jeudi 14 mai 2015

Mishnéh Tôroh VS Shoulhon ´Oroukh : La récitation du Shama´ I

בס״ד

Mishnéh Tôroh VS Shoulhon ´Oroukh


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La récitation du Shama´ I

Rabbi Yôséf Qa`rô זצ״ל écrit ceci :

`Ôrah Hayyim 61:1
On fait la récitation du Shama´ avec concentration, avec peur, avec crainte, avec tremblement et émotion.
יקרא קריאת שמע בכוונה באימה ביראה ברתת וזיע

Mais cela est plus particulièrement vrai pour le premier verset du Shama´, comme il l'écrit un peu avant :

`Ôrah Hayyim 60:5
Celui qui récite le Shama´ sans avoir concentré son cœur dans [la récitation du] premier verset, qui est : « Shama´ Yisro`él », n’est pas quitte de son obligation. Quant au reste [du Shama´], s'il n'a pas concentré son cœur, même s’il lisait la Tôroh ou corrigeait ces sections1 au moment de la récitation du Shama´, il est quitte, car il a concentré son cœur dans le premier verset.
הקורא את שמע ולא כיון לבו בפסוק ראשון שהוא שמע ישראל לא יצא ידי חובתו והשאר אם לא כיון לבו אפילו היה קורא בתורה או מגיה הפרשיות האלו בעונת קריאת שמע יצא והוא שכיון לבו בפסוק ראשון

Les propos tenus ici par Rabbi Yôséf Qa`rô sont en réalité un copier-coller, mot pour mot, de ce que le Rambam זצ״ל a écrit dans son Mishnéh Tôroh :

Hilkhôth Qiryath Shama´ 2:1
Celui qui récite le Shama´ sans avoir concentré son cœur dans [la récitation du] premier verset, qui est : « Shama´ Yisro`él `Adhônoy `Alôhénou `Adhônoy `Ahodh », n’est pas quitte de son obligation. Quant au reste [du Shama´], s'il n'a pas concentré son cœur, même s’il lisait la Tôroh comme il en a l'habitude ou corrigeait ces sections2 au moment de la récitation du Shama´, il est quitte, car il a concentré son cœur dans le premier verset.
הקורא את שמע, ולא כיוון ליבו בפסוק ראשון שהוא "שמע, ישראל: ה' אלוהינו, ה' אחד"--לא יצא ידי חובתו; והשאר--אם לא כיוון ליבו, יצא. אפילו היה קורא בתורה כדרכו, או מגיה את הפרשייות האלו בעונת קריאה--יצא: והוא, שכיוון ליבו בפסוק ראשון

En d'autres mots, si quelqu'un était en train de lire la Tôroh et qu'il se trouvait au Chapitre 6 de Davorim au moment de l'heure de la récitation du Shama´, même s'il a lu dans la Tôroh le verset 4 (qui est le premier du Shama´) avec concentration et qu'ensuite il a lu le reste sans concentration (c'est-à-dire, suivant sa façon ordinaire de lire la Tôroh), il est quitte de la Miswoh de récitation du Shama´, car c'est ce verset 4 qui est l'essentiel et le cœur de tout le Shama´. De même, si au moment de l'heure de la récitation du Shama´ il était en train de corriger un parchemin sur lequel sont rédigées les paroles du Shama´ (comme par exemple, un parchemin de Mazouzoh), tout en lisant à voix haute les mots au fur et à mesure de sa correction, il devra lire au moins le verset 4 avec concentration, et quand bien même il lirait le reste sans concentration, il est quitte de son obligation.

Que dit le Talmoudh ? Barokhôth 13a-b rapporte de nombreuses opinions différentes quant aux passages du premier paragraphe du Shama´ qui nécessitent une concentration.3 Il existait différentes pratiques, et elles sont toutes rapportées.

Après avoir donné les différents avis, le Talmoudh conclut cette discussion de la façon suivante :

Barokhôth 13b
Nos Rabbins ont enseigné : « ''Shama´ Yisro`él `Adhônoy `Alôhénou `Adhônoy `Ahodh.'' Jusque là, la concentration du cœur est nécessaire4 ». ce sont les paroles de Rébbi Mé`ir5. Ravo` a dit : « La Halokhoh est comme [cela a été dit par] Rébbi Mé`ir ».
תנו רבנן שמע ישראל ה' אלהינו ה' אחד עד כאן צריכה כוונת הלב דברי רבי מאיר אמר רבא הלכה כרבי מאיר

Voilà pourquoi le Rambam et Rabbi Yôséf Qa`rô insistent plus particulièrement sur le fait de se concentrer durant la récitation du premier verset pour être quitte de son obligation de réciter le Shama´. C'est ainsi que le Talmoudh déclare (toujours sur la même page) : תנו רבנן שמע ישראל ה' אלהינו ה' אחד זו קריאת שמע של רבי יהודה הנשיא « Nos Rabbins ont enseigné : ''Shama´ Yisro`él `Adhônoy `Alôhénou `Adhônoy `Ahodh'' ; c'était là la récitation du Shama´ de Rébbi Yahoudhoh Hannosi`'' », c'est-à-dire, chaque jour il ne récitait que ce verset, et rien de plus ! De là, nous voyons que de tout le Shama´, c'est ce verset-là qui est le plus important et qui nécessite le plus de concentration. (D'où le fait qu'on a appelé cette Miswoh « Récitation du Shama´ », puisque « Shama´ » est le premier mot du premier verset.)

En réalité, nous avons d'autres preuves dans d'autres passages du Talmoudh attestant que la suite du Shama´ n'est pas forcément nécessaire lorsqu'on récite le Shama´. Par exemple, lorsqu'on va se coucher, si on se contente de réciter uniquement le premier verset, on est quitte de la Miswoh de réciter le Shama´ en se couchant. Le minimum consiste à réciter au moins le premier verset. C'est ainsi que, toujours dans Barokhôth 13b, il est dit : מר רבי אילא בריה דרב שמואל בר מרתא משמיה דרב אמר שמע ישראל ה' אלהינו ה' אחד ונאנס בשינה יצא « Rébbi `Élo` bar Rov Shamou`él bar Marto` a dit au nom de Rov : ''Celui qui a dit, Shama´ Yisro`él `Adhônoy `Alôhénou `Adhônoy `Ahodh, et fut ensuite dominé par le sommeil, est quitte'' »

Toujours à ce sujet, Rabbi Yôséf Qa`rô, se basant sur des règles énoncées dans les deux pages de Barokhôth 13a-b, rapporte ceci :

`Ôrah Hayyim 63:4-5
La concentration principale a lieu dans le premier verset. Par conséquent, si on récite et qu'on ne concentre pas son cœur dans le premier verset, on n'est pas quitte de son obligation et on recommence et récite [à nouveau]. Et même ceux qui disent que les Miswôth ne nécessitent pas une concentration sont d'accord sur ce point.
עיקר הכוונה הוא בפסוק ראשון הלכך אם קרא ולא כוון לבו בפסוק ראשון לא יצא ידי חובתו וחוזר וקורא ואפילו למאן דאמר מצות אינן צריכות כוונה מודה הכא
Si quelqu'un dormait, on le dérange et le réveille jusqu'à ce qu'il ait récité le premier verset. À partir de ce moment-là, nous ne le dérangeons pas [et n'exigeons pas de lui] qu'il récite en étant pleinement éveillé, car même s'il récitait [le reste] à moitié endormi, il est quitte.6
אם היה ישן מצערים אותו ומעירים אותו עד שיקרא פסוק ראשון והוא ער ממש מכאן ואילך אין מצערים אותו כדי שיקרא והוא ער ממש שאף על פי שהוא קורא מתנמנם יצא

Le Rambam le mentionne également dans son Mishnéh Tôroh :

Hilkhôth Qiryath Shama´ 2:3
Celui qui se déplace à pied doit s’arrêter pour [la récitation du] premier verset, et récite le reste en marchant. S’il dort, on le dérange et on le réveille jusqu’à ce qu’il récite le premier verset. S’il est ensuite pris de sommeil, on ne le dérange pas.
מי שהיה מהלך על רגליו--עומד בפסוק ראשון, והשאר קורא והוא מהלך. היה ישן--מצערין אותו ומעירין אותו, עד שיקרא פסוק ראשון; מכאן ואילך, אם אנסתהו שינה, אין מצערין אותו

Toujours concernant le premier verset, Rabbi Yôséf Qa`rô écrit :

`Ôrah Hayyim 61:4-5
Notre coutume consiste à réciter le premier verset à voix haute afin d'éveiller la concentration.
נוהגין לקרות פסוק ראשון בקול רם כדי לעורר הכוונה
Notre coutume consiste à placer les mains devant le visage durant la récitation du premier verset, afin de ne pas regarder quelque chose d'autre qui détournera de la concentration.
נוהגין ליתן ידיהם על פניהם בקריאת פסוק ראשון כדי שלא יסתכל בדבר אחר שמונעו מלכוין

Concernant la première coutume mentionnée ci-dessus (celle consistant à réciter le premier verset à voix haute), le Rambam écrit ceci :

Hilkhôth Qiryath Shama´ 2:8
Et il doit faire entendre à ses oreilles ce qu’il récite. [Néanmoins,] s’il ne fait pas entendre à ses oreilles [ce qu'il récite], il est quitte.
וצריך להשמיע לאוזנו, כשהוא קורא; ואם לא השמיע לאוזנו, יצא

Cette Halokhoh est basée sur Barokhôth 13a, où nous lisons ceci :

L’Écriture dit « Ecoute »... Rébbi7 [a dit] : « [Cela signifie :] Que ton oreille entende ce qui sort de ta bouche ». Mais nos Rabbins soutiennent l'opinion qui dit que même s'il n'a pas fait entendre à son oreille [ce qui sort de sa bouche], il est quitte.
ולרבי נמי הא כתיב שמע ההוא מבעי ליה השמע לאזניך מה שאתה מוציא מפיך ורבנן סברי להו כמאן דאמר לא השמיע לאזנו יצא

En d'autres mots, Lakhattahilloh, il conviendrait de réciter le Shama´ de façon audible. Mais Badi´avodh, les Rabbins n'en ont pas fait une Halokhoh. Pourquoi ? Premièrement, parce que cela voudrait dire que les sourds ou les muets ne peuvent pas réciter le Shama´. Deuxièmement, le mot « Shama´ » ne signifie pas que « écoute », mais également « comprends » ou « prête attention ». Ainsi, même celui qui n'a pas récité le premier verset du Shama´ de façon audible peut être quitte de la Miswoh, pourvu qu'il l'ait récité avec concentration.

C'est ainsi que Rabbi Yôséf Qa`rô rapporte ceci :

`Ôrah Hayyim 61:26
Certains ont la coutume de faire la récitation du Shama´ à voix haute, et d'autres ont la coutume de le réciter à voix basse.
יש נוהגים לקרות קריאת שמע בקול רם ויש נוהגים לקרותו בלחש

Néanmoins, cela n'est vrai que lorsqu'on récite le Shama´ seul. En effet, lorsqu'on prie en communauté, le Shaliah Sibbour récite le Shama´ à voix haute, et la communauté lui répond, comme cela est respectivement rapporté par Rabbi Yôséf Qa`rô et le Rambam :

`Ôrah Hayyim 62:5
Le Shaliah Sibbour doit faire entendre sa voix [au moment de la récitation de] « Shama´ Yisro`él », afin que [les membres de] l'assemblée entendent et déclarent ensemble la royauté du Nom.
צריך שליח צבור להשמיע קולו בשמע ישראל כדי שישמעו הקהל וימליכו שם שמים יחד

Hilkhôth Tafilloh Ouvirkhath Kôhanim 9:1
Il8 commence à « s'étendre sur le Shama´ » à voix haute, et eux répondent « `Omén » après chaque bénédiction. Celui qui sait bénir et réciter [le Shama´] le fait avec lui jusqu’à la bénédiction de « Go`al Yisro`él ».
ומתחיל ופורס על שמע בקול רם, והן עונין אמן אחר כל ברכה וברכה, והיודע לברך ולקרות קורא עימו, עד שמברך גאל ישראל

Quant à la deuxième coutume mentionnée par Rabbi Yôséf Qa`rô (celle consistant à placer ses mains devant les yeux), elle n'est pas mentionnée par le Rambam, et en voici la raison : La source de cette pratique est un passage dans Barokhôth 13b :

Nos Rabbins ont enseigné : « ''Shama´ Yisro`él `Adhônoy `Alôhénou `Adhônoy `Ahodh'' ; c'était là la récitation du Shama´ de Rébbi Yahoudhoh Hannosi`''»9 Une fois, Rov dit à Rov Hiyyo` : « Je ne vois pas comment est-ce que Rébbi acceptait sur lui le joug du Royaume des Cieux »10. Il lui répondit : « Fils de princes !11 Dès le moment où il passait ses mains sur ses yeux, il acceptait sur lui le joug du Royaume des Cieux ! »
תנו רבנן שמע ישראל ה' אלקינו ה' אחד זו קריאת שמע של רבי יהודה הנשיא אמר ליה רב לרבי חייא לא חזינא ליה לרבי דמקבל עליה מלכות שמים אמר ליה בר פחתי בשעה שמעביר ידיו על פניו מקבל עליו עול מלכות שמים

En d'autres mots, Rov pensait que Rébbi Yahoudhoh Hannosi` ne récitait pas le Shama´. Mais Rov Hiyyo` l'informa que Rébbi Yahoudhoh Hannosi` récitait bien le Shama´, mais de façon discrète. Il plaçait ses mains sur ses yeux afin de se concentrer et récitait ensuite dans ses mains uniquement le premier verset du Shama´ d'une voix suffisamment haute que pour s'entendre lui-même, mais assez bas que pour ne pas être entendu par ses disciples. Puis, il reprenait son cours sans réciter le reste du Shama´. Mais comme Rov ne savait pas que lorsque Rébbi plaçait ses mains devant les yeux c'était pour discrètement réciter le premier verset du Shama´, il croyait que Rébbi n'a jamais récité le Shama´. C'est de ce passage que provient la pratique si répandue dans de nombreuses communautés (pas toutes) de placer la main droite devant les yeux avant de réciter le premier verset du Shama´.

La raison pour laquelle le Rambam ne rapporte pas cette pratique dans son Mishnéh Tôroh est très simple : c'est le seul passage du Talmoudh qui mentionne cette pratique, et il est clair et évident que c'était la pratique personnelle de Rébbi Yahoudhoh Hannosi` pour se concentrer et réciter le Shama´ discrètement. Si cette pratique était la norme, Rov aurait alors su que lorsque Rébbi plaçait ses mains devant les yeux à l'heure du Shama´, c'était pour réciter le Shama´ ! Puisque c'était le Minhogh de Rébbi Yahoudhoh Hannosi`, le Rambam ne le mentionne pas comme Halokhoh. À noter également que même Rabbi Yôséf Qa`rô parle bien de « coutume », et ne dit pas que c'est obligatoire. Enfin, remarquer que le Talmoudh et Rabbi Yôséf Qa`rô disent que Rébbi Yahoudhoh Hannosi` plaçait « ses mains sur ses yeux », c'est-à-dire, ses deux mains, et pas seulement la main droite, contrairement à ce qui est fait aujourd'hui par ceux ayant repris cette coutume !

Bien que le premier verset du Shama´ doive, Lakhattahilloh, se dire à voix haute, le « Boroukh Shém » qui vient juste après se dit à voix basse, comme le rapporte Rabbi Yôséf Qa`rô :

`Ôrah Hayyim 61:13
Après le premier verset, on doit dire « Boroukh Shém Kavôdh Malkhouthô La´ôlom Wo´adh » à voix basse.
אחר פסוק ראשון צריך לומר "ברוך שם כבוד מלכותו לעולם ועד" בחשאי

Citant la Gamoro` de Pésahim 56a, le Rambam raconte l'histoire de cette phrase :

Hilkhôth Qiryath Shama´ 1:4
Celui qui fait la récitation du Shama´ dit, à voix basse, quand il termine le premier verset : « Béni soit le nom de Son glorieux royaume pour l'éternité et à tout jamais ». Puis, il reprend la récitation [du premier paragraphe] normalement : « Tu aimeras HaShem ton Dieu, etc. » jusqu’à la fin. Pourquoi récite-t-on de cette façon ? Nous avons une tradition selon laquelle lorsque Ya´aqôv notre père rassembla ses enfants en Égypte, au moment de sa mort, il les enjoignit et les encouragea au sujet de l’unité de Dieu, et de la voie de Dieu suivie par `Avrohom et Yishoq son père. Il les interrogea ainsi : « Mes fils ! Peut-être se trouve-t-il parmi vous quelque défaillant ; l’un [d’entre vous] ne me suit peut-être pas [en ce qui concerne] l’unité de Dieu ? », dans le même esprit que ce que dit Môshah12 : « Peut-être y a-t-il parmi vous un homme ou une femme…dont le cœur se détourne aujourd’hui d'HaShem notre Dieu ? » Tous répondirent « Écoute, Israël, HaShem est notre Dieu, HaShem est Un », c’est-à-dire « Écoute-nous, ô notre père, Israël, HaShem est notre Dieu, HaShem est Un ». L’ancien s’exclama : « Béni soit le nom de Son glorieux royaume pour l'éternité et à tout jamais ». C’est pourquoi, tous les Israélites se sont accoutumés à dire la louange exprimée par Yisro`él l’ancien après ce verset.
הקורא קרית שמע--כשהוא גומר פסוק ראשון, אומר בלחש ברוך שם כבוד מלכותו לעולם ועד; וחוזר וקורא כדרכו "ואהבת, את ה'", עד סופה. ולמה קורין כן--מסורת היא בידינו שבשעה שקיבץ יעקוב אבינו את בניו במצריים בשעת מיתתו, ציוום וזירזם על ייחוד השם, ועל דרך ה' שהלך בה אברהם ויצחק אביו. ושאל אותן ואמר להן, בניי, שמא יש בכם פסולת, מי שאינו עומד עימי בייחוד אדון כל העולם, כעניין שאמר לנו משה רבנו "פן יש בכם איש או אישה...". ענו כולם, ואמרו לו "שמע, ישראל: ה' אלוהינו, ה' אחד"--כלומר שמע ממנו, אבינו ישראל, ה' אלוהינו, ה' אחד. פתח הזקן וענה, ברוך שם כבוד מלכותו לעולם ועד; לפיכך נהגו כל ישראל לומר שבח זה ששיבח בו ישראל הזקן, אחר פסוק זה

Quant à la raison pour laquelle nous récitons cette phrase à voix basse (sauf à Yôm Hakkippourim), c'est afin d'indiquer que cette phrase ne fait pas partie de la Tôroh Écrite.

Rabbi Yôséf Qa`rô rapporte l'obligation de réciter le Shama´ correctement, avec précision, ainsi que la permission de réciter le Shama´ dans n'importe quelle langue :

`Ôrah Hayyim 62:2
On peut le réciter dans n'importe quelle langue, et on doit prêter attention aux erreurs dans cette langue et être précis comme [lorsqu'on fait la récitation] en Loshôn Haqqodhash.
יכול לקרותה בכל לשון ויזהר מדברי שיבוש שבאותו לשון וידקדק בו כמו בלשון הקודש

Néanmoins, étant donné qu'avec les années d'exil beaucoup d'Israélites ont perdu la connaissance d'une bonne prononciation du Loshôn Haqqodhash, Rabbi Yôséf Qa`rô tranche que ceux qui ne prononcent pas comme il faut sont quand même quitte de leur obligation :

`Ôrah Hayyim 62:1
Bien qu'il soit une Miswoh d'être précis dans [la prononciation] des lettres [du Shama´], celui qui récite et n'est pas précis est quitte.
אף על פי שמצוה לדקדק באותיותיה קראה ולא דקדק בהן יצא

Lakhattahilloh, on doit prononcer comme il faut. Badi´avodh, si ce n'est pas possible, on est néanmoins quitte.

Ces règles mentionnées par Rabbi Yôséf Qa`rô sont des copier-coller sur le Rambam, qui écrit ceci :

Hilkhôth Qiryath Shama´ 2:10
Un homme peut réciter le Shama´ en quelque langue qu’il comprend. Celui qui récite [le Shama´] dans toute langue doit prêter attention aux erreurs dans cette langue. Il faut être minutieux dans [la prononciation de] cette langue comme dans le Loshôn Haqqodhash.
קורא אדם את שמע, בכל לשון שהוא מכירה; והקורא בכל לשון--צריך להיזהר מדברי שיבוש שבאותה הלשון, ומדקדק באותה הלשון, כמו שמדקדק בלשון הקודש, אם קראה בלשון הקודש

La source de cette Halokhoh est le passage de Barokhôth 13a, qui rapporte une divergence d'opinion entre Rébbi Yahoudhoh Hannosi` et les Sages. Rébbi Yahoudhoh Hannosi` est d'avis que le Shama´ doit se réciter tel qu'il a été rédigé, c'est-à-dire, en Loshôn Haqqodhash. Mais HaZaL sont d'avis que le Shama´ peut être récité dans n'importe quelle langue. Ils se basent en cela sur le mot « Shama´ », qui signifie « comprends », c'est-à-dire, le Shama´ peut être récité dans n'importe laquelle des langues que l'on comprend, car celui qui récite le Shama´ en Loshôn Haqqodhash sans comprendre ce qu'il dit n'est pas du tout quitte de son devoir !

Le Rambam écrit ceci :

Hilkhôth Qiryath Shama´ 2:8
Il faut être précis dans [la prononciation] des lettres [du Shama´]. [Néanmoins,] si l’on a pas été précis, on est quitte.
וצריך לדקדק, באותייותיה; ואם לא דיקדק, יצא

Quels sont les points sur lesquels il faut être précis durant la récitation du Shama´ ? Le Rambam écrit :

Hilkhôth Qiryath Shama´ 2:9
Que signifie « être précis » [dans la récitation] ? Il faut prêter attention à ne pas prononcer [une lettre] avec un Doghash sans Doghash, ou [une lettre] sans Doghash avec un Doghash. Il ne faut pas prononcer le Shawo` silencieux ni omettre le Shawo` vocal. Pour la même raison, il faut marquer un espace entre deux mots dont la dernière lettre du premier est la même que la première lettre du second.13 Prenons l’exemple de בכל לבבך « bakhol lavovakho » : il faut lire « bakhol », marquer un arrêt, puis reprendre « lavovakho ». De même pour ואבדתם מהרה « wa`avadhtam mahéroh » et הכנף פתיל « hakkonof pathil ». Il faut prononcer distinctement le zayin de « tizkarou »14, et prolonger le Da`l de « `Ahodh » suffisamment pour proclamer la royauté [de Dieu] dans les cieux, sur la terre, et dans les quatre directions. Il ne faut pas écourter le héth, afin que cela ne s’entende pas comme « `é hadh »15.
כיצד מדקדק--ייזהר שלא ירפה החזק, ולא יחזק הרפה; ולא יניד הנח, ולא יניח הנד. לפיכך צריך ליתן ריוח, בין כל שתי אותות הדומות שאחת מהן סוף תיבה והאחרת תחילת תיבה הסמוכה לה: כגון "בכל לבבך", קורא "בכל" ושוהה וחוזר וקורא "לבבך"; וכן "ואבדתם מהרה", "הכנף פתיל". וצריך לבאר זין של "תזכרו". וצריך להאריך בדאל של "אחד", כדי שימליכהו על השמיים ועל הארץ ועל ארבע רוחות העולם; וצריך שלא יחטוף בחית, כדי שלא יהא כאומר אי חד

Tous ces exemples du Rambam sont mentionnés en tant que Halokhoh dans la Gamoro` de Barokhôth 15b. Mais certaines autres règles mentionnées dans ce passage talmudique ont été omises ici par le Rambam, tandis que Rabbi Yôséf Qa`rô reprend dans son Shoulhon ´Oroukh16 toutes les règles mentionnées dans ce passage talmudique. Voici ces autres règles omises par le Rambam, mais reprises par Rabbî Yossef, de façon à avoir une liste complète de tout ce à quoi il faut faire attention en récitant le Shama´ :

  • On doit marquer une pause entre היום « hayyîom » et על לבבך « ´al lavovakho », et entre היום « hayyîom » et אהבה « `ahavoh », afin de ne pas donner l'impression que les obligations mentionnées dans le Shama´ ne s'appliquent qu'aujourd'hui, mais pas demain.
  • On doit marquer une pause entre נשבע « Nishba´ » et ה׳ « HaShem », afin d'avoir le temps de correctement prononcer le ´ayin et ne pas le prononcer comme un `alaf.
  • On doit veiller à bien prononcer le zayin du mot וזכרתם « ouzkhartam », car si on le prononce comme un samakh, le mot voudra alors dire « et ils fermeront », au lieu de « et ils se souviendront ».
  • On doit insister sur la prononciation du youdh de la phrase שמע ישראל « Shama´ Yisro`él », afin de ne pas la prononcer « Shama´ `Isro`él », avec un `alaf à la place du youdh.
  • De même, on doit insister sur la prononciation du youdh dans והיו « wahoyou », afin de ne pas donner l'impression de le prononcer והאו « waho`ou », avec un `alaf. (Un mot qui ne veut rien dire.)
  • On doit marquer une pause entre וחרה « wahoroh » et אף « `af », afin de ne pas donner l'impression de dire וחרף « Wahorof », qui signifie alors « et en dépit de », au lieu de « et la colère [d'HaShem] s'abattra ».
  • On doit marquer une pause entre deux mots lorsque le premier se termine par un mém et que le deuxième commence par un `alaf (une lettre muette). Par exemple : ולמדתם אתם « walimadhtam `ôthom », וקשרתם אתם « ouqshartam `ôthom », ושמתם את « wasamtam `ath », וראיתם אתו « our`îtham `ôthô », וזכרתם את « Ouzkhartam `ath », et ועשיתם את « wa´asitham `ath ». Dans tous ces cas, faire fusionner le mem avec le `alaf a pour effet de dire le mot מותם « moutham », qui signifie « leur mort ». C'est pourquoi il faudra marquer une pause entre ces deux lettres.
  • On doit réciter le Shama´ en respectant les signes de cantillation avec lesquels le Shama´ apparaît dans la Tôroh.

Il est triste de constater que sous prétexte de l'exil, la plupart des Israélites ne respectent plus ces règles, et prononcent le Shama´ n'importe comment, sans faire l'effort, ni d'améliorer leur prononciation (ils se cachent derrière le verset « N'abandonne pas la Tôroh de ta mère » pour expliquer que l'on doit se tenir à la prononciation que l'on a reçue dans sa famille, alors que l'on parle ici de Halokhoh et non de coutume familiale), ni d'étudier un minimum les règles de prononciation du Shama´, qui est pourtant une obligation toranique, ce qui signifie que l'on doit être plus strict dans la réalisation de cette Miswoh que dans la récitation, par exemple, des Pasouqé Dazimro` et de la '´Amidhoh, qui sont des préceptes rabbiniques. C'est uniquement si vraiment on a des difficultés à modifier sa prononciation et que cela peut empiéter sur notre concentration que l'on peut alors ne pas respecter ces règles. Dans le cas contraire, toute personne qui le peut doit faire les efforts adéquats pour modifier sa prononciation et respecter les règles de récitation du Shama´. Et l'idéal consiste à arriver à un stade où l'on prononcera le Loshôn Haqqodhash comme il faut, dans chacune de nos récitations, et pas seulement lors du Shama´, comme le dit Rabbi Yôséf Qa`rô :

`Ôrah Hayyim 61:22
Même dans les Pasouqé Dazimroh et la prière, on doit être précis sur tous ces points.
אף בפסוקי דזמרה ובתפלה צריך לדקדק בכך

1Sur un parchemin qu'il rédigeait en même temps qu'il récitait
2Sur un parchemin qu'il rédigeait en même temps qu'il récitait
3Tous sont d'accord, par contre, pour dire que les deux autres paragraphes peuvent être récités sans concentration
4Ce qui signifie, après avoir récité ce verset, la concentration du cœur n'est plus une obligation
5L'un des plus grands des Tanno`im de la troisième génération. Il a vécut durant l'ère de la Mishnoh. Il est le troisième Tanno` le plus cité de la Mishnoh. Gittin 3a déclare que toutes les Mishnoyôth anonymes sont attribuées à Rébbi Mé`ir. La raison pour laquelle son nom n'est pas cité, même lorsqu'une Mishnoh vient de lui, c'est parce qu'il tenta, sans succès, de faire démissionner le chef du Sanhédhrin de Yavnah. Par conséquent, par respect pour son autorité, ces enseignements et décisions sont cités dans la Mishnoh, mais pas sous son nom. On écrit plutôt « Et d'autres ont dit... »
6Puisqu'il a récité au moins le premier verset en étant pleinement éveillé
7Rébbi Yahoudhoh Hannosi`, rédacteur de la Mishnoh
8Le Shaliah Sibbour
9Le premier verset du Shama´ e'st appelé « Qabbalath ´Ôl Malkhouth Shomayim – acceptation du Joug du Royaume des Cieux »
10Rébbi Yahoudhoh Hannosi` commençait à étudier la Tôroh avec ses disciples avant l'aube et ne s'arrêtait pas lorsque arrivait l'heure de la récitation du Shama´ du matin. Comment donc pouvait-il accepter sur lui le joug du Royaume des Cieux sans réciter le Shama´ ?
11Rov était un grand érudit et le neveu de Rov Hiyyo`
12Davorim 29:17
13Car sinon, cela donnerait l'impression de lire un seul grand mot au lieu de deux
14Car si on le prononce comme un samakh, le mot veut alors dire « vous vous coucherez » ou « vous serez récompensés », au lieu de « vous vous souviendrez »
15Qui signifie en araméen, « Il n'est pas Un »

16`Ôrah Hayyim 61:15-21, 23-24