ב״ה
Quelles
sont les Malo`khôth permises à Yôm Tôv ?
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La
Tôroh nous explique qu'à Shabboth et Yôm Tôv, les mêmes
interdictions sont d'application, à une exception près1 :
Aucune
Malo`khoh ne sera faite ces [jours-là]. Toutefois, ce qui sera
mangé par chaque individu, cela seul sera fait par vous.
|
כָּל-מְלָאכָה,
לֹא-יֵעָשֶׂה
בָהֶם--אַךְ
אֲשֶׁר יֵאָכֵל לְכָל-נֶפֶשׁ,
הוּא
לְבַדּוֹ יֵעָשֶׂה לָכֶם
|
Nous
voyons donc de ce passage qu'à l'exception d'une Malo`khoh qui est
réalisée dans le cadre de ce qui est nécessaire à l'alimentation,
toutes les Malo`khôth de Shabboth sont d'application à Yôm Tôv.
Nous tenterons de comprendre quels types de Malo`khôth sont
concernés et parcourrons les diverses opinions.
La
Mishnoh enseigne ceci2 :
Béth
Shamma`y disent : « On ne peut faire sortir ni
l'enfant, ni le Lôlov, ni un Séfar Tôroh vers le domaine
public ». Mais Béth Hillél permettent.
|
בית
שמאי אומרים:
אין
מוציאין לא את הקטן ולא את הלולב ולא את
ספר תורה לרשות הרבים.
ובית
הלל מתירין
|
Béth
Shamma`y et Béth Hillél divergent quant à savoir s'il est permis
de porter à Yôm Tôv, dans le domaine public, des objets qui ne
sont pas de la nourriture (ou qui ne sont pas nécessaires à
l'alimentation), ou est-ce une transgression de la Malo`khoh de
הוֹצָאָה
« Hôso`oh »
(porter, transférer d'un domaine à un autre).
La
Gamoro` de cette Mishnoh explique le raisonnement de Béth Hillél de
la façon suivante :
Étant
donné qu'il est permis de sortir ce qui est nécessaire [pour
l'alimentation], cela est également permis lorsque ce n'est pas
pour les besoins [de l'alimentation]
|
מתוך
שהותרה הוצאה לצורך הותרה נמי שלא לצורך
|
Ce
principe est connu sous le nom de מִתּוֹךְ
« Mittôkh »,
qui signifie « étant donné ». En d'autres mots, puisque
la Malo`khoh de porter dans le domaine public est permis lorsqu'il
s'agit de quelque chose lié à l'alimentation (par exemple, apporter
un plat de fête à son voisin qui n'a pas de quoi manger), cette
même Malo`khoh est également permise lorsque l'on porte dans le
domaine public pour une raison n'étant pas liée à la nourriture.
Les
Ri`shônim débattent de la portée de ce principe, ainsi que de sa
justification.
Pour
quelle raison pourrait-on porter dans le domaine public à Yôm Tôv ?
Rash''i ז״ל,
dans son commentaire sur la Gamoro` susmentionnée, explique que le
principe de « Mittôkh » nous apprend que Min Hattôroh
(d'après la Tôroh), porter à Yôm Tôv est permis, même pour
aucun but précis. En d'autres mots, pour Rash''i, à partir du
moment où cette Malo`khoh est permise pour ce qui sert à la
nourriture, elle est permise même lorsqu'il n'y a pas de raison
particulière pouvant la justifier.
Les
Tôsofôth ז״ל,
qui sont les gendres, petits-fils et disciples de Rash''i, ne sont
pas d'accord avec lui, et expliquent ceci :
« Étant
donné qu'il est permis de sortir ce qui est nécessaire [pour
l'alimentation], cela est également permis pour ce qui n'est pas
nécessaire [pour l'alimentation] » - C'est à la condition
que cela remplisse une nécessité pour la jouissance du jour, ou une
nécessité pour l'accomplissement d'une Miswoh à Yôm Tôv,
comme dans le cas de porter un enfant [dans le domaine public] pour
le faire circoncire, un Séfar Tôroh pour qu'on lise dedans, et un
Lôlov pour accomplir avec la Miswoh [du balancement des
quatre espèces]. Cependant, [une Malo`khoh accomplie] sans aucune
nécessité du jour n'est pas permise. Par exemple, celui qui
sortirait des pierres [dans le domaine public] serait Hayyov...
Il semble que pour le R''i, porter un bébé dehors dans le but de
faire une promenade est considéré comme une nécessité du jour.
Ainsi,
d'après les Tôsofôth, la Tôroh n'a permis ces Malo`khôth n'étant
pas liées à l'alimentation que lorsqu'elles remplissent un but
légitime.
Qu'est-ce
qui se cache derrière ce débat ? Si la Tôroh n'a permis de
faire à Yôm Tôv que ce qui est nécessaire à l'alimentation,
pourquoi a-t-on également permis ce qui n'est pas nécessairement
lié à l'alimentation ? D'où vient ce principe de
« Mittôkh » ? Sur quoi est-il basé ? Il
existe trois approches différentes pour répondre à ces questions.
La
première approche3
consiste à dire que la Tôroh n'aurait interdit à Yôm Tôv que
certaines sortes de Malo`khôth connues sous le nom de מְלֶאכֶת
עֲבֹדָה « Mala`khath
´avôdhoh », terme qui signifie littéralement « ouvrage
[nécessaire à] un travail », tandis qu'elle n'aurait jamais
interdit les Malo`khôth entrant dans la catégorie d'une מְלֶאכֶת
אוֹכֵל נֶפֶשׁ
« Mala`khath
`ôkhél Nafash », terme qui signifie littéralement « ouvrage
[nécessaire à] l'alimentation d'un individu ». Si cette
approche est correcte, nous pourrions conclure que toutes les
Malo`khôth associées au « `ôkhél Nafash » ne furent
jamais interdites à Yôm Tôv. Par conséquent, comme le disent Béth
Hillél, « Étant
donné qu'il est permis de sortir ce qui est nécessaire [pour
l'alimentation], cela est également permis lorsque ce n'est pas pour
les besoins [de l'alimentation] ».
En d'autres mots, la Tôroh n'aurait jamais interdit les Malo`khôth
qui pouvaient être réalisées pour l'alimentation. Par conséquent,
la Malo`khoh de porter dans le domaine public n'aurait jamais été
interdite à Yôm Tôv, car c'est une Malo`khoh qui peut être
nécessaire à l'alimentation. De même, la Malo`khoh de battre le
grain n'aurait jamais été interdite à Yôm Tôv, car c'est une
Malo`khoh qui peut être nécessaire à l'alimentation, et ainsi de
suite.
C'est
ainsi que dans son commentaire sur Kathoubbôth 7a, le
Ra`ava''d ז״ל
explique
ceci :
En d'autres mots,
toutes ces Malo`khôth qui furent permises pour l'alimentation ne
furent jamais inclues dans l'interdiction de « Aucune
Malo`khoh ne sera faite ces [jours-là] ». Quant à ce que
la Tôroh écrit [ensuite], « Toutefois, ce qui sera mangé
par chaque individu, cela seul sera fait par vous », cela
indique simplement que les Malo`khôth permises parce qu'elles sont
nécessaires à la préparation de la nourriture sont [complètement]
permises à Yôm Tôv.4
Le
R''i ז״ל,
cité par les Tôsofôth5,
offre d'ailleurs une application extrême de cette approche. Il
suggère qu'étant donné que faire du fromage, un acte qui est un
dérivé de la Malo`khoh de בּוֹנֵה
« Bônéh »
(construire), est permis à Yôm Tôv, on doit alors permettre de
construire une maison à Yôm Tôv ! Puisque construire est
permis lorsque cela est nécessaire à l'alimentation, on doit aussi
le permettre lorsque ce n'est pas nécessaire à l'alimentation !
Bien que beaucoup s'opposent au R''i sur ce point, cette position
« choquante » illustre bien jusqu'où l'on peut aller en
adoptant cette première approche.
Une
deuxième approche suggère de comprendre le principe de « Mittôkh »
d'une manière complètement différente. D'après cette deuxième
approche, la Tôroh a permis à Yôm Tôv ce qui concerne
l'alimentation parce que Yôm Tôv est censé être un jour festif,
puisqu'il existe une Miswoh de שִׂמְחַת
יוֹם טוֹב « Simhath
Yôm Tôv » (se réjouir à Yôm Tôv). Mais en quoi est-ce que
cela autorise à faire même ce qui n'a pour but l'alimentation ?
Rabbénou
`ali´azar de Metz ז״ל
explique6
que la Tôroh n'a pas seulement permis le « `ôkhél Nafash »
(les Malo`khôth nécessaires à la préparation des aliments), mais
a plutôt permis ces Malo`khôth pour toutes les הַנַאַת
נֶפֶשׁ « Hana`ath
Nafash », c'est-à-dire, tous les plaisirs physiques et
spirituels. Par conséquent, une Malo`khoh qui est permise pour
l'alimentation, comme par exemple porter et cuire, pourrait également
être accomplie pour d'autres nécessités physiques ou spirituelles
que l'alimentation. Rabbénou `ali´azar de Metz base son approche
sur ce que dit la Gamoro`, dans Pésahim
21a : chaque fois que la Tôroh interdit de consommer
quelque chose, son intention est également d'interdire d'autres
profits ou avantages que l'on pourrait tirer de cet aliment, comme
par exemple cuire ce qui est interdit à la consommation, ou encore
vendre ce qui est interdit à la consommation. S'appuyant sur ce
principe, Rabbénou `ali´azar de Metz suggère que l'on peut
utiliser la même logique dans le cas du « `ôkhél Nafash »,
à savoir : si la Tôroh a permis ces Malo`khôth pour manger,
elle les permet également pour d'autres profits ou avantages
physiques ou spirituels.
Si
l'on retourne au débat entre Rash''i et les Tôsofôth, il semble
donc que Rash''i adhère à la première approche, et permet donc ces
Malo`khôth, même sans but précis, tandis que les Tôsofôth
adhèrent à la seconde approche, et ne permettent ces Malo`khôth
que lorsqu'il y a un but bien précis lié à la sainteté du jour.
Quant
à la troisième approche, elle est unique au Ramba''m ז״ל.
Il écrit ceci dans son Mishnéh Tôroh7 :
4.
Toute Malo`khoh pour laquelle on est Hayyov
à Shabboth, si on l'accomplit à Yôm Tôv sans que cela soit
nécessaire à l'alimentation, on se fait flageller, à
l'exception du transfert d'un domaine à l'autre et la combustion
[d'un feu], étant donné que le transfert a été autorisé à
Yôm Tôv pour les nécessités de l'alimentation, cela a été
autorisé même si ce n'est pas pour les besoins de
l'alimentation. C'est pourquoi il est permis à Yôm Tôv de
transférer un enfant, un rouleau de la Tôroh, une clef, ou
quelque chose de semblable, d'un domaine à un autre.
|
ד כָּל
מְלָאכָה שֶׁחַיָּבִין עָלֶיהָ
בַּשַּׁבָּת--אִם
עָשָׂה אוֹתָהּ בְּיוֹם טוֹב,
שֶׁלֹּא
לְצֹרֶךְ אֲכִילָה--לוֹקֶה,
חוּץ
מֵהַהוֹצָאָה מֵרְשׁוּת לִרְשׁוּת
וְהַהַבְעָרָה:
שֶׁמִּתּוֹךְ
שֶׁהֻתְּרָה הוֹצָאָה בְּיוֹם טוֹב
לְצֹרֶךְ אֲכִילָה,
הֻתְּרָה
שֶׁלֹּא לְצֹרֶךְ אֲכִילָה;
לְפִיכָּךְ
מֻתָּר בְּיוֹם טוֹב לְהוֹצִיא קָטָן
אוֹ סֵפֶר תּוֹרָה אוֹ מַפְתֵּחַ
וְכַיּוֹצֶא בְּאֵלּוּ,
מֵרְשׁוּת
לִרְשׁוּת
|
5.
De
même, il est permis de faire brûler [un feu], même si cela
n'est pas pour les nécessités de l'alimentation. Quant aux
autres Malo`khôth, quand elles sont accomplies pour les
nécessités de l'alimentation, c'est permis, par exemple,
l'abattage rituel, la cuisson, le pétrissage et ce qui est
semblable. Tout ce qui n'est pas nécessaire à l'alimentation,
par exemple l'écriture, le tissage, la construction, et ce qui
leur ressemble, est interdit.
|
ה וְכֵן
מֻתָּר לְהַבְעִיר,
אַף
עַל פִּי שְׁאֵינוּ לְצֹרֶךְ אֲכִילָה.
וּשְׁאָר
מְלָאכוֹת--כָּל
שֶׁיֵּשׁ בּוֹ צֹרֶךְ אֲכִילָה--מֻתָּר,
כְּגוֹן
שְׁחִיטָה וַאֲפִיָּה וְלִישָׁה
וְכַיּוֹצֶא בָּהֶן;
וְכָל
שְׁאֵין בָּהֶן צֹרֶךְ אֲכִילָה--אָסוּר,
כְּגוֹן
אֲרִיגָה וּכְתִיבָה וּבִנְיָן
וְכַיּוֹצֶא בָּהֶן
|
Le
Ramba''m n'applique donc le principe de « Mittôkh »
qu'aux seules Malo`khôth de « Hôso`oh »
(transfert) et הַבְעָרָה
« Hav´oroh »
(faire brûler un feu), mais pas aux autres Malo`khôth, sauf si
elles sont réalisées pour des nécessités alimentaires. Ainsi,
d'après le Ramba''m, même des Malo`khôth qui sont directement
liées à la préparation de la nourriture ne sont permises à Yôm
Tôv que si elles sont réalisées réellement pour des
nécessités alimentaires, à l'exception des Malo`khôth de
« Hôso`oh » et « Hav´oroh », qui
peuvent être réalisées même si ce n'est pas pour des besoins
alimentaires (en vertu du principe de « Mittôkh »), mais
doivent néanmoins être accomplies que s'il y a une raison pouvant
justifier de porter dans le domaine public ou d'allumer un feu pour
autre chose que l'alimentation. Ainsi, par exemple, bien que ce ne
soit pas pour des besoins alimentaires, porter une clef à Yôm Tôv
est permis, de façon à pouvoir rentrer chez soi après la prière.
S'il n'y pas de Séfar Tôroh à la synagogue, amener un Séfar Tôroh
à la synagogue, de façon à ce que la Tôroh puisse être lue, est
permis, car bien que cela ne soit pas lié à l'alimentation, c'est
lié aux nécessités de la fête. De même, si l'on a oublié son
Lôlov à la maison, on pourra retourner le prendre et l'apporter à
la synagogue (et donc, le porter dans le domaine public), car bien
que ce ne soit pas lié à l'alimentation, c'est lié à Yôm Tôv.
De même, bien que ce ne soit pas pour préparer à manger, on pourra
faire brûler un feu à Yôm Tôv pour avoir chaud si jamais il fait
froid, car cela permet de passer Yôm Tôv dans de bonnes conditions.
À l'exception de ces deux Malo`khôth qui peuvent être accomplies
même pour des raisons autres que l'alimentation, mais doivent
néanmoins être nécessaires pour Yôm Tôv, toutes les autres
Malo`khôth ne sont permises que si on les accomplit réellement pour
l'alimentation. Cette approche du Ramba''m est beaucoup plus en phase
avec la lettre et l'esprit de la loi, que les deux autres approches.
Et c'est celle que nous suivons également !
Mais
une question se pose : pourquoi le Ramba''m applique-t-il le
principe de « Mittôkh » uniquement à ces deux
Malo`khôth ? Les `aharônim expliquent que ces deux
Malo`khôth sont uniques en ce que non seulement elles peuvent être
indirectement liées à des nécessités alimentaires, mais qu'en
plus ce sont des Malo`khôth qui sont intrinsèquement « faibles » :
transférer ne change rien du tout à l'aliment, tandis que faire
brûler un feu est par définition un acte destructeur8.
Étant
donné qu'il est permis de sortir ce qui est nécessaire pour
l'alimentation, cela est également permis lorsque ce n'est pas
pour les besoins [de l'alimentation], comme par exemple [faire
sortir] un enfant, un Lôlov, un Séfar Tôroh et des ustensiles.
Par contre, il est interdit [de faire sortir] des pierres et des
choses semblables.
|
מתוך
שהותרה הוצאה לצורך אכילה הותרה שלא
לצורך כגון קטן ולולב וספר תורה וכלים.
אבל
אבנים וכיוצא בהן אסור
|
Rabbi
Yôséf Qa`rô limite le principe de « Mittôkh »
uniquement au transfert de ce qui, d'une manière ou d'une autre, est
utile à Yôm Tôv, mais interdit le transfert de ce qui n'est pas
utile. Le transfert est la seule Malo`khoh que Rabbi Yôséf Qa`rô
inclut dans le principe de « Mittôkh ». Quant au Hofés
Hayim10
ז״ל,
il applique le principe de « Mittôkh » à cinq
Malo`khôth :
- הוֹצָאָה « Hôso`oh » (le transfert d'un domaine à l'autre),
- הַבְעָרָה « Hav´oroh » (faire brûler un feu),
- שְׁחִיטָה « Shahitoh » (abattre un animal),
- אַפִיָּה « `afiyoh » (cuire au four), et
- בִּישׁוּל « Bishoul » (cuire sur le feu).
Il
permet donc ces cinq Malo`khôth à Yôm Tôv, même lorsqu'elles ne
sont pas réalisées pour des nécessités alimentaires, mais à
d'autres fins, car il estime qu'à partir du moment où ces cinq
Malo`khôth sont liées à l'alimentation, elles n'ont jamais été
interdites à Yôm Tôv, même lorsqu'elles sont réalisées pour
autre chose que l'alimentation.
Nous
avons donc vu cinq approches différentes sur la question.
Concluons
par traiter d'un sujet très actuel : à cause de la permission
de porter dans le domaine public à Yôm Tôv, nous voyons beaucoup
de Juifs religieux porter tout et n'importe quoi à Yôm Tôv, même
ce dont ils n'ont pas vraiment besoin ou qui n'est pas nécessaire
aux besoins de la fête. Quels sont les différentes opinions sur
cette question ?
Nous
avons vu que Béth Hillél permettent de porter un Lôlov, un Séfar
Tôroh, et même un enfant, dans un domaine public à Yôm Tôv, même
lorsque cela n'est pas nécessaire au « `ôkhél Nafash ».
Mais est-ce que cela signifie qu'il devient permis de porter tout et
n'importe quoi à Yôm Tôv, même lorsque cela ne sert aucun but ?
Bien que Rash''i permette de porter pour aucune nécessité ou but
précis, la majorité des autres Ri`shônim ne permettent de porter
que pour une nécessité, ne serait-ce que très légère.
Qu'est-ce
qui est considéré être une nécessité légitime d'après les
divers Pôsqim ?
Rabbénou
Hanon`él ז״ל
est
d'avis que Béth Hillél n'ont permis la Malo`khoh de « Hôso`oh »
que pour une Miswoh. Ainsi, on ne peut porter un Lôlov ou un
Séfar Tôroh que pour accomplir la Miswoh qui leur est
associée, et un enfant uniquement pour une Barith Miloh
(c'est-à-dire, afin de l'emmener à l'endroit où aura lieu la
Barith Miloh).
Les
Tôsofôth rejettent son opinion, et soutiennent que l'on peut porter
un enfant dans le domaine public à Yôm Tôv même pour une
promenade.
Le Ro`''sh11
ז״ל
cite
Rabbénou Ta''m ז״ל,
qui explique que celui qui souhaite se rendre à la synagogue, ou
même faire une promenade dans le cadre de la réjouissance de Yôm
Tôv, mais ne peut pas laisser son enfant à la maison, peut porter
son enfant dans le domaine public à Yôm Tôv. Les Tôsofôth
rapportent même que des gens avaient l'habitude de jouer au ballon à
Yôm Tôv dans le domaine public, étant donné que cela est
également considéré comme une promenade, du divertissement. Le
Maharsha''l ז״ל
critiqua
cette pratique dans les termes les plus durs.12
Bien qu'il permet à de jeunes enfants de jouer au ballon à Yôm
Tôv, il soutient que des adultes qui jouent au ballon dans le
domaine public font preuve d'un « comportement enfantin et
frivole », que c'est un מִנְהָג
רַע « Minhogh
Ra´ » (coutume mauvaise) et que cela ne peut pas du tout être
inclus dans la catégorie de טִיוּל
« Tiyoul »
(promenade).
Concernant
le fait d'apporter son Mahzôr ou son Siddour à la synagogue
à Yôm Tôv, le Ro`''sh permet de les ramener à la maison. Le
Maharsha''l s'oppose à cette indulgence, et ne permet de ramener à
la maison un Mahzôr ou un Siddour que si on craint qu'il
puisse être volé si on le laissait à la synagogue, et que l'on n'a
pas d'autre Mahzôr ou Siddour à utiliser chez soi.
Enfin,
le Ro`''sh cite les Ga`ônim, qui interdisent catégoriquement de
porter des clefs qui ne servent pas à ouvrir des boîtes contenant
de la nourriture ou des bijoux. Il base cette position sur des
passages tirés du Talmoudh Yarousholmi et de la Tôsafto`. Le
Maharsha''l avance comme argument, sur la base de ces mêmes
passages, qu'il est préférable de rester à la maison durant Yôm
Tôv plutôt que transgresser l'interdiction de porter dans le
domaine public pour aucune raison liée à Yôm Tôv. Par conséquent,
le Maharsha''l interdit de porter les clefs de son coffre même par
crainte que son argent ou ses bijoux ne soient volés dans sa maison
en son absence. Mais Rabbi Yôséf Qa`rô13
cite le Hagohôth Rabbi Paras14,
qui permet de porter les clefs d'un coffre contenant de l'argent,
étant donné qu'éviter l'anxiété peut aussi être considéré
comme faisant partie des צָרֶךְ
הַיּוֹם « Sôrakh
Hayyôm » (nécessités du jour).
Le
Ramo''`15
ז״ל
cite
l'opinion susmentionnée des Tôsofôth, selon quoi on pourrait jouer
au ballon dans le domaine public à Yôm Tôv. Il cite aussi Rabbi
Paras, et tranche que l'on pourrait porter à Yôm Tôv
« lorsqu'il y a [ne serait-ce qu']une petite nécessité, ou
si l'on craint d'être volé, ou de perdre quelque chose ».
Les
`aharônim s'interrogent sur ce Pasaq du Ramo''`. Le Ta''z16
ז״ל
et
le Moghén `avrohom17
ז״ל,
par exemple, tranchent qu'il est strictement interdit de porter des
clefs qui ne sont pas nécessaires pour Yôm Tôv. Le Hofés
Hayim18
tranche qu'il est préférable de suivre le Ta''z et le Moghén
`avrohom. Quant au ´oroukh Hashoulhon19
ז״ל,
étrangement (car cela n'est pas habituel), il défend la position du
Ramo''`, et tranche que l'on peut porter n'importe quoi à Yôm Tôv
qui remplit un but aussi léger soit-il, comme par exemple porter des
clefs jusqu'à un endroit sûr afin de protéger son argent, ou des
ustensiles que l'on craint que l'on se fera voler, etc. Il rapporte
que c'est la pratique de tout le monde.
Comme
vous le voyez, tous ne sont pas d'accord que le fait de pouvoir
porter à Yôm Tôv autoriserait à porter tout et n'importe quoi
dans le domaine public durant Yôm Tôv, comme nous le voyons
malheureusement de nos jours. L'approche la plus saine à adopter, et
qui est celle qui est la plus proche de la lettre et de l'esprit de
la loi, consiste à se limiter à porter uniquement ce qui est
nécessaire à l'alimentation ou qui est réellement nécessaire pour
les besoins du jour.
1Shamôth
12:16
2Bésoh
12a
3Voir
le Ramba''n, dans son commentaire sur Wayyiqro` 23:7
4Le
« complètement » signifie « même à d'autres
fins que l'alimentation »
5Sur
Shabboth 95a
6Séfar
Yaré`im 304
7Hilkôth
Shavithath Yôm Tôv 1:4-5
8Les
actes de destruction, qui n'ont pas de but constructif, sont permis
Min Hattôroh, même à Shabboth
9`ôrah
Hayim
518:1
10Mishnoh
Barouroh, `ôrah
Hayim
518:1
111:18
12Yam
Shal Shalômôh, Bésoh 1:34
13Béth
Yôséf 418
14Sama''q
282
15`ôrah
Hayim 418:1
16Ibid.
17Ibid.,
418:2
18Mishnoh
Barouroh, `ôrah
Hayim
418:6
19518:5-6