בס״ד
Parashath
Wo`éro`
Arrêtez
donc de frapper ces grenouilles !
Un
verset de notre Paroshoh nous dit1 :
`Aharôn
étendit sa main sur les eaux d’Égypte et la grenouille monta
et couvrit le pays d’Égypte.
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וַיֵּט
אַהֲרֹן אֶת-יָדוֹ,
עַל
מֵימֵי מִצְרָיִם;
וַתַּעַל,
הַצְּפַרְדֵּעַ,
וַתְּכַס,
אֶת-אֶרֶץ
מִצְרָיִם
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Rashi
זצ״ל
relève
quelque chose de très juste :
Et
la grenouille monta : Il
y avait eu une seule grenouille. Ils l’avaient frappée et elle
s’était alors transformée en une abondante multitude. Voilà
pour le Midrosh.2
Quant au sens littéral, il exprime l’idée d’un singulier
collectif venant désigner une multitude de grenouilles, comme
dans : kinnom3,
au singulier4,
à savoir un fourmillement d’insectes. En français médiéval :
« pedulier »5.
De même ici : « la grenouille », en français
médiéval : « grenouillerie ».
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וַתַּעַל
הַצְּפַרֵדַּע. צְפַרֵדַּע
אַחַת הָיְתָה וְהָיוּ מַכִּין אוֹתָהּ
וְהִיא מַתֶּזֶת נְחִילִים נְחִילִים
זֶהוּ מִדְרָשׁוֹ.
וּפְשׁוּטוֹ
יֵשׁ לוֹמָר שֵׁרוּץ הַצְּפַרְדְּעִים
קוֹרֵא לָשׁוֹן יְחִידוּת.
וְכֵן
וַתְּהִי הַכִּנָּם הָרְחִישָׁה
פדוליר"א
בּלע"ז
וְאַף וַתַּעַל הַצְּפַרְדֵּעַ
גּרינוליי"רא
בּלע"ז
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Rashi
explique donc, au nom du Midrosh, que la raison pour laquelle
le texte de la Tôroh ne parle que d'une seule grenouille, alors que
nous savons que l’Égypte fut frappée par des centaines de
milliers (peut-être même, des millions) de grenouilles, est qu'en
réalité, il n'y eut qu'une seule grenouille au départ. Mais les
Égyptiens se mirent à la battre avec des épées, et chaque fois
qu'ils la battaient, la grenouille se multipliait. Ils battirent
tellement les grenouilles, que pour finir, elles se multiplièrent de
façon exponentielle jusqu'à en devenir des centaines de milliers ou
des millions de grenouilles.
Nous
savons qu'un Midrosh `Aggodoh n'a d'importance que dans
la leçon morale qu'il nous enseigne. Ce n'est pas tant l'histoire
racontée qui compte, mais le message qu'il nous transmet. Quelle
leçon ce Midrosh cherche-t-il donc à nous enseigner ?
Le
Steipler Go`ôn זצ״ל
l'a
expliqué de la façon suivante : la première fois que les
Égyptiens frappèrent la grenouille, ils ne s'attendaient
certainement pas à ce qu'elle se multiplie en deux. Mais ils l'ont
frappé une seconde fois, une troisième fois, une quatrième fois,
etc., et chaque fois qu'ils la frappait, elle se multipliait
davantage. Ils voyaient qu'à chaque fois qu'ils frappaient la
grenouille, les choses empiraient. Pourquoi n'ont-ils donc pas arrêté
de la frapper ?
Le
Steipler Go`ôn a expliqué que les Égyptiens étaient chaque fois
un peu plus en colère chaque fois qu'ils frappaient les grenouilles.
Une fois qu'on se met en colère, on perd tout sens de raison et de rationalité. Évidemment, la chose la plus logique à faire aurait
consisté à arrêté de frapper les grenouilles, mais quand
quelqu'un se met en colère et se frustre, il perd le contrôle de
ses facultés. À ce moment-là, il laisse tomber la logique !
La logique est le langage du raisonnable. Or, un homme en colère
n'est pas raisonnable !
Malheureusement,
nous sommes tous concernés par ce phénomène. Nous nous mettons
tous, à l'occasion, en colère et perdons le contrôle de nos
émotions. Nous savons que c'est un état terrible. Lorsque nous
perdons le contrôle de nous-mêmes, nous disons des choses stupides,
nous n'écoutons pas ce que les autres pourraient être en train de
nous dire, etc.
C'est
vrai concernant celui qui se met occasionnellement en colère. Mais
qu'en est-il de celui qui est toujours en colère ? Cette
personne est dans une condition terrible, car elle perd toujours le
contrôle d'elle-même. Si elle n'a jamais le contrôle d'elle-même,
elle mène une vie horrible. Le Talmoud nous dit6 :
« Celui qui est constamment en colère, toutes les formes
d'Enfer dominent sur lui ». Cette Gamoro` n'est pas
seulement en train de nous dire que l'individu colérique sera
durement jugé dans le Monde-à-Venir et sera envoyé au Géhinnom.
Elle nous dit aussi que celui qui se met constamment en colère vit
un Enfer vivant dans CE monde ! Et non seulement cela,
mais il fait aussi vivre un Enfer vivant à toutes les victimes de
ses colères. Voilà la condition du colérique et de celui qui perd
constamment le contrôle de lui-même.
Cela
explique pourquoi, malgré que la chose la plus rationnelle à faire
aurait été d'arrêter de frapper ces grenouilles, un homme en
colère provoque sur lui-même un Enfer vivant en continuant de façon
tout à fait irrationnelle de frapper les grenouilles et d'aggraver
le problème.
1Shamôth
8:2
2Voir
Sanhédrin 67b
3La
vermine.
4Verset
14
5Une
multitude de poux
6Nédorim
22a