samedi 30 mai 2015

Qu'est-ce qui ne va pas avec le Zôhar ? - Histoire de la Qabboloh II

בס״ד

Qu'est-ce qui ne va pas avec le Zôhar ?


Pour (re)lire :

Cet article peut être téléchargé ici.

Histoire de la Qabboloh II

  1. Les affirmations des Maqqoubbolim

Les Maqqoubbolim affirmèrent détenir une tradition secrète selon quoi les Safirôth dont parle le Séfar Yasiroh n'étaient pas simplement des nombres, elles étaient des entités créées, quelque peu vivantes, et pas seulement des idées. Et pourtant, en dépit de cette prétendue « tradition secrète », les Maqqoubbolim étaient eux-mêmes divisées quant à leur définition exacte.

Certains (comme le Ramba''n) disaient qu'elles étaient une espèce de sous-créatrices, esclaves de Dieu dans le processus de la Création, tout en étant « imprégnées de Son Essence ». D'autres (comme le Rama''q) disaient qu'elles étaient un vêtement créé pour envelopper (si on peut dire) les émanations créatrices de Dieu. Comme ces Maqqoubbolim aiment à le dire, Dieu est l'Âme des Safirôth. Ces affirmations sont à l'évidence allégoriques, jusqu'à un certain degré, quoi que ce qu'elles veulent vraiment dire en des termes concrets, ils ne l'ont jamais expliqué, et il ne fait pratiquement aucun doute que personne ne le sait vraiment.

Leur philosophie prétendait répondre à la question suivante : étant donné que Dieu est parfait, Il ne peut subir de changement. Et pourtant, pour avoir créé Il devait certainement y avoir en Lui une expression de volonté, ce qui équivaut à un changement. Comme répondre à cette « contradiction » ? Ils dirent par conséquent que des êtres de pensée et de volonté ont émané de Lui, à savoir les Safirôth (Hokhmoh, Binoh, Da´ath,, etc.). Néanmoins, cela ne répond pas à la question de savoir quel phénomène a causé leur émanation (qui d'autre si ce n'est Dieu ?). Et à cette question, les « kabbalistes » n'ont jamais répondu !

Leurs philosophies étaient en opposition totale avec les enseignements du Ramba''m qui, dans son Môréh Navourkhim, déclare que la Volonté et Sa pensée (pour ainsi dire) font partie intégrante de Son Essence. Nous ne pouvons comprendre Son Essence, et en réalité nous ne devrions même pas tenter de la comprendre. Pour reprendre les mots très secs du Ramba''m : אילו ידעתיו הייתיו « si je Le connaissais [réellement], je serais Lui ! ».

Les Maqqoubbolim furent ceux qui présentèrent au reste du monde le concept de אצילות « `Asilouth », un terme qui, dans le TaNaKh, signifie « réserve », comme lorsqu'on met quelque chose de côté dans son stock. Mais les Maqqoubbolim l'utilisèrent pour se référer au concept de faire émaner quelque chose de soi-même, de conférer un peu de soi-même à quelque chose d'autre. Il est plus que probable qu'ils se basèrent sur le passage biblique où Dieu déclare à Môshah Rabbénou qu'Il prendra de l'esprit qui repose sur lui pour l'accorder aux 70 Anciens.1

Ils disent que la matière fut créée au cours d'un processus de densification du Divin dans les Sarofim, puis les Mal`okhim, et enfin l'univers physique, d'où les quatre « mondes » qui abritent ces éléments : אצילות « `Asilouth », בריאה « Bari`oh », יצירה « Yasiroh » et עשייה « ´Asiyoh ».

Ils définirent également le devoir incombant aux membres de ce monde : inverser le processus de la création par des pensées et des actes saints et restaurer chaque chose vers son état Divin primitif, ce que les Maqqoubbolim ont appelé « réaliser un Tiqqoun ». Les Miswôth et les Kawwonôth (concentrations et intentions à avoir lors de l'accomplissement de Miswôth) permettraient d'activer des mécanismes célestes. Elles confèrent toutes les deux des pouvoirs célestes et permettent de les exploiter. Ainsi, pour les Maqqoubbolim, les Miswôth et les Kawwonôth ne servent pas seulement à accomplir un ordre d'HaShem ou mériter une grâce Divine ; elles font également partie d'un processus automatique.

Cela contredit totalement ce que nous trouvons dans la Tôroh, le NaKh, et le Talmoudh, à savoir que les Miswôth ne servent qu'à nous et qu'elles n'affectent pas un mécanisme automatique qui activerait des fonctions dans la réparation ou la destruction de l'Univers. Les Miswôth sont un code que nous suivons, ou un serment d'allégeance envers HaShem. Les accomplir nous permet de créer, pour ainsi dire, des anges dont la tache consistera à témoigner en notre faveur au jour du jugement, lorsque nos âmes se présenteront devant Dieu. Les Miswôth nous ont été données pour notre bien et le raffinement de nos personnes. Voici ce qui est dit dans le Midhrosh2 :

Rov a dit : Les Miswôth ne nous furent données que pour purifier par elles les créatures, car qu'est-ce que le Saint, béni soit-Il en a à faire que nous égorgions un animal en commençant de l'avant du cou ou que nous l'égorgions de l'arrière du cou ? Les Miswôth ne nous ont donc été données que pour purifier par elles les créatures.
רב אמר לא נתנו המצות אלא לצרף בהן את הבריות, וכי מה איכפת ליה להקב"ה למי ששוחט מן הצואר, או מי ששוחט
מן העורף, הוי-: לא נתנו המצות אלא לצרף בהם את הבריות

Par contre, les Maqqoubbolim ont créé une façon de servir HaShem froide, calculée et mécanique, et leurs Kawwonôth n'étaient rien d'autre que des réflexes sur les processus mécaniques Divins prétendument complexes que leurs incantations et pensées étaient supposées enclencher !

Les livres des Maqqoubbolim sont généralement rédigés avec un nombre impressionnant d'axiomes qui ne peuvent d'ailleurs pas être prouvés comme étant corrects ou vrais, avec plein de bénédictions et malédictions fantaisistes pour prix de l'obéissance ou de la désobéissance à ces axiomes, et sous un ton autoritaire, à l'inverse du Ramba''m délimite clairement une petite quantité d'axiomes essentiels au sein d'un cadre philosophique très large souvent rédigés dans un style propositionnelle.

Les livres de Maqqoubbolim consacrent également une large partie de leurs volumes à la dissection de mots, et plus particulièrement des noms Divins, en des composants de lettres seules ou multiples et les rattachent à des expressions et processus kabbalistiques.

Du vivant du Rashbo''` (bien que lui-même semble ne pas être au courant), le Zôhar fit son apparition. Les théorèmes kabbalistiques commencèrent ainsi à exploser en des proportions massives, et progressivement, une grosse quantité d'idées kabbalistiques fut canonisée.

Dans les prochaines parties, nous parlerons des rabbins qui ont eu le courage, dès la publication du Zôhar, de condamner ce livre et l'interdire, et nous parcourons quelques-uns de leurs arguments.

1Bamidhbor 11:16-17

2Baré`shith Rabboh 3:7

vendredi 29 mai 2015

Mishnéh Tôroh VS Shoulhon ´Oroukh : La récitation du Shama´ VI

בס״ד

Mishnéh Tôroh VS Shoulhon ´Oroukh


Cet article peut être téléchargé ici.

La récitation du Shama´ VI

Le Rambam זצ״ל écrit ceci dans son Mishnéh Tôroh :

Hilkhôth Qiryath Shama´ 3:2
On ne récite pas [le Shama´] ni dans une maison de bain, ni dans des latrines, quand bien même il ne s'y trouverait pas d'excrément, ni dans un cimetière, ni à côté d'un mort. Et si on s'éloigne de quatre `ammôth de la tombe ou du mort, il est permis de réciter. Quiconque récite [le Shama´] dans un lieu où nous ne [pouvons] pas le réciter doit [le] réciter à nouveau.
אין קוראין, לא בבית המרחץ; ולא בבית הכיסא, אף על פי שאין בו צואה; ולא בבית הקברות, ולא בצד המת עצמו--ואם הרחיק ארבע אמות מן הקבר או מן המת, מותר לקרות. וכל מי שקרא במקום שאין קוראין בו, חוזר וקורא
On ne récite pas [le Shama´] ni dans une maison de bain : En décrivant l'environnement approprié dans lequel une armée israélite doit se trouver, la Tôroh déclare1 :  והיה מחניך, קדוש: ולא-יראה בך ערות דבר, ושב מאחריך « Et ton camp sera saint : Il ne verra point en toi une chose ayant trait à la nudité, sinon Il se détournerait de toi », ce qui implique que la nudité, ainsi que tout lieu où les gens se déshabillent même si personne de nu ne s'y trouve, n'est pas appropriée pour que ה׳ אלהיך מתהלך בקרב מחנך « HaShem, ton Dieu, marche au milieu de ton camp ».

ni dans des latrines, quand bien même il ne s'y trouverait pas d'excrément : Le Talmoudh2 nous enseigne effectivement que même sans présence d'excréments, les latrines ne sont pas un endroit approprié pour une prière.

ni dans un cimetière, ni à côté d'un mort : Le Talmoudh3 cite le passage suivant לעג לרש, חרף עשהו « Celui qui raille le pauvre outrage celui qui l'a fait », et explique que le terme רש « Rosh » (employé ici pour désigner un pauvre, alors que le mot le plus courant est עני « ´Onî ») désigne également un mort, et déduit de ce verset de nombreuses Halokhôth concernant le comportement à avoir en présence d'un cadavre, comme l'interdiction de porter des Tafillin ou de tenir un Séfar Tôroh dans un cimetière, étant donné que, d'une certaine manière on se moque ainsi du défunt qui, lui, n'est plus capable d'accomplir les Miswôth. C'est également le cas pour la récitation du Shama´.

Et si on s'éloigne de quatre `ammôth de la tombe ou du mort, il est permis de réciter : Le Talmoudh4 enseigne qu'un cadavre « occupe » un espace de quatre `ammôth en ce qui concerne la récitation du Shama´.5

Quiconque récite [le Shama´] dans un lieu où nous ne [pouvons] pas le réciter doit [le] réciter à nouveau : Cette décision ne se retrouve pas du tout dans le Talmoudh. C'est pourquoi, le Ra`avadh זצ״ל s'y oppose et soutient que bien qu'il soit effectivement interdit de réciter le Shama´ en présence d'un cadavre ou dans un cimetière, la violation de cette interdiction, qui est purement rabbinique, ne nécessite pas que l'on récite à nouveau le Shama´. Par conséquent, il tranche qu'il n'est pas nécessaire de recommencer le Shama´. Il convient de signaler que plusieurs Ri`shônim avaient des versions du Talmoudh légèrement différentes et plus complètes que celles que nous avons aujourd'hui. Par conséquent, il est plus que possible que la version en possession du Rambam stipulait bien cela. Et les Talmidhé HaRambam et les Dôr Da´im suivent son opinion.6

Le Méhabbér זצ״ל est d'accord avec le Rambam, et tranche donc lui aussi que celui qui a récité le Shama´ dans les situations interdites par les Sages doit recommencer le Shama´ par la suite :

`Ôrah Hayyim 71:7
Il est interdit de procéder à la récitation du Shama´ dans les quatre `ammôth d'un mort ou dans un cimetière. Et si on [le] récite [quand même], on n'est pas quitte.
אסור לקרות קריאת שמע תוך ארבע אמות של מת או בבית הקברות ואם קרא לא יצא

Il est ainsi tout de même incroyable de voir de nombreux Hasidhim carrément organiser des Minyonim dans des cimetières !

Le Rambam poursuit et dit :

Hilkhôth Qiryath Shama´ 4:3-5, 7
3. Celui qui a un mort dont il a l'obligation de porter le deuil en cas de décès est exempt de la récitation du Shama´ jusqu'à ce qu'il soit enterré, parce qu'il n'a pas l'esprit tranquille pour le réciter. Celui qui garde le corps, même s'il n'est pas son mort7, est exempt de la récitation du Shama´. S'il y a deux gardes, l'un garde [le corps], et l'autre se retire à un autre endroit pour réciter [le Shama´]. Puis, celui-ci retourne à sa garde, et l'autre se retire ailleurs pour réciter [le Shama´]. De même, un fossoyeur est exempt de la récitation du Shama´.
ג  מי שמת לו מת שהוא חייב להתאבל עליו--פטור מקרית שמע עד שיקברנו, מפני שאין דעתו פנויה לקרות. ואם היה משמר את המת--אף על פי שאינו מתו, פטור מקרית שמע; ואם היו השומרין שניים--האחד משמר, והשני נשמט למקום אחר וקורא, וחוזר ומשמר, ונשמט האחר וקורא. וכן החופר קבר למת, פטור מקרית שמע
Celui qui a un mort dont il a l'obligation de porter le deuil en cas de décès : La Tôroh8 mentionne les six proches pour lesquels il y a une obligation de prendre le deuil en cas de décès : un père, une mère, un fils, une fille, un frère et une sœur. Et au niveau rabbinique, on a ajouté aussi l'obligation de prendre le deuil pour son épouse ou son époux9.

est exempt de la récitation du Shama´ : Et de toutes les autres Miswôth de la Tôroh.10

jusqu'à ce qu'il soit enterré : La Mishnoh11 déclare que celui dont le mort est « couché devant lui » est exempt de la récitation du Shama´. La Gamoro`12 explique que tout proche qui n'est pas encore enterré est considéré comme étant « couché devant lui ». Nous apprenons cela de `Avrohom `Ovinou ע״ה qui, lorsqu'il s'adressa aux Bané Héth, leur demanda la permission d'enterrer Soroh `Imménou ע״ה, qu'il a décrite comme étant מתי מלפני « Méthî Millafonoy – mon mort qui est devant moi »13, bien que son corps n'était physiquement pas devant lui à ce moment-là.

Le Talmoudh Yarousholmi fait remarquer que réciter le Shama´ alors que la personne n'a pas encore été enterrée est irrespectueux envers le défunt.

parce qu'il n'a pas l'esprit tranquille pour le réciter : C'est-à-dire, même s'il n'est pas nécessairement impliqué dans les préparatifs de l'enterrement ou l'enterrement lui-même, il est exempt de la Miswoh de la récitation du Shama´, parce que son esprit n'est pas tranquille, vu le chagrin qui l'anime.14 Par contre, le Méhabbér tranche que si quelqu'un d'autre s'occupe des préparatifs de l'enterrement et que l'endeuillé désire réciter le Shama´ par rigueur, on ne doit pas l'en empêcher. Mais s'il s'occupe lui-même de l'enterrement, quand bien même il voudrait être strict, il ne lui est alors pas permis de réciter le Shama´15

En outre, contrairement au Rambam, le Méhabbér tranche16 que les endeuillés sont exempts de la récitation du Shama´ et de la prière durant les sept jours qui suivent le décès, même si le défunt a été enterré le jour-même de son décès. C'est la pratique la plus suivie de nos jours, mais elle n'a aucune base, ni source, dans les textes traditionnels. Halakhiquement parlant, l'exemption ne courre que jusqu'au moment où le défunt a été enterré, exactement comme le dit le Rambam.

Celui qui garde le corps : Le Talmoudh17 explique que garder/surveiller le corps était nécessaire pour le protéger des animaux ou d'autres dommages.

même s'il n'est pas son mort, est exempt de la récitation du Shama´ : Parce que celui qui est occupé par une Miswoh est exempt d'une autre.

Le Méhabbér rapporte également cette Halokhoh.18

S'il y a deux gardes, l'un garde [le corps], et l'autre se retire à un autre endroit pour réciter [le Shama´] : Contrairement aux endeuillés, les gardes ont l'obligation de réciter le Shama´ lorsqu'ils le peuvent19. Leur exemption n'est pas basée sur le fait que leur esprit est troublé, mais sur le fait qu'ils sont occupés à une Miswoh. Par conséquent, si quelqu'un d'autre est capable de garder le corps à sa place pour quelques instants, le garde doit s'absenter et réciter le Shama´. Mais s'il n'y a personne pour prendre la garde, il ne lui est pas permis de réciter le Shama´.20

Le Méhabbér rapporte aussi cette Halokhoh.21

La raison pour laquelle ils doivent se retirer ailleurs, est que, comme cela a été dit dans les Hilkhôth Qiryath Shama´ 3:2, il faut s'éloigner d'au moins quatre `ammôth d'un cadavre.

De même, un fossoyeur est exempt de la récitation du Shama´ : La source de cette Halokhoh est la Gamoro` de Barokhôth 14b. Son exemption est également basée sur le principe qui stipule que celui qui est impliqué dans l'accomplissement d'une Miswoh est exempt d'une autre.

Le Méhabbér rapporte également cette Halokhoh.22

Le Hofés Hayyim tranche23 que même lorsque le fossoyeur se repose quelques instants, il reste exempt de la Miswoh de récitation du Shama´, étant donné que son repos fait également partie de la Miswoh d'enterrer un mort, puisqu'en se reposant il gagne des forces pour continuer son travail.
4. On ne sort pas le défunt mort pour l'enterrer juste avant le temps de la récitation du Shama´, à moins qu'il s'agisse d'un grand homme. S'ils ont commencé et l'ont sorti, et que le temps de la récitation arrive alors qu'ils transportent le mort, tous ceux qui sont nécessaires à la civière mortuaire, comme ceux qui portent la civière mortuaire, leurs remplaçants, et ceux qui remplacent les remplaçants, qu'ils soient derrière ou devant la civière mortuaire, sont exempts [de la récitation]. Et le reste du cortège funèbre, qui n'est pas nécessaire à la civière mortuaire, est astreint [à la récitation du Shama´].
ד  אין מוציאין את המת לקוברו סמוך לזמן קרית שמע, אלא אם כן היה אדם גדול. ואם התחילו והוציאוהו, והגיע זמן הקריאה והן מלווין את המת--כל שיש למיטה צורך בהן, כגון נושאי המיטה וחילופיהן וחילופי חילופיהן, בין היו לפני המיטה, בין היו לאחר המיטה--פטורין; ושאר המלווין שאין למיטה צורך בהן, חייבין
On ne sort pas le défunt mort pour l'enterrer juste avant le temps de la récitation du Shama´ : Car cela va empêcher de nombreuses personnes de réciter le Shama´.24

à moins qu'il s'agisse d'un grand homme : Cette décision du Rambam est basée sur l'anecdote suivante : la Gamoro`25 rapporte que lorsque Rov Yôséf décéda, on emmena son corps pour être enterré à l'approche du moment de la récitation du Shama´. La Gamoro` rapporte alors un argument selon lequel, pour un homme important, c'est différent. C'est-à-dire, pour un homme de la stature de Rov Yôséf, même si la récitation du Shama´ est retardée afin d'honorer sa grandeur.

Ni Rov Yishoq `Alfassi זצ״ל (le Rif), ni Rabbénou `Ashér זצ״ל (le Rô`sh), ne mentionne ce passage talmudique, car pour eux ce passage n'indique pas du tout qu'il y ait la moindre obligation halakhique d'agir ainsi. Le Tour26 זצ״ל mentionne l'opinion du Rambam, mais ajoute que son père, Rabbénou `Ashér, ne faisait aucune différence entre une personne de grande stature et une personne simple.

Le Méhabbér écrit dans son Béth Yôséf qu'à nos époques il n'existe plus aucune personne de cette stature pour laquelle nous pourrions voliontairement sortir le cadavre pour l'enterrer peu avant le temps de la récitation du Shama´. C'est pourquoi, dans son Shoulhon ´Oroukh, le Méhabbér omet également cette référence talmudique et ne fait aucune distinction entre une personne importante et une personne simple.27

Le Moghén `Avrohom זצ״ל mentionne que l'interdiction d'enterrer quelqu'un à l'approche de l'heure de la récitation du Shama´ ne se rapporte qu'au Shama´ du matin. Cependant, tôt dans la soirée, on devrait d'abord enterrer le corps et ensuite seulement réciter le Shama´, ou réciter le Shama´ suffisamment tôt pour pouvoir ensuite enterrer le défunt avant la tombée de la nuit, de façon à enterrer la personne le plus proche possible du jour où le décès a eu lieu.

tous ceux qui sont nécessaires à la civière mortuaire, comme ceux qui portent la civière mortuaire, leurs remplaçants, et ceux qui remplacent les remplaçants, qu'ils soient derrière ou devant la civière mortuaire, sont exempts [de la récitation] : Il existe deux versions de la Mishnoh de Barokhôth 17b. La version standard, que nous avons aujourd'hui, fait une différence entre ceux qui sont devant la civière mortuaire et ceux qui sont derrière, et déclare : « Ceux qui sont devant elle et sont nécessaires pour [porter] la civière sont exempts. Ceux qui sont derrière elle, mêem s'ils sont nécessaires pour [porter] la civière, sont astreints [à la récitation du Shama´] ». Mais la version des Tôsofôth, ainsi que la majorité des versions imprimées de la Mishnoh, et le Commentaire de la Mishnoh par le Rambam, rapportent le texte suivant : « Ceux qui sont devant la civière et ceux qui sont derrière la civière, ceux qui sont requis pour [porter] la civière, sont exempts. Quant à ceux qui ne sont pas requis pour [porter] la civière, ils ont l'obligation de réciter le Shama´ ».

Le Méhabbér rapporte la version de la Mishnoh qu'avait le Rambam.28

Et le reste du cortège funèbre, qui n'est pas nécessaire à la civière mortuaire, est astreint [à la récitation du Shama´] : Parce que, comme cela est dit dans la Mishnoh susmentionnée, « Quant à ceux qui ne sont pas requis pour [porter] la civière, ils ont l'obligation de réciter le Shama´ ».

Les personnes qui accompagnent le corps jusqu'au cimetière ne le font qu'en signe d'honneur pour le défunt, mais ne sont pas occupées à l'accomplissement d'une Miswoh qui les exempteraient de la récitation du Shama´.

Le Méhabbér cite également cette Halokhoh.29
5. Si on était occupé à l'oraison funèbre et qu'est arrivé le temps de la récitation du Shama´, [la règle suivante est appliquée :] si le corps est posé devant eux, ils se retirent un à un pour réciter [le Shama´], et retournent à l'oraison funèbre. Si le corps ne se trouve pas devant eux, tout le monde récite le Shama´, et l'endeuillé reste assis silencieux, car il n'a pas l'obligation de réciter [le Shama´], jusqu'à ce qu'il enterre son mort.
ה  היו עוסקין בהספד, והגיע זמן קרית שמע--בזמן שהמת מונח לפניהן, נשמטין אחד אחד וקורין וחוזרין להספד. אין המת מוטל לפניהם, כל העם קורין קרית שמע; והאביל יושב ודומם, שאינו חייב לקרות עד שיקבור מתו
Si on était occupé à l'oraison funèbre et qu'est arrivé le temps de la récitation du Shama´ : La source de cette Halokhoh est Barokhôth 19a

si le corps est posé devant eux, ils se retirent un à un : C'est-à-dire, les uns après les autres, mais pas tous en même temps, car ce serait manquer de respect au défunt.

pour réciter [le Shama´], et retournent à l'oraison funèbre : Car réciter le Shama´ en présence d'un mort n'est pas permis, comme nous l'avons déjà mentionné à la Halokhoh 3.

Si le corps ne se trouve pas devant eux, tout le monde récite le Shama´ : Car il n'y a alors aucun manque de respect envers le défunt dans le fait d'accomplir des Miswôth alors qu'il n'est pas présent.

et l'endeuillé reste assis silencieux, car il n'a pas l'obligation de réciter [le Shama´], car il n'a pas l'obligation de réciter [le Shama´] jusqu'à ce qu'il enterre son mort : Car l'exemption de l'endeuillé n'est pas liée à son implication dans une Miswoh, mais au fait qu'il n'a pas l'esprit tranquille, comme mentionné à la Halokhoh 3.

Le Mehebber mentionne également toutes ces Halokhôth dans son Shoulhon ´Oroukh.30
7. Quiconque est exempt de la récitation du Shama´, s'il désire être plus strict avec lui-même et réciter, qu'il récite. Mais c'est à la condition qu'il ait l'esprit tranquille. Mais si cette personne exempte est troublée, il ne lui est pas accordé la possibilité de réciter, jusqu'à ce qu'elle ait calmé son esprit.
ז  כל מי שהוא פטור מלקרות קרית שמע--אם רצה להחמיר על עצמו ולקרות, קורא: והוא, שתהא דעתו מיושבת עליו; אבל אם היה זה הפטור מלקרות מבוהל ותמיה--אינו רשאי לקרות, עד שתתיישב דעתו
Quiconque est exempt de la récitation du Shama´, s'il désire être plus strict avec lui-même et réciter, qu'il récite : La Mishnoh31 rapporte une divergence d'opinion entre les Sages et Rabbon Shim´ôn ban Gamli`él II quant à savoir si un Hothon peut réciter le Shama´ ou pas lors de sa nuit de noce. Rabbî Shim'on ben Gamaliel II ne le permet pas, parce qu'il estime que ce n'est pas tout le monde qui a la capacité de réciter le Nom d'HaShem quand il le désire, sans être troublé. Mais les Sages le permettent.

Mais c'est à la condition qu'il ait l'esprit tranquille : Les Sages estiment que chaque homme a le potentiel de se contrôler au point de pouvoir réciter le Shama´ avec la concentration appropriée. Mais Rabbon Shim´ôn ban Gamli`él II soutient que cela n'est pas possible pour la majorité des personnes.

Mais si cette personne exempte est troublée, il ne lui est pas accordé la possibilité de réciter, jusqu'à ce qu'elle ait calmé son esprit : Et dans ce cas-là, même les Sages sont d'accord pour dire qu'il ne doit pas réciter le Shama´ s'il a l'esprit troublé par quoi que ce soit.

En substance, le Rambam suit donc l'opinion des Sages. Par contre, Rabbénou `Ashér suit l'opinion de Rabbon Shim´ôn ban Gamli`él II, et interdit de réciter le Shama´ lorsqu'on en est exempté, que l'on ait l'esprit tranquille ou pas.

Les Tôsofôth32 expliquent qu'à nos époques, notre niveau de concentration a changé et tous les Hathonim devraient réciter le Shama´. Ils concluent que tout Hothon qui ne réciterait pas le Shama´ lors de sa nuit de noce enverrait un message d'arrogance selon quoi en tant normal il aurait un degré très élevé de concentration. Le Méhabbér accepte la position des Tôsofôth et oblige les Hathonim à réciter le Shama´ lors de la nuit de noce.33

Pour notre part, nous suivons évidemment nos Sages et le Rambam. Ainsi, un Hothon est exempt de la récitation du Shama`.

1Davorim 23:15
2Barokhôth 26a ; Shabbâth 10a
3Barokhôth 18a
4Sôtoh 43b
5Voir aussi Barokhôth 18a
6Comme indique plus bas, le Méhabbér est d'accord avec la décision du Rambam. C'est également le cas du Hofés Hayyim זצ״ל
7C'est-à-dire, le défunt n'est pas un de ses proches parents pour qui il a une obligation de prendre le deuil
8Wayyiqro` 21:2-3
9Mentionné dans les Hilkhôth `Éval 2:1
10Hilkhôth `Éval 4:6
11Barokhôth 17b
12Ibid., 18a
13Baré`shith 23:4
14Explication du Kasaf Mishnéh. Voir également le Talmoudh Yarousholmi, Barokhôth 3:1, et le Talmoudh Bavlî, Soukkoh 25a, qui sont les sources de cette Halokhoh.
15`Ôrah Hayyim 71:1
16Ibid., 71:2
17Barokhôth 18a
18`Ôrah Hayyim 71:3
19C'est pourquoi, dans le cas où le corps n'est gardé que par une seule personne, cette dernière est exempte du Shama´, car elle ne peut pas laisser le corps seul, ni réciter en présence du corps
20Mishnoh Barouroh 71:3
21`Ôrah Hayyim 71:4
22Ibid., 71:5
23Mishnoh Barouroh 71:5
24Rashî זצ״ל, sur Barokhôth 19a.
25Barokhôth, Ibid.
26`Ôrah Hayyim 72
27`Ôrah Hayyim 72:2
28Ibid., 72:1
29Ibid., et Yoreh De'âh 358:1
30`Ôrah Hayyim 72:3
31Barokhôth 16b
32Ibid., 17b

33`Ôrah Hayyim 70:3

Qu'est-ce qui ne va pas avec le Zôhar ? - Histoire de la Qabboloh I

בס״ד

Qu'est-ce qui ne va pas avec le Zôhar ?


Pour (re)lire :

Cet article peut être téléchargé ici.

Histoire de la Qabboloh I

  1. Les origines

Pour comprendre la signification du Zôhar, nous devons d'abord comprendre le terme « Qabboloh ».

Le terme קבלה « Qabboloh » tel qu'il est utilisé de nos jours pour désigner l'intégralité de la littérature ésotérique juive est une grande supercherie. Rabbi Mé`ir ban Shalômôh `Abbou Sahoula (1260-1335) fut un kabbaliste contemporain du Rashb`a et auteur d'un commentaire sur le Séfar Yasiroh. Il témoigne que la vérité est que le terme « Qabboloh » et מקבלים « Maqqoubbolim » pour désigner les études ésotériques ne sont apparus qu'au douzième siècle, et en ces temps-là ils ne se rapportaient qu'à l'étude des philosophies relatives aux dix Safirôth et certaines explications profondes des Miswôth basées sur ces études. Il écrit ceci :

Il nous incombe d'investiguer toutes les choses du meilleur de nos capacités et suivre les sentiers tracés par ceux qui sont appelés, dans notre génération et depuis les 200 dernières années, « Maqqoubbolim », qui font référence à l'étude des dix Safirôth et certaines raisons des Miswôth par le terme « Qabboloh ».
חייבים אנו לחקור כל הדברים כפי השגתנו ולדרוך בהם הדרך שדרכו הנקראים בדורנו בדורות שהיו לפנינו מהיום מאתיים שנה - מקובלים, וקוראין לחכמת העשר ספירות וקצת טעמי המצוות קבלה

Il n'existe aucune référence à ces termes de « Maqqoubbolim » et « Qabboloh » dans des sources antérieures au 13ème siècle pour faire référence à des croyances ou pratiques mystiques. Par conséquent, ces « 200 dernières années » mentionnées ici sont une exagération. En fait, ce sens nouveau donné à ces deux termes tire sa source dans l'introduction que le Ramba''n (1194-1270) a faite dans son Commentaire sur la Tôroh.

Beaucoup plus tard, l'emploi du terme « Qabboloh » fut étendu pour également inclure le מעשה מרכבה « Ma´aséh Markovoh », le מעשה בראשית « Ma´aséh Varé`shith » (voir les chapitres 2 et 4 des Hilkhôth Yasôdhé Hattôroh, dans lesquels ces deux termes sont expliqués), les ordres des firmaments, les textes relatifs aux היכלות « Hékholôth »1, les combinaisons des lettres, les sujets relatifs aux גלגולים « Gilgoulim »2, la science des פרצופים‎‎ « Parsoufim »3, et pratiquement tout ce qui touche aux רזי תורה « Razé Tôroh »4 et beaucoup de « secrets » pas forcément liés à la Tôroh. Mais c'est un usage complètement détourné du sens traditionnel du terme « Qabboloh », et ce détournement fut sans aucun doute volontaire pour donner aux nouvelles traditions « kabbalistiques » une plus grande légitimité et antériorité. Par conséquent, il nous incombe de garder à l'esprit, à partir de maintenant, que le mot « Qabboloh », comme on l'entend aujourd'hui, est en fait un terme « nouveau » sans tradition antérieure au 13ème siècle sur lequel s'appuyer.

  1. Le Séfar Yasiroh

L'une des doctrines centrales de la Qabboloh est les dix Safirôth.

La source la plus ancienne qui mentionne les dix Safirôth est le Séfar Yasiroh.

Bien qu'il soit mentionné dans le livre lui-même qu'il fut rédigé par `Avrohom `Ovinou, et que c'est ce que croyaient de nombreux Ga`ônim et Ri`shônim, parmi lesquels le Rov Hay Go`ôn, le Rov Yahoudhoh Halléwi ou encore le Ramba''n, il existe néanmoins une autre « tradition » selon lequel l'auteur en serait Rébbi ´Aqivoh tel que cela est mentionné par les Maqqoubbolim Rabbi Môshah Qôrdôvérô (le Rama''q) et Rabbi Yahoudhoh Hayyath. Cette deuxième opinion tiendrait plus la route lorsqu'on prend en considération les faits suivants : le Séfar Yasiroh rapporte des versets tirés de tout le TaNaKh, mentionne les mois de l'année en se référant à leurs noms babyloniens, et désigne HaShem par le nom de « Savo`ôth », un nom qui, d'après le Talmoudh, fut attribué à HaShem pour la première fois par Hannoh, la mère du prophète Shamou`él. Le livre traite également abondamment des quatre éléments essentiels que sont la terre, l'air, le feu et l'eau (qui ne fut développé qu'à la fin de l'ère du Premier Temple), des signes du zodiaque et l'influence directe des organes sur le processus de la pensée, avec des axiomes et dogmes que nous savons aujourd'hui être complètement faux !

Le « Séfar Yasiroh » (Livre de la Création) est mentionné dans le Talmoudh et il est dit que ce livre aurait servi à créer des vies. Peu de gens connaissent le passage talmudique suivant :

Sanhédhrin 65b
Rabbo` créa un homme5 et l'envoya se présenter devant Rébbi Zéro`. Ce dernier lui parla mais n'obttint aucune réponse de sa part. Sur ce, il lui dit : « Tu es une créature des magiciens ! Retourne vers ta poussière ! ». Rov Hanino` et Rov `Ôsha`yoh passaient chaque veille de Shabboth à étudier le Séfar Yasiroh, à l'aide duquel ils créèrent un veau adulte au un tiers6 et le mangèrent.
רבא ברא גברא, שדריה לקמיה דרבי זירא. הוה קא משתעי בהדיה, ולא הוה קא מהדר ליה. אמר ליה: מן חבריא את, הדר
לעפריך. רב חנינא ורב אושעיא הוו יתבי כל מעלי שבתא ועסקי בספר יצירה, ומיברו להו עיגלא תילתא, ואכלי ליה

C'était un ouvrage thaumaturgique très populaire dans les temps talmudiques également appelé appelé הלכות יצירה « Hilkhôth Yasiroh » (Lois relatives à la Création). Sur cette création du veau, Rash''i commente ceci :

C'est au moyen des combinaisons des lettres du Nom [Divin] par lesquelles le monde fut créé. Et il n'y à là aucune sorcellerie, car les œuvres du Saint, béni soit-Il, furent amenées à l'existence au moyen de Son saint Nom.
על ידי שהיו מצרפים אותיות השם שבהם נברא העולם, ואין כאן משום מכשפות דמעשה
הקדוש ברוך הוא הן, על ידי שם קדושה שלו הוא

On pourrait suggérer que le cœur du Séfar Yasiroh est vrai, que les combinaisons de lettres peuvent réellement créer, et que cela fut révélé à `Avrohom `Ovinou par HaShem mais que c'est Rébbi ´Aqivoh qui a théorisé les processus de création sur la base des thèses philosophiques existant à son époque. Les `Amôro im qui créèrent des hommes et des animaux n'avaient donc besoin que de connaître les combinaisons des lettres. Mais même cette affirmation selon laquelle Rébbi ´Aqivoh serait l'auteur du Séfar Yasiroh est douteux, notamment parce que les kabbalistes qui soutiennent cette thèse manquent totalement de crédibilité, comme nous le verrons plus bas. Au final, nous ne savons pas qui a rédigé ce livre.

Mais le livre en lui-même ne fut jamais interprété de la façon dont il l'est aujourd'hui.

  1. Interprétation

Jusqu'à avant les publications abondantes des Maqqoubbolim, le Séfar Yasiroh fut toujours interprétée très simplement comme se référant aux trente-deux sentiers de la sagesse, qui sont les constituants élémentaires du processus de la pensée Divine et humaine, composés des dix nombres (ספירות « Safirôth » signifie tout simplement « nombres », comme dans l'expression ספירת העומר « Safirath Ho´ômar – décompte du Omer ») et les vingt-deux lettres de l'alphabet hébraïque. HaShem Lui-même a fait usage de combinaisons de ces lettres et nombres pour créer le monde, en commençant par les quatre éléments fondamentaux (air, feu, etc.), les constellations des étoiles (taureau, capricorne, etc.) et les différentes parties du corps humain. Le Séfar Yasiroh affirme que toutes ces choses (les quatre éléments fondamentaux, les constellations des étoiles et les parties du corps humain) auraient des effets et des influences sur la psyché de l'homme de différentes façons.

C'est ainsi que ce livre fut expliqué par Rabbi Shabbataï Donolo, Rabbi Yahoudhoh de Barcelone et Rabbi Yahoudhoh Halléwi.7 (C'est aussi ce qu'explique le Go`ôn de Wilno`.) Ils sont tous morts avant le 12ème siècle. Ils furent donc la toute première génération d'interprètes du Séfar Yasiroh.

  1. Les premiers Maqqoubbolim

Ensuite sont arrivés les premiers Maqqoubbolim. Qui sont les premiers Maqqoubbolim que nous connaissons ?

  • Le Rov Hay Go`ôn

Certains Maqqoubbolim comme le Rama''q, le Rov Mé`ir ban Hizqiyohou `Ibn Gabba y et le Rov Ménahém ´Azaryoh de Fano prétendent que le Rov Hay Go`ôn (969-1038) fut un kabbaliste, et ils se basent en cela sur des lettres fictives « citées » dans certains livres de Qabboloh, et plusieurs livres kabbalistioques lui ont été attribués. Tout cela est complètement faux, étant donné que si vous jetez un coup d’œil sur ces lettres, vous verrez que leur style est complètement différent (à tous les niveaux) de celui de l'ère des Ga ônim. Deuxièmement, si vous jetez un coup d’œil dans les Tashouvôth Hagga`ônim (qui rassemblent l'intégralité des lettres rédigées par les Ga`ônim et qui nous sont parvenues), il y a une très longue lettre dans laquelle lui-même écrit que si quelqu'un croit qu'ajourd'hui quelqu'un pourrait réaliser des voyages miraculeux (se trouver à en endroit et arriver à un autre endroit situé à plusieurs kilomètres mais en un instant. Les Hasidhim, notamment, attribuent un tel pouvoir au Ba´al Shém Tôv) ou se faire disparaître aux moyens d'incantations, une telle personne est naïve et crédule. Il écrit également que malgré qu'il connaisse les 42 lettres qui constituent le Shem Mém Béth8, il ne sait pas comment le prononcer étant donné qu'il n'existe aucune Masôroh (tradition) ayant été transmise sur le sujet ou dans les livres relatifs aux Noms Divins, et qu'il n'a entendu que des bribes sur le sujet.

Connaître les noms secrets d'HaShem ne fait pas de vous un kabbaliste. Mais ne pas même s'impliquer dans l'étude des noms secrets d'HaShem exclut la possibilité que vous soyez un kabbaliste ! Le Rov Hay Go ôn n'en n'était pas un !

  • Le Rov Hamay Go ôn

Les mêmes Maqqoubbolim susmentionnés ( le Rama''q, le Rov Mé`ir ban Hizqiyohou `Ibn Gabba y et le Rov Ménahém ´Azaryoh de Fano) affirment également qu'il existait un Goµ ôn du nom de Rov Hamay Go`ôn qui aurait rédigé un ouvrage kabbalistique appelé ספר העיון « Séfar Ho´iyyoun ». Mais leur affirmation est plus que douteuse, étant donné que ce « Rov Hamay Go`ôn » apparaît nulle part dans les `Iggarôth Rov Shariro` Go ôn, qui énumèrent toutes les dynasties gaoniques. Son nom n'est également mentionné dans aucun livre connu. Quant au Séfar Ho´iyyoun en question, il cite des propos prétendument attribués au Rov Hay Go`ôn (le tout dernier des Ga ônim) en ajoutant un « za''l » (de mémoire bénie) après son nom ! Si ce Rov Hamay Go`ôn avait vécu du temps des Ga`ônim et que le Rov Hay Go ôn fut le dernier des Ga`ônim, comment ce Rov Hamay Go`ôn peut-il parler du Rov Hay Go ôn comme étant mort ?

Enfin, le Radziner Rebbe déclare ouvertement et sans détour que le Séfar Ho iyyoun fut rédigé par Rabbi Yôséf ban `Avrohom Gikatilla (1248-1310), dont le style est clairement reconnaissable dans le livre.

Ainsi, rien ne prouve que le « Rov Hamay Go`ôn » fut un kabbaliste antérieur au 13ème siècle... et encore faut-il qu'il ait existé !

  • Le Ra`ava''dh

Certains prétendent que le Ra`ava''dh (Rabbi `Avrohom ban Dowidh, 1125-1198) était un Maqqoubbol. Ils se basent sur le fait qu'il existe un commentaire sur le Séfar Yasiroh appelé פירוש הראב״ד « Piroush HaRa`ava''dh ». Or, le Rama''q dit pour sa part qu'il fut rédigé par Rabbi Yôséf Ha`arôkh, un Maqqoubbol qui vécu durant la génération après celle du Rashb`o (Rabbi Shalômôh ban `Addarath, 1235-1310), et Rabbi Hayyim Vital est également d'accord pour dire que le Ra`ava''dh n'en est pas l'auteur.

Aucune preuve n'existe pour affirmer que le Ra`ava''dh fut un kabbaliste antérieur au 13ème siècle.

  • Rabbi Yishoq l'Aveugle

Peut-être que le plus ancien des Maqqoubbolim connus fut Rabbi Yishoq l'Aveugle, le fils du Ra`ava''dh, à qui l'on attribut également un commentaire sur le Séfar Yasiroh, bien que beaucoup soient sceptiques à ce propos.

  • Le Ramba''n

Après lui vint le Ramba''n (1194-1270), concernant lequel il n'existe aucun doute qu'il fut un Maqqoubbol, puis Rabbi ´Azro` de Gérone (également appelé « Rabbi `Azri`él », 1160-1238), et enfin le Rashb`o.

Dans la troisième partie, nous aborderons notamment la nouvelle interprétation que les Maqqoubbolim firent du Séfar Yasiroh et des Safirôth.

1Des textes mystiques rapportant les visions d'ascensions dans les palais célestes
2Réincarnations
3Faces, formes ou manifestations Divines
4Secrets de la Tôroh
5À l'aide du Séfar Yasiroh
6C'est-à-dire, un veau qui avait atteint un tiers de sa croissance totale ; d'autres le comprennent comme un veau dans sa troisième année ; d'autres encore comme un veau né au un tiers
7C'est aussi ce qu'explique le Go`ôn de Wilno` à la fin de son livres sur les Hiddoushé Shabboth

8Mentionné dans le Talmoudh, Qiddoushin 71a