בס״ד
Prononcer
les Noms Divins
Il
est bien connu que dans le monde Juif religieux, et ce depuis des
siècles, on évite au maximum d'employer les Noms Divins, que l'on
remplace plutôt par des Attributs Divins. Il est écrit dans la
Tôroh1 :
Ne profanez point Mon saint Nom, afin que Je sois sanctifié au milieu des Bénéi Yisro`él. Je suis HaShem, qui vous sanctifie ! |
וְלֹא
תְחַלְּלוּ, אֶת-שֵׁם
קָדְשִׁי,
וְנִקְדַּשְׁתִּי,
בְּתוֹךְ
בְּנֵי יִשְׂרָאֵל:
אֲנִי ה׳,
מְקַדִּשְׁכֶם
|
Le
verbe traduit par « profaner » est לחלל
« Léhallél »,
qui signifie « rendre profane » ou « rendre
ordinaire » ; en d'autres mots « désacraliser ».
C'est la raison pour laquelle les jours de la semaine sont appelés
ימי
החול « Yéméi
Hahôl », c'est-à-dire, « Les
jours profanes ». Ils sont « profanes » dans
le sens où ils sont ordinaires par rapport au Shabboth, qui est un
jour saint. Le verbe traduit par « sanctifier », dans le
verset susmentionné, est לקדש
« Léqqadèsh »,
qui signifie « rendre distinct », ou « mettre à
part » ; dn d'autres mots, « sacraliser ».
HaShem est saint, car Il n'existe rien d'autre en-dehors de Lui. Il
est donc à part. Le peuple d'Israël est un peuple saint, non pas
dans le sens où il est supérieur aux autres peuples, car ce n'est
pas vrai, mais dans le sens où il se distingue de tous les autres
peuples existants sur cette planète de part sa moralité et sa
proximité et relation particulière avec le Créateur. Le Shabboth
est saint, car il est distinct et séparé des autres jours de la
semaine. De ce fait, être saint, c'est être mis à part. Avec tout
cela, nous pouvons comprendre le verset susmentionné de la façon
suivante : « Ne faites pas un usage ordinaire ou banal
de Mon saint Nom, afin que Je sois mis à part au milieu des Bénéi
Yisro`él. Je suis HaShem, qui vous distingue de tous les autres
peuple, et donc, distinguez-moi aussi ! »
Puisque
ces versets interdisent de faire un usage banal et ordinaire des Noms
Divins, et donc, par la même occasion d'utiliser constamment les
Noms Divins pour tout et n'importe quoi, il est devenu interdit
d'employer les Noms Divins, sauf lorsqu'on prie et que l'on étudie
ou lit la Tôroh, car ce sont des activités saintes, tout comme les
Noms Divins sont saints. Pour toutes les autres activités qui
n'entrent pas dans le domaine de la prière, de la lecture ou de
l'étude de la Tôroh et des textes sacrés, les Noms Divins doivent
être remplacés par des substituts. C'est grâce à cette
sanctification des Noms Divins que les Juifs se sont toujours
préservés de blasphémer D.ieu et d'employer Ses Noms à tord et à
travers, contrairement à d'autres qui emploient les Noms de D.ieu
pour jurer pour tout et n'importe quoi, même pour des choses qu'ils
savent être des mensonges. C'est précisément pour éviter cela
qu'HaShem ordonne de ne pas faire d'usage profane de Son Nom et
d'ainsi éviter au maximum de l'employer, car au plus on l'emploie au
plus les chances augmentent d'en faire un nom banal ! Ce
n'est pas pour rien que SEULE UNE FOIS PAR AN, à Yôm
Hakkîppourîm, le Kôhén Godôl avait la permission de
prononcer le Nom Divin de la façon dont il s'écrit. Le reste de
l'année, cela n'était pas permis. Et c'est pour cela que la
prononciation des Noms Divins était changée et qu'on ne les
prononçait pas de la façon dont ils s'écrivent.2
Mais
cela s'applique-t-il totalement à toute activité en-dehors des
trois susmentionnées (prière, lecture, étude) ?
Le
Minhag dans les communautés des 'Édouth Hammizroh3,
des Téimonîm et des Talmîdéi HaRambam, est que lorsqu'on
chante des chants religieux (Pîyoutîm,
Baqqoshôth, Nîggounîm,
Zémîrôth, Shîrîm, etc.), on prononce les Noms Divins sans les
déformer. De ce fait, on prononce correctement le שם
אדנות « Shém
`Adnouth » en disant « `Adônoy »,
et non pas « HaShem » , et on prononce
correctement le שם
אלוהות « Shém
`Èlôhouth » en disant « `Èlôhîm »
et non pas « `Èlôqîm ». La raison en est que
chanter des chants religieux est également une activité sainte, qui
pourrait même être comparé à la prière, car chanter, c'est aussi
prier. Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle la quasi-totalité
des bénédictions et prières juives se font avec un air
chantonnant.
C'est
à l'opposé du Minhag des `Ashkénazîm et des Hasîdîm,
qui est d'éviter dans tous les cas la prononciation des Noms Divins,
sauf lors de la prière, de l'étude et de la lecture de textes
sacrés. La raison pour laquelle les `Ashkénazîm et les Hasîdîm
sont plus stricts à ce sujet, c'est parce qu'ils craignent que si
l'on prenait l'habitude de prononcer les Noms Divins en-dehors des
trois activités susmentionnées, on en arriverait à les banaliser
et à les prononcer sans les Kawwonôth appropriées.4
Toutefois, ce n'est qu'une Houmroh (mesure de rigueur), car
selon le ´ïqqar Haddîn (l'essence de la Halokhoh ; la lettre
de la loi), tout le monde reconnait, même les `Ashkénazîm et les
Hasîdîm, qu'il est permis de prononcer les Noms
Divins lors de toute activité sainte, y compris lorsqu'on chante des
chants religieux.
De
plus, dans la Halokhoh des communautés des 'Édouth
Hammizroh, des Téimonîm et des Talmîdéi HaRambam,
il est stipulé qu'à chaque fois qu'on appelle ou parle à un ami,
nous ajoutons יה
« Yoh »
devant le nom de la personne qu'on appelle ou la personne à qui l'on
parle. Par exemple, si on appelle Yôséf, on lui dira « Yoh
Yôséf, j'ai à te parler ! » La raison de cette
pratique est qu'il est rapporté dans les textes les plus anciens
qu'à l'époque où le Béith Hammiqdosh fut détruit, il y a
eu un décret passé par les Romains interdisant aux Juifs de
prononcer le Nom d'HaShem. Qu'ont alors fait les Bénéi Yisro`él ?
Quand un Juif parlait à un autre Juif, il l'appelait « Yoh »
suivi par son prénom, afin de discrètement mentionner le Nom
d'HaShem. Cette pratique était acceptable et ne fut pas considérée
comme un blasphème, car HaShem étant notre Père, et nous étant
Ses enfants, chaque Juif contient en lui l'Essence de D.ieu. Chaque
Juif est « Héléq `Èlôhah Mimma´al Mamosh – une partie
réelle du D.ieu d'En-Haut », et il n'est donc pas interdit
d'appeler son ami ou son frère Môshèh en disant « Yoh
Môshèh ». C'est de ce décret Romain que s'est développé
ce Minhag qui est resté, jusqu'à nos jours, très répandu chez les
Juifs séfarades et orientaux, plus particulièrement dans les
communautés marocaines et yéménites.5
Et
enfin, il y a un autre cas où mentionner le Nom Divin est permis
dans la Halokhoh des communautés des 'Édouth
Hammizroh,
des Téimonîm et des Talmîdéi
HaRambam. Quand un bébé ou quelqu'un tousse, nous avons le Minhag
de mentionner le Nom d'HaShem en disant au bébé ou à la personne
« `Adônoy Yishmôr »
(que D.ieu préserve) ou toute autre phrase similaire. Mais le plus
répandu est de dire en judéo-arabe « Shaddaï
Ma´ak » (Que le
Tout-Puissant soit avec toi) ou « Yismillah Ma´ak »
(Que le Nom de D.ieu soit avec toi). Cela est basé sur le verset
suivant6 :
ה׳,
יִשְׁמָרְךָ
מִכָּל-רָע:
יִשְׁמֹר,
אֶת-נַפְשֶׁךָ
« `Adônoy
Yishmorkho Mikkol Ro´, Yishmôr Èth-nafshèkho – `Adônoy
te préservera de tout mal ; Il préservera ta personne »,
et il est aussi précisé que7 :
שֹׁמֵר
פְּתָאיִם ה׳
« `Adônoy
préserve les simplets »,
ce qui inclut les enfants en bas âge, puisqu'ils n'ont pas encore
développé de la Do´ath (connaissance). Voilà pourquoi il est plus
approprié encore de souhaiter une bénédiction à un enfant qui
tousse, tout en utilisant le Nom Divin.
1Wayyiqro`
22:32
2Voir
l'article
suivant.
3Terme
qui désigne les Juifs Séfardîm et Orientaux.
4Pour
de plus amples détails, voir Bésél HaHokhmoh
4:52.
5Voir
Nôhég Béhokhmoh,
page 192 ; voir aussi Nèfèsh Hayofoh, par le Rov
Yishoq Pal`aggî.
6Téhîlîm
121:7
7Ibid.,
116:6