dimanche 9 novembre 2014

Qui a écrit le « Zôhar » ?

ב״ה

Qui a écrit le « Zôhar » ? Certainement pas le Rashb''i !


Cet article peut être téléchargé ici.

Il y a un livre communément appelé סֵפֶר הַזּוֹהַר « Séfar Hazzôhar » et qui est attribué à quelqu'un ayant vécu il y a très longtemps, entre la fin du premier siècle et la première moitié du deuxième siècle de l’Ère Courante. Le Zôhar est un livre de mysticisme qui aurait prétendument été rédigé au deuxième siècle par Rébbi Shim´ôn ban Yôho`y1 ז״ל (que nous abrégerons en « Rashb''i »), et qui se serait transmis en secret, de maître à disciple, jusqu'à ce que finalement, au 13ème siècle, Rabbi Môshah de Léon ne décide de le rendre public en Espagne.

Dès le départ, des questions ont été soulevées sur l'authenticité et la paternité du Zôhar. Rabbénou Yishoq d'Acre ז״ל, un mystique et contemporain du Ramba''n ז״ל, rencontra la veuve de Rabbi Môshah de Léon, passa en revue le manuscrit, et en arriva à la conclusion que le Zôhar était bien une œuvre rédigée de la main même de Rabbi Môshah de Léon.2

La conclusion de Rabbénou Yishoq d'Acre fut soutenue et approfondie par de nombreux autres savants et rabbins ultérieurs, parmi lesquels Élie del Medigo ז״ל, ou encore Horov Ya´aqôv de Emden ז״ל. Ils ont fait remarquer que le Zôhar :

  1. contient des noms de rabbins qui sont pourtant nés après la mort du Rashb''i
  2. cite mal de nombreux passages de l’Écriture et comprend de travers plusieurs passages talmudiques
  3. fait mention de l'observance de rites qui furent institués par des autorités rabbiniques qui naquirent après la mort du Rashb''i
  4. contient plusieurs anachronismes
  5. fait une Daroshoh sur le mot אסנוגה « `ésnôgah », qui est un mot Hispano-Ladino pour désigner une « synagogue » (or, ni l'Espagnol ni le Ladino, n'existaient au deuxième siècle)
  6. donne une explication mystique des voyelles hébraïques. Or, les voyelles hébraïques ne furent inventées qu'à partir du 8ème siècle (et ne furent fixées qu'au 10ème siècle), lorsque les Massorètes entreprirent de vocaliser le texte du TaNa''Kh
  7. contient des traces douteuses d'Espagnol et de Ladino, ainsi que des phrases clairement construites selon la grammaire espagnole (et comme cela a été dit plus haut, l'Espagnol n'existait pas au deuxième siècle)
  8. est rédigé dans un Araméen rempli de fautes et d'erreurs.

Toute personne qui fait fonctionner son cerveau quelques instants admettra que le Zôhar ne peut être l’œuvre du Rashb''i. Cet ouvrage ne peut donc être considéré « authentique ».

Une nouvelle doctrine est née selon quoi quiconque rejette le Zôhar est un hérétique. Or, ces gens ne semblent pas être au courant que l'authenticité du Zôhar fut rejetée par d'éminents rabbins.

Le Hatho''m Sôfèr ז״ל a rejeté l'authenticité du Zôhar, alors qu'il n'était pas opposé au mysticisme. Ses disciples rapportent qu'il a déclaré3 :

Sur l'intégralité du Zôhar, seule une mince portion qui constituerait un livre d'à peine quelques pages est attribuable à Rébbi Shim´ôn ban Yôho`y

Qui est le Juif qui oserait dire que le Hatho''m Sôfèr est un hérétique ?

Dans des termes plus forts encore, Horov `alî'azar Pilkloush ז״ל, le plus brillant des disciples du Nôdha' Biyhoudhoh ז״ל, et qui fut le Rov de Prague, a déclaré :

Je jure par la Tôroh d'HaShem que dans le Zôhar il y a de nombreuses falsifications et déclarations destructrices qui ont été ajoutées. Une page de Talmoudh Bavli [contenant] les débats entre `abbayé et Ravo` est plus sainte que l'intégralité du Zôhar ! Le sceau de Rébbi Shim´ôn ban Yôho`y n'est pas apposé sur elles4. Quiconque est doté de la moitié d'un cerveau doit l'admettre, car un certain nombre de Tanno`im et de `ammôro`im y sont mentionnés, alors qu'ils ont vécu de nombreuses années après Rébbi Shim´ôn ban Yôho`y... [Cela a été] expliqué par le Go`ôn Rabbi Ya´aqôv Emden, qui a déclaré que des mains [non identifiées] ont été à l’œuvre5.

Quel Juif oserait dire que le Nôdha' Biyhoudhoh et ses disciples étaient des hérétiques ? Quel Juif oserait dire que Horov Ya´aqôv de Emden, qui a rédigé un livre entier pour réfuter l'authenticité du Zôhar, était un hérétique ?

Le Riva''sh ז״ל a écrit que le Zôhar enseignait certains concepts qui étaient clairement de l’idolâtrie, et contenait des enseignements pouvant s'apparenter au dualisme, c'est-à-dire, en la croyance en deux divinités ou plus. Il compare d'ailleurs certains enseignements du Zôhar a la doctrine de la Trinité chrétienne ! (En fait, de nombreux Chrétiens se basent justement sur le Zôhar afin de soutenir leur hérésie.) Qui est le Juif qui oserait dire que le Riva''sh était un hérétique pour avoir rejeté le Zôhar ?

Un Juif ne devient hérétique qu'à partir du moment où il rejette la Tôroh et le Talmoudh. Le Zôhar n'est ni l'un ni l'autre ! Et il n'a certainement pas été écrit par le Rashb''i, tandis que nous savons qui a écrit la Tôroh et qui nous a donné le Talmoudh !

1Il n'est jamais appelé « bar Yôho`y » dans le Talmoudh, mais « ban Yôho`y »
2Voir le Séfar Hayyouhasîn, par le Rov `avrohom Zacouto (1425-1515), dans lequel la veuve de Rabbi Môshah de Léon admet la fraude
3Mé Manohôth 43b
4C'est-à-dire, il ne peut être l'auteur des paroles contenues dans le Zôhar

5Pour composer le Zôhar