jeudi 5 mai 2016

L'interdiction de Bishoul ´akkoum

ב״ה

L'interdiction de Bishoul ´akkou''m


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Il est écrit dans la Mishnoh1 :

Et les choses suivantes des idolâtres2 sont interdites, mais l'interdiction n'interdit pas le profit3 : du lait qu'un idolâtre a trait sans qu'un Israélite ne l'ait observé ; leur pain et leur huile (Rébbi4 et son Béth Din permirent l'huile) ; les aliments cuits et les aliments marinés dans lesquels ils ont l'habitude de mettre du vin ou du vinaigre ; du Tiryath5 haché6 ; de la saumure dans laquelle il n'y a pas de poisson Kalbith7 qui flotte dedans ; le Hiléq8 ; un Qôrét9 de Hiltith10 ; et du sel de Qôndith11. Voici, tous sont interdits, mais l'interdiction n'interdit pas le profit.
ואלו דברים של עובדי כוכבים אסורין ואין איסורן איסור הנאה חלב שחלבו עובד כוכבים ואין ישראל רואהו והפת והשמן שלהן רבי ובית דינו התירו השמן והשלקות וכבשין שדרכן לתת לתוכן יין וחומץ וטרית טרופה וציר שאין בה דגה כלבית שוטטת בו והחילק וקורט של חלתית ומלח שלקונדית הרי אלו אסורין ואין איסורן איסור הנאה

Cette Mishnoh cite donc toute une liste de produits des idolâtres qu'un Israélite a l'interdiction de consommer, parmi lesquels les aliments cuits par un idolâtre. Rash''i ז״ל et les Tôsofôth ז״ל expliquent que les aliments cuits des idolâtres furent interdits afin de décourager et empêcher les mariages mixtes.

Le fait que nous devons garder à l'esprit l'interdiction de בִּישׁוּל עַכּוּ״ם « Bishoul ´akkou''m » (cuisson d’idolâtres) lorsque nous interagissons avec les Gôyim nous enseigne à quelque peu garder nos distances d'eux. Bien que nous nous devons d'être amicaux et honnêtes dans nos relations avec eux, il doit y avoir une séparation significative entre eux et nous, comme cela est explicitement écrit dans la Tôroh12 : הֶן-עָם לְבָדָד יִשְׁכֹּן, וּבַגּוֹיִם לֹא יִתְחַשָּׁב « Ce peuple demeurera solitaire, et avec les Gôyim il ne se confondra pas ». L'interdiction de « Bishoul ´akkou''m » nous permet, entre autre, d'atteindre cet objectif de distinction et distanciation.

Mais à première vue, cette interdiction de consommer les aliments cuits des idolâtres semble être un handicap et quelque chose de pratiquement impossible à respecter, plus particulièrement à notre époque, où la majorité des choses que nous consommons sont produites par des Gôyim ! Comment pouvons-nous alors respecter cette interdiction ?

HaZa''l ont énoncé de nombreuses exceptions à l'interdit de Bishoul ´akkou''m qui facilitent son application. La plus connue d'entre elles est que pour être interdit à la consommation de l'Israélite, l'aliment cuit par un idolâtre doit être עוֹלֶה עַל שֻׁלְחַן מְלָכִים « ´ôlah ´al Shoulhan Malokhim – élevé sur la table des rois ».13 En d'autres mots, il faut que ce soit un aliment apte à être servi à la table d'un roi. Cette règle a généralement été interprétée de deux façons :

  1. Le Hozzôn `ish ז״ל pense qu'elle fait référence aux aliments qui sont d'excellente qualité et seraient consommés par quelqu'un de très riche.

Il a tranché que des sardines en conserve cuites par des Gôyim étaient interdites, parce que « le Roi d'Angleterre mange des sardines au petit-déjeuner ». Le ´oroukh Hashoulhon14 semble être d'accord avec ce Pasaq très strict du Hozzôn `ish.

  1. Bon nombre d'éminents Ro`shé Yashivôth d'Europe de l'Est, dans la période d'avant guerre, consommaient des sardines cuites par des Gôyim, en accord avec l'opinion selon laquelle la règle de « ´ôlah ´al Shoulhan Malokhim » ne fait référence qu'aux aliments aptes à être servis lors de dîners d'état.

Cette seconde interprétation a une énorme implication pratique, puisque d'après cette approche, pratiquement aucun aliment en conserve n'est inclus dans l'interdiction de « Bishoul ´akkou''m », puisque les aliments servis lors des dîners d'état sont cuisinés frais, sont coûteux et particulièrement raffinés.

Le Talmoudh mentionne une seconde exception à cette règle. Un aliment que les gens consomment crus n'est pas inclus dans l'interdiction de « Bishoul ´akkou''m ».15 C'est pourquoi, certains permettent la consommation de sushis préparés par des Gôyim.

Le Ramba''m16 ז״ל et Rabbi Yôséf Qa`rô17 ז״ל tranchent que les aliments fumés ne sont pas inclus dans l'interdiction de « Bishoul ´akkou''m », car on ne peut appeler « cuit » ce qui est fumé.

Au 19ème siècle, les Pôsqim commencèrent à débattre quant à savoir si les aliments cuits à la vapeur étaient inclus dans l'interdiction de « Bishoul ´akkou''m ».18 Les défenseurs de l'opinion indulgente avancèrent comme argument que cuire à la vapeur était comparable à préparer un aliment fumé, et n'était donc pas du Bishoul, étant donné que l'aliment n'est pas directement cuit au moyen d'un feu. Un autre argument pour le camp de la permission fut qu'étant donné que la méthode de cuisson par la vapeur ne fut inventée que plusieurs siècles après que HaZa''l eurent interdit le « Bishoul ´akkou''m », cuire à la vapeur n'était pas une forme de cuisson qui était inclue dans le décret d'origine.

Depuis quelques années, les Pôsqim de notre temps débattent quant à savoir si cuire au moyen d'un micro-onde est inclus dans l'interdiction de « Bishoul ´akkou''m ». Les arguments donnés par ceux qui ne l'incluent pas est que cuire avec un micro-onde n'est pas cuire avec du feu et que la technologie du micro-onde n'était pas disponible du temps où HaZa''l ont émis l'interdiction de « Bishoul ´akkou''m » et ne peut donc être inclus dans l'interdiction. En outre, la majorité des aliments cuits au moyen d'un micro-onde ne sont pas appropriés pour être servis lors d'un dîner d'état.

Le Talmoudh tranche que si un Israélite a joué un rôle significatif dans la cuisson de l'aliment, le décret de « Bishoul ´akkou''m » ne s'applique pas.19 Les Pôsqim débattent quant à savoir jusqu'où s'étend cette permission. Rabbi Yôséf Qa`rô tranche20 que si un Israélite a simplement allumé la flamme, mais n'a pas pris part du tout au processus de cuisson, alors l'interdiction de Bishoul ´akkou''m continue de s'appliquer. Le Ramo''` ז״ל n'est pas d'accord et tranche que même si l'Israélite a simplement allumé le feu, cela annule l'interdiction de Bishoul ´akkou''m. Il cite même une permission plus indulgente encore selon laquelle même si le Gôy allume le feu devant servir à la cuisson à partir d'un feu allumé par un Israélite, cela suffit pour éviter l'interdiction de Bishoul ´akkou''m. D'après cette position, l'Israélite est considéré comme ayant contribué au processus de cuisson. Il va sans dire que lorsque le Talmoudh exige que l'Israélite ait un rôle significatif dans la cuisson du Gôy c'est évidemment lorsque le Gôy réalise la cuisson dans un cadre privé, par exemple chez lui ou chez l'Israélite, à l'occasion d'une fête, etc.

Certains Ri`shônim et `aharônim tranchent que l'interdiction de Bishoul ´akkou''m ne s'applique pas à un Gôy que l'on emploie. La raison de cette permission est que les relations professionnelles ne font pas partie des relations pour lesquelles il y a une inquiétude de mariage mixte, puisqu'il ne s'agit pas de relations privées.

À partir de cela, il est parfaitement raisonnable de conclure que l'interdiction de Bishoul ´akkou''m ne s'applique pas non plus aux aliments produits dans une usine, puisqu'il est pratiquement impossible d'en arriver à entretenir une relation avec les familles des travailleurs de l'usine ! Il est évident que lorsque le Talmoudh interdit la cuisson des Gôyim, c'était vraiment dans le cadre de produits qu'ils cuisaient et servaient à des Israélites, parfois aussi pour les manger avec les Israélites, ce qui aurait pour conséquence une trop grande socialisation pouvant faire naître des sentiments capables, à la longue, de causer des mariages mixtes entre Israélites et Gôyim.

Il convient de mentionner les propos suivants du Ramba''m21 :

Dans quel cas les paroles susmentionnées s'appliquent-elles ? Dans le cas d'une chose qui est élevée sur la table des rois afin d'y être consommée avec du pain, comme par exemple de la viande, des œufs, du poisson, et des choses semblables. Mais une chose qui n'est pas élevée sur la table des rois pour y être consommée avec du pain, comme par exemple des vesces qui ont été préparées par des Gôyim, quand bien même elles ne sont pas consommées crues, elles sont permises. Il en est de même pour toute chose semblable, car le but fondamental du décret était d'empêcher les mariages mixtes, en empêchant le Gôy d'inviter [l'Israélite] pour un repas. Et lorsqu'une chose n'était pas élevée sur la table des rois afin d'y être consommée avec du pain, un homme n'invitait pas son ami à sa table.
בַּמֶּה דְּבָרִים אֲמוּרִים, בְּדָבָר שְׁהוּא עוֹלֶה עַל שֻׁלְחַן מְלָכִים לֶאֱכֹל בּוֹ אֶת הַפַּת, כְּגוֹן בָּשָׂר וּבֵיצִים וְדָגִים וְכַיּוֹצֶא בָּהֶן; אֲבָל דָּבָר שְׁאֵינוּ עוֹלֶה עַל שֻׁלְחַן מְלָכִים לֶאֱכֹל בּוֹ אֶת הַפַּת, כְּגוֹן תֻּרְמוֹסִין שֶׁשָּׁלְקוּ אוֹתָן גּוֹיִים--אַף עַל פִּי שְׁאֵינָן נֶאֱכָלִין חַיִּין, הֲרֵי אֵלּוּ מֻתָּרִין. וְכֵן כָּל כַּיּוֹצֶא בָּהֶן--שֶׁעִיקַר הַגְּזֵרָה מִשּׁוֹם חַתְנוּת, שֶׁלֹּא יְזָמְנוּ הַגּוֹי אֶצְלוֹ בַּסְּעוֹדָה; וְדָבָר שְׁאֵינוּ עוֹלֶה עַל שֻׁלְחַן מְלָכִים לֶאֱכֹל בּוֹ אֶת הַפַּת, אֵין אָדָם מְזָמֵן אֶת חֲבֵרוֹ עָלָיו

C'est plus que clair ! Le décret servait à empêcher les Gôyim d'inviter à leurs tables des Israélites, ce qui aurait créé une certaine proximité, et à force de s'habituer à manger avec eux, des barrières allaient tomber et des Israélites allaient en arriver à se marier avec eux. Il suffit de voir le taux d'assimilation terrible parmi les Juifs de notre temps pour se rendre compte du fait que HaZa''l avaient raison sur toute la ligne ! Aujourd'hui, les Juifs font tout avec les Gôyim, et finissent par se marier avec eux. Et comment est-ce que cela commence ? Par la nourriture et la boisson, dans bon nombre de cas. On va chez eux régulièrement pour manger et eux vont chez nous régulièrement pour manger. Au fur et à mesure les barrières tombent, et on fini par se dire qu'après tout, comme ce sont des gens bien, qu'y aurait-il de si mal à entretenir des relations plus profondes avec eux ?

Ce décret ne semble donc absolument pas inclure les produits fabriqués en usine par des Gôyim, car il n'y a en cela aucune relation qui se crée avec les travailleurs de l'usine. Par contre, que le produit soit préparé en usine ou pas, si c'est un aliment apte à pouvoir être servi à la table des rois, il reste interdit de le consommer.

Il convient également de noter que le Ramba''m rappelle que des aliments cuits par des Gôyim qui n'entrent pas dans l'interdiction de Bishoul ´akkou''m peuvent tout à fait être interdits à la consommation שֶׁמֶּא יְבַשְּׁלוּ אוֹתָן עִם הַבָּשָׂר, אוֹ בִּקְדֵרָה שֶׁבִּשְּׁלוּ בָּהּ בָּשָׂר. וְכֵן הַסֻּפְגְּנִין שֶׁקּוֹלִין אוֹתָן הַגּוֹיִים בְּשֶׁמֶן, אֲסוּרִין אַף מִשּׁוֹם גֵּעוּלֵי גּוֹיִים « par crainte qu'ils aient été cuits avec de la viande [non Koshér] ou dans une marmite dans laquelle de la viande a été cuite [ce jour-là]. De même, des beignets qui ont été fris par des Gôyim dans de l'huile sont interdits à cause de l'interdiction relative aux aliments des Gôyim22 »23.

Ainsi, quand bien même l'aliment cuit par un Gôy pourrait être permis, il peut être interdit à la consommation pour des raisons indépendantes de l'interdiction de Bishoul ´akkou''m, comme par exemple pour des raisons de Kashrouth. Et là encore, quand un Gôy sait qu'un Israélite ne viendra jamais manger chez lui pour des raisons de Kashrouth, même si ce qu'il pourrait avoir préparé n'entre pas dans l'interdiction de Bishoul ´akkou''m, il n'en arrivera pas à inviter l'Israélite, et cela contribue à préserver les barrières entre eux et nous, réduisant ainsi nos interactions avec eux, comme par exemple la possibilité de mariages mixtes.

HaZa''l ont prévu de nombreuses exceptions au décret de Bishoul ´akkou''m afin de nous faciliter la vie. Le fait que nous devons nous soucier de ce problème et déterminer par nous-mêmes, grâce à toutes les informations données par nos Sages et la raison du décret, dans quel cas l'interdiction s'applique, nous permet de nous rappeler la nécessité, en réalité, l'impératif, de garder quelque peu nos distances avec nos voisins Gôyim. À une époque d'assimilation ravageuse et de mariages mixtes qui ne cessent d'augmenter, il nous incombe de prendre les mesures appropriées pour améliorer notre observance de ce décret rabbinique lorsqu'on se retrouve dans une situation où il s'applique !

1´avôdhoh Zoroh 35b
2עובדי כוכבים « ´ôvadhé Kôkhovim », littéralement « adorateurs d'étoiles »
3En d'autres mots, ces choses ne peuvent pas être consommées par des Israélites, mais ils peuvent en tirer profit, comme par exemple, en les vendant à des Gôyim
4On parle ici de Rébbi Yahoudhoh Hannosi`
5Un poisson Koshér que certains traduisent par « hareng »
6Étant donné qu'il a été haché, l'identité du poisson est incertaine, car ce pourrait très bien être une espèce de poisson non Koshér
7Le Kalbith était une espèce d'épinoche qui n'était censée être élevée que dans de la saumure formée par les espèces de poissons Koshér.
8Une espèce de poisson qui tarde à laisser paraître ses écailles et ses nageoires. Par conséquent, nous ne savons pas tout de suite s'il est Koshér ou pas
9קורט « Qôrét », littéralement « un morceau coupé ». Le ´oroukh l'interprète comme désignant une graine, tandis que le Mé`iri l'interprète comme désignant une tige.
10Une espèce d'épice. Cela a été interdit parce que la tige d'où cette épice a été obtenue était supposée avoir été coupée avec un couteau qui pourrait avoir été utilisé pour des aliments interdits.
11Ce terme est traditionnellement interprété comme désignant du sel utilisé par les Romains comme condiment, et qui était mélangé avec de la graisse. D'autres disent que cela fait référence à la ville d'Ostracena, qui était située à la frontière entre la Palestine et l’Égypte, et où le sel était produit
12Bamidhbor 23:9
13´avôdhoh Zoroh 38a
14Yôréh Dé´oh 113:18
15´avôdhoh Zoroh 38a
16Mishnéh Tôroh, Hilkôth Ma`akholôth `assourôth 17:17
17Shoulhon ´oroukh, Yôréh Dé´oh 113:13
18Darakhé Tashouvoh 113:16
19´avôdhoh Zoroh 38b
20Shoulhon ´oroukh, Yôréh Dé´oh 113:7
21Mishnéh Tôroh, Hilkôth Ma`akholôth `assourôth 17:15
22Car, on craint que le Gôy ait utilisé une graisse non Koshér ou que la friteuse dans laquelle ces beignets ont été préparés fut utilisée ce jour-là pour des aliments non Koshér

23Mishnéh Tôroh, Hilkôth Ma`akholôth `assourôth 17:18