בס״ד
Mishnéh
Tôroh VS Shoulhon ´Oroukh
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La
récitation du Shama´ II
Rabbi
Yôséf Qa`rô זצ״ל
rapporte
que deux bénédictions sont récitées avant le Shama´ en lui-même.
La première est celle de יוצר
אור « Yôsér
`Ôr » :
`Ôrah
Hayyim 59:1
|
« Boroukh
`Attoh `Adhônoy `Alôhénou Malakh Ho´ôlom Yôsér
`Ôr Ouvôré` Hôshakh » :
ils ont décrété de faire mention de l'aspect de la nuit durant
la journée pour rejeter la pensée des `Appiqôrsim, qui disent
que celui qui a créé la lumière n'a pas créé l'obscurité.1
|
ברוך
אתה ה'
אלהינו
מלך העולם יוצר אור ובורא חושך תקנו
להזכיר מדת לילה ביום להוציא מלב
האפיקורסים שאומרים שמי שברא אור לא
ברא חושך
|
Le
Rambam זצ״ל
mentionne
également cette bénédiction2,
et aussi bien lui que Rabbi Yôséf Qa`rô la rapportent dans une
version très longue, qui est d'ailleurs récitée dans toutes les
communautés aujourd'hui, alors que dans sa version d'origine, cette
bénédiction, rapportée dans le Talmoudh lui-même, était très
courte et composée uniquement que des deux petites phrases
suivante3 :
ברוך
אתה ה'
אלוהינו
מלך העולם,
יוצר
אור ובורא חושך עושה שלום ובורא את הכול.
ברוך
אתה ה',
יוצר
המאורות « Boroukh
`Attoh `Adhônoy `Alôhénou Malakh Ho´ôlom Yôsér
`Ôr Ouvôré` Hoshèkh,
´Ôsah Sholôm Ouvôré` `Ath Hakkôl. Boroukh `Attoh `Adhônoy
Yôsér
Hamma`ôrôth – Sois
béni HaShem notre Dieu, Roi de l'Univers, Qui forme la lumière et
crée l'obscurité, Qui accomplit la paix et crée toute chose. Sois
béni HaShem, Qui forme les luminaires ».
Le Talmoudh nous informe que cette bénédiction est une
reformulation positive du verset de Yasha´yohou
45:7.
Toutes
les autres phrases qui se retrouvent dans les versions d'aujourd'hui
ont été rajoutées à partir de l'ère des Ga`ônim. En outre, les
Ga`ônim instituèrent également une version pour les jours de
semaine et une version pour Shabboth de cette bénédiction, alors
que la version des jours de semaine et du Shabboth était la même
dans les temps talmudiques.
Quant
à la deuxième bénédiction, voici ce qui nous est dit par Rabbi
Yôséf Qa`rô :
`Ôrah
Hayyim 60:1
|
La
deuxième bénédiction est « `Ahavath ´Ôlom ».
Et elle ne commence pas par « Boroukh » parce
qu'elle est soutenue par la bénédiction de « Yôsér
`Ôr ».
|
ברכה
שנייה אהבת עולם.
ואינה
פותחת בברוך מפני שהיא סמוכה לברכת יוצר
אור
|
Sur
cette règle du Shoulhon ´Oroukh, le Ram`o זצ״ל
commente
ceci :
Et
il y en a qui disent « `Ahavoh Rabboh ». Et
telle est la coutume de chaque `Ashkanaz
|
ויש
אומרים אהבה רבה וכן נוהגין בכל אשכנז
|
Cette
bénédiction est également mentionnée par le Rambam :
Hilkhôth
Qiryath Shama´ 1:64
|
La
première bénédiction qui le précède le jour est « Yôsér
`Ôr ». La deuxième bénédiction, qui lui est
associée, est « `Ahavath ´Ôlom `Ahavtonou ».
|
ברכה
ראשונה שלפניה ביום,
יוצר
אור;
שנייה
לה,
אהבת
עולם אהבתנו
|
Il
convient de noter que beaucoup de controverses et de mystères
entourent cette deuxième bénédiction qui précède la récitation
du Shama´ du matin. Il est rapporté ceci dans le Talmoudh :
Barokhôth
11b
|
Et
quelle est l'autre [bénédiction] ?5
Rov Yahoudhoh a dit au nom de Shamou`él : « `Ahavoh
Rabboh ». De même, Rébbi `Él´ozor a ordonné à son
fils, Rébbi Pédhath, de dire « `Ahavoh Rabboh ».
Il a été enseigné dans le même ordre d'idée : « On
ne dit pas ''`Ahavath ´Ôlom'', mais ''`Ahavoh Rabboh'' »
Mais les Rabbins disent : « `Ahavath ´Ôlom ».
Et il est également dit6 :
« Et d'un amour éternel Je t'ai aimé ; c'est
pourquoi, Je t'ai attiré avec affection ».
|
ואידך
מאי היא אמר רב יהודה אמר שמואל אהבה
רבה וכן אורי ליה רבי אלעזר לר'
פדת
בריה אהבה רבה תניא נמי הכי אין אומרים
אהבת עולם אלא אהבה רבה ורבנן אמרי אהבת
עולם וכן הוא אומר
ואהבת
עולם אהבתיך על כן משכתיך חסד
|
Nous
voyons donc qu'il existait deux versions de la deuxième bénédiction
précédant le Shama´ du matin. Une Baraytho` (tradition remontant
aux temps de la Mishnoh mais non reprise dans la Mishnoh) est citée
dans cette Gamoro` pour soutenir l'opinion selon quoi il faudrait
dire « `Ahavoh Rabboh », mais la Gamoro` se conclut en
rapportant que la majorité des Sages préconisaient de dire
« `Ahavath ´Ôlom », d'autant plus que les mots
« `Ahavath ´Ôlom » (qui signifient « d'un amour
éternel ») étaient basés sur un verset biblique (et la
plupart des prières s'appuient d'ailleurs sur des versets
bibliques).
Cette
controverse s'est poursuivie jusqu'aux temps médiévaux, sans avoir
été réglée. En guise de position de compromis, les `Ashkanazim
décidèrent de réciter une bénédiction commençant par les mots
« `Ahavoh Rabboh » lors du Shama´ du matin, et une
bénédiction commençant par les mots « `Ahavath ´Ôlom »
lors du Shama´ du soir. Par contre, les Safaradhim et les Juifs de
rite italien font commencer aussi bien pour le Shama´ du matin que
pour celui du soir ces bénédictions par les mots « `Ahavath
´Ôlom ».
En
outre, étant donné que c'est le seul passage talmudique qui traite
du sujet, il est impossible de savoir si cette différence d'opinion
ne concernait que la phrase d'introduction de cette bénédiction, ou
s'il s'agissait de deux bénédictions différentes. En d'autres
mots, « `Ahavoh Rabboh » et « `Ahavath ´Ôlom »
étaient-elles deux bénédictions ayant un contenu différent mais
partageant un thème commun, ou étaient-elles deux bénédictions
complètement identiques mais commençant simplement par des mots
d'introduction différents ? Du Siddour du Rov Sa´adhyoh Go`ôn
זצ״ל,
qui fut le tout premier Siddour imprimé, il ressort que les deux
bénédictions sont complètement identiques, à l'exception des deux
mots d'introduction. Il semble que ce fut également le cas dans les
temps talmudiques, car il est inconcevable que deux bénédictions
complètement différentes aient pu exister, alors qu'il n'y avait
pas de Siddour et que tout était fait pour faciliter la mémorisation
des bénédictions et prières (d'où le fait qu'elles étaient
formulées simplement, avec le moins de mots possibles).
Dans
leurs formes actuelles, les deux prières ont le même thème de
base, mais diffèrent considérablement dans leur formulation. Voici
les points communs et différences :
- « `Ahavoh Rabboh » est plus longue et plus complexe que « `Ahavath ´Ôlom ».
- Les deux bénédictions parlent de l'amour de Dieu tel qu'il s'est manifesté à travers le fait qu'Il ait donné la Tôroh au peuple d'Israël.
- Les deux bénédictions sont une introduction au Shama´ (l'une pour le Shama´ du matin, et l'autre pour le Shama´ du soir), qui en soi est une récitation de la Tôroh, et promettent une étude continue de la Tôroh et sa mise en application.
- Dans les deux bénédictions, on supplie Dieu de continuer à faire preuve d'amour envers le peuple d'Israël.
- Dans « `Ahavoh Rabboh », le thème le plus récurrent est l'élection du peuple d'Israël.
- « `Ahavath ´Ôlom » se termine par « Sois béni HaShem, Qui aime Son peuple Israël », tandis que « `Ahavoh Rabboh » se termine par « Sois béni HaShem, Qui a choisi Son peuple Israël avec amour ».
D'après
l'interprétation que Barokhôth 11b-12a fait de la Mishnoh de
Tomidh 5:1, la bénédiction de « `Ahavoh Rabboh »
était celle par laquelle les Kôhanim commençaient l'office dans le
Béth Hammiqdhosh. Mais le Talmoudh Yarousholmi7
conteste cette lecture du Talmoudh Bavli, et explique que la
bénédiction mentionnée dans la Mishnoh de Tomidh 5:1, et
par laquelle les Kôhanim commençaient les offices dans le Béth
Hammiqdhosh, est la bénédiction sur la Tôroh. Et le Yarousholmi
donne des preuves. Par conséquent, nous ne pouvons absolument pas
nous appuyer sur cette interprétation du Talmoudh Bavli pour
conclure que les Kôhanim faisaient commencer leur deuxième
bénédiction du Shama´ par « `Ahavoh Rabboh » plutôt
que par « `Ahavath ´Ôlom ». En outre, trois autres
indices nous permettent de conclure que « `Ahavath ´Ôlom »
est la meilleure formulation :
- Comme cela a été rapporté plus haut, les Sages étaient majoritairement d'avis que la bonne formulation commençait par les mots « `Ahavath ´Ôlom » et non « `Ahavoh Rabboh ».
- Dans les Siddourim actuels, la bénédiction appelée « `Ahavoh Rabboh » apparaît avec plusieurs variations mineures dans différents Nousahim, tandis que la bénédiction appelée « `Ahavath ´Ôlom », ne varie pratiquement pas d'un Nousoh à l'autre, ce qui est souvent le signe d'une formulation et d'une structure très ancienne qui n'a pas évoluée.
Néanmoins,
il est tout bonnement impossible de savoir si la formulation de la
bénédiction de « `Ahavath ´Ôlom » telle que nous
l'avons aujourd'hui est la même qui existait dans les temps
talmudiques.
Lorsque
les Ga`ônim ont rajouté des parties à la première bénédiction
qui précède le Shama´, la bénédiction de « Yôsér
`Ôr », ils ont ajouté une « Qadhoushoh »,
c'est-à-dire, un endroit où la communauté répond « Qodhôsh
Qodhôsh Qodhôsh HaShem Savo`ôth, etc. »
et « Boroukh Kavôdh HaShem Mimmaqômô », comme
lors de la ´Amidhoh, afin de pousser les Israélites à ne réciter
le Shama´ qu'à la Synagogue et avec un Minyon. Mais il y a une
divergence d'opinion quant à savoir si cette « Qadhoushoh »
dans la bénédiction de « Yôsér `Ôr » peut
être récitée lorsqu'on prie seul, ou s'il faut absolument avoir un
Minyon comme pour la Qadhoushoh de la ´Amidhoh pour la réciter.
Rabbi
Yôséf Qa`rô rapporte ceci :
`Ôrah
Hayyim 59:3
|
Il
y en a qui disent que la Qadhoushoh qui se trouve dans « Yôsér »
peut être dite [lorsqu'on prie] seul, car ce n'est qu'un récit
de choses [qui se sont produites].10
Et il y en a qui disent que [celui qui prie] seul doit la passer
et qu'elle ne se dit qu'en communauté. Il y a de quoi se soucier
de leurs paroles, et [c'est pourquoi] on prendra soin, [lorsqu'on
prie] seul, de la dire avec le Niggoun et les cantillations, comme
si on lisait dans la Tôroh.11
|
יש
אומרים שהקדושה שביוצר יחיד אומרה לפי
שאינה אלא סיפור דברים ויש אומרים שיחיד
מדלגה ואינה נאמרת אלא בציבור ויש לחוש
לדבריהם וליזהר שיחיד יאמרנה בניגון
וטעמים כקורא בתורה
|
Commentant
cette règle du Shoulhon ´Oroukh, le Ram`o écrit ceci :
Et
le Minhogh s'est déjà répandu de suivre la première opinion,
et [celui qui prie] seul dit cette Qadhoushoh. Et lorsqu'on répond
à cette Qadhoushoh12,
on la dit à voix haute.
|
וכבר
פשט המנהג כסברא ראשונה ויחיד אומר אותה
וכשעונין קדושה זאת אומרים אותה בקול
רם
|
Mais
le Rambam, dans son Mishnéh Tôroh, s'oppose à cette opinion et
tranche plutôt ceci :
Hilkhôth
Tafilloh Ouvirkhath Kôhanim 7:17
|
Tel
est l’ordre des prières : le matin, un être humain se
lève tôt, et il récite ces bénédictions13.
Il récite les cantiques14,
en récitant la bénédiction qui les précède15
et celle qui les suit16.
Puis, il récite le Shama´ en récitant les bénédictions qui
précèdent17
et qui suivent18,
et il omet la Qadhoushoh de la première bénédiction qui précède
[le Shama´], car [celui qui prie] seul ne récite pas la
Qadhoushoh19.
|
סדר
תפילות,
כך
הוא:
בשחר,
משכים
אדם ומברך ברכות אלו,
וקורא
הזמירות ומברך לפניהן ולאחריהן.
וקורא
את שמע ומברך לפניה ולאחריה,
ומדלג
הקדושה מברכה ראשונה שלפניה,
שאין
היחיד אומר קדושה
|
Le
Rambam considère donc que cette récitation de la Qadhoushoh a le
même statut que celle qui est récitée durant la ´Amidhoh, et
exige donc qu'elle ne soit récitée qu'avec un Minyon. Le Tour20
זצ״ל
cite
le Rov Hay Go`ôn זצ״ל
comme
ayant émis la même opinion que celle du Rambam.
Le
Kasaf Mishnéh écrit toutefois que Rabbénou `Avrohom ban HaRambam
זצ״ל
déclare
que son père, le Rambam, a plus tard changé d'avis sur cette
Halokhoh et écrit dans une Responsa qu'étant donné que c'était un
ajout de la période des Ga`ônim, on devrait réciter cette
Qadhoushoh même sans un Minyon. Ce changement d'opinion du Rambam
est également rapporté par le `Ôrhôth Hayyim זצ״ל,
le Rashb`a זצ״ל
et
Rabbénou Manôah זצ״ל.
Comme
cela a été dit précédemment, il n'existe aucune source talmudique
ou midrashique sur cette pratique consistant à réciter une
Qadhoushoh dans la première bénédiction qui précède la
récitation du Shama´ du matin, puisque ces parties de la
bénédiction de « Yôsér `Ôr » ne furent
ajoutées que durant l'ère des Ga`ônim.
Rabbi
Yôséf Qa`rô rapporte ceci :
`Ôrah
Hayyim 61:3
|
Dans
la récitation du Shama´, il y a 245 mots et afin d'atteindre 248
mots pour que cela corresponde aux organes du corps humain, le
Shaliah Sibbour doit terminer [le Shama´] par
« `Adhônoy `Alôhékham `Amath »21
et répète [ces mots] en les disant à voix haute22.23
Si quelqu'un récite [le Shama´] seul, il doit avoir à l'esprit
que les 15 « Wow » qui se trouvent dans « `Amath
Wayassiv », ce qui fait 90, correspondent au Nom
d'HaShem fois trois, puisque chaque nom vaut 26 + les quatre
lettres de chaque mot, c'est-à-dire (26+4) X3 = 90.
|
בקריאת
שמע יש רמ"ה
תיבות וכדי להשלים רמ"ח
כנגד איבריו של אדם מסיים שליח צבור ה'
אלהיכם
אמת וחוזר ואומר בקול רם ה'
אלהיכם
אמת:
ואם
הוא קורא ביחיד יכוין בט"ו
ווין שבאמת ויציב שעולים צ'
והם
כנגד ג'
שמות
ההויה שכל שם עולה כ"ו
וד'
אותיותיו
הם ל״
|
Commentant
cette règle, le Ram`o donne une autre interprétation
« kabbalistique » des quinze Wow qui se trouvent dans la
bénédiction de « `Amath Wayassiv »24,
puis il écrit ceci :
Et
certains ont écrit que quiconque fait la récitation du Shama´
seul doit dire « `Él Malakh Na`amon. Shama´, etc. »,
parce que ces trois mots supplémentaires donnent un total de 248
mots et remplacent également le « `Omén » que
l'on doit répondre après « Boroukh... Habbohér
Ba´ammô Yisro`él Ba`ahavoh »25,
et telle est notre coutume. Il me semble que, de toute façon,
lorsqu'on récite [le Shama´] avec la communauté, on ne doit pas
dire « `Él Malakh Na`amon ». On dit plutôt
« `Omén » après que le Shaliah Sibbour
ait terminé la [deuxième] bénédiction [qui précède le
Shama´], et telle est notre coutume, et elle est correcte.
|
ויש
שכתבו דכל הקורא קריאת שמע ביחיד יאמר
אל מלך נאמן שמע וגו'
כי
ג'
תיבות
אלו משלימין המנין של רמ"ח
והוא במקום אמן שיש לענות אחר ברוך הבוחר
בעמו ישראל באהבה וכן נוהגין ונראה לי
מכל מקום כשקורא עם הצבור לא יאמר אל
מלך נאמן רק יאמר אמן אחר השליח ציבור
כשמסיים הברכה וכן נוהגין ונכון הוא
|
Le
Rambam ne mentionne aucune de toutes ces coutumes, qui n'existaient
pas dans les temps talmudiques, et qui ne sont mentionnées
d'ailleurs dans aucun des écrits des Ga`ônim et des Ri`shônim.
Le
Talmoudh, dans Barokhôth 11b, rapporte qu'après le Shama´,
la bénédiction de « `Amath Wayassiv » est
récitée.
C'est
également rapporté par Rabbi Yôséf Qa`rô et le Rambam, qui
écrivent respectivement ceci :
`Ôrah
Hayyim 66:10
|
Quiconque
n'a pas dit « `Amath Wayassiv »
au matin et « `Amath Wa`amounoh » au soir n'est
pas quitte de son obligation d'accomplir la Miswoh
comme elle a été instituée.
|
כל
מי שלא אמר אמת ויציב שחרית ואמת ואמונה
ערבית לא יצא ידי חובת המצוה כתקנה
|
Hilkhôth
Qiryath Shama´ 1:6
|
La
première bénédiction qui la précède le jour est « Yôsér
`Ôr », et la seconde bénédiction qui lui est associée
« `Ahavath ´Ôlom `Ahavtonou ». [La
bénédiction] qui vient après elle est « `Amath
Wayassiv ».
|
ברכה
ראשונה שלפניה ביום,
יוצר
אור;
שנייה
לה,
אהבת
עולם אהבתנו;
ושל
אחריה,
אמת
ויציב
|
Hilkhôth
Qiryath Shama´ 1:8
|
Quiconque
ne dit « `Amath Wayassiv »
durant le matin et « `Amath `Amounoh » le soir
n'est pas quitte de son obligation.
|
וכל
שאינו אומר אמת ויציב בשחרית,
ואמת
אמונה בערבית--לא
יצא ידי חובתו
|
« `Amath
Wayassiv » est la bénédiction
récitée après le Shama´ du matin, tandis que « `Amath
Wa`amounoh » est celle récitée après le Shama´ du
soir.26
Et cette déclaration selon quoi omettre ces bénédictions ne rend
pas quitte de son obligation de la récitation du Shama´ provient du
passage talmudique suivant :
Barokhôth
12a
|
Rabboh
bar Hinéno`
l'Ancien a dit au nom de Rov : « Quiconque n'a pas
dit ''`Amath Wayassiv'' au matin et ''`Amath
Wa`amounoh'' au soir n'est pas quitte de son obligation, car il
est dit27 :
''pour raconter Ta bonté le matin et Ta fidélité durant les
nuits'' ».
|
אמר
רבה בר חיננא סבא משמיה דרב כל שלא אמר
אמת ויציב שחרית ואמת ואמונה ערבית לא
יצא ידי חובתו שנאמר (תהילים
צב)
להגיד
בבקר חסדך ואמונתך בלילות
|
Mais
il est très facile de prouver à partir des cinq pages suivantes de
la Gamoro` (12a à 14b) que cette Barokhoh de « `Amath
Wa`amounoh » est un ajout de l'ère de la Gamoro`, et
n'existait pas durant l'ère de la Mishnoh (nous ne nous pencherons
pas ici sur ces preuves). Les Rabbins de l'ère de la Gamoro` ont
institué cette bénédiction et se sont appuyés sur un verset
biblique afin de la légitimer, ce qu'on appelle faire une
« `Asmakhto` ». Du temps de la Mishnoh, il est plus que
probable que les Barokhôth de « `Ahavath ´Ôlom » et
« `Amath Wayassiv » ne changeaient pas en fonction
que l'on soit le matin ou le soir.
Nous
avions rapporté plus haut que Rabbi Yôséf Qa`rô et le Ram`o
préconisaient la répétition des mots « HaShem `Alôhékham
`Amath » par le Shaliah Sibbour afin
d'atteindre un total de 248 mots dans le Shama´, une pratique
n'étant rapportée dans aucune source mishnaïque, talmudique,
ga`ônique ou encore ri`shônique. Par contre, le Talmoudh rapporte
le débat suivant : étant donné que le dernier mot du
troisième paragraphe du Shama´ est « `Amath » et que le
premier mot de la bénédiction qui suit le Shama´ est également
« `Amath », faut-il répéter deux fois le mot « `Amath »
(« HaShem `Alôhékham `Amath. `Amath
Wayassiv »),
ou ne faut-il le prononcer qu'une seule fois (« HaShem
Eloheikhem. `Amath Wayassiv ») ?
Barokhôth
12a
|
Redit-on
« `Amath » ou ne redit-on pas « `Amath » ?
Rébbi `Abbahou28
a dit au nom de Rébbi Yôhonon29 :
« On redit ''`Amath'' ! » Rabboh30
a dit : « On ne redit pas ''`Amath'' ! »
Il arriva que quelqu'un descendit devant Rabboh [afin de diriger
la prière]. Rabboh l'entendit dire « `Amath. `Amath »,
ce sur quoi Rabboh dit : « Tout le ''`Amath `Amath''
s'est emparé de lui ! »31
|
חוזר
ואומר אמת או אינו חוזר ואומר אמת א"ר
אבהו א"ר
יוחנן חוזר ואומר אמת רבה אמר אינו חוזר
ואומר אמת ההוא דנחית קמיה דרבה שמעיה
רבה דאמר אמת אמת תרי זימני אמר רבה כל
אמת אמת תפסיה להאי
|
De
ce passage, il ressort que les deux pratiques coexistaient et que la
question ne fut pas tranchée, mais laissée à l'appréciation de
chacun. (N'oubliez pas que la prière était beaucoup moins
formalisée qu'aujourd'hui. Par conséquent, on laissait une pleine
liberté au Shaliah Sibbour de diriger la prière comme
il le désirait et selon son degré d'inspiration, tant qu'il
respectait la structure de base. Par conséquent, la façon
d'organiser la prière pouvait varier d'une personne à l'autre au
sein même d'une même assemblée. Le Talmoudh offre de très
nombreux exemples de telles situations.)
En
outre, nous savons également avec certitude que les versions
actuelles de la bénédictions de « `Amath Wayassiv »
n'étaient pas celles d'origine. Dans les versions actuelles, la
bénédiction est très longue et comprend de nombreux thèmes. La
partie qui est d'origine va du début et s'arrête à la phrase ואין
לנו עוד אלהים זולתך
« Wa`én
Lonou ´Ôdh `Alôhim Zoulothkho – Et nous n'avons point d'autres
dieux en-dehors de Toi »,
en d'autres mots, le premier paragraphe de cette bénédiction. Cela
est évident du fait que ce paragraphe est totalement dans le thème
du Shama´, qui a été récité juste avant. Et après ce
paragraphe, les versions actuelles de cette bénédiction commencent
à aborder d'autres thèmes, comme la délivrance, le secours de
Dieu, la sortie d’Égypte, les miracles du Yam Souf, etc. D'où
viennent toutes ces parties rajoutées au paragraphe d'origine ?
Il est rapporté ceci dans le Talmoudh Yarousholmi :
Barokhôth
11b, Chapitre 1, Halokhoh 6
|
Nous
avons appris : « Celui qui récite le Shama´ le
matin doit mentionner la sortie d’Égypte dans ''`Amath
Wayassiv'' ». Rébbi32
dit : « On doit mentionner dedans la royauté
[d'HaShem] ». D'autres disent : « On doit
mentionner les [miracles de la] division du Yam Souf et la plaie
des premiers-nés ». Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi dit :
« On doit mentionner tout cela et dire ''Sour Yisro`él
Waghô`alô'' ».
|
תני
הקורא את שמע בבוקר צריך להזכיר יציאת
מצרים באמת ויציב.
ר'
אומר
צריך להזכיר בה מלכות.
אחרים
אומרים צריך להזכיר בה קריעת ים סוף
ומכת בכורים.
ר'
יהושע
בן לוי אומר צריך להזכיר את כולן וצריך
לומר צור ישראל וגואלו
|
Là
encore, nous voyons que chacun avait une grande liberté d'ajouter
dans ses prières ce qu'il voulait à la structure de base des
prières. Beaucoup estimaient qu'étant donné que la récitation du
Shama´ résumait les fondements de notre foi et mettait en avant la
grâce qui nous a été faite de servir HaShem, il convenait de faire
mention, dans ses propres mots, dans la bénédiction qui suit le
Shama´, d'autres principes qui font la particularité de notre
´Avôdath HaShem. Ce passage du Yarousholmi cite d'abord une
Baraytho`, qui indique que dans « `Amath Wayassiv », il
conviendrait de faire mention de la sortie d’Égypte, car ce n'est
que grâce à cette délivrance que nous avons pu être des
serviteurs d'HaShem. Puis est citée la recommandation de Rébbi
Yahoudhoh Hannosi` ז״ל,
qui estimait plutôt qu'il fallait faire mention de la royauté et
souveraineté d'HaShem, qui font que nous avons autant de crainte et
de respect pour Lui. Rébbi Mé`ir ז״ל
(dont
les opinions sont rapportées sous l'expression « D'autres
disent », afin de ne pas le citer nominativement) était d'avis
qu'il fallait faire mention des miracles qu'HaShem a accomplis lors
de la séparation du Yam Souf, car c'est réellement là que nous
avons cru en la puissance d'HaShem et avons su que c'était Lui, et
uniquement Lui, qu'il fallait servir. En guise de position de
compromis, Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi ז״ל,
un `Amôro` palestinien de la première moitié du troisième siècle,
estime qu'il faudrait faire mention de tous les thèmes précédemment
mentionnés, avant de conclure par la formule de conclusion de cette
bénédiction, à savoir, « Sour
Yisro`él Waghô`alô – Rocher d'Israël et son Rédempteur »
(qui était la formulation de conclusion de cette bénédiction en
Palestine. À noter que dans toutes les versions de notre époque, la
bénédiction de « `Amath Wayassiv »
se termine par les mots « Go`al
Yisro`él – Qui délivre Israël »,
ce qui était la formulation de conclusion de cette bénédiction à
Babylone).
Voilà
pourquoi cette bénédiction est rallongée dans les Siddourim
actuels et que, certainement du temps des Ga`ônim, des phrases
standards furent composées afin d'inclure tous ces thèmes dans
cette bénédiction. Mais halakhiquement parlant, il n'y a aucune
obligation de réciter les versions longues d'aujourd'hui. Nous pouvons très bien nous contenter d'une courte version de cette
bénédiction.
1En
d'autres mots, un dieu a créé le jour et un autre a créé la nuit
2Hilkhôth
Qiryath Shama´ 1:6 ; Sédhar Hattafilloh 8
3Barokhôth
11a-b
4Voir
aussi Sédhar Hattafilloh 9
5Récitée
avant le Shama´ du matin
6Yirmayohou
31:2
7Barokhôth
1:4
8Qui
est généralement récitée avant le Shama´ du soir
9Qui
est généralement récitée avant le Shama´ du matin
10En
d'autres mots, cette Qadhoushoh n'a pas, contrairement à celle de
la ´Amidhoh, pour objectif de sanctifier le Nom d'HaShem à la
façon des anges, mais plutôt de simplement rapporter comment
est-ce que les anges sanctifient le Nom d'Hashem dans les cieux.
Puisque ce n'est qu'un récit de faits, cela ne nécessite pas un
Minyon
11Ce
qui donnera donc l'impression que l'on récite des versets de la
Tôroh et non une Qadhoushoh en elle-même, puisqu'il est permis de
réciter toutes les parties qui ne sont normalement faites qu'avec
un Minyon si on les récite comme si on faisait une lecture de la
Tôroh
12Quand
on prie en groupe.
13Les
Birkhôth Hashoharr
14Pasouqé
Dazimro`
15Boroukh
Sha`omar
16Yishtabah
17Yôsér
`Ôr et `Ahavath ´Ôlom
18`Amath
Wayassiv.
19Elle
ne se fait donc qu'en communauté, selon son opinion
20`Ô.H.
59
21Les
trois derniers mots du troisième paragraphe du Shama´.
22Ce
qui implique qu'il récitait jusque là les autres paragraphes à
voix basse
23le
Ram`o commente : ובזה
כל אדם יוצא הואיל ושומעין מפיו של שליח
ציבור ג'
תיבות
אלו.
ואם
היחיד רוצה גם כן לאמרם עם השליח צבור
אין איסור בדבר « Et
de cette façon, tout homme est quitte, parce qu'ils ont entendu le
Shaliah Sibbour réciter
ces trois mots. Et si un individu le désire, il peut aussi les dire
en même temps que le Shaliah Sibbour.
Il n'y a aucune interdiction à cela »
24Ces
explications n'ont aucune valeur, puisque la bénédiction changeant
d'un Nousoh à l'autre, parfois il n'y a que quatorze Wow,
parfois plus que quinze
25La
conclusion de « `Ahavoh Rabboh », qui est la deuxième
bénédiction récitée avant le Shama´
26Mais
dans les temps mishnaïques, il est plus que probable que ces deux
bénédictions étaient les mêmes, sauf qu'elles commençaient par
des mots différents, un peu comme pour « `Ahavath ´Ôlom »
et « `Ahavoh Rabboh »
27Tahillim
92:3
28Un
`Amôro` palestinien de la troisième génération des `Amôro`ïm.
Il a vécut entre 279 et 320
29Rébbi
Yôhonon ban Nappaho`, l'un des `Amôro`ïm
palestinien les plus influents et importants de la seconde
génération. Il est né aux environs de l'an 200 et est décédé
aux environs de l'an 280
30Rabboh
bar Nahmani, né aux environs de 270 et décédé aux
environs de 330. C'était un `Amôro` babylonien
31C'est-à-dire,
il ne peut pas s'arrêter de dire « `Amath »
32Rébbi
Yahoudhoh Hannosi`