בס״ד
Les
jeûnes Béha''b
Ceux
qui jettent un coup d’œil dans leurs calendriers juifs verront que
le Lundi 27 Octobre 2014 (3 Hashwon 5775), le Jeudi
30 Octobre 2014 (6 Hashwon 5775) et le Lundi 3
Novembre 2014 (10 Hashwon 5775), seront des jours de
jeûne. Non seulement la majorité des Juifs n'observent plus ces
jeûnes, mais peu savent précisément pourquoi nous jeûnons ces
jours-là.
Ces
jeûnes sont appelés בה״ב
« Béha''b »,
une expression composée des lettres ב
« Béth »,
qui vaut 2, ה
« Hé` »,
qui vaut 5, et encore une fois ב
« Béth »,
qui vaut 2. Cela indique tout simplement que ces jeûnes ont lieu le
deuxième jour de la semaine (Lundi), le cinquième jour de la
semaine (Jeudi), et une troisième fois le deuxième jour de la
semaine (le Lundi suivant).
Il
existe trois raisons principales à l'instauration de ces jeûnes.
Le
Talmoudh rapporte ceci1 :
אמר
אבין סקבא דשתא ריגלא
« `Avîn
a dit : ''Le moment le plus douloureux de l'année est la fête
de pèlerinage'' ».
Rash''î ז״ל
et
les Tôsofôth ז״ל
expliquent
que ce que veut dire ce passage de la Gamoro` est que le moment de
l'année où l'immoralité et les comportements inappropriés entre
hommes et femmes sont le plus à craindre est la période des fêtes
de pèlerinage (Pésah
et Soukkôth). Pourquoi est-ce le cas, alors que ces périodes sont
remplies de Miswôth et que nous y passons beaucoup de temps dans
les synagogues pour les prières et rites communautaires (les
Hôsha´anôth, la récitation du Hallél, Simhath
Tôroh, etc.) ? En quoi ces deux périodes de fêtes sont-elles
les plus à risque ? Là encore, Rash''î et les Tôsofôth
donnent la même réponse : durant ces deux périodes de fête,
plus qu'à aucun autre moment de l'année, les hommes et les femmes
se rassemblent ensemble pour écouter les discours et Divré Thôroh
qui sont donnés, et lorsqu'ils se rassemblent dans une telle mixité
et proximité, et aussi souvent, ils pourraient s'attirer du regard
et se comporter d'une manière inappropriée. Les Tôsofôth
concluent que certains disent que c'est à cause de ce « problème »
qu'est née la coutume de jeûner après Pésah
et Soukkôth.
Rabbî
Yôséf Karo ז״ל
fait
également mention des jeûnes Béha''b dans son Shoulhon
'Oroukh, où il écrit2 :
Certains
ont la coutume de jeûner le deuxième [jour de la semaine], le
cinquième [jour de la semaine], et le deuxième [jour de la
semaine], après Pésah, et de même après la fête de
Soukkôth. Et nous attendons jusqu'à ce que l'intégralité du
mois de Nison et Tishri soit passé avant de jeûner.
|
יש
נוהגים להתענות שני וחמישי ושני אחר
הפסח,
וכן
אחר חג הסכות.
וממתינים
עד שיעבור כל חודש ניסן ותשרי,
ואז
מתענים
|
Le
Hofés
Hayim
ז״ל,
commentant cette règle du Shoulhon ´oroukh dans son Mishnoh Barouroh, donne une explication similaire à
celle donnée plus haut : à cause des festivités et de la joie
qui entourent ces deux périodes de fête, nous pourrions avoir
péché, et aurions, par conséquent, besoin d'une Tashouvoh. Quant
à la raison pour laquelle nous ne commençons pas à jeûner
immédiatement après Pésah
et Soukkôth, mais attendons que tout le mois de Nison et Tishri soit passé, le Hofés
Hayim
explique que c'est tout simplement parce que ces deux mois sont des
mois de fête, et il n'est pas approprié, d'un point de vue
halakhique, de diminuer l'esprit festif de ces mois par des jeûnes.
C'est pourquoi, nous attendons le mois de `iyor et Hashwon
pour observer ces trois jeûnes de Béha''b.
Dans
le livre טעמי
המנהגים
« Ta´améi
Hamminhoghim »
(qui signifie « les raisons des coutumes »), deux raisons
supplémentaires sont données quant aux raisons pour lesquelles nous
avons la coutume des jeûnes de Béha''b. L'une est celle du Lévoush
ז״ל,
qui explique qu'étant donné que les saisons et l'air changent à
ces périodes-là (Pésah
marque le début de la période d' « été », tandis que
Soukkôth marque le début de la période d' « l'hiver »),
il y a beaucoup plus de chances de tomber malade à ces périodes-là,
à cause des changements radicaux de température. Par conséquent,
les jeûnes Béha''b servent à jeûner pour que les gens ne tombent
pas malade durant ces périodes-là. Quant à l'autre raison, elle
est donnée par le Séfar Hasîdhim,
qui explique que ces deux périodes sont cruciales pour l'agriculture
et les fermiers : après Pésah,
la chaleur ne doit endommager les produits agricoles, tandis qu'en
hiver, après Soukkôth, il vaudrait mieux qu'il y ait de la pluie et
du vent, qui ont des effets bénéfiques sur les produits agricoles.
C'est pourquoi nous observons les jeûnes de Béha''b à ces
moments-là, afin que les produits agricoles se portent bien et que
les fermiers n'aient que du succès dans leur travail, puisque HaShem
leur donnera la chaleur et la pluie au temps approprié et dans la
quantité appropriée.
Il
semble que le Ramba''m ז״ל
soit
lui aussi d'avis que les jeûnes Béha''b furent instituées pour
soutenir les fermiers et prier pour le succès des récoltes
agricoles en Palestine, puisque après avoir parlé de la
pratique consistant à jeûner le Lundi, le Jeudi, et encore une fois
le Lundi, lorsqu'on se trouve dans une difficulté, le Ramba''m
rapporte ceci3 :
De même, si
arrive la période de Pésah, ou qu'on s'en rapproche, en
`aras Yisro`él, qui est là-bas la période du bourgeonnement
des arbres, et que des pluies ne sont pas tombées4,
ils jeûnent et crient [vers Dieu], jusqu'à ce que des pluies
profitables pour les arbres tombent, ou jusqu'à ce que leur
saison soit passée.
|
וְכֵן
אִם הִגִּיעַ זְמָן הַפֶּסַח אוֹ קָרוֹב
לוֹ בְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל,
שְׁהוּא
זְמָן פְּרִיחַת הָאִילָנוֹת שָׁם,
וְלֹא
יָרְדוּ גְּשָׁמִים--הֲרֵי
אֵלּוּ מִתְעַנִּין וְזוֹעֲקִין עַד
שֶׁיֵּרְדוּ גְּשָׁמִים הָרְאוּיִין
לְאִילָנוֹת,
אוֹ
עַד שֶׁיַּעֲבֹר זְמַנָּם
|
De même, si
arrive la période de la fête de Soukkôth, et que des pluies
abondantes ne sont pas tombées pour remplir les cuves de
stockage, les fosses d'irrigation, et les caves, ils jeûnent
jusqu'à ce que tombe une pluie profitable pour les cuves de
stockage. Et s'ils n'ont pas d'eau à boire, ils jeûnent pour les
pluies à tout moment5
où ils n'ont pas d'eau à boire, et même durant les jours
d'été.6
|
וְכֵן
אִם הִגִּיעַ זְמָן חַג הַסֻּכּוֹת,
וְלֹא
יָרְדוּ גְּשָׁמִים הַרְבֵּה כְּדֵי
לְמַלֹּאות מֵהֶם הַבּוֹרוֹת וְהַשִּׁיחִין
וְהַמְּעָרוֹת--הֲרֵי
אֵלּוּ מִתְעַנִּין עַד שֶׁיֵּרֵד
גֶּשֶּׁם הָרָאוּי לְבוֹרוֹת;
וְאִם
אֵין לָהֶם מַיִם לִשְׁתּוֹת,
מִתְעַנִּים
עַל הַגְּשָׁמִים--בְּכָל
עֵת שֶׁלֹּא יִהְיֶה לָהֶם מַיִם
לִשְׁתּוֹת,
וְאַפִלּוּ
בִּימוֹת הַחַמָּה
|
Nous
avons donc trois raisons pour lesquelles les jeûnes Béha''b furent
institués après Pésah
et Soukkôth :
- Nous craignons qu'à cause des festivités et de la joie liées à ces deux fêtes, ainsi qu'à la proximité entre hommes et femmes suite aux nombreux rassemblements communautaires organisés durant ces deux périodes de fête, nous ayons commis des péchés que nous avons besoin d'expier. Ainsi, ces jeûnes servent à corriger les manquements dans notre ´avôdhoh du mois de Nison et Tishri.
- Nous jeûnons ces jours-là à cause des changements de température, de temps et d'air, qui ont lieu durant ces périodes-là, de façon à demander à HaShem de nous protéger des maladies occasionnées par ces changements, qui sont parfois très brusques et soudains.
- Nous jeûnons ces jours-là pour invoquer la miséricorde divine, de façon à ce qu'Il couronne de succès les activités des agriculteurs (grâce à qui nous pouvons nous nourrir au quotidien) et accorde, après Pésah, la chaleur appropriée (mais si on est en Palestine, on demandera la pluie, car la Palestine a besoin de davantage de pluie durant cette période), et après Soukkôth, des pluies abondantes et bénéfiques aux produits agricoles.
Comme
cela a été dit, la majorité des Juifs aujourd'hui n'observent plus
les jeûnes de Béha''b. Néanmoins, certains Juifs, principalement
parmi les `ashkanazim, respectent encore ces jours de jeûne
Béha''b. D'autres encore, bien qu'ils ne jeûnent pas ces jours-là,
se font un point d'honneur de réciter les Salîhôth7
pour la protection de ceux qui jeûnent ces jours-là, afin de les
soutenir spirituellement (et aussi pour se rappeler qu'eux aussi
devraient, normalement, jeûner).
Qu'HaShem
puisse disposer les cœurs et accorder la force physique et
spirituelle adéquate pour observer ces jeûnes Béha''b de la façon
la plus appropriée.
1Qîddoushin
81a
2`ôrah
Hayim 492
3Hilkôth
Ta´niyôth 2:16-17
4À
cause du climat particulier de la Palestine, davantage d'eau
sont nécessaires à cette période de l'année pour permettre aux
produits agricoles de pousser.
5Et
pas seulement, Lundi, Jeudi, et encore une fois Lundi, mais quand
ils veulent, n'importe quel jour.
6Le
Rîtbo` écrit que dans de tels cas, on doit crier vers HaShem pour
qu'Il nous fasse miséricorde, même si on est Shabboth.
7Des
prières de pénitence qui ne sont récitées que les jours de
jeûne.