samedi 30 mai 2015

Qu'est-ce qui ne va pas avec le Zôhar ? - Histoire de la Qabboloh II

בס״ד

Qu'est-ce qui ne va pas avec le Zôhar ?


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Histoire de la Qabboloh II

  1. Les affirmations des Maqqoubbolim

Les Maqqoubbolim affirmèrent détenir une tradition secrète selon quoi les Safirôth dont parle le Séfar Yasiroh n'étaient pas simplement des nombres, elles étaient des entités créées, quelque peu vivantes, et pas seulement des idées. Et pourtant, en dépit de cette prétendue « tradition secrète », les Maqqoubbolim étaient eux-mêmes divisées quant à leur définition exacte.

Certains (comme le Ramba''n) disaient qu'elles étaient une espèce de sous-créatrices, esclaves de Dieu dans le processus de la Création, tout en étant « imprégnées de Son Essence ». D'autres (comme le Rama''q) disaient qu'elles étaient un vêtement créé pour envelopper (si on peut dire) les émanations créatrices de Dieu. Comme ces Maqqoubbolim aiment à le dire, Dieu est l'Âme des Safirôth. Ces affirmations sont à l'évidence allégoriques, jusqu'à un certain degré, quoi que ce qu'elles veulent vraiment dire en des termes concrets, ils ne l'ont jamais expliqué, et il ne fait pratiquement aucun doute que personne ne le sait vraiment.

Leur philosophie prétendait répondre à la question suivante : étant donné que Dieu est parfait, Il ne peut subir de changement. Et pourtant, pour avoir créé Il devait certainement y avoir en Lui une expression de volonté, ce qui équivaut à un changement. Comme répondre à cette « contradiction » ? Ils dirent par conséquent que des êtres de pensée et de volonté ont émané de Lui, à savoir les Safirôth (Hokhmoh, Binoh, Da´ath,, etc.). Néanmoins, cela ne répond pas à la question de savoir quel phénomène a causé leur émanation (qui d'autre si ce n'est Dieu ?). Et à cette question, les « kabbalistes » n'ont jamais répondu !

Leurs philosophies étaient en opposition totale avec les enseignements du Ramba''m qui, dans son Môréh Navourkhim, déclare que la Volonté et Sa pensée (pour ainsi dire) font partie intégrante de Son Essence. Nous ne pouvons comprendre Son Essence, et en réalité nous ne devrions même pas tenter de la comprendre. Pour reprendre les mots très secs du Ramba''m : אילו ידעתיו הייתיו « si je Le connaissais [réellement], je serais Lui ! ».

Les Maqqoubbolim furent ceux qui présentèrent au reste du monde le concept de אצילות « `Asilouth », un terme qui, dans le TaNaKh, signifie « réserve », comme lorsqu'on met quelque chose de côté dans son stock. Mais les Maqqoubbolim l'utilisèrent pour se référer au concept de faire émaner quelque chose de soi-même, de conférer un peu de soi-même à quelque chose d'autre. Il est plus que probable qu'ils se basèrent sur le passage biblique où Dieu déclare à Môshah Rabbénou qu'Il prendra de l'esprit qui repose sur lui pour l'accorder aux 70 Anciens.1

Ils disent que la matière fut créée au cours d'un processus de densification du Divin dans les Sarofim, puis les Mal`okhim, et enfin l'univers physique, d'où les quatre « mondes » qui abritent ces éléments : אצילות « `Asilouth », בריאה « Bari`oh », יצירה « Yasiroh » et עשייה « ´Asiyoh ».

Ils définirent également le devoir incombant aux membres de ce monde : inverser le processus de la création par des pensées et des actes saints et restaurer chaque chose vers son état Divin primitif, ce que les Maqqoubbolim ont appelé « réaliser un Tiqqoun ». Les Miswôth et les Kawwonôth (concentrations et intentions à avoir lors de l'accomplissement de Miswôth) permettraient d'activer des mécanismes célestes. Elles confèrent toutes les deux des pouvoirs célestes et permettent de les exploiter. Ainsi, pour les Maqqoubbolim, les Miswôth et les Kawwonôth ne servent pas seulement à accomplir un ordre d'HaShem ou mériter une grâce Divine ; elles font également partie d'un processus automatique.

Cela contredit totalement ce que nous trouvons dans la Tôroh, le NaKh, et le Talmoudh, à savoir que les Miswôth ne servent qu'à nous et qu'elles n'affectent pas un mécanisme automatique qui activerait des fonctions dans la réparation ou la destruction de l'Univers. Les Miswôth sont un code que nous suivons, ou un serment d'allégeance envers HaShem. Les accomplir nous permet de créer, pour ainsi dire, des anges dont la tache consistera à témoigner en notre faveur au jour du jugement, lorsque nos âmes se présenteront devant Dieu. Les Miswôth nous ont été données pour notre bien et le raffinement de nos personnes. Voici ce qui est dit dans le Midhrosh2 :

Rov a dit : Les Miswôth ne nous furent données que pour purifier par elles les créatures, car qu'est-ce que le Saint, béni soit-Il en a à faire que nous égorgions un animal en commençant de l'avant du cou ou que nous l'égorgions de l'arrière du cou ? Les Miswôth ne nous ont donc été données que pour purifier par elles les créatures.
רב אמר לא נתנו המצות אלא לצרף בהן את הבריות, וכי מה איכפת ליה להקב"ה למי ששוחט מן הצואר, או מי ששוחט
מן העורף, הוי-: לא נתנו המצות אלא לצרף בהם את הבריות

Par contre, les Maqqoubbolim ont créé une façon de servir HaShem froide, calculée et mécanique, et leurs Kawwonôth n'étaient rien d'autre que des réflexes sur les processus mécaniques Divins prétendument complexes que leurs incantations et pensées étaient supposées enclencher !

Les livres des Maqqoubbolim sont généralement rédigés avec un nombre impressionnant d'axiomes qui ne peuvent d'ailleurs pas être prouvés comme étant corrects ou vrais, avec plein de bénédictions et malédictions fantaisistes pour prix de l'obéissance ou de la désobéissance à ces axiomes, et sous un ton autoritaire, à l'inverse du Ramba''m délimite clairement une petite quantité d'axiomes essentiels au sein d'un cadre philosophique très large souvent rédigés dans un style propositionnelle.

Les livres de Maqqoubbolim consacrent également une large partie de leurs volumes à la dissection de mots, et plus particulièrement des noms Divins, en des composants de lettres seules ou multiples et les rattachent à des expressions et processus kabbalistiques.

Du vivant du Rashbo''` (bien que lui-même semble ne pas être au courant), le Zôhar fit son apparition. Les théorèmes kabbalistiques commencèrent ainsi à exploser en des proportions massives, et progressivement, une grosse quantité d'idées kabbalistiques fut canonisée.

Dans les prochaines parties, nous parlerons des rabbins qui ont eu le courage, dès la publication du Zôhar, de condamner ce livre et l'interdire, et nous parcourons quelques-uns de leurs arguments.

1Bamidhbor 11:16-17

2Baré`shith Rabboh 3:7