jeudi 20 novembre 2014

Parashath Tôlédôth

בס״ד

Parashath Tôlédôth


La Haftoroh de la Paroshoh Tôlédôth est extraite du Séfèr Mal`okhî, dans lequel le prophète réprimande le peuple pour leur traitement irrespectueux du Béith Hammiqdosh et des Qorbonôth. En réponse à la laxité et à l'irrespect du peuple, HaShem considère avec mépris leurs Qorbonôth et lance la menace suivante1 : וְזֵרִיתִי פֶרֶשׁ עַל-פְּנֵיכֶם, פֶּרֶשׁ חַגֵּיכֶם « et Je répandrai de la fiente sur vos faces, la fiente [des sacrifices] de vos fêtes ! » Le peuple offre des Qorbonôth d'une qualité si pauvre, et avec tant d'apathie, qu'HaShem les considère comme n'ayant aucune valeur, comme n'étant rien d'autres que des excréments, et Il les rejette catégoriquement.

Le Rambam זצ״ל cite ce même Posouq dans une Halokhoh bien connue de son Mishnéh Tôroh, où il souligne l'importance de partager la nourriture des jours de fête avec les déshérités :

Hilkhôth Shévîthath Yôm Tôv 6:17
Et celui qui mange et boit a l'obligation de nourrir l'étranger, l'orphelin et la veuve avec les autres pauvres qui sont démunis. Par contre, celui qui ferme les portes de sa cour, mange et boit avec sa femme et ses enfants sans donner à manger aux pauvres et à ceux qui sont dans l'amertume, ce n'est pas là une joie de Miswoh, mais une joie de son ventre. C'est le concernant qu'il est dit2 : « Leurs sacrifices sont comme le pain des affligés, tous ceux qui en consomment deviendront impurs car [ils gardent] leur pain pour eux-mêmes ». Une joie de cette sorte est une disgrâce pour eux, car il est dit : « et Je répandrai de la fiente sur vos faces, la fiente [des sacrifices] de vos fêtes ».
וְכִשְׁהוּא אוֹכֵל וְשׁוֹתֶה, חַיָּב לְהַאֲכִיל לַגֵּר לַיָּתוֹם וְלָאַלְמָנָה עִם שְׁאָר הָעֲנִיִּים הָאֲמֵלָלִים. אֲבָל מִי שֶׁנּוֹעֵל דַּלְתוֹת חֲצֵרוֹ וְאוֹכֵל וְשׁוֹתֶה הוּא וּבָנָיו וְאִשְׁתּוֹ, וְאֵינוּ מַאֲכִיל וּמַשְׁקֶה לָעֲנִיִּים וּלְמָרֵי נֶפֶשׁ--אֵין זוֹ שִׂמְחַת מִצְוָה, אֵלָא שִׂמְחַת כְּרֵסוֹ. וְעַל אֵלּוּ נֶאֱמָר "זִבְחֵיהֶם כְּלֶחֶם אוֹנִים לָהֶם, כָּל-אֹכְלָיו יִטַּמָּאוּ: כִּי-לַחְמָם לְנַפְשָׁם"; וְשִׂמְחָה כְּזוֹ קָלוֹן הִיא לָהֶם, שֶׁנֶּאֱמָר: וְזֵרִיתִי פֶרֶשׁ עַל-פְּנֵיכֶם, פֶּרֶשׁ חַגֵּיכֶם

Le Rambam applique la condamnation faite par Mal`okhî Hannovî` ע״ה face à l'irrespect du peuple envers les Qorbonôth à ceux qui célèbrent Yôm Tôv exclusivement comme שִׂמְחַת כְּרֵסוֹ « la joie de leur ventre », plutôt que comme un moyen de servir leur Créateur et d'apporter de la joie aux autres.

À première vue, on pourrait se demander quel est le lien entre le verset en lui-même et l'interprétation donnée par le Rambam. Il semblerait que le Rambam dénature complètement le sens du verset ! Mais il n'en est pas ainsi. Ce parallèle sous-entendu par le Rambam devient beaucoup plus clair lorsqu'on prend en compte que contextuellement parlant, Mal`okhî Hannovî` s'adresse ici spécifiquement aux Kôhanîm.3 Les Kôhanîm recevaient des portions provenant des Qorbonôth du peuple, qui étaient apportées en abondance lors des trois fêtes de pèlerinage, lorsque chaque Israélite avait l'obligation de monter à Yérousholayim 'Îr Haqqôdèsh. Apparemment, les Kôhanîm de l'époque du Second Temple (l'époque durant laquelle Mal`okhî Hannovî` prophétisait) avaient perdu de vue leur rôle en tant que guides spirituels du peuple. Au lieu d'utiliser les jours de fête comme une opportunité pour enseigner, conduire, guider et inspirer les pèlerins, ils attendaient ces occasions comme une opportunité rêvée de s'en mettre « plein la panse » et profiter des aliments qui leur étaient servis par ceux qui fréquentaient le Béith Hammiqdosh (puisse-t-il être rebâtit prochainement et de nos jours. `Omén, Kén Yéhî Rosôn !) Les paroles très dures prononcées par le prophète à l'égard des Kôhanîm renferment un message plus qu'approprié à l'encontre de tous ceux qui, de même, considèrent de façon erronée Yôm Tôv comme une période pour se saouler et manger à l'excès, plutôt que comme une opportunité de se perfectionner dans la pratique des Miswôth et améliorer leur relation avec HaShem יתברך שמו.

Le Rambam avait déjà cité plus tôt ce Posouq dans son Mishnéh Tôroh, cette fois-là dans les Hilkhôth Dé'ôth, lorsqu'il parlait du comportement que doit avoir un Talmîd Hokhom :

Hilkhôth Dé'ôth 5:2
Un disciple des Sages ne doit pas être un glouton, mais doit manger des aliments appropriés pour la santé de son corps, sans en manger avec abus. Il ne doit pas chercher à remplir son ventre, comme ceux qui se gorgent d’aliments et de boissons jusqu’à ce que leur ventre enfle. À leur sujet, il est dit : « Et Je répandrai de la fiente sur vos faces, la fiente [des sacrifices] de vos fêtes » ; les Sages ont dit : « [Cela fait allusion] aux fils de l'Homme qui mangent et boivent [avec excès] et font de tous leurs jours [des jours] comparables à des fêtes ».
תַּלְמִיד חֲכָמִים לֹא יִהְיֶה גַּרְגְּרָן, אֵלָא אוֹכֵל מַאֲכָל הָרָאוּי לְהַבְרוֹת גּוּפוֹ, וְלֹא יֹאכַל מִמֶּנּוּ אֲכִילָה גַּסָּה. וְלֹא יְהֶא רוֹדֵף לְמַלֹּאות בִּטְנוֹ, כְּאֵלּוּ שֶׁמִּתְמַלְּאִין מִמַּאֲכָל וּמַשְׁקֶה עַד שֶׁתָּפוּחַ כְּרֵסָן; וַעֲלֵיהֶם מְפֹרָשׁ בַּקַּבָּלָה, "וְזֵרִיתִי פֶרֶשׁ עַל-פְּנֵיכֶם, פֶּרֶשׁ חַגֵּיכֶם"--אָמְרוּ חֲכָמִים, אֵלּוּ בְּנֵי אָדָם שֶׁאוֹכְלִין וְשׁוֹתִין וְעוֹשִׂין כָּל יְמֵיהֶם כְּחַגִּים

Il ressort donc de tout cela que bien que ce Posouq fut prononcé spécifiquement en référence aux Kôhanîm, il s'applique à tout le monde. Tout comme les Kôhanîm doivent consommer les viandes sacrificielles pour le but de la Miswoh et l'objectif d'enseigner et inspirer l'individu qui a apporté le Qorbon, de même, nous devons tous traiter notre façon de manger et nos activités physiques comme des sortes de « Miswôth », que l'on accomplit avec conscience d'HaShem et comme une opportunité, non pas nous remplir la panse, mais de nous rapprocher du Créateur. En d'autres mots, notre but ne doit pas être de « nous remplir de nourriture et de boisson », mais plutôt de préserver notre santé et intégrité physique afin d'être capable d'accomplir nos devoirs « sacerdotaux » (puisque nous sommes tous des Kôhanîm en miniature, comme il est écrit4 : אַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ « Vous serez pour Moi un royaume de Kôhanîm et une nation sainte »), en menant une vie d'engagement et de dévotion sincère envers le Tout-Puissant יתברך שמו.
1Mal`okhî 2:3
2Hôshéa' 9:4
3Voir Mal`okhî 2:1.

4Shémôth 19:6