ב״ה
Faire
du bruit à la mention du nom de Homon
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- Introduction
Si
vous jetez un coup d’œil dans le Talmoudh, le Midhrosh et les
écrits des Ga`ônim, vous ne trouverez aucune trace de la coutume
consistant à faire du bruit lorsque le nom de Homon ימש״ו
est
cité dans la Maghilloh. Et pourtant, les enfants de tous âges
attendent avec impatience le moment où, à Pourim, le Ba´al Qôré`
mentionnera le nom de Homon. Ils frappent sur le sol et les tables,
appuient sur la gâchette de pistolets à bouchon, et s'adonnent à
toute sorte d'activités bruyantes. Quelle est la source de cette
coutume ? Est-elle universelle ? Existe-t-il des avis selon
lesquels on ne doit pas agir ainsi ? Est-ce pour les enfants
uniquement ou également pour les adultes ? Toutes ces questions
et de nombreuses autres seront traitées ici.
- L'origine
Nous
avons une obligation d'effacer le souvenir de ´amoléq, comme il est
écrit1 :
Et
`adhônoy dit à Môshah : « Consigne ceci en
souvenir dans le Livre et place-le dans les oreilles de
Yahôshoua´, car effacer J'effacerai le souvenir de ´amoléq de
dessous les cieux ».
|
וַיֹּאמֶר
יהוה אֶל-מֹשֶׁה,
כְּתֹב
זֹאת זִכָּרוֹן בַּסֵּפֶר,
וְשִׂים,
בְּאָזְנֵי
יְהוֹשֻׁעַ:
כִּי-מָחֹה
אֶמְחֶה אֶת-זֵכֶר
עֲמָלֵק,
מִתַּחַת
הַשָּׁמָיִם
|
En
outre, Shalômôh Hammalakh ע״ה
a
déclaré2 :
Le
souvenir du juste est pour la bénédiction ; et le nom des
impies pourrira.
|
זֵכֶר
צַדִּיק,
לִבְרָכָה;
וְשֵׁם
רְשָׁעִים יִרְקָב
|
Se
basant sur le fait que Homon fut un descendant de ´amoléq ימש״ו,
et que le nom des impies doit pourrir et ne pas être mentionné, le
`éliyohou Rabboh3
mentionne la coutume suivante : les enfants avaient la coutume,
avant Pourim, de rassembler des pierres et d'écrire « Homon »
dessus. Chaque enfant choisissait deux pierres et les cognait l'une
contre l'autre chaque fois que le nom de Homon était mentionné
durant la lecture de la Maghilloh, afin d'accomplir la Miswoh
d'effacer le souvenir des impies et des descendants de ´amoléq.
Cette coutume est rapportée pour la toute première fois dans le
Séfar Hammanhigh4,
aux Halokhôth de Pourim, et se serait donc tout d'abord développée
en France. C'est l'origine de cette pratique !
- Le but et les raisons
Certains
Pôsqim expliquent que le but de cette coutume consistant à cogner
ensemble deux pierres sur lesquelles est écrit le nom de Homon est
afin de maudire Homon le Rosho´. Puisqu'il était également un
descendant de ´amoléq, nous accomplissons dans le même temps la
Miswoh
de détruire ´amoléq en effaçant le nom de Homon lorsqu'on cogne
les pierres l'une contre l'autre.
D'autres
disent que c'est une expression de joie et de remerciement à HaShem
ית׳
pour
nous avoir permis de vaincre ce Rosho´ et sa famille. Il est, en
effet, permis de se réjouir de la mort des gens qui ont tenté de
nuire au peuple d'Israël, comme il est écrit5 :
Quand
cela va bien pour les justes, la ville célèbre ; et quand
les impies périssent, il y a de la jubilation.
|
בְּטוּב
צַדִּיקִים,
תַּעֲלֹץ
קִרְיָה;
וּבַאֲבֹד
רְשָׁעִים רִנָּה
|
Quant
aux adultes, ils frappaient sur les tables avec leurs mains, ou par
terre avec leurs pieds, quand le nom de Homon était mentionné
durant la lecture de la Maghilloh.
Aucun
de ces deux Minhoghim n'est mentionné dans le Talmoudh, le Midhrosh,
les écrits des Ga`ônim, ni même dans le Mishnéh Tôroh, ni encore
dans le Shoulhon ´oroukh, et sont pourtant approuvés par bon
nombre de Pôsqim (ce qui est assez ironique de la part de personnes
qui prétendent qu'il faudrait suivre le Shoulhon ´oroukh),
qui ont bataillé d'imagination afin de les légitimer. Quelles sont
les justifications avancées ? Voici des raisons supplémentaires
invoquées par les Pôsqim pour expliquer les coutumes de cogner deux
pierres ensemble (pour les enfants) et frapper sur la table ou des
pieds (pour les adultes) :
Comme
cela a été mentionné plus haut, Shalômôh Hammalakh a écrit :
זֵכֶר
צַדִּיק,
לִבְרָכָה;
וְשֵׁם
רְשָׁעִים יִרְקָב « Zékhar
Saddiq Livrokhoh Washém Rasho´im Yirqov – Le souvenir du
juste est pour la bénédiction ; et le nom des impies
pourrira ». Le Midhrosh6
rapporte que si l'on ne dit pas « Zékhar Saddiq
Livrokhoh » quand on mentionne le nom d'un Saddiq, on a
transgressé une Miswoh Positive de la Tôroh. Il ajoute que
si on ne dit pas « Shém Rasho´im Yirqov » ou une phrase
similaire, comme par exemple « Maudit soit ce Rosho´ »,
quand on mentionne le nom d'un Rosho´, on a également transgressé
une Miswoh Positive. Se basant sur ce passage du Midhrosh,
certains Pôsqim7
ont tranché qu'on doit dire « Shém Rasho´im Yirqov »
lorsqu'on fait du bruit après avoir entendu le nom de Homon durant
de la lecture de la Maghilloh. De ce fait, pendant qu'ils tapent sur
la table ou du pied par terre, les adultes devraient dire « Shém
Rasho´im Yirqov ». Mais étant donné que les jeunes enfants
ne savent pas prononcer cette phrase, ils cognent plutôt des pierres
quand le nom de Homon est mentionné. Néanmoins, la coutume qui
prévaut aujourd'hui est de ne pas dire « Shém Rasho´im
Yirqov » lorsque le nom de Homon est mentionné durant la
lecture de la Maghilloh, car le faire constituerait une interruption
par des paroles. C'est comme si on avait parlé en plein milieu de la
lecture. Par conséquent, ces Pôsqim qui l'interdisent préconisent
de simplement taper sur la table, taper du pied ou cogner les pierres
ensemble, sans rien dire. Dans le même temps, on peut considérer
que la phrase « Shém Rasho´im Yirqov » n'est absolument
pas une interruption inutile, puisque si on ne le dit pas, c'est
comme si on avait transgressé une obligation toranique.
Le
Hatho''m Sôfér8
ז״ל
est
d'avis que la raison pour laquelle les enfants cognent ensemble des
pierres ou que les adultes font du bruit en tapant sur la table ou
des pieds par terre quand le nom de Homon est prononcé, c'est afin
de montrer que nous ne voulons pas entendre son nom. Puisqu'il faut
écouter chacun des mots de la Maghilloh pour se rendre quitte de la
Miswoh de la lecture de la Maghilloh, nous n'avons pas
d'autres choix que d'écouter le lecteur prononcer le nom de Homon.
C'est pourquoi, selon lui, nous montrons notre déplaisir en faisant
du bruit ou en cognant des pierres après que son nom ait été
prononcé.
Une
autre raison a été avancée : nous avons une Miswoh
d'éradiquer ´amoléq dans chaque génération. Nous sommes dans une
guerre constante et perpétuelle contre lui et ses représentants. En
guise de signe de guerre, nous faisons du bruit et cognant des
pierres quand son nom a été mentionné. Cela nous rappelle notre
obligation et permet de rester focalisé sur les Kawwonôth
appropriées à avoir pour l'accomplissement de la Miswoh
d'éradiquer ´amoléq.
- Quand le bruit doit-il être fait ?
Contrairement
à ce que l'on croit généralement, différentes coutumes existent,
et l'on ne fait pas forcément du bruit à chaque fois que le nom de
Homon est mentionné. Voici les diverses coutumes à ce sujet :
- certains ont la coutume de ne faire du bruit que lorsque la phrase אָרוּר הָמָן « `orour Homon – maudit soit Homon » est prononcée dans la prière de אֲשֶׁר הֵנִיא « `ashar Héni` » qui suit la lecture de la Maghilloh ;
- d'autres ont la coutume de ne faire du bruit que lorsque le nom de Homon était mentionné dans un verset de la Maghilloh aux côtés d'adjectifs négatifs, comme par exemple הָמָן הָאֲגָגִי « Homon Ho`aghoghi – Homon l'Agagite », הָמָן הָרָע « Homon Horo´ – Homon le mauvais », etc., mais pas quand il apparaît seul. C'est notamment la coutume que suivent les Loubavitch ;
- certaines communautés ne font pas du tout du bruit durant la lecture de la Maghilloh, mais en font lorsque le nom de Homon est mentionné dans la prière de עַל הַנִּסִּים « ´Al Hannissim » de la ´amidhoh de Pourim. (Cette coutume est assez curieuse.) ;
- le Ban `ish Hay ז״ל avait la coutume de ne faire du bruit que la toute première et dernière fois que le nom de Homon était mentionné dans la Maghilloh ;
- le Minhogh majoritaire d'aujourd'hui consiste à faire du bruit chaque fois que son nom est mentionné dans la Maghilloh.
Ainsi,
contrairement à ce qu'on pense, il n'y a pas de coutume universelle
sur cette question.
- Combien de fois doit-on frapper sur la table ou des pieds, ou cogner les pierres ?
Ceux
qui ont déjà assisté à la lecture de la Maghilloh dans une
synagogue savent que le bruit qui est fait lorsque le nom de Homon
est mentionné peut durer plusieurs longues secondes, tellement les
gens sont déchaînés et contents de pouvoir se défouler. Mais
est-ce une attitude appropriée ?
Les
Pôsqim9
disent qu'on ne doit frapper sur la table ou des pieds, qu'à trois
reprises lorsque le nom de Homon est mentionné, pas plus ; mais
que ne le faire qu'une seule fois est suffisant. Cela ne s'applique
qu'aux adultes. Les enfants peuvent frapper les pierres un peu plus.
En réalité, la plupart des Pôsqim qui traitent de la coutume de
faire du bruit à la mention du nom de Homon ne parlent que des
enfants, et pas des adultes !
C'est
très loin de l'ambiance de foire qui prévaut dans de nombreuses
communautés !
- Ceux qui n'ont pas cette coutume
Comme
cela a été mentionné plus haut, il y a des communautés qui n'ont
pas du tout la coutume de faire du bruit quand le nom de Homon est
mentionné dans la Maghilloh. Et telle est également notre pratique.
Plusieurs raisons ont été avancées. Voici les principales :
premièrement, tout ce bruit n'honore pas du tout la synagogue, qui
est un lieu saint et de prière. Cela crée une atmosphère de
désacralisation du lieu. Deuxièmement, il arrive souvent que le
lecteur poursuive la lecture alors que le bruit n'a pas cessé, ce
qui rend non valable toute la lecture de la Maghilloh, puisque ceux
qui écoutent le lecteur doivent avoir entendu chaque mot de la
Maghilloh. Troisièmement, le bruit que les gens font dure trop
longtemps et peut être considéré comme une interruption inutile.
En effet, selon certains Pôsqim, on ne doit pas s'interrompre plus
que le temps qu'il faut pour prendre une respiration !
Je
connais une communauté qui avait la coutume de permettre de faire du
bruit durant la lecture de la Maghilloh quand le nom de Homon était
cité, mais qui a annulé cette coutume car les gens devenaient
incontrôlables et que la lecture était tirée en longueur.
- Le bruit d'aujourd'hui
Comme
nous l'avons dit, la coutume d'origine consistait simplement pour les
adultes à taper sur la table avec leurs mains ou par terre avec
leurs pieds, et pour les enfants de cogner deux pierres ensemble,
lorsque le nom de Homon était mentionné durant la lecture de la
Maghilloh.
Mais
de nos jours, nous sommes témoins de nouvelles sources de bruit
durant la lecture de la Maghilloh. Alors qu'à l'origine on
n'utilisait que ses mains et ses pieds, ainsi que des pierres,
aujourd'hui les gens assistent à la lecture de la Maghilloh avec des
sifflets, des tambours, des tourniquets, et toute sorte d'objets avec
lesquels faire du bruit. Dans la plupart des cas, des adultes matures
font plus de bruit que les enfants !
Les
Pôsqim mentionnent que les gens sont si occupés à faire toute
sorte de bruits, voire même à pousser des cris, qu'ils ne se
concentrent plus du tout sur la Maghilloh et ne s'acquittent en
réalité pas du tout de leur obligation. En effet, ils n'écoutent
pas le lecteur lire la Maghilloh, mais guettent plutôt le moment où
il prononcera le nom de Homon ! Puisqu'ils n'écoutent pas
vraiment le lecteur, ils ne sont en fait pas du tout quitte de leur
obligation !
Le
bruit qui devient incontrôlable durant la lecture de la Maghilloh
doit être stoppé.10
Il convient de limiter la durée des bruits11,
et on doit désigner quelqu'un qui sera chargé de s'assurer que les
fidèles adhèrent à ces règles12.
En
outre, étant donné que le but de la coutume de faire du bruit est
de faire honte à Homon, faire trop de bruits consiste en réalité
à l'honorer ! C'est comme si on composait pour lui une longue
mélodie13.
- Les enfants et les sources de bruits dangereuses
On
voit beaucoup de synagogues où les enfants jouent avec des pétards
et de fausses armes avant et durant la lecture de la Maghilloh. C'est
dangereux et un manque de respect pour une synagogue d'y introduire
de tels objets, et cette pratique doit cesser14.
Les parents ne doivent, de toute façon, pas laisser leurs enfants
jouer avec de telles choses15.
Ils développent chez l'enfant de très mauvaises Middôth.
- Le Ba´al Qôré`
Le
Ba´al Qôré` doit garder le silence jusqu'à ce que le bruit ait
cessé, car s'il lit pendant qu'il y a du bruit, l'assemblée
n'entendra pas et n'écoutera pas ce qu'il lit, et ils ne seront
alors pas du tout quitte par sa lecture.
S'il
y a beaucoup de bruit et que le Ba´al Qôré` a quand même continué
sa lecture, il doit revenir en arrière et répéter les mots afin
que tous ceux qui sont présents s'acquittent de leur obligation
d'écouter la Maghilloh en entier, sans n'avoir rien manqué.
Il
convient de lire la Maghilloh en même temps (à voix basse) que le
Ba´al Qôré` au cas où vous manquerez un mot ou une phrase de la
lecture du Ba´al Qôré`.
- Conclusion
Il
est impératif de ne pas faire de la coutume consistant à faire du
bruit lors de la mention du nom de Homon le point de focalisation
principal, reléguant ainsi la lecture de la Maghilloh à une
position secondaire. Il n'y a aucune Halokhoh de faire du bruit quand
le nom de Homon est lu, par contre il y a une Halokhoh de lire la
Maghilloh dans son intégralité, sans manquer le moindre mot !
Les gens devraient donc se focaliser davantage sur la Halokhoh plutôt
que sur un Minhogh qui, malheureusement, crée une ambiance de foire
et de Hilloul HaShem dans la plupart des cas, exactement comme
cette coutume païenne consistant à se déguiser à Pourim. En quoi
est-ce honorant pour la Tôroh, le Judaïsme et la synagogue de voir
des gens déguisés en super héros, en policiers, en militaires,
voire carrément en sorcières ? Vous avez même des communautés
où les garçons se déguisent en filles et vice-versa, en dépit de
l'interdiction stricte du travestissement ! Le Mishnéh Tôroh
et d'autres sources encore tranchent que porter les vêtements du
sexe opposé est interdit en toutes circonstances !
Quelques
jours avant Pourim, on ne doit pas réfléchir au costume qu'on
portera, à l'objet original qu'on utilisera pour faire du bruit, ou
encore à la quantité de bruit qu'on compte produire. L'essentiel se
trouve ailleurs : on doit s'asseoir quelques jours avant Pourim
avec la Maghilloh et s'entraîner à la lire correctement, et étudier
les Halokhôth relatives à cette fête16.
C'est beaucoup plus honorant que ces coutumes futiles !
1Shamôth
17:14
2Mishlé
10:7
3Un
commentaire de Rabbi `éliyohou Shapira (1660-1712) sur la partie
« `ôrah Hayim » du Shoulhon
´oroukh
4Un
ouvrage halakhique composé par Rabbi `avrohom ban Nothon Hayyarhi,
un rabbin français de la deuxième moitié du 12ème siècle
5Mishlé
11:10
6Baré`shith
Rabboh 49:1
7Le
Lévoush, le Moghén `avrohom, le Ba`ér Hétév, ou encore le
Sha´ar Hassiyôn.
8Dans
son commentaire sur le Shoulhon ´oroukh, `ôrah
Hayim 690
9Le
Mô´édh Lakhol Hay 31:91 ; le
Shoulhon ´oroukh Horov 3:1456 ; le
Séfar Hamminhoghim (Habad-Loubavitch) page
73 ; et le Mishnoh Barouroh 60 (il dit « quelques
fois seulement »)
10`ôrhôth
Rabbénou 3, page 43:34.
11Sha´aré
Yamé Happourim, page 142. Voir
aussi le Sadhé
Hémédh Masékhéth
Pourim 10, page 728
12Pari
Hassodéh 3:42
13Sha´aré
Yamé Happourim page 59:8
14Qadhoushath
Béth Hakkanasath WaBéth Midhrosh, pages 207-208.
Certains Pôsqim permettent de confisquer à l'entrée les pétards,
etc. (Pisqéi Shamou`ôth Pourim, page 175.)
15Sha´aré
Yamé Happourim pages 79-80.
Voir aussi Mô´édh Lakhol Hay, page 25,
ainsi que Touvakho Yabi´ou 2, pages 370-372
16Mô´adhim
Lasimhoh 3, page 305, note de bas de page 4.