî Mé`îr et ses compagnons reçurent également [la Loi Orale] de Ribbi Yishmo´é`l.
ט  חֲמִשָּׁה תַּלְמִידִים הָיוּ לוֹ לְרַבַּן יוֹחָנָן בֶּן זַכַּאי, וְהֶם גְּדוֹלֵי הַחֲכָמִים שֶׁקִּבְּלוּ מִמֶּנּוּ; וְאֵלּוּ הֶם--רִבִּי אֱלִיעֶזֶר הַגָּדוֹל, וְרִבִּי יְהוֹשׁוּעַ, וְרִבִּי יוֹסֵי הַכּוֹהֵן, וְרִבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן נְתַנְאֵל, וְרִבִּי אֶלְעָזָר בֶּן עֲרָךְ. וְרִבִּי עֲקִיבָה בֶּן יוֹסֵף קִבַּל מֵרִבִּי אֱלִיעֶזֶר הַגָּדוֹל, וְיוֹסֵף אָבִיו גֵּר צֶדֶק הָיָה. וְרִבִּי יִשְׁמָעֵאל וְרִבִּי מֵאִיר בֶּן גֵּר הַצֶּדֶק קִבְּלוּ מֵרִבִּי עֲקִיבָה, וְגַם קִבַּל רִבִּי מֵאִיר וַחֲבֵרָיו מֵרִבִּי יִשְׁמָעֵאל
Rabban Yôhonon ban Zakka`y avait cinq disciples qui furent de grands sages qui reçurent de lui [la Loi Orale]. Les voici : Ribbi `ali´azar le Grand, Ribbi Yahôshoua´, Ribbi Yôsé le Kôhén, Ribbi Shim´ôn ban Nathana`él et Ribbi `al´ozor ban ´arokh. Ribbi ´aqivoh ban Yôséf reçut [la Loi Orale] de Ribbi `ali´azar le Grand : Ainsi, toute tradition qui passe par l'un de ces cinq disciples.est valable et fiable.

Ribbi Yishmo´é`l et Ribbi Mé`îr, un fils de Gér Sadhaq, reçurent [la Loi Orale] de Ribbi ´aqivoh. Rabbî Mé`îr et ses compagnons reçurent également [la Loi Orale] de Ribbi Yishmo´é`l : Cela nous indique que les chaînes de transmission qui passent par Ribbi ´aqivoh ז״ל et Ribbi Yishmo´é`l ז״ל sont toutes les deux valables et fiables.
10. Les compagnons de Ribbi Mé`îr furent : Ribbi Yahoudhoh, Ribbi Yôsé, Ribbi Shim´ôn, Ribbi Nahamyoh, Ribbi `al´ozor ban Shammoua´, Ribbi Yôhonon le fabricant de chaussures, Shim´ôn ban ´azza`y et Ribbi Hananyoh ban Taradhyôn. De même, les compagnons de Ribbi ´aqivoh reçurent [la Loi Orale] de Ribbi `ali´azar le Grand. Les compagnons de Ribbi ´aqivoh furent : Ribbi Tarfôn le maître de Ribbi Yôsé le Galiléen, Ribbi Shim´ôn ban `al´ozor et Ribbi Yôhonon ban Nourî.
י  חֲבֵרָיו שֶׁלְּרִבִּי מֵאִיר--הֶם רִבִּי יְהוּדָה, וְרִבִּי יוֹסֵי, וְרִבִּי שִׁמְעוֹן, וְרִבִּי נְחֶמְיָה, וְרִבִּי אֶלְעָזָר בֶּן שַׁמּוּעַ, וְרִבִּי יוֹחָנָן הַסַּנְדְּלָר, וְשִׁמְעוֹן בֶּן עַזַּאי, וְרִבִּי חֲנַנְיָה בֶּן תְּרַדְיוֹן. וְכֵן קִבְּלוּ חֲבֵרָיו שֶׁלְּרִבִּי עֲקִיבָה מֵרִבִּי אֱלִיעֶזֶר הַגָּדוֹל; וַחֲבֵרָיו שֶׁלְּרִבִּי עֲקִיבָה--הֶם רִבִּי טַרְפוֹן רִבּוֹ שֶׁלְּרִבִּי יוֹסֵי הַגָּלִילִי, וְרִבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן אֶלְעָזָר, וְרִבִּי יוֹחָנָן בֶּן נוּרִי
Les compagnons de Ribbi Mé`îr furent : Ribbi Yahoudhoh, Ribbi Yôsé, Ribbi Shim´ôn, Ribbi Nahamyoh, Ribbi `al´ozor ban Shammoua´, Ribbi Yôhonon le fabricant de chaussures, Shim´ôn ban ´azza`y et Ribbi Hananyoh ban Taradhyôn : Puisqu'ils ont tous reçu la tradition de Ribbi Mé`îr ז״ל, tout enseignement qui passe par l'un d'entre eux est également valable et fiable.

De même, les compagnons de Ribbi ´aqivoh reçurent [la Loi Orale] de Ribbi `ali´azar le Grand. Les compagnons de Ribbi ´aqivoh furent : Ribbi Tarfôn le maître de Ribbi Yôsé le Galiléen, Ribbi Shim´ôn ban `al´ozor et Ribbi Yôhonon ban Nourî : Là encore, toute tradition qui passe par l'un de ces trois sages est valable et fiable.
11. Rabban Gamlî`él l'Ancien reçut [la Loi Orale] de Rabban Shim´ôn son père, le fils d'Hillél. Rabban Shim´ôn, son fils, reçut [la Loi Orale] de lui ; Rabban Gamlî`él, son fils, reçut [La Loi Orale] de lui ; Rabban Shim´ôn, son fils, reçut [la Loi Orale] de lui ; Ribbi Yahoudhoh, le fils de Rabban Shim´ôn, celui que l'on appelle « Rabbénou Haqqodhôsh », reçut [la Loi Orale] de son père, ainsi que de Ribbi `al´ozor ban Shammoua´ et de Ribbi Shim´ôn, son compagnon.
יא  רַבַּן גַּמְלִיאֵל הַזָּקֵן קִבַּל מֵרַבַּן שִׁמְעוֹן אָבִיו, בְּנוֹ שֶׁלְּהִלֵּל; וְרַבַּן שִׁמְעוֹן בְּנוֹ קִבַּל מִמֶּנּוּ, וְרַבַּן גַּמְלִיאֵל בְּנוֹ קִבַּל מִמֶּנּוּ, וְרַבַּן שִׁמְעוֹן בְּנוֹ קִבַּל מִמֶּנּוּ. וְרִבִּי יְהוּדָה בְּנוֹ שֶׁלְּרַבַּן שִׁמְעוֹן, זֶה הוּא הַנִּקְרָא רַבֵּנוּ הַקָּדוֹשׁ, וְהוּא קִבַּל מֵאָבִיו, וּמֵרִבִּי אֶלְעָזָר בֶּן שַׁמּוּעַ וּמֵרִבִּי שִׁמְעוֹן חֲבֵרוֹ
Rabban Gamlî`él l'Ancien reçut [la Loi Orale] de Rabban Shim´ôn son père, le fils d'Hillél. Rabban Shim´ôn, son fils, reçut [la Loi Orale] de lui ; Rabban Gamlî`él, son fils, reçut [La Loi Orale] de lui ; Rabban Shim´ôn, son fils, reçut [la Loi Orale] de lui ; Ribbi Yahoudhoh, le fils de Rabban Shim´ôn, celui que l'on appelle « Rabbénou Haqqodhôsh », reçut [la Loi Orale] de son père : Tous ceux-là sont des descendants directs d'Hillél.

Afin que cela soit plus clair, voici la lignée :

  1. Hillél est le père de Rabban Shim´ôn ז״ל
  2. Rabban Shim´ôn est le père de Rabban Gamlî`él ז״ל
  3. Rabban Gamlî`él est le père de Rabban Shim´ôn II ז״ל
  4. Rabban Shim´ôn II est le père de Rabban Gamlî`él II ז״ל
  5. Rabban Gamlî`él II est le père de Rabban Shim´ôn III ז״ל
  6. Rabban Shim´ôn III est le père de Ribbi Yahoudhoh ז״ל, que l'on a surnommé רַבֵּנוּ הַקָּדוֹשׁ « Rabbénou Haqqodhôsh », c'est-à-dire « notre saint maître »11.

Rabbénou Haqqodhôsh est celui qui a fini par rassembler toutes les traditions orales de la foi israélite et les a mises par écrit dans ce que nous appelons à présent la מִשְׁנָה « Mishnoh », qui est la Loi Orale de la foi israélite. (Par la suite, le Ramba''m expliquera clairement pourquoi est-ce que, malgré l'interdiction de mettre par écrit la Loi Orale, Rabbénou Haqqodhôsh l'a néanmoins fait.) C'est donc lui qui clôt la période appelée « mishnaïque » ou des « Tano`im ». C'est avec Rabbénou Haqqodhôsh que se termine concrètement la chaîne de transmission de la Loi Orale.

Nous avons donc vu la chaîne de transmission durant deux périodes importantes : l'ère biblique, qui se termine avec Shim´ôn le Saddiq, et l'ère des Tano`im, qui se termine avec Ribbi Yahoudhoh.

ainsi que de Ribbi `al´ozor ban Shammoua´ et de Ribbi Shim´ôn, son compagnon : Qui font donc partie de la chaîne de transmission fiable et valable.
12. Rabbénou Haqqodhôsh composa la Mishnoh. Depuis les jours de Môshah jusqu'à Rabbénou Haqqodhôsh, personne n'avait entrepris de composer [un texte] par lequel enseigner aux masses la Loi Orale. Plutôt, dans chaque génération, le chef du tribunal ou le prophète de cette génération-là rédigeait pour lui-même des notes des enseignements oraux qu'il avait entendus de ses maîtres et les enseignait oralement .
יב  רַבֵּנוּ הַקָּדוֹשׁ חִבַּר הַמִּשְׁנָה. וּמִיְּמוֹת מֹשֶׁה וְעַד רַבֵּנוּ הַקָּדוֹשׁ, לֹא חִבְּרוּ חִבּוּר שֶׁמְּלַמְּדִין אוֹתוֹ בָּרַבִּים בְּתוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה; אֵלָא בְּכָל דּוֹר וָדוֹר, רֹאשׁ בֵּית דִּין אוֹ נָבִיא שֶׁיִּהְיֶה בְּאוֹתוֹ הַדּוֹר, כּוֹתֵב לְעַצְמוֹ זִכָּרוֹן בַּשְּׁמוּעוֹת שֶׁשָּׁמַע מֵרִבּוֹתָיו, וְהוּא מְלַמֵּד עַל פֶּה בָּרַבִּים
Depuis les jours de Môshah jusqu'à Rabbénou Haqqodhôsh, personne n'avait entrepris de composer [un texte] par lequel enseigner aux masses la Loi Orale. Plutôt, dans chaque génération, le chef du tribunal ou le prophète de cette génération-là rédigeait pour lui-même des notes des enseignements oraux qu'il avait entendus de ses maîtres et les enseignait oralement aux masses : Ainsi, l'interdiction de mettre par écrit les enseignements de la Loi Orale ne s'appliquait qu'au fait d'utiliser ces écrits pour en faire un livre, une compilation des lois orales. Mais elle ne s'appliquait pas au fait de prendre des notes personnelles et les utiliser comme support pour enseigner oralement ces lois aux autres.
13. De même, chacun, en fonction de son potentiel, écrivait pour lui-même des notes [sur] la Tôroh et ses lois comme il les avait entendues, ainsi que sur les concepts qui étaient découverts dans chaque génération concernant des règles qui ne furent pas enseignées oralement, mais à partir de certains des treize principes et qui furent acceptées par le Grand Tribunal. Et cette situation persista jusqu'à Rabbénou Haqqodhôsh.
יג  וְכֵן כָּל אֶחָד וְאֶחָד כּוֹתֵב לְעַצְמוֹ כְּפִי כּוֹחוֹ, מִבֵּאוּר הַתּוֹרָה וּמֵהִלְכּוֹתֶיהָ כְּמוֹ שֶׁשָּׁמַע, וּמִדְּבָרִים שֶׁנִּתְחַדְּשׁוּ בְּכָל דּוֹר וָדוֹר, בְּדִינִים שֶׁלֹּא לְמָדוּם מִפִּי הַשְּׁמוּעָה אֵלָא בְּמִדָּה מִשְּׁלוֹשׁ עֶשְׂרֵה מִדּוֹת וְהִסְכִּימוּ עֲלֵיהֶן בֵּית דִּין הַגָּדוֹל. וְכֵן הָיָה הַדָּבָר תָּמִיד, עַד רַבֵּנוּ הַקָּדוֹשׁ
ainsi que sur les concepts qui étaient découverts dans chaque génération concernant des règles qui ne furent pas enseignées oralement, mais à partir de certains des treize principes : Les lois de la Loi Écrite et Orale permettent de déduire de nouvelles règles, en fonction des situations nouvelles qui se présenteraient dans chaque génération. Chaque génération a ses particularités, et il arrive que des situations existant dans une génération n'existaient pas dans une autre. Il faut donc aller regarder dans la Tôroh et la Halokhoh ce qui a été dit sur des situations plus ou moins semblables et voir si cela peut s'appliquer à la situation nouvelle à laquelle on fait face. S'il n'est pas possible de trouver une loi orale qui se rapporte à cette situation, on peut alors faire appel aux treize principes d'exégèse biblique pour déterminer ce qu'il convient de faire. Mais la conclusion atteinte par les treize principes d'exégèse biblique devra alors être en phase avec les décisions prises par le בֵּית דִּין הַגָּדוֹל « Béth Din Haggodhôl » (une autre appellation du סַנהֶדרִין « Sanhédhrin ») et ne pas le contredire. Ainsi, tout nouveau concept doit être basé sur un antécédent dans la Loi Écrite et Orale, ou être en phase avec les décisions du Sanhédhrin, car sinon n'importe qui, en utilisant les treize principes, pourrait inventer toutes les doctrines qu'il désire.

Les treize principes d'exégèse biblique furent consignés par Ribbi Yishmo´é`l, que nous avons cité dans la Halokhoh 9.12

Et cette situation persista jusqu'à Rabbénou Haqqodhôsh : Étant donné qu'un texte écrit de toute la Loi Orale n'existait pas et qu'il n'était pas possible de connaître par cœur toutes les lois orales, faire appel aux treize principes d'exégèse biblique était souvent le seul moyen pour déduire une règle ou une loi. Mais cela changea lorsque Rabbénou Haqqodhôsh compila la Mishnoh.
14. Il rassembla tous les enseignements oraux, toutes les règles, toutes les explications et les commentaires qui avaient été entendus depuis Môshah Rabbénou et ce qui avait été enseigné par le tribunal de chaque génération sur l'intégralité de la Tôroh. À partir de tout cela, il composa un livre, « la Mishnoh ». Il l'enseigna aux masses et le révéla à tous les Israélites, qui le reproduisirent intégralement par écrit. Ils le répandirent dans tous les endroits afin que la Loi Orale ne soit pas oubliée des Israélites.
יד  וְהוּא קִבַּץ כָּל הַשְּׁמוּעוֹת וְכָל הַדִּינִין וְכָל הַבֵּאוּרִין וְהַפֵּרוּשִׁין שֶׁשָּׁמְעוּ מִמֹּשֶׁה רַבֵּנוּ, וְשֶׁלִּמְּדוּ בֵּית דִּין שֶׁלְּכָל דּוֹר וָדוֹר, בְּכָל הַתּוֹרָה כֻּלָּהּ; וְחִבַּר מֵהַכֹּל סֵפֶר הַמִּשְׁנָה. וְשִׁנְּנוֹ בָּרַבִּים, וְנִגְלָה לְכָל יִשְׂרָאֵל; וּכְתָבוּהוּ כֻּלָּם, וְרִבְּצוּ בְּכָל מָקוֹם, כְּדֵי שֶׁלֹּא תִשְׁתַּכַּח תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה מִיִּשְׂרָאֵל
qui le reproduisirent intégralement par écrit : C'est-à-dire, de nombreuses copies de la Mishnoh furent faites. Chaque famille pratiquement possédait la Mishnoh chez elle.
15. Pourquoi Rabbénou Haqqodhôsh fit-il cela et ne laissa pas la situation comme elle était ? Parce qu'il a vu que le [nombre de] disciples ne cessait de diminuer, que des difficultés nouvelles ne cessaient d'arriver, que le royaume mauvais se répandait dans le monde et s'affermissait, et que les Israélites erraient et étaient envoyés aux extrémités [de la terre]. Il entreprit [donc] de composer un [texte unique] qui pourrait se trouver entre les mains de tous, afin qu'il soit étudié rapidement et ne soit pas oublié. Tous les jours de sa vie, lui et son tribunal enseignèrent la Mishnoh aux masses.
טו  וְלָמָּה עָשָׂה רַבֵּנוּ הַקָּדוֹשׁ כָּךְ, וְלֹא הִנִּיחַ הַדָּבָר כְּמוֹת שֶׁהָיָה--לְפִי שֶׁרָאָה שֶׁהַתַּלְמִידִים מִתְמַעֲטִים וְהוֹלְכִים, וְהַצָּרוֹת מִתְחַדְּשׁוֹת וּבָאוֹת, וּמַמְלֶכֶת הָרִשְׁעָה פּוֹשֶׁטֶת בָּעוֹלָם וּמִתְגַּבֶּרֶת, וְיִשְׂרָאֵל מִתְגַּלְגְּלִים וְהוֹלְכִים לַקְּצָווֹת: חִבַּר חִבּוּר אֶחָד לִהְיוֹת בְּיַד כֻּלָּם, כְּדֵי שֶׁיִּלְמְדוּהוּ בִּמְהֵרָה וְלֹא יִשָּׁכַח; וְיָשַׁב כָּל יָמָיו הוּא וּבֵית דִּינוֹ, וְלִמַּד הַמִּשְׁנָה בָּרַבִּים
Pourquoi Rabbénou Haqqodhôsh fit-il cela et ne laissa pas la situation comme elle était : En d'autres mots, pourquoi décida-t-il de composer un texte écrit reprenant toutes les explications de la Loi Orale, alors que la Loi Orale, par définition, est censée rester orale, et que jusque là la Loi Orale s'étudiait par des notes personnelles, et non à travers un livre ?

que le royaume mauvais : Cette expression désigne l'Empire Romain, qui est appelé « mauvais » car Rome tentait systématiquement d'abolir l'étude et la pratique de la Tôroh dans les terres qui étaient sous son contrôle.

et que les Israélites erraient et étaient envoyés aux extrémités [de la terre] : C'est en l'an 135 de l’Ère Courante que les Romains chassèrent les Israélites de Palestine et nous ont donc envoyés en exil, exil qui dure jusqu'à nos jours. Loin de la Terre Sainte et n'ayant plus de Sanhédhrin, il existait la possibilité que toute la Loi Orale soit oubliée.

Il entreprit [donc] de composer un [texte unique] qui pourrait se trouver entre les mains de tous, afin qu'il soit étudié rapidement et ne soit pas oublié : La Mishnoh est ainsi le livre le plus important et sacré du Judaïsme, après le TaNa''Kh, car le TaNa''Kh nous apprend la Loi Écrite, tandis que la Mishnoh nous transmet la Loi Orale (l’application pratique de la Loi Écrite).
16. Et ceux-ci sont les grands Sages qui composaient le tribunal de Rabbénou Haqqodhôsh et ont reçu [la Loi Orale] de lui : Shim´ôn et Gamlî`él, [qui étaient] ses fils, Ribbi `ofés, Ribbi Hananyoh ban Homo`, Ribbi Hiyo`, Rov, Ribbi Yanna´y, Bar Qapporo`, Shamou`él, Ribbi Yôhonon et Ribbi Hôsha´yoh. Ce sont là les principaux [Sages] qui ont reçu {la Loi Orale} de lui, et avec eux des milliers et des myriades d'autres Sages.
טז  וְאֵלּוּ הֶם גְּדוֹלֵי הַחֲכָמִים שֶׁהָיוּ בְּבֵית דִּינוֹ שֶׁלְּרַבֵּנוּ הַקָּדוֹשׁ וְקִבְּלוּ מִמֶּנּוּ--שִׁמְעוֹן וְגַמְלִיאֵל בָּנָיו, וְרִבִּי אָפֵס, וְרִבִּי חֲנַנְיָה בֶּן חָמָא, וְרִבִּי חִיָּא, וְרָב, וְרִבִּי יַנַּאי, וּבַר קַפָּרָא, וּשְׁמוּאֵל, וְרִבִּי יוֹחָנָן, וְרִבִּי הוֹשַׁעְיָה. אֵלּוּ הֶם הַגְּדוֹלִים שֶׁקִּבְּלוּ מִמֶּנּוּ, וְעִמָּהֶם אֲלָפִים וּרְבָבוֹת מִשְּׁאָר הַחֲכָמִים
Ce sont là les principaux [Sages] qui ont reçu {la Loi Orale} de lui, et avec eux des milliers et des myriades d'autres Sages : Les noms de tous ces milliers et myriades de Sages sont mentionnés ici et là tout au long du Talmoudh.
17. Bien que ces onze [Sages] reçurent [la Loi Orale] de Rabbénou Haqqodhôsh et assistèrent à ses sessions d'étude, Ribbi Yôhonon était petit et devint par la suite un disciple de Ribbi Yanna`y et reçut de lui un enseignement. De même, Rov reçut [un enseignement] de Ribbi Yanna`y, et Shamou`él reçut [un enseignement] de Ribbi Hananyoh ban Homo`.
יז  אַף עַל פִּי שֶׁאֵלּוּ הָאַחַד עָשָׂר קִבְּלוּ מֵרַבֵּנוּ הַקָּדוֹשׁ וְעָמְדוּ בְּמִדְרָשׁוֹ, רִבִּי יוֹחָנָן קָטָן הָיָה וְאַחַר כָּךְ הָיָה תַּלְמִיד לְרִבִּי יַנַּאי וְקִבַּל מִמֶּנּוּ תּוֹרָה. וְכֵן רָב קִבַּל מֵרִבִּי יַנַּאי; וּשְׁמוּאֵל קִבַּל מֵרִבִּי חֲנַנְיָה בֶּן חָמָא
Ribbi Yôhonon était petit : Au moment où Rabbénou Haqqodhôsh est mort.

et devint par la suite un disciple de Ribbi Yanna`y et reçut de lui un enseignement. De même, Rov reçut [un enseignement] de Ribbi Yanna`y, et Shamou`él reçut [un enseignement] de Ribbi Hananyoh ban Homo` : Le Ramba''m nous informe donc que bien que les disciples de Rabbénou Haqqodhôsh avaient été enseignés par lui, il existait des différences entre eux. C'est pourquoi, après la mort de Rabbénou Haqqodhôsh, des divergences commencèrent à naître dans la pratique et les règles à suivre.

Cela illustre donc davantage le fait que la chaîne de transmission certaine s'arrête à Rabbénou Haqqodhôsh. La mort de Rabbénou Haqqodhôsh marque la fin de l'ère des Tano`im et initie l'ère que l'on appelle « ère des `Ammôro`îm ». Les Tano`im furent ceux qui avaient enseigné la Loi Orale, tandis que les `Ammôro`îm furent ceux qui débattirent entre eux de l'application de certaines règles dans certaines situations. De ce fait, les Tano`im ont un plus grand degré d'autorité que les `Ammôro`îm. Cela est très important, car lorsqu'il y a une contradiction entre la Mishnoh (qui cite les Tano`im) et la Gamoro` (qui cite les `Ammôro`îm), ce sont les Sages de la Mishnoh qui doivent recevoir la prééminence.

En outre, une autre différence de poids entre les Tano`im et les `Ammôro`îm est que les premiers vivaient en `aras Yisro`él, tandis que les deuxièmes vivaient principalement à Babylone. Lorsque le titre « Ribbi » est employé, cela désigne un rabbin de `aras Yisro`él, tandis que le titre « Rov » désigne un rabbin de Babylone.

Tout au long du Mishnéh Tôroh, nous verrons concrètement comment toutes ces règles fonctionnent, et nous verrons qu'en dépit de ces règles, les Juifs d'aujourd'hui se sont égarés et ne les suivent plus réellement, allant jusqu'à adopter des pratiques n'ayant aucune source dans le Talmoudh ou qui contredisent les enseignements des Tano`im. Voilà pourquoi cette introduction au Mishnéh Tôroh est d'une énorme importance, car ces règles doivent être connues, non seulement pour pouvoir marcher dans le Judaïsme authentique et pur, mais également pour éviter de suivre dans leurs erreurs la majorité des Juifs d'aujourd'hui.

Comme nous allons le voir par la suite, chacun des élèves de Rabbénou Haqqodhôsh enseigna par la suite sa propre compréhension des enseignements de Rabbénou Haqqodhôsh, d'où les divergences nombreuses que l'on retrouve à travers la Gamoro`.

Rov ז״ל et Shamou`él ז״ל, qui sont cités dans cette Halokhoh, représentent la toute première génération des `Ammôro`îm, l'ère durant laquelle le centre de l'érudition passa de `aras Yisro`él à Babylone.
18. Rov composa le « Sifro` » et le « Sifri » pour expliquer et faire connaître les sources de la Mishnoh. Ribbi Hiyo` composa la « Tôsafto` » pour expliquer les sujets de la Mishnoh. De même, Ribbi Hôsha´yoh et Bar Qapporo` composèrent des Baraytôth pour expliquer les paroles de la Mishnoh. Quant à Ribbi Yôhonon, il composa le « Talmoudh Yaroushlami » en `aras Yisro`él approximativement 300 ans après la destruction de la Maison [de Dieu].
יח  רָב חִבַּר סִפְרָא וְסִפְרֵי לְבָאַר וּלְהוֹדִיעַ עִיקְרֵי הַמִּשְׁנָה, וְרִבִּי חִיָּא חִבַּר הַתּוֹסֶפְתָּא לְבָאַר עִנְיְנֵי הַמִּשְׁנָה. וְכֵן רִבִּי הוֹשַׁעְיָה וּבַר קַפָּרָא חִבְּרוּ בַּרַּיְתּוֹת לְבָאַר דִּבְרֵי הַמִּשְׁנָה, וְרִבִּי יוֹחָנָן חִבַּר הַתַּלְמוּד הַיְּרוּשְׁלְמִי בְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל אַחַר חָרְבַּן הַבַּיִת בְּקֵרוּב מִשְּׁלוֹשׁ מֵאוֹת שָׁנָה
Rov composa le « Sifro` » et le « Sifri » pour expliquer et faire connaître les sources de la Mishnoh : En effet, Rabbénou Haqqodhôsh a rédigé la Mishnoh de façon concise et ne rapporte donc pas les références bibliques sur lesquelles sont basées les traditions orales consignées dans la Mishnoh. En composant ces deux ouvrages, Rov voulait montrer que ce qui est rapporté dans la Mishnoh s’appuie bien sur des traditions authentiques et que chaque pratique du Judaïsme mentionnée dans la Mishnoh est basée sur des versets de la Tôroh. Ce sont donc deux ouvrages très importants pour compléter son étude et compréhension de la Loi Orale.

Ribbi Hiyo` composa la « Tôsafto` » pour expliquer les sujets de la Mishnoh : תּוֹסֶפְתָּא « Tôsafto` » est un terme araméen qui a la même signification que son équivalent hébreu, תּוֹסֶפֶת « Tôsafath », c'est-à-dire, « addition », « supplément » ou « ajout ». Comme le nom l'indique, elle fut composée pour servir de complément à la Mishnoh.


La Tôsafto` remplit cet objectif de complément à la Mishnoh de différentes façons :


  1. elle ajoute des lois qui ne sont pas du tout mentionnées dans la Mishnoh, mais qui sont basées sur des lois existantes dans la Mishnoh. L'ajout de ces lois sert donc à prolonger la portée et la compréhension de celles rapportées dans la Mishnoh, afin que le sujet soit compris plus globalement ;
  2. elle clarifie certaines des lois mentionnées de façon très concise dans la Mishnoh en y ajoutant quelques mots, de façon à les rendre plus compréhensibles ;
  3. elle cite des Tano`im supplémentaires ou différents comme sources des Halokhôth mentionnées dans la Mishnoh (montrant que ces traditions orales étaient connues également d'autres personnes que celles qui sont mentionnées dans la Mishnoh) ;
  4. elle cite d'autres opinions que celles mentionnées dans la Mishnoh ;
  5. et elle interprète des passages obscures de la Mishnoh.


C'est une source d'une grande importance.


La Tôsafto` suit le même ordre des Masakhtôth (traités) que la Mishnoh, bien que le nombre de chapitres, ainsi que la localisation de certaines Tôsaftôth au sein d'un chapitre, diffèrent de la Mishnoh. Il convient de noter que quatre Masakhtôth de la Mishnoh ne se retrouvent pas dans la Tôsafto` :


  • `ovôth
  • Qinnim
  • Middôth, et
  • Tomidh.


De même, Ribbi Hôsha´yoh et Bar Qapporo` composèrent des Baraytôth pour expliquer les paroles de la Mishnoh : Les בַּרַּיְתּוֹת « Baraytôth » (ַרַיְּתָא « Barayatho` », au singulier) sont des traditions de la loi juive qui ne furent pas inclues dans la Mishnoh. Ainsi, l'expression « Baraytôth » fait référence aux enseignements se trouvant « en-dehors » de la Mishnoh, car ils provenaient d'écoles juridiques juives ne faisant pas partie des académies principales de l'ère mishnaïque.

Quant à Ribbi Yôhonon, il composa le « Talmoudh Yaroushlami » en `aras Yisro`él approximativement 300 ans après la destruction de la Maison [de Dieu] : Plusieurs commentateurs font remarquer qu'il n'existe aucune source attestant que Ribbi Yôhonon ז״ל soit l'auteur du Talmoudh Yaroushlami. Au contraire, tout semble indiquer que le tout dernier texte du Talmoudh Yaroushlami fut conjointement composé par Ribbi Mannoh ז״ל et Ribbi Yôsé ban Ribbi Boun ז״ל, près de de 100 après la mort de Ribbi Yôhonon. C'est pourquoi, certains commentateurs suggèrent que la rédaction du Talmoudh Yaroushlami fut commencée et rédigé presque dans son entièreté par Ribbi Yôhonon, mais qu'elle ne fut achevée que 100 ans plus tard par Ribbi Mannoh et Ribbi Yôsé ban Ribbi Boun.
19. Et parmi les grands Sages qui reçurent [la doctrine] de Rov et Shamou`él, [nous trouvons] Rov Houno`, Rov Yahoudhoh, Rov Nahmon, et Rov Kahano`. Et parmi les grands Sages qui reçurent [la doctrine] de Ribbi Yôhonon, [nous trouvons] Rabboh Bar bar Honoh, Ribbi `amé, Ribbi `asé, Rov Dimé, et Ra`bboun.
יט  וּמִגְּדוֹלֵי הַחֲכָמִים שֶׁקִּבְּלוּ מֵרָב וּשְׁמוּאֵל--רָב הוּנָא, וְרָב יְהוּדָה, וְרָב נַחְמָן, וְרָב כַּהֲנָא; וּמִגְּדוֹלֵי הַחֲכָמִים שֶׁקִּבְּלוּ מֵרִבִּי יוֹחָנָן--רַבָּה בַּר בַּר חָנָה, וְרִבִּי אַמֵי, וְרִבִּי אַסֵי, וְרָב דִּימֵי, וְרַאבּוּן
Et parmi les grands Sages qui reçurent [la doctrine] de Rov et Shamou`él : À Babylone, où vivaient ces deux grands maîtres.

Et parmi les grands Sages qui reçurent [la doctrine] de Ribbi Yôhonon : En Palestine, où vivait ce grand maître.

C'est ainsi que sont nés les deux Talmoudh : le Talmoudh Yaroushlami, composé en Palestine, et le Talmoudh Bavli, composé à Babylone.
20. Et parmi les Sages qui reçurent [la doctrine] de Rov Houno` et Rov Yahoudhoh, [nous trouvons] Rabboh et Rov Yôséf. Et parmi les Sages qui reçurent [la doctrine] de Rabboh et Rov Yôséf, [nous trouvons] `abbayé et Rabbo`. Ces deux-là reçurent également [la doctrine] de Rov Nahmon. Et parmi les Sages qui reçurent [la doctrine] de Rabbo`, [nous trouvons] Rov `ashi et Rabbino`. Quant à Mor bar Rov `ashi, il reçut {la doctrine} de son père13 et de Rabbino`.
כ  וּמִכְּלַל הַחֲכָמִים שֶׁקִּבְּלוּ מֵרָב הוּנָא וּמֵרָב יְהוּדָה, רַבָּה וְרָב יוֹסֵף. וּמִכְּלַל הַחֲכָמִים שֶׁקִּבְּלוּ מֵרַבָּה וְרָב יוֹסֵף, אַבַּיֵי וְרַבָּא; וּשְׁנֵיהֶם קִבְּלוּ גַּם מֵרָב נַחְמָן. וּמִכְּלַל הַחֲכָמִים שֶׁקִּבְּלוּ מֵרַבָּא, רָב אַשֵׁי וְרַבִּינָא; וּמָר בַּר רָב אַשֵׁי קִבַּל מֵאָבִיו וּמֵרַבִּינָא
21. Il s'en suit que de Rov `ashi jusqu'à Môshah Rabbénou [il y eut] quarante individus, et les voici : 1) Rov `ashi [qui a reçu] de 2) Rabbo`, [qui a reçu] de 3) Rabbo`, [qui a reçu] de 4) Rov Houno`, [qui a reçu] de Ribbi Yôhonon, Rov et Shamou`él, [qui ont reçu] de 6) Rabbénou Haqqodhôsh, [qui a reçu] de 7) Rabban Shim´ôn, son père, [qui a reçu] de 8) Rabban Gamlî`él, son père, [qui a reçu] de 9) Rabban Shim´ôn, son père, [qui a reçu] de 10) Rabban Gamlî`él l'Ancien, son père, [qui a reçu] de 11) Rabban Shim´ôn, son père, [qui a reçu] de 12) Hillél, son père, et Shamma`y, [qui ont reçu] de 13) Shama´yoh et `avtalyôn, [qui ont reçu] de 14) Yahoudhoh et Shim´ôn, [qui ont reçu] de 15) Yahôshoua´ et Nitta`y, [qui ont reçu] de 16) Yôséf et Yôséf, [qui ont reçu] de 17) `antighnôs, [qui a reçu] de 18) Shim´ôn Hassaddiq, [qui a reçu] de 19) ´azro``, [qui a reçu] de 20) Boroukh, [qui a reçu] de 21) Yirmayoh, [qui a reçu] de 22) Safanyoh, [qui a reçu] de 23) Havaqqouq, [qui a reçu] de 24) Nahoum, [qui a reçu] de 25) Yô`él, [qui a reçu] de 26) Mikhoh, [qui a reçu] de 27) Yasha´yoh, [qui a reçu] de 28) ´omôs, [qui a reçu] de 29) Hôshéa´, [qui a reçu] de 30) Zakharyoh, [qui a reçu] de 31) Yahôyodho´, [qui a reçu] de 32) `alisho´, [qui a reçu] de 33) `éliyohou, [qui a reçu] de 34) ``ahiyoh, [qui a reçu] de 35) Dowidh, [qui a reçu] de 36) Shamou`él, [qui a reçu] de 37) ´élî, [qui a reçu] de 38) Pînhos, [qui a reçu] de 39) Yahôshoua´, [qui a reçu] de 40) Môshah Rabbénou, le maître de tous les prophètes, [qui lui-même a reçu] d'HaShem, le Dieu d'Israël.
כא  נִמְצָא מֵרָב אַשֵׁי עַד מֹשֶׁה רַבֵּנוּ--אַרְבָּעִים אִישׁ, וְאֵלּוּ הֶן: (א) רָב אַשֵׁי, (ב) מֵרַבָּא, (ג) מֵרַבָּה, (ד) מֵרָב הוּנָא, (ה) מֵרִבִּי יוֹחָנָן וְרָב וּשְׁמוּאֵל, (ו) מֵרַבֵּנוּ הַקָּדוֹשׁ, (ז) מֵרַבַּן שִׁמְעוֹן אָבִיו, (ח) מֵרַבַּן גַּמְלִיאֵל אָבִיו, (ט) מֵרַבַּן שִׁמְעוֹן אָבִיו, (י) מֵרַבַּן גַּמְלִיאֵל הַזָּקֵן אָבִיו, (יא) מֵרַבַּן שִׁמְעוֹן אָבִיו, (יב) מֵהִלֵּל אָבִיו וְשַׁמַּאי, (יג) מִשְּׁמַעְיָה וְאַבְטַלְיוֹן, (יד) מִיְּהוּדָה וְשִׁמְעוֹן, (טו) מִיְּהוֹשׁוּעַ וְנִתַּאי, (טז) מִיּוֹסֵף וְיוֹסֵף, (יז) מֵאַנְטִיגְנוֹס, (יח) מִשִּׁמְעוֹן הַצַּדִּיק, (יט) מֵעֶזְרָא, (כ) מִבָּרוּךְ, (כא) מִיִּרְמְיָה, (כב) מִצְּפַנְיָה, (כג) מֵחֲבַקּוּק, (כד) מִנַּחוּם, (כה) מִיּוֹאֵל, (כו) מִמִּיכָה, (כז) מִיְּשַׁעְיָה, (כח) מֵעָמוֹס, (כט) מֵהוֹשֵׁעַ, (ל) מִזְּכַרְיָה, (לא) מִיְּהוֹיָדָע, (לב) מֵאֱלִישָׁע, (לג) מֵאֵלִיָּהוּ, (לד) מֵאֲחִיָּה, (לה) מִדָּוִיד, (לו) מִשְּׁמוּאֵל, (לז) מֵעֵלִי, (לח) מִפִּינְחָס, (לט) מִיְּהוֹשׁוּעַ, (מ) מִמֹּשֶׁה רַבֵּנוּ רִבָּן שֶׁלְּכָל הַנְּבִיאִים, מֵעִם ה' אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל
Il s'en suit que de Rov `ashi jusqu'à Môshah Rabbénou [il y eut] quarante individus : Le terme « individus » est à comprendre ici dans le sens de « générations ».

Il y a donc eu quarante chaînons dans la chaîne de transmission et d'interprétation de la Loi Orale.
22. Tous ces sages et prophètes étaient les dirigeants des générations14. Certains d'entre eux furent des Ro`shé Yashivôth15, des Ro`shé Goliyôth16, ainsi que des membres du Grand Sanhédhrin17. Et avec eux, dans chaque génération, des milliers et des myriades [de gens] ont entendu [la tradition] d'eux et à leurs côtés.
כב  כָּל אֵלּוּ הַחֲכָמִים הַנִּזְכָּרִים, הֶם גְּדוֹלֵי הַדּוֹרוֹת--מֵהֶם רָאשֵׁי יְשִׁיבוֹת, וּמֵהֶם רָאשֵׁי גָּלִיּוֹת, וּמֵהֶם מִסַּנְהֶדְּרֵי גְּדוֹלָה. וְעִמָּהֶם בְּכָל דּוֹר וָדוֹר, אֲלָפִים וּרְבָבוֹת שֶׁשָּׁמְעוּ מֵהֶם וְעִמָּהֶם
23. Rabbino` et Rov `ashi furent la fin des sages du Talmoudh. Rov `ashi est celui qui composa le Talmoudh Bavli dans le pays de Shin´or18, après que Ribbi Yôhonon eut composé le Talmoudh Yaroushlami approximativement cent ans [auparavant].
כג  רַבִּינָא וְרָב אַשֵׁי, הֶם סוֹף חַכְמֵי הַתַּלְמוּד; וְרָב אַשֵׁי הוּא שֶׁחִבַּר הַתַּלְמוּד הַבַּבְלִי בְּאֶרֶץ שִׁנְעָר, אַחַר שֶׁחִבַּר רִבִּי יוֹחָנָן הַתַּלְמוּד הַיְּרוּשְׁלְמִי בִּכְמוֹ מֵאָה שָׁנָה
Rabbino` et Rov `ashi furent la fin des sages du Talmoudh : C'est-à-dire, ce sont eux qui clôturent l'ère talmudique, et donc qui sont les dernières autorités juives sur lesquelles s'appuyer en matière de Halokhoh et pratique religieuse.

Rov `ashi est celui qui composa le Talmoudh Bavli dans le pays de Shin´or : Les commentateurs renvoient au passage talmudique de Bavo` Masia´ 86a, qui déclare que « Rov `ashi et Rabbino` furent les autorités finales en matière d'instruction », comme étant la source du Ramba''m pour affirmer que le Talmoudh Bavli fut composé par Rov `ashi ז״ל.

Mais des propos que tiendra le Ramba''m par la suite, il semble que là encore, comme pour le cas du Talmoudh Yaroushlami, Rov `ashi fut celui qui commença la rédaction du Talmoudh Bavli, mais sa structure et la composition du texte furent finalisées par Rabbino` Zouto` ז״ל, Mar bar Rov `ashi ז״ל et Rov Yôsé ז״ל plus de 70 ans après la mort de Rov `ashi.

après que Ribbi Yôhonon eut composé le Talmoudh Yaroushlami : Voir ce que nous avions dit sur le véritable auteur du Talmoudh Yaroushlami, dans le commentaire sur la Halokhoh 18.
24. Le but des deux Talmoudhin19 est de commenter les paroles de la Mishnoh, d'expliquer ses [leçons] profondes et les choses qui ont été développées dans chaque tribunal depuis les jours de Rabbénou Haqqodhôsh jusqu'à la composition du Talmoudh. Des deux Talmoudhin, de la Tôsafto`, du Sifro`, du Sifré et des Tôsaftôth20, de tout cela sont déduits l'illicite et le licite, l'impur et le pur, le coupable et l'innocent, le valable et l'invalide, conformément à ce qui s'est transmis oralement d'un homme à un autre, depuis la bouche de Môshah au Sinaï.
כד  וְעִנְיַן שְׁנֵי הַתַּלְמוּדִין--הוּא פֵּרוּשׁ דִּבְרֵי הַמִּשְׁנָה וּבֵאוּר עֲמוּקוֹתֶיהָ, וּדְבָרִים שֶׁנִּתְחַדְּשׁוּ בְּכָל בֵּית דִּין וּבֵית דִּין מִיְּמוֹת רַבֵּנוּ הַקָּדוֹשׁ וְעַד חִבּוּר הַתַּלְמוּד. וּמִשְּׁנֵי הַתַּלְמוּדִין, וּמִן הַתּוֹסֶפְתָּא, וּמִסִּפְרָא וּמִסִּפְרֵי, וּמִן הַתּוֹסֶפְתּוֹת--מִכֻּלָּם יִתְבָּאַר הָאָסוּר וְהַמֻּתָּר, וְהַטָּמֵא וְהַטָּהוֹר, וְהַחַיָּב וְהַפָּטוּר, וְהַכָּשֵׁר וְהַפָּסוּל, כְּמוֹ שֶׁהִעְתִּיקוּ אִישׁ מִפִּי אִישׁ מִפִּי מֹשֶׁה מִסִּינַי
Des deux Talmoudhin, de la Tôsafto`, du Sifro`, du Sifré et des Tôsaftôth, de tout cela sont déduits l'illicite et le licite, l'impur et le pur, le coupable et l'innocent, le valable et l'invalide, conformément à ce qui s'est transmis oralement d'un homme à un autre, depuis la bouche de Môshah au Sinaï : Ce sont là, et uniquement à, nos sources d'autorité concernant tout ce que nous pouvons ou ne pouvons pas faire. Toute permission ou interdiction, toute pratique et coutume, etc., ne peut être basée que sur ces sources et aucune autre. De même, toute nouvelle loi de notre temps ne peut être valable que si elle s'appuie sur des règles déjà énoncées dans ces sources-là.
25. Sont également déduites d'elles21 les choses que décrétèrent les sages et prophètes dans chaque génération afin de faire une haie protectrice à la Tôroh, conformément à l'explication qui a été entendue de Môshah Rabbénou [sur le verset suivant22] : « et vous garderez Mes préceptes », qui veut dire : « Faites des sauvegardes à Mes préceptes »23
כה  גַּם יִתְבָּאַר מֵהֶם דְּבָרִים שֶׁגָּזְרוּ חֲכָמִים וּנְבִיאִים שֶׁבְּכָל דּוֹר וָדוֹר, לַעֲשׂוֹת סְיָג לַתּוֹרָה, כְּמוֹ שֶׁשָּׁמְעוּ מִמֹּשֶׁה בְּפֵרוּשׁ "וּשְׁמַרְתֶּם אֶת-מִשְׁמַרְתִּי", שֶׁאָמַר עֲשׂוּ מִשְׁמֶרֶת לְמִשְׁמַרְתִּי
Sont également déduites d'elles les choses que décrétèrent les sages et prophètes dans chaque génération afin de faire une haie protectrice à la Tôroh : Le Ramba''m veut nous faire comprendre ici une règle fondamentale du Judaïsme : les décrets des Sages et Prophètes ne sont pas des ajouts à la Tôroh, car il est interdit d'ajouter ou retirer quoi que ce soit de la Tôroh. Ces décrets sont plutôt des choses qu'ils instituèrent afin de préserver les lois de la Tôroh. Par exemple, la Tôroh a interdit de se marier à des non Israélites. Afin de sauvegarder cette interdiction de la Tôroh et éloigner le plus loin possible les Israélites de la faute, les Sages et les Prophètes émirent toute une série d'interdictions empêchant d'avoir des relations trop proches avec les non Israélites. Ces décrets ne sont donc pas des ajouts à la Tôroh, mais des barrières servant à empêcher la transgression de lois de la Tôroh.
26. De même, il peut être déduit d'elles les Minhoghôth et les Taqqonôth qui furent décrétées ou pratiquées dans chaque génération, selon ce qui a été observé du tribunal de cette génération. Il est interdit de dévier d'elles24, car il est dit25 : « Ne t'écarte de toute parole qu'ils t'énonceront, ni à droite, ni à gauche ».
כו  וְכֵן יִתְבָּאַר מֵהֶם הַמִּנְהָגוֹת וְהַתַּקָּנוֹת שֶׁהִתְקִינוּ אוֹ שֶׁנָּהֲגוּ בְּכָל דּוֹר וָדוֹר, כְּמוֹ שֶׁרָאוּ בֵּית דִּין שֶׁלְּאוֹתוֹ הַדּוֹר, לְפִי שֶׁאָסוּר לָסוּר מֵהֶם, שֶׁנֶּאֱמָר: לֹא תָסוּר, מִכָּל הַדָּבָר אֲשֶׁר-יַגִּידוּ לְךָ--יָמִין וּשְׂמֹאל
De même, il peut être déduit d'elles les Minhoghôth et les Taqqonôth qui furent décrétés ou pratiqués dans chaque génération : Dans son introduction à son « Commentaire sur la Mishnoh », le Ramba''m décrit ces deux catégories de la façon suivante : « Ce sont des lois établies pour le bon déroulement des relations interpersonnelles, mais qui n'ajoutent ou ne retirent rien des paroles de la Tôroh, ou des choses qui furent instituées pour le bien-être spirituel de l'humanité ».

selon ce qui a été observé du tribunal de cette génération : Ces pratiques ne sont valables que lorsqu'elles furent approuvées par le tribunal des générations bibliques et talmudiques. Autrement, elles n'ont pas de valeur contraignante.

Il est interdit de dévier d'elles, car il est dit : « Ne t'écarte de toute parole qu'ils t'énonceront, ni à droite, ni à gauche » : Ce verset biblique est la source de l'obligation d'obéir en tout point au tribunal de la génération qui avait autorité sur l'ensemble du peuple d’Israël, à savoir, le Sanhédhrin de Jérusalem, le Sanhédhrin de Yavnah et celui de Shin´or. C'est un point important, car bon nombre de pratiques de nos jours ne sont pas du tout conforme aux lois passées par ces tribunaux.
27. De même, [elles incluent] des jugements et des règles merveilleuses qui ne furent pas reçus de Môshah, mais qui furent tranchés par le Grand Tribunal26 de cette génération au moyen des principes d'exégèse qui y sont exposés27. Les Anciens les tranchèrent et conclurent que c'était la règle. Tout ce que Rov `ashi a inclus dans le Talmoudh provient des temps de Môshah jusqu'à son époque.
כז  וְכֵן מִשְׁפָּטִים וְדִינִין פִּלְאִיִּים שֶׁלֹּא קִבְּלוּ אוֹתָן מִמֹּשֶׁה, וְדָנוּ בָּהֶן בֵּית דִּין הַגָּדוֹל שֶׁלְּאוֹתוֹ הַדּוֹר בַּמִּדּוֹת שֶׁהַתּוֹרָה נִדְרֶשֶׁת בָּהֶן, וּפָסְקוּ אוֹתָן הַזְּקֵנִים, וְגָמְרוּ שֶׁהַדִּין כָּךְ הוּא. הַכֹּל חִבַּר רָב אַשֵׁי בַּתַּלְמוּד, מִיְּמוֹת מֹשֶׁה וְעַד יָמָיו
28. Les Sages de la Mishnoh composèrent d'autres textes pour commenter les paroles de la Tôroh : Ribbi Hôsha´yoh, un disciple de Rabbénou Haqqodhôsh, composa une explication du Séfar Baré`shith ; Ribbi Yishmo´é`l [composa] un commentaire [qui commence] à partir de « `éllah Shamôth »28 jusqu'à la fin de la Tôroh. C'est ce que l'on appelle « Makhillatho` » ; Ribbi ´aqivoh composa aussi une Makhillatho`. D'autres Sages après eux composèrent des Midhroshôth. Tous [ces textes] furent composés avant le Talmoudh Bavli.
כח  וְחִבְּרוּ חַכְמֵי מִשְׁנָה חִבּוּרִין אֲחֵרִים, לְפָרַשׁ דִּבְרֵי הַתּוֹרָה: רִבִּי הוֹשַׁעְיָה תַּלְמִידוֹ שֶׁלְּרַבֵּנוּ הַקָּדוֹשׁ, חִבַּר בֵּאוּר סֵפֶר בְּרֵאשִׁית. וְרִבִּי יִשְׁמָעֵאל פֵּרַשׁ מֵאֵלֶּה שְׁמוֹת עַד סוֹף הַתּוֹרָה, וְהוּא הַנִּקְרָא מְכִלְּתָא; וְכֵן רִבִּי עֲקִיבָה חִבַּר מְכִלְּתָא. וַחֲכָמִים אֲחֵרִים אַחֲרֵיהֶם חִבְּרוּ מִדְרָשׁוֹת. וְהַכֹּל חֻבַּר קֹדֶם הַתַּלְמוּד הַבַּבְלִי
Les Sages de la Mishnoh composèrent d'autres textes pour commenter les paroles de la Tôroh : Les ouvrages qui vont être cités ici ne sont que des commentaires sur la Tôroh, mais ne sont pas des sources pour déterminer une loi, une règle, ou une pratique. Ils servent à mieux comprendre la Tôroh, mais ne servent pas à déterminer la loi.

Ribbi Hôsha´yoh, un disciple de Rabbénou Haqqodhôsh, composa une explication du Séfar Baré`shith : Le Ramba''m veut parler du Midhrosh Baré`shith Rabboh.

C'est ce que l'on appelle « Makhillatho` » : C'est un ouvrage d'une grande importance, car il commente chaque commandement de la Tôroh et nous explique comment les comprendre et les mettre en pratique.

Ribbi ´aqivoh composa aussi une Makhillatho` : C'est ce que nous appelons faussement aujourd'hui « Makhillatho` DaRibbi Shim´ôn bar Yôho`y ».

D'autres Sages après eux composèrent des Midhroshôth : Qui sont des interprétations et homélies de versets bibliques.

Tous [ces textes] furent composés avant le Talmoudh Bavli : Ce sont donc des sources abondamment citées et employées dans le Talmoudh Bavli.
29. Il ressort [donc que] Rabbino`, Rov `ashi et leurs compagnons sont la fin des grands Sages [du peuple] d'Israël qui transmirent la Loi Orale et qui décrétèrent des Gazérôth29, ordonnèrent des Taqqonôth30 et instituèrent des Minhoghôth31. Ces Gazérôth, Taqqonôth et Minhoghôth se répandirent dans tout [le peuple d']Israël, dans tous les endroits où ils s'étaient installés.
כט  נִמְצָא רַבִּינָא וְרָב אַשֵׁי וְחַבְרֵיהֶם, סוֹף גְּדוֹלֵי חַכְמֵי יִשְׂרָאֵל הַמַּעְתִּיקִים תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה, וְשֶׁגָּזְרוּ גְּזֵרוֹת וְהִתְקִינוּ תַּקָּנוֹת וְהִנְהִיגוּ מִנְהָגוֹת וּפָשְׁטוּ גְּזֵרוֹתָם וְתַקָּנוֹתָם וּמִנְהֲגוֹתָם בְּכָל יִשְׂרָאֵל, בְּכָל מְקוֹמוֹת מוֹשְׁבוֹתֵיהֶם
Il ressort [donc que] Rabbino`, Rov `ashi et leurs compagnons sont la fin des grands Sages [du peuple] d'Israël qui transmirent la Loi Orale : Depuis que le Talmoudh a été scellé, plus aucun rabbin n'a l'autorité d'imposer quoi que ce soit à l'ensemble du peuple d’Israël, comme le Ramba''m l'expliquera par la suite.

Ces Gazérôth, Taqqonôth et Minhoghôth se répandirent dans tout [le peuple d']Israël, dans tous les endroits où ils s'étaient installés : Étant donné qu'elles furent universellement acceptées par le peuple juif, leur respect et mise en pratique devinrent obligatoires, comme le Ramba''m l'expliquera par la suite.
30. Mais après que le tribunal de Rov `ashi eut composé le Talmoudh et l'eut achevé du temps de son fils, les Israélites furent davantage éparpillés dans tous les pays et arrivèrent aux extrémités [de la terre] et des îles lointaines. Un conflit se répandit dans le monde et les chemins de voyage furent rendus dangereux par les troupes [militaires]. L'étude de la Tôroh diminua et les Israélites n'entraient plus par milliers et par myriades dans leurs Yashivôth pour étudier, contrairement à avant.
ל  וְאַחַר בֵּית דִּינוֹ שֶׁלְּרָב אַשֵׁי, שֶׁחִבַּר הַתַּלְמוּד בִּימֵי בְּנוֹ וּגְמָרוֹ, נִתְפַּזְּרוּ יִשְׂרָאֵל בְּכָל הָאֲרָצוֹת פִּזּוּר יָתֵר, וְהִגִּיעוּ לַקְּצָווֹת וְלָאִיִּים הָרְחוֹקִים; וְרָבְתָה קְטָטָה בָּעוֹלָם, וְנִשְׁתַּבְּשׁוּ הַדְּרָכִים בִּגְיָסוֹת. וְנִתְמַעַט תַּלְמוּד תּוֹרָה, וְלֹא נִתְכַּנְּסוּ יִשְׂרָאֵל לִלְמֹד בִּישִׁיבוֹתֵיהֶם אֲלָפִים וּרְבָבוֹת כְּמוֹ שֶׁהָיוּ מִקֹּדֶם
Mais après que le tribunal de Rov `ashi eut composé le Talmoudh et l'eut achevé du temps de son fils : ce qui indique bien que le Talmoudh Bavli ne fut pas achevé par Rov `ashi, mais par son fils Mar bar Rov `ashi et Rov Yôsé plus de 70 ans après la mort de Rov `ashi.

Un conflit se répandit dans le monde et les chemins de voyage furent rendus dangereux par les troupes [militaires] : De ce fait, les Israélites du monde entier ne pouvaient plus se rendre en sécurité vers la Babylonie, qui était devenue le cœur stratégique de l'érudition religieuse depuis le commencement de l'exil en 135 de l’Ère Courante.
31. Les individus, les débris qu'HaShem avait appelés, se rassemblaient plutôt dans chaque ville et dans chaque pays, et s'occupaient dans la Tôroh et s'instruisaient dans tous les textes des Sages, et comprenaient d'eux la voie du jugement à suivre.
לא  אֵלָא מִתְקַבְּצִים יְחִידִים הַשְּׂרִידִים אֲשֶׁר ה' קוֹרֶא בְּכָל עִיר וְעִיר וּבְכָל מְדִינָה וּמְדִינָה, וְעוֹסְקִים בַּתּוֹרָה, וּמְבִינִים בְּחִבּוּרֵי הַחֲכָמִים כֻּלָּם, וְיוֹדְעִים מֵהֶם דֶּרֶךְ הַמִּשְׁפָּט הֵיאַךְ הוּא
Les individus, les débris qu'HaShem avait appelés : C'est-à-dire, les quelques-uns qui avaient l'érudition suffisante pour pouvoir étudier loin de la Babylonie..

et s'occupaient dans la Tôroh : S'occuper dans la Tôroh est une expression couramment employée dans la littérature juive, et qui signifie tout simplement étudier la Tôroh avec assiduité.

et s'instruisaient dans tous les textes des Sages, et comprenaient d'eux la voie du jugement à suivre : Ne pouvant plus se rendre en Babylonie, ces quelques érudits se contentaient donc d'étudier et d'apprendre à partir de tous les textes des Sages que nous avons précédemment cités.
32. Chaque tribunal qui fut établi après le Talmoudh, dans chaque pays, émit des décrets, des ordonnances ou des coutumes pour les habitants de son pays ou pour les habitants de [plusieurs pays]. Ces pratiques n'étaient pas adoptées par tous les Israélites, en raison de la distance entre leurs [lieux de] résidence et l'interruption des communications [entre eux], et [parce que] le tribunal d'un certain pays était individuel et que le Grand Tribunal de 70 [juges] avait été aboli plusieurs années avant la rédaction du Talmoudh.
לב  וְכָל בֵּית דִּין שֶׁעָמַד אַחַר הַתַּלְמוּד בְּכָל מְדִינָה וּמְדִינָה וְגָזַר אוֹ הִתְקִין אוֹ הִנְהִיג לִבְנֵי מְדִינָתוֹ, אוֹ לִבְנֵי מְדִינוֹת--לֹא פָשְׁטוּ מַעֲשָׂיו בְּכָל יִשְׂרָאֵל: מִפְּנֵי רֹחַק מוֹשְׁבוֹתֵיהֶם, וְשִׁבּוּשׁ הַדְּרָכִים; וֶהֱיוֹת בֵּית דִּין שֶׁלְּאוֹתָהּ הַמְּדִינָה יְחִידִים, וּבֵית דִּין הַגָּדוֹל שֶׁלְּשִׁבְעִים בָּטַל מִכַּמָּה שָׁנִים קֹדֶם חִבּוּר הַתַּלְמוּד
Chaque tribunal qui fut établi après le Talmoudh : C'est-à-dire, après que le Talmoudh fut achevé.

ou pour les habitants de [plusieurs pays] : Dans le cas où ce tribunal faisait autorité sur des communautés de différents pays. Par exemple, le tribunal du Ramba''m faisait autorité en Égypte, dans une grande partie du Maghreb, ainsi qu'au Yémen.

Ces pratiques n'étaient pas adoptées par tous les Israélites, en raison de la distance entre leurs [lieux de] résidence et l'interruption des communications [entre eux] : De ce fait, depuis que le Talmoudh a été scellé, différentes pratiques, coutumes, etc., se développèrent dans diverses communautés. Mais ces pratiques ne furent jamais universellement acceptées partout. C'est ainsi que les Témonim, les `ashkanazim, les Safaradhim et les Mizrahim ont des coutumes différentes dans de nombreux domaines, chacun suivant ses propres coutumes.

et [parce que] le tribunal d'un certain pays était individuel : C'est-à-dire, chaque tribunal n'avait autorité que sur les Israélites du pays où il était établi, mais pas au-delà (sauf dans le cas d'un tribunal établit sur plusieurs pays).

et que le Grand Tribunal de 70 [juges] avait été aboli plusieurs années avant la rédaction du Talmoudh : Le Sanhédhrin fut aboli en l'an 70, à la suite de la destruction du Béth Hammiqdhosh par les Romains, qui détruisirent également la Ville Sainte et envoyèrent les rabbins en exil, à Yavnah. Le tribunal de Yavnah fut à son tour détruit et aboli par les Romains en l'an 135, en raison de la défaite des hommes de Bar Kôzivo`, lors de la seconde révolte judéenne, qui amena les Romains à complètement raser la Terre Sainte et envoyer tous les Israélites dans l'exil dans lequel nous nous trouvons encore actuellement.

Ce que le Ramba''m veut donc nous dire est que depuis que nous n'avons plus de Sanhédhrin, non seulement plus aucun tribunal n'a d'autorité sur l'ensemble des Israélites, mais qu'en plus cela est la cause des divergences de pratiques et coutumes au sein du peuple d'Israël.

Nous voyons donc là encore l'importance du Sanhédhrin pour la foi israélite, car ce n'est qu'avec un Sanhédhrin légitime que nous serons à nouveau uniformes dans nos pratiques religieuses.
33. C'est pourquoi, les habitants d'un pays ne sont pas contraints d'adopter la pratique de [ceux d']un autre pays, et on ne demande pas à un tribunal d'approuver un décret qui aurait été émis par le tribunal d'un pays différent du sien. De même, si l'un des Ga`ônim dit que la voie du jugement est comme-ci ou comme-ça, alors qu'un tribunal établit juste après eux interprète que ce n'est pas la voie du jugement qui est consignée dans le Talmoudh, nous ne sommes pas contraints d'écouter la première [opinion]. Plutôt, chacun [agira] selon ce qui lui semblera être le plus exact entre leurs paroles, que ce soit la première [opinion] ou la dernière.
לג  לְפִיכָּךְ אֵין כּוֹפִין אַנְשֵׁי מְדִינָה זוֹ לִנְהֹג בְּמִנְהַג מְדִינָה אַחֶרֶת, וְאֵין אוֹמְרִין לְבֵית דִּין זֶה לִגְזֹר גְּזֵרָה שֶׁגְּזָרָהּ בֵּית דִּין אַחֵר בִּמְדִינָתוֹ. וְכֵן אִם לִמַּד אֶחָד מִן הַגְּאוֹנִים שֶׁדֶּרֶךְ הַמִּשְׁפָּט כָּךְ הוּא, וְנִתְבָּאַר לְבֵית דִּין אַחֵר שֶׁעָמַד אַחֲרָיו שְׁאֵין זֶה דֶּרֶךְ הַמִּשְׁפָּט הַכָּתוּב בַּתַּלְמוּד--אֵין שׁוֹמְעִין לָרִאשׁוֹן, אֵלָא לְמִי שֶׁהַדַּעַת נוֹטָה לִדְבָרָיו, בֵּין רִאשׁוֹן, בֵּין אַחֲרוֹן
C'est pourquoi, les habitants d'un pays ne sont pas contraints d'adopter la pratique de [ceux d']un autre pays, et on ne demande pas à un tribunal d'approuver un décret qui aurait été émis par le tribunal d'un pays différent du sien : Ainsi, à l'exception des lois établies dans le Talmoudh, aucune communauté n'a le pouvoir d'imposer quelque pratique ou coutume que ce soit à d'autres communautés, ou l'ensemble du peuple d'Israël.

De même, si l'un des Ga`ônim : Les Ga`ônim sont les rabbins qui sont venus juste après que le Talmoudh eut été complété. Leur période va plus ou moins de l'an 700 à l'an 1000.

dit que la voie du jugement est comme-ci ou comme-ça, alors qu'un tribunal établit juste après eux interprète que ce n'est pas la voie du jugement qui est consignée dans le Talmoudh, nous ne sommes pas contraints d'écouter la première [opinion] : Nous voyons donc que chaque fois que quelqu'un peut démontrer, Talmoudh à l'appui, que la pratique suivie par certains Juifs (même la majorité) n'est pas conforme à ce qui est dit dans le Talmoudh, quand bien même cette pratique aurait été approuvée par les Ga`ônim, qui sont venus juste après la conclusion du Talmoudh, nous n'avons pas l'obligation de suivre cette pratique. C'est ainsi que, par exemple, les Juifs de rite hispano-portugais rejettent bon nombre de pratiques, coutumes et prières qui ont été développées après la conclusion du Talmoudh.

Plutôt, chacun [agira] selon ce qui lui semblera être le plus exact entre leurs paroles, que ce soit la première [opinion] ou la dernière : Ainsi, aucun Israélite ne peut être condamné s'il refuse de suivre des pratiques qu'il n'estime pas valables aux yeux du Talmoudh, quand bien même ces pratiques seraient acceptées par l'écrasante majorité des Juifs.
34. Ces paroles32 [ne] s'appliquent [qu']aux Dinim33, Gazérôth, Taqqonôth et Minhoghôth qui ont été développés après la rédaction du Talmoudh. Mais toutes les choses qui se trouvent dans le Talmoudh Bavli, tous les Israélites ont l'obligation d'y adhérer. Nous devons contraindre chaque ville et chaque pays à adhérer à toutes les pratiques qui ont été pratiquées par les Sages qui sont [mentionnés] dans le Talmoudh, émettre des décrets qui [ressemblent] à leurs décrets, et marcher dans leurs ordonnances.
לד  וּדְבָרִים הַלָּלוּ, בְּדִינִים וּגְזֵרוֹת וְתַקָּנוֹת וּמִנְהָגוֹת שֶׁנִּתְחַדְּשׁוּ אַחַר חִבּוּר הַתַּלְמוּד. אֲבָל כָּל הַדְּבָרִים שֶׁבַּתַּלְמוּד הַבַּבְלִי, חַיָּבִין כָּל בֵּית יִשְׂרָאֵל לָלֶכֶת בָּהֶם; וְכוֹפִין כָּל עִיר וְעִיר וְכָל מְדִינָה וּמְדִינָה לִנְהֹג בְּכָל הַמִּנְהָגוֹת שֶׁנָּהֲגוּ חֲכָמִים שֶׁבַּתַּלְמוּד, וְלִגְזֹר גְּזֵרוֹתָם וְלָלֶכֶת בְּתַקָּנוֹתָם
Mais toutes les choses qui se trouvent dans le Talmoudh Bavli, tous les Israélites ont l'obligation d'y adhérer : Le Ramba''m ne mentionne ici que le Talmoudh Bavli, parce qu'il est plus développé et détaillé que le Talmoudh Yaroushlami, et contient également beaucoup plus de paraboles et enseignements moraux nous permettant de bien comprendre les Miswôth et traditions. Néanmoins, lorsqu'il y a une divergence d'opinion dans le Talmoudh Bavli, alors que ce n'est pas le cas dans le Talmoudh Yaroushlami, nous suivons alors le Talmoudh Yaroushlami. De nombreuses règles mentionnées dans le Mishnéh Tôroh sont basées sur le Yaroushlami plutôt que le Bavli.

Nous devons contraindre chaque ville et chaque pays à adhérer à toutes les pratiques qui ont été pratiquées par les Sages qui sont [mentionnés] dans le Talmoudh, émettre des décrets qui [ressemblent] à leurs décrets, et marcher dans leurs ordonnances : Puisque tous les décrets des Sages du Talmoudh furent acceptés par l'ensemble du peuple d'Israël.

Lorsqu'on croit fermement en la Tôroh de HaZa''l et dans le fait qu'ils furent les meilleurs juges et rabbins qui soit, j'estime que nous ne pouvons tout simplement pas accepter d'adhérer à des pratiques qui vont à l'encontre de ce que les Sages du Talmoudh ont dit. En outre, la soumission aux Sages du Sanhédhrin est l'une des 613 Miswôth de la Tôroh, et non pas la soumission aux rabbins venus après l'ère talmudique. Que l'on me comprenne bien : les rabbins de notre temps ont leur utilité, car ils peuvent nous guider dans des sujets difficiles, nous indiquer la règle à suivre dans certaines situations, et nous éclairer sur la bonne compréhension des textes de la Tôroh et de la Halokhoh. Mais ils n'ont pas l'autorité et le pouvoir d'émettre des règles contradictoires de celles stipulées dans la Tôroh et le Talmoudh, ni de contraindre qui que ce soit à adhérer à ce qu'ils disent lorsqu'il est possible de démontrer que talmudiquement parlant, leurs paroles peuvent être remises en doute. Les lois de la Tôroh Écrite et Orale sont éternelles. Changer ces lois ou les abolir afin de les remplacer par d'autres, cela équivaut à renier l'un des treize principes de foi, qui stipule que nous croyons d'une foi parfaite que la Tôroh qui est en notre possession est la véritable Tôroh et qu'HaShem ne l'abrogera ou ne la remplacera jamais par une autre !
35. C'est parce que toutes les choses contenues dans le Talmoudh furent acceptées par tous les Israélites. Et ces Sages qui ont émis des ordonnances, ou des décrets, ou des coutumes, ou des règles, et ont enseigné le jugement de telle ou telle situation, représentaient tous les sages d'Israël, ou [du moins,] leur majorité. Ils ont reçu la Qabboloh34 concernant les fondements de l'intégralité de la Tôroh, chaque homme de la bouche d'un [autre homme], jusqu'à Môshah Rabbénou.
לה  הוֹאִיל וְכָל אוֹתָן הַדְּבָרִים שֶׁבַּתַּלְמוּד הִסְכִּימוּ עֲלֵיהֶם כָּל יִשְׂרָאֵל, וְאוֹתָן הַחֲכָמִים שֶׁהִתְקִינוּ אוֹ שֶׁגָּזְרוּ אוֹ שֶׁהִנְהִיגוּ אוֹ שֶׁדָּנוּ דִּין וְלִמְּדוּ שֶׁהַמִּשְׁפָּט כָּךְ הוּא הֶם כָּל חַכְמֵי יִשְׂרָאֵל אוֹ רֻבָּן, וְהֶם שֶׁשָּׁמְעוּ הַקַּבָּלָה בְּעִיקְרֵי הַתּוֹרָה כֻּלָּהּ, אִישׁ מִפִּי אִישׁ עַד מֹשֶׁה רַבֵּנוּ
Le Ramba''m explique donc ici les différences fondamentales entre les Sages du Talmoudh, et plus particulièrement ceux du Sanhédhrin, et tous les autres sages et rabbins venus après. Voilà pourquoi ils sont et doivent rester nos plus grandes autorités religieuses.
36. Tous les Sages qui se sont levés après la composition du Talmoudh et l'ont compris, et qui se sont faits une réputation par leur sagesse, sont ceux que l'on appelle « Ga`ônim ». Tous ces Ga`ônim qui se levèrent en `aras Yisro`él, en Espagne et en France, enseignèrent la voie du Talmoudh, firent ressortirent la lumière qu'il renferme et expliquèrent ses thèmes, étant donné que la méthode d'expression [du Talmoudh] est très profonde. En outre, [il a été composé] dans un dialecte araméen mélangé à d'autres langues, car cette langue était comprise par tous à Shin´or, à l'époque où fut composé le Talmoudh. Mais dans d'autres lieux, tout comme à Shin´or du temps des Ga`ônim, aucun homme ne pouvait comprendre cette langue, à moins de l'avoir apprise.
לו  כָּל הַחֲכָמִים שֶׁעָמְדוּ אַחַר חִבּוּר הַתַּלְמוּד וּבָנוּ בּוֹ, וְיָצָא לָהֶם שֵׁם בְּחָכְמָתָם--הֶם הַנִּקְרָאִים גְּאוֹנִים. וְכָל אֵלּוּ הַגְּאוֹנִים שֶׁעָמְדוּ בְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל וּבְאֶרֶץ שִׁנְעָר וּבִסְפָרַד וּבְצָרְפַת לִמְּדוּ דֶּרֶךְ הַתַּלְמוּד וְהוֹצִיאוּ לָאוֹר תַּעֲלוּמוֹתָיו וּבֵאֲרוּ עִנְיָנָיו, לְפִי שֶׁדֶּרֶךְ עֲמוּקָה דַּרְכּוֹ עַד לִמְאוֹד. וְעוֹד שְׁהוּא בִּלְשׁוֹן אֲרַמִּי מְעֹרָב עִם לְשׁוֹנוֹת אֲחֵרוֹת, לְפִי שֶׁאוֹתָהּ הַלָּשׁוֹן הָיְתָה בְּרוּרָה לַכֹּל בְּשִׁנְעָר בָּעֵת שֶׁחֻבַּר הַתַּלְמוּד; אֲבָל בִּשְׁאָר הַמְּקוֹמוֹת וְכֵן בְּשִׁנְעָר בִּימֵי הַגְּאוֹנִים, אֵין אָדָם מַכִּיר אוֹתָהּ לָשׁוֹן עַד שֶׁמְּלַמְּדִים אוֹתוֹ
Tous les Sages qui se sont levés après la composition du Talmoudh et l'ont compris, et qui se sont faits une réputation par leur sagesse, sont ceux que l'on appelle « Ga`ônim » : Le terme גְּאוֹנִים « Ga`ônim » est le pluriel de גָּאוֹן « Go`ôn », qui signifie « génie » ou « celui qui excelle ».

Tous ces Ga`ônim qui se levèrent en `aras Yisro`él, en Espagne et en France enseignèrent la voie du Talmoudh, firent ressortirent la lumière qu'il renferme et expliquèrent ses thèmes, étant donné que la méthode d'expression [du Talmoudh] est très profonde : Ce qui est dit dans le Talmoudh n'est pas toujours compréhensible. Par conséquent, il ne suffit pas seulement d'avoir lu le Talmoudh pour le comprendre.

En outre, [il a été composé] dans un dialecte araméen mélangé à d'autres langues : En effet, l'araméen employé pour rédiger le Talmoudh n'est pas un araméen pur, mais un mélange d'araméen et de beaucoup d'autres langues, comme l'hébreu, le perse, le grec, le syriaque, etc.

car cette langue était comprise par tous à Shin´or : La ville où fut composé le Talmoudh.

Mais dans d'autres lieux, tout comme à Shin´or du temps des Ga`ônim, aucun homme ne pouvait comprendre cette langue, à moins de l'avoir apprise : Donc, là encore, il ne suffit pas de lire le Talmoudh pour le comprendre, car non seulement le Talmoudh contient des enseignements qui ne sont pas toujours facilement compréhensibles, mais il fut en plus rédigé dans une langue que très peu d'Israélites maîtrisent. À moins d'avoir appris ce dialecte particulier employé dans le Talmoudh, il est impossible de prétendre savoir ce qu'il contient. Et c'est cela qui faisait le génie des Ga`ônim : ils connaissaient cette langue particulière et furent donc capables d'expliquer et donner des enseignements sur le Talmoudh.

Dans son introduction au Séfar Hammiswôth, le Ramba''m explique que s'il a fait le choix de rédiger son Mishnéh Tôroh en hébreu mishnaïque, plutôt qu'en araméen, c'était précisément afin de le rendre compréhensible même pour l'Israélite moyen.
37. De nombreuses questions étaient soumises par les habitants de chaque ville à chaque Go`ôn qui vivait à leur époque, afin que leur soient expliquées des choses compliquées contenues dans le Talmoudh. Et ils leur répondaient en fonction de leur sagesse. Ceux qui avaient soumis les questions rassemblèrent les Tashouvôth et en firent des livres afin de comprendre [le Talmoudh] par leur intermédiaire.
לז  וּשְׁאֵלוֹת רַבּוֹת שׁוֹאֲלִין אַנְשֵׁי כָּל עִיר וְעִיר לְכָל גָּאוֹן שֶׁיִּהְיֶה בִּימֵיהֶם לְפָרַשׁ לָהֶם דְּבָרִים קָשִׁים שֶׁבַּתַּלְמוּד, וְהֶם מְשִׁיבִים לָהֶם כְּפִי חָכְמָתָם; וְאוֹתָן הַשּׁוֹאֲלִין מְקַבְּצִין הַתְּשׁוּבוֹת, וְעוֹשִׂין מֵהֶן סְפָרִים לְהָבִין מֵהֶם
De nombreuses questions étaient soumises par les habitants de chaque ville à chaque Go`ôn qui vivait à leur époque, afin que leur soient expliquées des choses compliquées contenues dans le Talmoudh : Ces interrogations se faisaient via des lettres que l'on appelle שְׁאֵלוֹת « Sha`élôth ».

Et ils leur répondaient en fonction de leur sagesse : Ces réponses données par les Ga`ônim aux questions qui leur étaient soumises sont appelées תְּשׁוּבוֹת « Tashouvôth » ou « Responsa ».
38. Les Ga`ônim de chaque génération composèrent aussi des textes pour expliquer le Talmoudh, dont certains [ne] commentaient [que] des Halokhôth particulières, alors que d'autres commentaient des chapitres particuliers [du Talmoudh] qui causaient des difficultés à leurs époques, tandis que d'autres commentaient des Massakhtôth et des Sadhorim [entiers].
לח  גַּם חִבְּרוּ הַגְּאוֹנִים שֶׁבְּכָל דּוֹר וָדוֹר, חִבּוּרִין לְבָאַר הַתַּלְמוּד: מֵהֶם מִי שֶׁפֵּרַשׁ הֲלָכוֹת יְחִידוֹת, וּמֵהֶם מִי שֶׁפֵּרַשׁ פְּרָקִים יְחִידִים שֶׁנִּתְקַשּׁוּ בְּיָמָיו, וּמֵהֶם מִי שֶׁפֵּרַשׁ מַסֶּכְתּוֹת וּסְדָרִים
tandis que d'autres commentaient des chapitres particuliers [du Talmoudh] qui causaient des difficultés à leurs époques : Car extrêmement compliqués à comprendre.

tandis que d'autres commentaient des Massakhtôth et des Sadhorim [entiers] : Le Talmoudh est divisé en six Sadhorim (ordres) étant chacun divisé en de nombreuses Massakhtôth (traités) traitant chacun de sujets différents et particuliers.
39. En outre, ils composèrent des Halokhôth Pasouqôth dans le domaine de l'interdit, du permis, de la culpabilité, de l'innocence, dans des sujets nécessaires à leurs [époques], de façon à ce qu'ils soient accessibles à l'intelligence de quiconque n'était pas capable de comprendre les enseignements profonds du Talmoudh. C'est là l’œuvre d'HaShem qui fut réalisée par tous les Ga`ônim [du peuple] d'Israël, depuis le jour de la rédaction du Talmoudh jusqu'à cette époque-ci, qui est la 1108ème année après la destruction [du Béth Hammiqdhosh].
לט  וְעוֹד חִבְּרוּ הֲלָכוֹת פְּסוּקוֹת, בְּעִנְיַן הָאָסוּר וְהַמֻּתָּר וְהַחַיָּב וְהַפָּטוּר, בִּדְבָרִים שֶׁהַשָּׁעָה צְרִיכָה לָהֶם, כְּדֵי שֶׁיִּהְיוּ קְרוֹבִין לְמַדַּע מִי שְׁאֵינוּ יָכוֹל לֵירַד לְעָמְקוֹ שֶׁלַּתַּלְמוּד. וְזוֹ הִיא מְלֶאכֶת ה' שֶׁעָשׂוּ בָּהּ כָּל גְּאוֹנֵי יִשְׂרָאֵל, מִיּוֹם שֶׁחֻבַּר הַתַּלְמוּד וְעַד זְמָן זֶה, שְׁהוּא שָׁנָה שְׁמִינִית אַחַר מֵאָה וְאֶלֶף לְחָרְבָּן
En outre, ils composèrent des Halokhôth Pasouqôth : Ce terme désigne des décisions légales prises concernant des sujets nouveaux de chaque époque. Étant donné que le monde et la société évoluent, dans chaque génération se posent des questions et se créent des problèmes qui n'existaient pas ou ne se posaient pas avant. Les Ga`ônim composèrent des textes qui traitaient des questions nouvelles de leurs époques.

dans le domaine de l'interdit, du permis, de la culpabilité, de l'innocence, dans des sujets nécessaires à leurs [époques] : Dans son introduction à son « Commentaire sur la Mishnoh », le Ramba''m mentionne certains de ces textes : Halokhôth Gadhôlôth, Halokhôth Pasouqôth, Sha`ithôth DaRov `aho`y Go`ôn, ou encore Halokhôth DaRov Yishoq `alfasî.

C'est là l’œuvre d'HaShem qui fut réalisée par tous les Ga`ônim [du peuple] d'Israël, depuis le jour de la rédaction du Talmoudh jusqu'à cette époque-ci, qui est la 1108ème année après la destruction [du Béth Hammiqdhosh] : Cela nous indique donc que le Ramba''m commença la rédaction du Mishnéh Tôroh en l'an 1177 de l’Ère Courante, qui correspond à 1108 ans après la destruction du Béth Hammiqdhosh. Mais il mit de très nombreuses années à l'achever, d'autant plus qu'il le corrigea à de nombreuses reprises.
40. Dans cette époque-ci, nous sommes confrontés à des difficultés supplémentaires, la pression est ressentie par tous, la sagesse de nos sages s'est perdue, et le discernement de nos intellectuels s'est caché. C'est pourquoi, ces commentaires, Tashouvôth et Halokhôth que les Ga`ônim composèrent et qui sont considérés comme des choses ayant été expliquées, sont devenus difficiles [à comprendre] à notre époque, et ce dont ils ont traité n'est plus compris que par un très petit nombre [d'individus]. Et il est inutile de dire [que ce problème de compréhension concerne également] le Talmoudh lui-même, le Bavli et le Yaroushlami, le Sifro`, le Sifré et les Tôsaftôth, qui nécessitent une connaissance large, un esprit sage et beaucoup de temps, et seulement alors il est possible de comprendre de ces [textes] la voie correcte dans les domaines des interdits, des permissions, et le reste des règles de la Tôroh.
מ  וּבַזְּמָן הַזֶּה תָּכְפוּ צָרוֹת יְתֵרוֹת, וְדָחֲקָה שָׁעָה אֶת הַכֹּל, וְאָבְדָה חָכְמַת חֲכָמֵינוּ, וּבִינַת נְבוֹנֵינוּ נִסְתַּתְּרָה; לְפִיכָּךְ אוֹתָן הַפֵּרוּשִׁין וְהַתְּשׁוּבוֹת וְהַהֲלָכוֹת שֶׁחִבְּרוּ הַגְּאוֹנִים, וְרָאוּ שְׁהֶם דְּבָרִים מְבֹאָרִים, נִתְקַשּׁוּ בְּיָמֵינוּ, וְאֵין מֵבִין עִנְיְנֵיהֶם כָּרָאוּי אֵלָא מְעַט בְּמִסְפָּר. וְאֵין צָרִיךְ לוֹמַר, הַתַּלְמוּד עַצְמוֹ: הַבַּבְלִי, וְהַיְּרוּשְׁלְמִי, וְסִפְרָא, וְסִפְרֵי, וְהַתּוֹסֶפְתּוֹת--שְׁהֶן צְרִיכִין דַּעַת רְחָבָה וְנֶפֶשׁ חֲכָמָה וּזְמָן אָרוּךְ, וְאַחַר כָּךְ יִוָּדַע מֵהֶן הַדֶּרֶךְ הַנְּכוֹחָה בַּדְּבָרִים הָאֲסוּרִין וְהַמֻּתָּרִין וּשְׁאָר דִּינֵי תּוֹרָה הֵיאַךְ הִיא
Dans cette époque-ci, nous sommes confrontés à des difficultés supplémentaires : Comme par exemple les expulsions et les pogroms, auxquels les Juifs étaient confrontés à l'époque du Ramba''m, et qui les empêchaient donc d'étudier sereinement et librement ou de vivre pleinement leur foi.

la pression est ressentie par tous : Le Ramba''m parle ici de la pression économique. Les Juifs vivaient dans une misère terrible dans bon nombre des pays de cette époque-là.
41. C'est pour cela que je ceints mes reins, moi, Môshah, le fils de Ribbi Maymôn l'Espagnol. Je me suis appuyé sur le Rocher, béni soit-Il, je me suis plongé dans tous ces livres, et j'ai estimé approprié de composer [un livre] des choses que l'on peut déduire de ces textes dans le domaine de l'interdit et du permis, du pur et de l'impur, et le reste des règles de la Tôroh, tout cela dans un langage clair et d'une façon concise, jusqu'à ce que l'intégralité de la Tôroh orale soit organisée dans la bouche de tout à chacun, sans question, ni objection, sans que celui-ci dise ceci et que celui-là dise cela. [Ce texte offrira] plutôt des paroles claires, définitives et exactes, d'après le jugement qui aura été déduit de tous ces textes et explications disponibles depuis les jours de Rabbénou Haqqodhôsh jusqu'à maintenant.
מא  וּמִפְּנֵי זֶה נָעַרְתִּי חָצְנִי, אֲנִי מֹשֶׁה בֵּירִבִּי מַיְמוֹן הַסְּפָרַדִּי, וְנִשְׁעַנְתִּי עַל הַצּוּר בָּרוּךְ הוּא, וּבִינוֹתִי בְּכָל אֵלּוּ הַסְּפָרִים; וְרָאִיתִי לְחַבַּר דְּבָרִים הַמִּתְבָּרְרִים מִכָּל אֵלּוּ הַחִבּוּרִין, בְּעִנְיַן הָאָסוּר וְהַמֻּתָּר וְהַטָּמֵא וְהַטָּהוֹר עִם שְׁאָר דִּינֵי תּוֹרָה: כֻּלָּן בְּלָשׁוֹן בְּרוּרָה וְדֶרֶךְ קְצָרָה, עַד שֶׁתְּהֶא תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה כֻּלָּהּ סְדוּרָה בְּפִי הַכֹּל--בְּלֹא קֻשְׁיָה וְלֹא פֵּרוּק, וְלֹא זֶה אוֹמֵר בְּכֹה וְזֶה אוֹמֵר בְּכֹה, אֵלָא דְּבָרִים בְּרוּרִים קְרוֹבִים נְכוֹנִים, עַל פִּי הַמִּשְׁפָּט אֲשֶׁר יִתְבָּאַר מִכָּל אֵלּוּ הַחִבּוּרִין וְהַפֵּרוּשִׁין הַנִּמְצָאִים מִיְּמוֹת רַבֵּנוּ הַקָּדוֹשׁ וְעַד עַכְשָׁו
C'est pour cela que je ceints mes reins : Une expression qui signifie « J'ai décidé d'agir ». Le Ramba''m donne à présent les raisons qui l'ont poussé à rédiger le Mishnéh Tôroh.

Après avoir constaté ce qu'il a mentionné dans la Halokhoh 40, il a estimé que l'heure était venue de composer un texte qui expliquerait en détails les Halokhôth talmudiques et géoniques, et qui serait rédigé dans une langue accessible au plus grand nombre, et non dans une langue que seules quelques élites pouvaient comprendre, démocratisant ainsi l'étude de la Halokhoh.

jusqu'à ce que l'intégralité de la Tôroh orale soit organisée dans la bouche de tout à chacun : C'est-à-dire, que la Tôroh orale soit connue de tous, d'une manière parfaite.

sans question, ni objection : Étant donné que le Talmoudh contient de nombreux débats entre les Sages et les Rabbins, il n'est pas toujours évident de savoir quelle est la conclusion de ces débats et la règle à suivre. Nous ne pouvons pas toujours savoir, rien qu'en lisant le Talmoudh quelle est l'opinion acceptée et laquelle est rejetée. C'est pourquoi, le Ramba''m composa le Mishnéh Tôroh, pour indiquer, sans débat, ni confusion, quelle est la règle à suivre. En d'autres mots, c'est un texte qui va droit au but, sans détour.

sans que celui-ci dise ceci et que celui-là dise cela : Étant donné que le Mishnéh Tôroh est un texte qui ne se base que sur la Halokhoh talmudique et géonique, il a pour objectif de gommer les différences de coutumes et de pratiques existantes entre les différentes communautés juives à travers le monde, de façon à ce que, si l'on ne s'appuie que sur le Mishnéh Tôroh, on ne pourra plus dire « Telle communauté agit ainsi, alors qu'une autre agit autrement ».

Le Mishnéh Tôroh est donc un texte qui se veut fédérateur, et dont le but est d'unifier l'ensemble du peuple juif, puisqu'il ne se base pas sur des pratiques personnelles ou des différences d'approches, ni encore sur des coutumes, mais uniquement sur le Talmoudh, dont la Halokhoh est censée être acceptée de tout le monde, ainsi que sur les écrits des Ga`ônim, qui furent les successeurs directs des Sages du Talmoudh. En se fédérant autours d'un livre de Halokhoh unique qui ne s'intéresse pas aux coutumes familiales et communautaires mais uniquement à la Halokhoh talmudique et géonique, à savoir, le Mishnéh Tôroh, il n'y a donc plus de différences entre Safaradhim, `ashkanazim, Témonim ou Mizrahim, car le Talmoudh devient alors la seule référence, dont les lois sont mises en application à la lumière des explications du Ramba''m.
42. [Ce texte sera lu] jusqu'à ce que toutes les règles soient révélées au petit comme au grand dans l'application de chaque Miswoh et dans l'application de toutes les choses qu'ont décrétées les Sages et les Prophètes. Pour résumer : [ce texte a été composé] afin qu'un homme n'ait plus jamais besoin d'un autre texte concernant l'application des règles d'Israël. Ce texte sera plutôt un rassemblement de l'intégralité de la Tôroh orale, avec les Taqqonôth, les Minhoghôth et les Gazérôth qui étaient d'application depuis les jours de Môshah Rabbénou jusqu'à la rédaction du Talmoudh, et selon ce qui nous a été expliqué par les Ga`ônim dans tous leurs textes, qu'ils composèrent après le Talmoudh. C'est pour cela que j'ai donné à ce texte le nom de « Mishnéh Tôroh », parce que l'homme doit d'abord lire la Tôroh écrite, et seulement après lire ceci. Et il n'aura pas besoin de lire un autre livre entre les deux.
מב  עַד שֶׁיִּהְיוּ כָּל הַדִּינִין גְּלוּיִין לַקָּטָן וְלַגָּדוֹל בְּדִין כָּל מִצְוָה וּמִצְוָה, וּבְדִין כָּל הַדְּבָרִים שֶׁתִּקְּנוּ חֲכָמִים וּנְבִיאִים: כְּלָלוֹ שֶׁלַּדָּבָר, כְּדֵי שֶׁלֹּא יְהֶא אָדָם צָרִיךְ לְחִבּוּר אַחֵר בָּעוֹלָם בְּדִין מִדִּינֵי יִשְׂרָאֵל; אֵלָא יִהְיֶה חִבּוּר זֶה מְקַבֵּץ לְתוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה כֻּלָּהּ, עִם הַתַּקָּנוֹת וְהַמִּנְהָגוֹת וְהַגְּזֵרוֹת שֶׁנַּעֲשׂוּ מִיְּמוֹת מֹשֶׁה רַבֵּנוּ וְעַד חִבּוּר הַתַּלְמוּד, וּכְמוֹ שֶׁפֵּרְשׁוּ לָנוּ הַגְּאוֹנִים בְּכָל חִבּוּרֵיהֶן, שֶׁחִבְּרוּ אַחַר הַתַּלְמוּד. לְפִיכָּךְ קָרָאתִי שֵׁם חִבּוּר זֶה מִשְׁנֵה תּוֹרָה--לְפִי שֶׁאָדָם קוֹרֶא תּוֹרָה שֶׁבִּכְתָב תְּחִלָּה, וְאַחַר כָּךְ קוֹרֶא בְּזֶה, וְיוֹדֵעַ מִמֶּנּוּ תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה כֻּלָּהּ, וְאֵינוּ צָרִיךְ לִקְרוֹת סֵפֶר אַחֵר בֵּינֵיהֶם
Ce texte sera plutôt un rassemblement de l'intégralité de la Tôroh orale, avec les Taqqonôth, les Minhoghôth et les Gazérôth qui étaient d'application depuis les jours de Môshah Rabbénou jusqu'à la rédaction du Talmoudh : Car ce ne sont que ces lois-là qui sont contraignantes sur l'ensemble du peuple d'Israël, comme cela a été dit plus haut. Les seules coutumes et pratiques s'étant développées après la rédaction du Talmoudh qui seront mentionnées dans le Mishnéh Tôroh sont celles qui ont été adopté par l'ensemble du peuple d'Israël à travers le monde, ce que le Ramba''m appellera dans le Mishnéh Tôroh מִנְהָג פַּשׁוּט « Minhogh Pashout ».

C'est l'un des points qui fait du Mishnéh Tôroh le texte ultime, car contrairement à tous les autres textes de Halokhoh, le Ramba''m essaie de ne se focaliser que sur la Halokhoh talmudique, et met de côté toutes les différences culturelles des Juifs. Il n'a pas composé un livre destiné aux Safaradhim, contrairement à Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל (qui a composé le Shoulhon ´oroukh pour la communauté séfarade), ni destiné aux `ashkanazim, contrairement à Rabbi Môshah `issarlès ז״ל (qui a commenté le Shoulhon ´oroukh pour la communauté ashkénaze), ni destiné aux Hasidhim, contrairement à Rabbi Shné`our Zalman de Lyiadi ז״ל (qui a rédigé le Shoulhon ´oroukh Horov pour la communauté Hassidique). Tous ces rabbins ont composé des livres de Halokhoh qui étaient avant tout centrés sur les particularités des communautés auxquelles ils appartenaient, sans nécessairement prendre en compte l'avis du Talmoudh, faisant souvent primer la coutume sur la Halokhoh. Voilà pourquoi, plus haut, le Ramba''m a rappelé qu'il était originaire d'Espagne : pour nous indiquer que malgré son origine et les coutumes dont il a héritées en Espagne, il a fait le choix de mettre de côté les coutumes communautaires et culturelles, pour n'accomplir que la Halokhoh talmudique. Et c'est pour cela que le Ramba''m a su être à la tête d'une communauté qui allait de l’Égypte au Yémen, car avec le Ramba''m, l'origine ne compte plus lorsqu'on ne fait que ce que demande de faire le Talmoudh !

C'est pour cela que j'ai donné à ce texte le nom de « Mishnéh Tôroh » : Qui signifie « Deuxième Tôroh ».

parce que l'homme doit d'abord lire la Tôroh écrite, et seulement après lire ceci : D'où le nom de « Mishnéh Tôroh », car il doit devenir le livre le plus important après la Tôroh, en matière de Halokhoh.

Et il n'aura pas besoin de lire un autre livre entre les deux : Car, rien qu'avec la Tôroh écrite et le Mishnéh Tôroh, il saura quelles sont ses obligations religieuses et comment les accomplir dans les moindre détails.
43. J'ai estimé approprié de diviser ce texte en Halokhôth pour chaque sujet, et je diviserai les Halokhôth en chapitres dans le contexte de chaque sujet. Je diviserai chaque chapitre en petites Halokhôth, afin qu'elles puissent être ordonnées par cœur.
מג  וְרָאִיתִי לְחַלַּק חִבּוּר זֶה הֲלָכוֹת הֲלָכוֹת בְּכָל עִנְיָן וְעִנְיָן, וַאֲחַלַּק הַהֲלָכוֹת לִפְרָקִים שֶׁבְּאוֹתוֹ עִנְיָן; וְכָל פֵּרֶק וּפֵרֶק אֲחַלַּק אוֹתוֹ לַהֲלָכוֹת קְטַנּוֹת, כְּדֵי שֶׁיִּהְיוּ סְדוּרִין עַל פֶּה
J'ai estimé approprié de diviser ce texte en Halokhôth pour chaque sujet : Par exemple, lorsqu'il traitera du sujet de la repentance, il classera les lois qui s'y rapportent dans les « Hilkôth Tashouvoh », à savoir, les lois relatives à la repentance. Les « Halokhôth » doivent donc être comprises ici dans le sens de « sections ». Chaque section représente un sujet particulier, exactement comme pour la Mishnoh du Talmoudh, qui est divisée en « Massakhtôth » (traités) qui traitent chacune d'un sujet en particulier.

Je diviserai chaque chapitre en petites Halokhôth, afin qu'elles puissent être ordonnées par cœur : Le Ramba''m a fait l'effort de rédiger chaque point de Halokhoh d'une manière concise, mais claire, de façon à ce que l'on puisse apprendre à facilement mémoriser chaque Halokhoh, et connaître ainsi toute la Tôroh orale par cœur, exactement comme pour la Mishnoh, qui fut rédigée de façon concise pour que chaque règle puisse aisément être mémorisée. Nous voyons donc que le Ramba''m s'est fortement appuyé sur la structure et la méthodologie de la Mishnoh pour composer son Mishnéh Tôroh.
44. Ces Halokhôth qui [seront traitées] dans chaque sujet : certaines d'entre elles sont des Halokhôth qui dictent les règles d'!une seule Miswoh. Il s'agira alors d'une Miswoh qui englobe de nombreuses traditions et qui fait l'objet d'un sujet à elle seule. Et certaines d'entre elles sont des Halokhôth qui contiennent les règles de plusieurs Miswôth, si ces Miswôth peuvent être inclues dans un même sujet, car j'ai divisé ce texte en fonction des sujets, et non en fonction du nombre des Miswôth, comme cela deviendra clair pour celui qui le lit.
מד  אֵלּוּ הַהֲלָכוֹת שֶׁבְּכָל עִנְיָן וְעִנְיָן--יֵשׁ מֵהֶן הֲלָכוֹת שְׁהֶן מִשְׁפְּטֵי מִצְוָה אַחַת בִּלְבָד, וְהִיא הַמִּצְוָה שֶׁיֵּשׁ בָּהּ דִּבְרֵי קַבָּלָה הַרְבֵּה וְהִיא עִנְיָן בִּפְנֵי עַצְמוֹ; וְיֵשׁ מֵהֶן הֲלָכוֹת שְׁהֶן כּוֹלְלִין מִשְׁפְּטֵי מִצְווֹת הַרְבֵּה, אִם יִהְיוּ אוֹתָן הַמִּצְווֹת כֻּלָּן בְּעִנְיָן אֶחָד: מִפְּנֵי שֶׁחִלּוּק חִבּוּר זֶה הוּא לְפִי הָעִנְיָנִים לֹא לְפִי מִנְיַן הַמִּצְווֹת, כְּמוֹ שֶׁיִּתְבָּאַר לַקּוֹרֶא בּוֹ
certaines d'entre elles sont des Halokhôth qui dictent les règles d'!une seule Miswoh. Il s'agira alors d'une Miswoh qui englobe de nombreuses traditions et qui fait l'objet d'un sujet à elle seule : Comme par exemple les Hilkôth Sisith, qui ne traiteront de rien d'autre que les lois relatives aux Sisith.

Et certaines d'entre elles sont des Halokhôth qui contiennent les règles de plusieurs Miswôth, si ces Miswôth peuvent être inclues dans un même sujet : Comme par exemple les Hilkôth `isouré Bi`oh, qui ne traitent pas seulement des lois relatives aux relations sexuelles interdites, mais également des Lois Noahides et de bon nombre d'autres choses, qui sont, d'une manière ou d'une autre, liées au sujet des relations sexuelles interdites (puisqu'un/une Israélite a également l'interdiction d'avoir des relations sexuelles avec un/une Noahide, par exemple).

car j'ai divisé ce texte en fonction des sujets, et non en fonction du nombre des Miswôth : Il n'y aura donc pas une section pour chacune des 613 Miswôth de la Tôroh, mais plutôt une section pour chaque sujet dans lequel peuvent être classées chacune des 613 Miswôth.

comme cela deviendra clair pour celui qui le lit : Dans son introduction au Séfar Hammiswôth, le Ramba''m explique qu'il a fait le choix de procéder ainsi, afin que le lecteur puisse toujours avoir à l'esprit le sujet commun des Halokhôth qu'il lit.
45. Le nombre des Miswôth de la Tôroh qui s'appliquent aux générations est de 613 Miswôth. Parmi elles, [il y a] des Miswôth ´aséh, [au nombre de] 248. Elles sont une allusion au nombre de membres [composant] le corps humain. Et parmi elles, [il y a aussi] des Miswôth Lô` Tha´asah, [au nombre de] 365. Elles sont une allusion au nombre des jours d'une année solaire.
מה  וּמִנְיַן מִצְווֹת שֶׁלַּתּוֹרָה הַנּוֹהֲגוֹת לְדוֹרוֹת, שֵׁשׁ מֵאוֹת וּשְׁלוֹשׁ עֶשְׂרֵה מִצְווֹת: מֵהֶן מִצְווֹת עֲשֵׂה מָאתַיִם שְׁמוֹנֶה וְאַרְבָּעִים, סִימָן לָהֶן מִנְיַן אֵבָרָיו שֶׁלָּאָדָם; וּמֵהֶן מִצְווֹת לֹא תַעֲשֶׂה שְׁלוֹשׁ מֵאוֹת חָמֵשׁ וְשִׁשִּׁים, סִימָן לָהֶן מִנְיַן יְמוֹת הַחַמָּה
Parmi elles, [il y a] des Miswôth ´aséh : Littéralement, cela signifie « des commandement tu feras ». Cette expression désigne des commandements positifs. Ils sont appelés « positifs », car ils stipulent ce qu'il faut faire. Par exemple, honorer ses parents est un commandement positif.

[au nombre de] 248. Elles sont une allusion au nombre de membres [composant] le corps humain : Dans son Séfar Hammiswôth, le Ramba''m cite le Midhrosh Tanhoumo`35 qui, faisant un lien entre les 248 Miswôth ´aséh et les 248 organes du corps humain, déclare que c'est comme si chaque organe du corps disait « Accomplis une Miswoh avec moi ! ».

Et parmi elles, [il y a aussi] des Miswôth Lô` Tha´asah : Littéralement, cela signifie « des commandements tu ne feras pas ». Cette expression désigne des commandements négatifs. Ils sont appelés « négatifs », car ils stipulent ce qu'il ne faut pas faire. Par exemple, ne pas manger de porc est un commandement négatif.

[au nombre de] 365. Elles sont une allusion au nombre des jours d'une année solaire : Dans son Séfar Hammiswôth, le Ramba''m cite le Midhrosh Tanhoumo`36 qui, faisant un lien entre les 365 Miswôth Lô` Ta'asèh et les 365 jours de l'année solaire, déclare que c'est comme si chaque jour de l'année disait « Ne commets pas de transgression en mon jour ! »

1Shamôth 24:12
2Davorim 31:26
3Davorim 13:1
4Gittin 60b
5´érouvin 54b
6Sifré, Parashath Pînhos
7Bavo` Bathro` 121b
8Mishnoh, ´édhouyôth 1:3 ; Gamoro`, Gittin 57b
9Voir dans le Mishnéh Tôroh, Hilkôth Malokhim 1:4
10C'est-à-dire, celui de Ribbi ´aqivoh
11Dans l'introduction qu'il fit à son « Commentaire sur la Mishnoh », le Ramba''m explique que Ribbi Yahoudhoh Hannosi`` fut surnommé ainsi parce qu' « il possédait toutes les qualités désirables et bonnes ».
12Vous pouvez lire l'explication de ces treize principes sur le lien suivant : http://jmczerniewicz.free.fr/principes.html
13Rov `ashi.
14Littéralement, « les grands des générations »
15C'est-à-dire, des chefs d'académies
16C'est-à-dire, des chefs de communautés juives dans les pays de la diaspora
17Qui est donc un peu comme la Cour Suprême du Judaïsme, et qui siégeait à Jérusalem jusqu'à la destruction du Béth Hammiqdhosh, en l'an 70 de l'E.C.
18Une région de Babylonie.
19Le pluriel de « Talmoudh ».
20Une autre appellation des Baraytôth.
21Les sources susmentionnées
22Wayyiqro` 18:30
23« Vous garderez Mes préceptes » peut se comprendre par « Soyez les gardiens de Mes préceptes », c'est-à-dire, ceux qui font tout pour les préserver
24De ces Minhoghôth et Taqqonôth
25Davorim 17:11
26Le Sanhédhrin de Jérusalem, la grande académie de Yavnah, et celle de Shîn'or
27C'est-à-dire, les principes d'exégèse bibliques sont également exposés dans les sources mentionnées dans la Halokhoh 24
28C'est-à-dire, à partir du premier verset du livre de Shamôth
29Décrets.
30Ordonnances.
31Pratiques/coutumes.
32Mentionnées dans le point précédent, selon quoi on n'a pas l'obligation de suivre les avis d'une autre communauté, ni même d'adhérer à des pratiques que l'on estime être contraires aux prescriptions du Talmoudh.
33Règles.
34Ce terme désigne la tradition orale. קַבָּלָה « Qabboloh » signifie littéralement « Ce qui a été reçu ». Il convient de faire attention à ne pas le confondre avec ce que l'on appelle de nos jours « Qabboloh », c'est-à-dire, les enseignements du Zôhar et autres livres dits « kabbalistiques ».
35Parashath Kî Thésé`
36Ibid.