dimanche 11 septembre 2016

Sonner du Shôphor lorsque Rô`sh Hashonoh tombe un Shabboth

ב״ה

Sonner du Shôphor lorsque Rô`sh Hashonoh tombe un Shabboth


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Poursuivons notre analyse des lois, pratiques et coutumes relatives aux fêtes de Tishri.

Dans le Shoulhon ´oroukh de Rabbi Yôséph Qa`rô ז״ל, nous lisons ceci1 : יום טוב של ראש השנה שחל להיות בשבת, אין תוקעין בשופר « S'il arrive qu'un Yôm Tôv de Rô`sh Hashonoh tombe un Shabboth, on ne sonne pas le Shôphor. » Commentant cette décision du Shoulhon ´oroukh, le Ramo''` ז״ל ajoute ceci : ואסור לטלטלו אם לא לצורך גופו ומקומו « Et il est défendu de le déplacer, à moins que ce soit pour une nécessité physique ou [parce qu'on a besoin] de sa place [pour un autre objet]. » Le Ramo''` s'appuie en cela sur le `ôr Zoroua´ et le Haghohôth `ashré. Ainsi, il serait non seulement défendu de sonner du Shôphor l'un des jours de Rô`sh Hashonoh qui tomberait un Shabboth, mais le Shôphor en lui-même aurait un statut d'objet « Mouqsah » que l'on ne pourrait pas manipuler un jour de Rô`sh Hashonoh qui tomberait un Shabboth. La majorité des gens croient que sonner du Shôphor est donc strictement interdit par la Halokhoh lorsqu'un Yôm Tôv de Rô`sh Hashonoh tombe un Shabboth. Mais en est-il réellement ainsi d'après la Halokhoh authentique de nos Sages, et que tranche le Ramba''m ז״ל à ce sujet ?

Voici ce qui est rapporté dans la Mishnoh2 :

1. S'il arrivait qu'un Yôm Tôv de Rô`sh Hashonoh tombait un Shabboth, ils sonnaient [du Shôphor] dans le Sanctuaire mais pas dans le Pays. Depuis que le Béth Hammiqdosh fut détruit, Rabban Yôhonon ban Zakka`y décréta qu'on devait sonner en tout lieu où il y a un Béth Din. Ribbi `ali´azar a dit : « Lorsque Rabban Yôhonon ban Zakka`y décréta qu'on devait sonner, il ne le décréta qu'à Yavnéh. » Ils3 lui dirent : « [Cela s'applique] aussi bien à Yavnéh qu'en tout lieu où il y a un Béth Din. »
א  יום טוב של ראש השנה שחל להיות בשבת, במקדש היו תוקעין; אבל לא במדינה. משחרב בית המקדש, התקין רבן יוחנן בן זכאי, שיהו תוקעין בכל מקום שיש בו בית דין. אמר רבי אליעזר, כשהתקין רבן יוחנן בן זכאי שיהו תוקעין, לא התקין אלא ביבנה; אמרו לו, אחד יבנה ואחד כל מקום שיש בו בית דין
2. En outre, Yarousholayim était supérieure à Yavnéh, car toute ville à partir de laquelle elle était visible, [d'où le son du Shôphor était] audible, qui était proche d'elle et d'où il était possible de s'y rendre, on y sonnait [le Shôphor], alors qu'à Yavnéh on y sonnait uniquement que dans le Béth Din.
ב  ועוד זאת הייתה ירושלים יתרה על יבנה--שכל עיר שהייתה רואה ושומעת וקרובה ויכולה לבוא, תוקעין בה; וביבנה, לא היו תוקעין אלא בבית דין בלבד

Nous voyons donc clairement qu'il n'est pas strictement interdit de sonner du Shôphor un jour de Rô`sh Hashonoh qui tomberait un Shabboth. À Yarousholayim, il était d'office permis de le faire. Quant aux autres villes, si Yarousholayim est visible de ces villes, qu'il est possible d'entendre de ces villes le Shôphor sonné à Yarousholayim, que ces villes sont proches de Yarousholayim, et qu'en plus il est possible de se rendre de ces villes jusqu'à Yarousholayim, il est alors également permis de sonner le Shôphor dans ces villes un jour de Rô`sh Hashonoh qui tomberait un Shabboth. Mais si ces critères ne sont pas remplis, sonner le Shôphor ne sera autorisé que si on le sonne au siège du Béth Din de ces villes.

Reprenant ces Mishnoyôth susmentionnées, le Ramba''m tranche ceci dans son Mishnéh Tôroh4, conformément à la Halokhoh de nos Sages :

6. S'il arrive qu'un Yôm Tôv de Rô`sh Hashonoh tombe un Shabboth, on ne sonne pas le Shôphor en tout lieu, bien que [l'interdiction de] sonner [le Shabboth] relève de Shavouth, et que la lettre de la loi aurait voulu que l'on sonne, puisqu'un commandement positif de la Tôroh repousse une [interdiction de] Shavouth émise par leurs paroles5. Pourquoi ne sonne-t-on pas ? Ceci est un décret, de crainte qu'on le prenne dans la main et qu'on l'emmène chez une personne qui sonnera pour soi, et qu'on le porte quatre `ammôth dans le domaine public, ou qu'on le déplace d'un domaine à un autre; on en viendrait alors à [réaliser] un interdit passible de lapidation. Car tout le monde est astreint à la Miswoh de sonner [le Shôphor] mais tous ne savent pas sonner [comme il se doit]
ו  יוֹם טוֹב שֶׁלְּרֹאשׁ הַשָּׁנָה שֶׁחָל לִהְיוֹת בַּשַּׁבָּת, אֵין תּוֹקְעִין בַּשּׁוֹפָר בְּכָל מָקוֹם: אַף עַל פִּי שֶׁהַתְּקִיעָה, מִשּׁוֹם שְׁבֹת; וּמִן הַדִּין הָיָה, שֶׁתּוֹקְעִין--יָבוֹא עֲשֵׂה שֶׁלַּתּוֹרָה, וְיִדְחֶה שְׁבֹת שֶׁלְּדִבְרֵיהֶם. וְלָמָּה אֵין תּוֹקְעִין: גְּזֵרָה שֶׁמֶּא יִטְּלֶנּוּ בְּיָדוֹ, וְיוֹלִיכוֹ לְמִי שֶׁיִּתְקַע לוֹ, וְיַעְבִירֶנּוּ אַרְבַּע אַמּוֹת בִּרְשׁוּת הָרַבִּים אוֹ מוֹצִיאוֹ מֵרְשׁוּת לִרְשׁוּת, וְיָבוֹא לִידֵי אִסּוּר סְקֵלָה--שֶׁהַכֹּל חַיָּבִים בַּתְּקִיעָה, וְאֵין הַכֹּל בְּקִיאִין לִתְקֹעַ
8. Quand ils ont décrété de ne pas sonner [le Shôphor] le Shabboth, ils n'ont appliqué ce décret que pour un endroit où ne se trouve pas de Béth Din. Cependant, lorsque le Sanctuaire existait, et que le Béth Din Haggodhôl se trouvait à Yarousholayim, tous sonnaient [le Shôphor] à Yarousholayim le Shabboth, tant que le Béth Din y siégeait. Et [cela ne s'appliquait] pas seulement à ceux qui se trouvaient à Yarousholayim, mais chaque ville située dans les limites extérieures de Yarousholayim, de laquelle on pouvait voir Yarousholayim, [c'est-à-dire] qui ne se trouvait pas dans un oued, [et de laquelle on pouvait] entendre le son [du Shôphor] sonné à Yarousholayim, [c'est-à-dire] qui ne se trouvait pas sur le sommet d'une montagne, [et de laquelle on pouvait] venir à Yarousholayim, [c'est-à-dire qui] n'était pas séparée par un fleuve, les habitants de cette ville sonnaient [le Shôphor] le Shabboth comme à Yarousholayim. Par contre, dans les autres villes d'Israël, on ne sonnait pas [le Shôphor un jour de Shabboth].
ח  כְּשֶׁגָּזְרוּ שֶׁלֹּא לִתְקֹעַ בַּשַּׁבָּת, לֹא גָזְרוּ אֵלָא בִּמְקוֹם שְׁאֵין בּוֹ בֵּית דִּין; אֲבָל בִּזְמָן שֶׁהָיָה הַמִּקְדָּשׁ קַיָּם, וְהָיָה בֵּית דִּין הַגָּדוֹל בִּירוּשָׁלַיִם, הָיוּ הַכֹּל תּוֹקְעִין בִּירוּשָׁלַיִם בַּשַּׁבָּת, כָּל זְמָן שֶׁבֵּית דִּין יוֹשְׁבִין. וְלֹא אַנְשֵׁי יְרוּשָׁלַיִם בִּלְבָד, אֵלָא כָּל עִיר שֶׁהָיְתָה בְּתוֹךְ תְּחוּם יְרוּשָׁלַיִם, וְהָיְתָה רוֹאָה יְרוּשָׁלַיִם לֹא שֶׁתִּהְיֶה בְּתוֹךְ הַנַּחַל, וְהָיְתָה שׁוֹמַעַת קוֹל תְּקִיעַת יְרוּשָׁלַיִם לֹא שֶׁתִּהְיֶה בְּרֹאשׁ הָהָר, וְהָיְתָה יְכוּלָה לָבוֹא לִירוּשָׁלַיִם לֹא שֶׁיִּהְיֶה נָהָר מַפְסִיק בֵּינֵיהֶם--אַנְשֵׁי אוֹתָהּ הָעִיר הָיוּ תּוֹקְעִים בַּשַּׁבָּת כִּירוּשָׁלַיִם; אֲבָל בִּשְׁאָר עָרֵי יִשְׂרָאֵל, לֹא הָיוּ תּוֹקְעִין
9. À l'époque actuelle, alors que le Sanctuaire a été détruit, on sonne [le Shôphor un jour de fête qui tombe] le Shabboth en tout lieu où se trouve un Béth Din fixe ayant reçu l'ordination en `aras [Yisro`él]. On y sonne le Shabboth qu'en présence d'un Béth Din qui a sanctifié la nouvelle lunaison. Par contre, en présence d'autres [types de] Botté Dinim, on ne sonne pas, même s'ils ont reçu une ordination [rabbinique]. Et le Shôphor n'est sonné qu'en présence du Béth Din [de la ville], tant que [ses juges] siègent. Même s'ils se préparent à se lever [pour partir], mais ne se lèvent pas, on peut sonner devant eux. Par contre, [même dans les villes précédemment citées,] on ne sonne pas à l'extérieur du Béth Din. Pourquoi doit-on sonner devant le Béth Din ? Puisque que le Béth Din est minutieux [quant à l'observance des commandements]; ceux qui sonnent [le Shôphor] ne le transporteront pas dans le domaine public en leur présence, car le Béth Din met en garde le peuple et l'informe.
ט  וּבַזְּמָן הַזֶּה שֶׁחָרַב הַמִּקְדָּשׁ, כָּל מָקוֹם שֶׁיֵּשׁ בּוֹ בֵּית דִּין קָבוּעַ--וְהוּא, שֶׁיִּהְיֶה סָמוּךְ בָּאָרֶץ--תּוֹקְעִין בּוֹ בַּשַּׁבָּת. וְאֵין תּוֹקְעִין בַּשַּׁבָּת, אֵלָא בְּבֵית דִּין שֶׁקִּדְּשׁוּ אֶת הַחֹדֶשׁ; אֲבָל שְׁאָר בָּתֵּי דִּינִין, אֵין תּוֹקְעִין בָּהֶן אַף עַל פִּי שְׁהֶן סְמוּכִין. וְאֵין תּוֹקְעִין אֵלָא בִּפְנֵי בֵּית דִּין בִּלְבָד, כָּל זְמָן שְׁהֶן יוֹשְׁבִין, וְאַפִלּוּ נִנְעֲרוּ לַעֲמֹד וְלֹא עָמְדוּ, תּוֹקְעִין בִּפְנֵיהֶם; אֲבָל חוּץ לְבֵית דִּין, אֵין תּוֹקְעִין. וְלָמָּה תּוֹקְעִין בִּפְנֵי בֵּית דִּין--מִפְּנֵי שֶׁבֵּית דִּין זְרִיזִין הֶן, וְלֹא יָבוֹאוּ הַתּוֹקְעִין לְהַעְבִיר הַשּׁוֹפָר בִּפְנֵיהֶם בִּרְשׁוּת הָרַבִּים, שֶׁבֵּית דִּין מַזְהִירִין אֶת הָעָם, וּמוֹדִיעִין אוֹתָן
10. À l'époque actuelle, alors que l'on pratique deux jours de fête, on sonne [le Shôphor] le second [jour de fête] comme l'on sonne le premier. Et si le premier jour [de la fête] tombe un Shabboth, et qu'il n'y a pas, en cet endroit, de Béth Din approprié pour sonner, on sonne seulement le second jour [de fête].
י  בַּזְּמָן הַזֶּה, שֶׁאָנוּ עוֹשִׂין שְׁנֵי יָמִים בַּגָּלִיּוֹת, כְּדֶרֶךְ שֶׁתּוֹקְעִין בָּרִאשׁוֹן, תּוֹקְעִין בַּשֵּׁנִי; וְאִם חָל יוֹם רִאשׁוֹן לִהְיוֹת בַּשַּׁבָּת וְלֹא הָיָה בַּמָּקוֹם בֵּית דִּין הָרְאוּיִין לִתְקֹעַ, תּוֹקְעִין בַּשֵּׁנִי בִּלְבָד

Le Ramba''m élucide et rend plus clair les Mishnoyôth susmentionnées :

  • Quand nos Sages permettent de sonner en-dehors de Yarousholayim, dans des villes d'où Yarousholayim est visible, qui sont proches de Yarousholayim, d'où il est possible d'entendre le Shôphor sonné à Yarousholayim, et d'où il est possible de se rendre jusqu'à Yarousholayim, ils ne le permettent que si on sonne dans les Botté Dinim de ces villes.
  • Les villes ne remplissant pas ces critères peuvent sonner du Shôphor un jour de Yôm Tôv de Rô`sh Hashonoh qui tomberait un Shabboth que si cela se fait au siège du Béth Din local.
  • Il n'est permis de sonner au siège d'un Béth Din que si ces juges siègent et durant tout le temps qu'ils siégeront. Dès lors que les juges auront quitté le siège du Béth Din, il deviendra défendu de sonner le Shôphor.
  • Pour pouvoir sonner au siège d'un Béth Din un Shabboth, les juges composant le Béth Din où l'on désire sonner du Shôphor doivent avoir reçu leur Samikhoh (ordination rabbinique) en `aras Yisro`él. En outre, ce Béth Din doit également être un Béth Din dont les juges sanctifient chaque mois Rô`sh Hôdhash. Si un Béth Din et ses juges ne remplissent pas ces critères, il sera alors défendu de sonner du Shôphor dans ces villes à Shabboth.
  • Il est précisé qu'à notre époque où nous célébrons deux jours de Rô`sh Hashonoh, si le premier jour de Rô`sh Hashonoh tombe un Shabboth et que l'on n'a pas un Béth Din et des juges remplissant les critères susmentionnés pour pouvoir sonner du Shôphor à Shabboth, on ne sonnera alors du Shôphor que le deuxième jour de Rô`sh Hashonoh.

1`ôrah Hayim 588:5
2Rô`sh Hashonoh 4:1-2
3Les autres Sages
4Hilkôth Shôphor Wasoukkoh Walôlov 2:6-10

5Les paroles des Sages