ב״ה
Le
Ramba''m sur la Tashouvoh durant la période des Dix Jours
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Poursuivons
notre analyse des lois, pratiques et coutumes relatives aux fêtes de
Tishri.
Dans
son Mishnéh Tôroh, au Chapitre 1 des Hilkôth Tashouvoh, le
Ramba''m ז״ל
parle
de la Tashouvoh en des termes généraux. Puis, au Chapitre 2, il est
plus spécifique et précis. Il rapporte notamment ceci, qui est plus
particulièrement pertinent pour la période des dix jours qui va de
Rô`sh Hashonoh à Yôm Hakkippourim :
3.
Et qu'est-ce que la
Tashouvoh ? C'est lorsque le pécheur abandonne son péché,
le retire de sa pensée, et prend la résolution dans son cœur de
ne plus l'accomplir, ainsi qu'il est dit1 :
« Que l'impie abandonne sa voie et l'homme
d'iniquité ses pensées. »
De même, il doit avoir des regrets pour ce qui s'est passé,
ainsi qu'il est dit2 :
« car après mon retour, j'ai eu des regrets,
et après que j'ai été morigéné, je me suis frappé sur la
hanche. » Et Celui
qui connaît les secrets témoignera le concernant qu'il ne
retournera plus jamais vers ce péché, ainsi qu'il est dit3 :
« Et nous ne dirons plus ''nos dieux'' à
l’œuvre de nos mains ; en Toi seul l'orphelin trouve
miséricorde. » On
est tenu de se confesser avec ses lèvres et exprimer
[verbalement] les résolutions que l'on a prises dans son cœur.
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ג וּמַה
הִיא הַתְּשׁוּבָה--הוּא
שֶׁיַּעֲזֹב הַחוֹטֶא חֶטְאוֹ,
וִיסִירֶנּוּ
מִמַּחְשַׁבְתּוֹ וְיִגְמֹר בְּלִבּוֹ
שֶׁלֹּא יַעֲשֵׂהוּ עוֹד,
שֶׁנֶּאֱמָר
"יַעֲזֹב
רָשָׁע דַּרְכּוֹ,
וְאִישׁ
אָוֶן מַחְשְׁבֹתָיו".
וְכֵן
יִתְנַחַם עַל שֶׁעָבַר,
שֶׁנֶּאֱמָר
"כִּי-אַחֲרֵי
שׁוּבִי,
נִחַמְתִּי,
וְאַחֲרֵי
הִוָּדְעִי,
סָפַקְתִּי
עַל-יָרֵךְ";
וְיָעִיד
עָלָיו יוֹדֵעַ תַּעֲלוּמוֹת שֶׁלֹּא
יָשׁוּב לְזֶה הַחֵטְא לְעוֹלָם,
שֶׁנֶּאֱמָר
"וְלֹא-נֹאמַר
עוֹד אֱלֹהֵינוּ,
לְמַעֲשֵׂה
יָדֵינוּ--אֲשֶׁר-בְּךָ,
יְרֻחַם
יָתוֹם".
וְצָרִיךְ
לְהִתְוַדּוֹת בִּשְׂפָתָיו,
וְלוֹמַר
עִנְיָנוֹת אֵלּוּ שֶׁגָּמַר בְּלִבּוֹ
|
4.
Quiconque se confesse par
des paroles mais ne prend pas la résolution dans son cœur
d'abandonner [son péché], celui-là est comparable à quelqu'un
qui s'immerge [dans une Miqwah] tout en tenant le [cadavre d'un]
lézard.4
De même, il est dit5 :
« Celui qui admet et abandonne [son péché]
obtient miséricorde. »
Et on doit préciser le péché en question, ainsi qu'il est
dit6 :
« De grâce, ce peuple a commis un énorme
péché ; ils se sont faits un dieu d'or. »
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ד כָּל
הַמִּתְוַדֶּה בִּדְבָרִים,
וְלֹא
גָמַר בְּלִבּוֹ לַעֲזֹב--הֲרֵי
זֶה דּוֹמֶה לְטוֹבֵל,
וְשֶׁרֶץ
בְּיָדוֹ,
שְׁאֵין
הַטְּבִילָה מוֹעֶלֶת,
עַד
שֶׁיַּשְׁלִיךְ הַשֶּׁרֶץ;
וְכֵן
הוּא אוֹמֵר "וּמוֹדֶה
וְעֹזֵב,
יְרֻחָם".
וְצָרִיךְ
לִפְרֹט אֶת הַחֵטְא,
שֶׁנֶּאֱמָר:
אָנָּא,
חָטָא
הָעָם הַזֶּה חֲטָאָה גְדֹלָה,
וַיַּעֲשׂוּ
לָהֶם,
אֱלֹהֵי
זָהָב
|
Dans
ces deux Halokhôth nous sont donnés les éléments indispensables
d'une Tashouvoh réelle et acceptable :
- On doit abandonner le péché que l'on avait usage de commettre,
- retirer de son cœur toute pensée relative à ce péché7,
- prendre la résolution ferme, dans son cœur, de ne plus le commettre,
- avoir des regrets pour le fait d'avoir commis, dans le passé, ce péché8,
- et se confesser verbalement devant HaShem ית׳ (si c'est une faute entre l'homme et Dieu) ou la personne contre qui le péché a été commis en prenant soin de dire précisément la nature du péché commis, et exprimer verbalement les résolutions qui auront été prises dans notre cœur.
Le
Ramba''m poursuit en donnant quelques idées et conseils pour
maximiser les effets de sa Tashouvoh :
5.
Parmi les chemins de la
Tashouvoh : que le repenti implore constamment devant HaShem
dans les pleurs et les supplications, qu'il fasse de la Sadhoqoh
selon ses moyens, qu'il s'éloigne grandement de la chose par
laquelle il péchait, qu'il change son nom, comme pour dire que
« je suis
quelqu'un d'autre ; je ne suis pas cet homme qui a commis ces
actes », et
qu'il change toutes ses œuvres vers le bien et la voie droite. Il
doit s'exiler de son endroit, car l'exil fait expiation des
fautes, puisqu'il suscite chez lui la soumission et l'amène à la
modestie et l'humilité.
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ה מִדַּרְכֵי
הַתְּשׁוּבָה לִהְיוֹת הַשָּׁב צוֹעֵק
תָּמִיד לִפְנֵי ה',
בִּבְכִי
וּבְתַחֲנוּנִים,
וְעוֹשֶׂה
צְדָקָה כְּפִי כּוֹחוֹ,
וּמִתְרַחֵק
הַרְבֵּה מִן הַדָּבָר שֶׁחָטָא בּוֹ.
וּמְשַׁנֶּה
שְׁמוֹ,
כְּלוֹמַר
שֶׁאֲנִי אַחֵר וְאֵינִי אוֹתוֹ הָאִישׁ
שֶׁעָשָׂה אוֹתָן הַמַּעֲשִׂים;
וּמְשַׁנֶּה
מַעֲשָׂיו כֻּלָּן לְטוֹבָה,
וּלְדֶרֶךְ
יְשָׁרָה.
וְגוֹלֶה
מִמְּקוֹמוֹ--שֶׁגָּלוּת
מְכַפֶּרֶת עָווֹן,
מִפְּנֵי
שֶׁגּוֹרֶמֶת לוֹ לְהִכָּנַע וְלִהְיוֹת
עָנָו וּשְׁפַל רוּחַ
|
Six
conseils profonds sont donnés ici :
- Prier constamment HaShem, dans ses propres mots, avec des pleurs sincères et des supplications, pour qu'Il nous pardonne ;
- Faire la charité en fonction de ses possibilités et moyens ;
- S’éloigner très loin de l'objet de notre péché ;
- Changer son nom, comme pour s'octroyer une nouvelle identité différente de celle que nous avions lorsqu'on était pécheur ;
- Changer intégralement son comportement pour tendre exclusivement vers le bien et suivre uniquement la voie droite ;
- Aller s'installer loin de sa maison, c'est-à-dire de l'environnement dans lequel on avait usage de commettre nos méfaits ou qui a une mauvaise influence sur nous ou qui n'est tout simplement pas propice à une vie spirituelle convenable.
Le
Ramba''m explique ensuite la qualité particulière de la Tashouvoh
durant la période des dix jours qui va de Rô`sh Hashonoh à Yôm
Hakkippourim :
8.
Bien que la Tashouvoh et
l'imploration soient toujours belles, durant les dix jours qui
sont entre Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim, cela est plus
beau encore et est accepté immédiatement, ainsi qu'il est dit9 :
« Recherchez HaShem quand Il peut être
trouvé ; invoquez-Le quand Il s'avère être proche. »10
Dans quel cas les paroles susmentionnées [s'appliquent-elles] ?11
Dans [le cas d']un particulier. Mais dans [le cas d']une
collectivité, dès le moment où ils font Tashouvoh et implorent
d'un cœur entier, ils sont exaucés, ainsi qu'il est dit12 :
« comme HaShem, notre Dieu, chaque fois que
nous L'invoquons. »
|
ח אַף
עַל פִּי שֶׁהַתְּשׁוּבָה וְהַצְּעָקָה
יָפָה לְעוֹלָם,
בַּעֲשֶׂרֶת
הַיָּמִים שֶׁבֵּין רֹאשׁ הַשָּׁנָה
וְיוֹם הַכִּפּוּרִים הִיא יָפָה
בְּיוֹתֵר,
וּמִיָּד
הִיא מִתְקַבֶּלֶת,
שֶׁנֶּאֱמָר
"דִּרְשׁוּ
ה',
בְּהִמָּצְאוֹ;
קְרָאֻהוּ,
בִּהְיוֹתוֹ
קָרוֹב".
בַּמֶּה
דְּבָרִים אֲמוּרִים,
בַּיָּחִיד;
אֲבָל
בַּצִּבּוּר--כָּל
זְמָן שֶׁעוֹשִׂין תְּשׁוּבָה וְצוֹעֲקִין
בְּלֵב שָׁלֵם הֶן נַעֲנִין,
שֶׁנֶּאֱמָר:
כַּה'
אֱלֹהֵינוּ,
בְּכָל-קָרְאֵנוּ
אֵלָיו
|
Ainsi,
bien que la Tashouvoh soit efficace et appropriée tout au long de
l'année, elle n'est pas aussi efficace que lorsqu'elle est effectuée
durant cette période de dix jours, car c'est là qu'HaShem est le
plus accessible et le plus proche de nous par rapport au reste de
l'année. C'est la période propice à la Tashouvoh ! Mais cela
n'est vrai que pour la Tashouvoh individuelle, car s'agissant de la
Tashouvoh de toute une communauté, il n'y a pas de période plus
propice qu'une autre, et une Tashouvoh collective est facilement
entendue par HaShem n'importe quel jour du calendrier.
Tout
cela étant dit, bien qu'il y ait un moment propice à la Tashouvoh
pour l'individu et que toute l'année est propice à la Tashouvoh
collective, Yôm Hakkippourim a ceci de particulier que c'est le
meilleur jour pour la Tashouvoh, aussi bien individuelle que
collective, ainsi que nous l'explique le Ramba''m dans la Halokhoh
suivante :
9.
Yôm Hakkippourim est le
temps de la Tashouvoh pour tous, pour un particulier comme pour la
collectivité, et c'est l'achèvement de l'excuse et du pardon
pour les Israélites.13
Par conséquent, tous ont l'obligation de faire Tashouvoh et se
confesser durant Yôm Hakkippourim. La Miswoh
de la confession de Yôm Hakkippourim consiste à ce que l'on
commence [à se confesser] dès la veille du jour [des expiations]
avant de manger14,
par crainte que l'on s'étouffe au cours du repas avant que l'on
se confesse.15
Et bien que l'on se soit confessé avant de manger, on se confesse
à nouveau durant la nuit de Yôm Hakkippourim, [à] ´arbith. On
doit se confesser à nouveau durant Shahrith,
Mousof, Minhoh
et Na´iloh. À quel endroit [de la prière] se confesse-t-on ?
Un particulier [se confesse] après sa prière16,
tandis que le Shaliah
Sibbour
[se confesse] au milieu de sa prière dans la quatrième
bénédiction.
|
ט יוֹם
הַכִּפּוּרִים--הוּא
זְמָן תְּשׁוּבָה לַכֹּל,
לַיָּחִיד
וְלָרַבִּים,
וְהוּא
קֵץ מְחִילָה וּסְלִיחָה לְיִשְׂרָאֵל;
לְפִיכָּךְ
חַיָּבִין הַכֹּל לַעֲשׂוֹת תְּשׁוּבָה
וּלְהִתְוַדּוֹת,
בְּיוֹם
הַכִּפּוּרִים.
וּמִצְוַת
וִדּוּי יוֹם הַכִּפּוּרִים שֶׁיַּתְחִיל
מֵעֶרֶב הַיּוֹם קֹדֶם שֶׁיֹּאכַל,
שֶׁמֶּא
יֵחָנֵק בַּסְּעוֹדָה קֹדֶם שֶׁיִּתְוַדֶּה.
וְאַף
עַל פִּי שֶׁהִתְוַדָּה קֹדֶם שֶׁיֹּאכַל,
חוֹזֵר
וּמִתְוַדֶּה בְּלֵילֵי יוֹם הַכִּפּוּרִים
עַרְבִּית;
וְחוֹזֵר
וּמִתְוַדֶּה בַּשַּׁחְרִית,
וּבַמּוּסָף,
וּבַמִּנְחָה,
וּבַנְּעִילָה.
וְהֵיכָן
מִתְוַדֶּה--יָחִיד,
אַחַר
תְּפִלָּתוֹ;
וּשְׁלִיחַ
צִבּוּר,
בְּאֶמְצַע
תְּפִלָּתוֹ בִּבְרָכָה רְבִיעִית
|
Dans
cette Halokhoh, nous apprenons donc que les Israélites se confessent
à six reprises pour Yôm Hakkippourim. Un individu se confessera :
- une première fois après la prière de Minhoh de la veille de Yôm Hakkippourim, avant de prendre son dernier repas qui précède l'entrée du jeûne ;
- une deuxième fois après la prière de ´arbith de Yôm Hakkippourim, après avoir pris le dernier repas qui précède l'entrée du jeûne ;
- une troisième fois après la prière de Shahrith de Yôm Hakkippourim ;
- une quatrième fois après la prière de Mousof de Yôm Hakkippourim ;
- une cinquième fois après la prière de Minhoh de Yôm Hakkippourim ;
- et une dernière fois après la prière de Na´iloh, qui clôt Yôm Hakkippourim.
Cela
ne concerne que l'individu, car le Shaliah Sibbour,
lui, fera la confession pour lui et en faveur de la communauté
(comme le Kôhén Godhôl se confessait pour ses propres péchés et
ceux de l'ensemble du peuple d'Israël), non pas après les
´amidhôth, mais dans la quatrième bénédiction de chaque
´amidhoh. C'est en fait la raison pour laquelle, à l'origine, il
n'y avait pas de ´amidhoh silencieuse à Yôm Hakkippourim ; le
Shaliah Sibbour doit directement réciter à voix haute
la ´amidhoh, en y incluant dans la quatrième bénédiction la
confession pour la collectivité, et la communauté répond après
chaque bénédiction. Puis, à la fin de chaque ´amidhoh, il doit y
avoir un temps de prière individuelle durant lequel chaque membre de
la communauté se confessera silencieusement devant HaShem. C'est
ainsi que la prière doit se dérouler à Yôm Hakkippourim.
Or,
de nos jours, dans la majorité des communautés, les offices de Yôm
Hakkippourim durent de très nombreuses heures (parfois cinq heures
rien que pour l'office de Shahrith). Il n'en a jamais été
ainsi avant. La longueur des offices d'aujourd'hui est due au fait
que de nombreuses choses (inutiles et que ne comprennent pas la
majorité de ceux qui prient) sont ajoutées et intercalées dans les
´amidhôth, et sont récitées chaque fois à deux reprises (durant
la ´amidhoh silencieuse et ensuite durant la répétition à voix
haute de la ´amidhoh). Ajoutons à cela les nombreuses prières qui
sont répétées à plusieurs reprises à différents moments de
l'office. Tout cela nous donne des offices de cinq ou six heures, et
la longueur des offices et des prières, ainsi que la répétitivité
des mêmes paroles au sein d'un même office, font que non seulement
la plupart des hommes passe la grande majorité des 25h du jeûne de
Yôm Hakkippourim à la synagogue, mais qu'en plus une grande partie
de ceux rassemblés ne prie en fait pas (les prières sont parfois
tellement longues que beaucoup commencent plein d'énergie au début
de l'office et faiblissent progressivement jusqu'à ne plus rien
réciter du tout). En réalité, contrairement à la pratique qui
prévaut aujourd'hui dans bon nombre de communautés, les gens ne
passaient pas quasiment l'intégralité de Yôm Hakkippourim à la
synagogue. Après la prière, on pouvait rentrer chez soi se reposer
et dormir (ce qui est fortement conseillé lorsqu'on jeûne), faire
un peu de lecture de textes sacrés (les Tahillim, par exemple), etc.
Que
dit-on lorsqu'on se confesse à Yôm Hakkippourim ?
10.
[Telle est la formulation
de] la confession à laquelle tous les Israélites se sont
accoutumés : « Mais
nous avons péché, etc. »,
et ceci est l'essentiel de la confession ! Les fautes que
l'on a confessées durant un Yôm Hakkippourim, on doit les
confesser à nouveau durant le Yôm Hakkippourim suivant, quand
bien même on se serait tenu dans sa Tashouvoh17,
ainsi qu'il est dit18 :
« Car je reconnais mes transgressions, et mon
péché est constamment devant moi. »
|
י הַוִּדּוּי
שֶׁנָּהֲגוּ בּוֹ כָּל יִשְׂרָאֵל--אֲבָל
חָטָאנוּ ...,
וְהוּא
עִיקַר הַוִּדּוּי.
עֲבֵרוֹת
שֶׁהִתְוַדָּה עֲלֵיהֶן בְּיוֹם
הַכִּפּוּרִים זֶה--חוֹזֵר
וּמִתְוַדֶּה עֲלֵיהֶן בְּיוֹם
הַכִּפּוּרִים אַחֵר,
אַף
עַל פִּי שְׁהוּא עוֹמֵד בִּתְשׁוּבָתוֹ:
שֶׁנֶּאֱמָר:
כִּי-פְשָׁעַי,
אֲנִי
אֵדָע;
וְחַטָּאתִי
נֶגְדִּי תָמִיד
|
Premièrement,
remarquez que le Ramba''m écrit spécifiquement הַוִּדּוּי
שֶׁנָּהֲגוּ בּוֹ כָּל יִשְׂרָאֵל
« la
confession à laquelle tous les Israélites se sont accoutumés. »
Lorsque cette expression est employée, cela indique toujours une
pratique post-talmudique. En effet, ni la Tôroh, ni le Talmoudh,
n'ont composé de texte spécifique à réciter en guise de
confession à Yôm Hakkippourim. Chacun peut se confesser à Yôm
Hakkippourim dans ses propres mots, énonçant une à une toutes les
fautes qu'il se souvient avoir commises et pour lesquelles il demande
le pardon Divin. Deuxièmement, pour néanmoins faciliter
l'accomplissement de notre devoir de confession à Yôm Hakkippourim,
les Ga`ônim composèrent une courte prière. C'est à elle que se
réfère ici le Ramba''m, et la voici (il peut y avoir de légères
différences, suivant le rite) :
Cette
prière est alors suivie d'une liste de péchés spécifiques classés
suivant l'ordre de l'alphabet hébraïque (de א
à
ת),
puis chacun doit ajouter alors après cette liste les péchés
personnels qu'il sait avoir commis (mais qui ne sont pas mentionnés
dans la liste), et elle se conclut par les mots suivants :
Et
nous nous sommes détournés de Tes commandements et de Tes bons
jugements, mais cela ne nous a pas profité ! Tu as été
juste dans tout ce qui nous est arrivé, car Tu as agi avec
vérité, tandis que nous nous sommes comportés avec impiété.
|
Et
le Ramba''m écrit que c'est là l'essentiel de la confession !
C'est-à-dire que toutes les autres longues prières répétitives
qui ont été ajoutées au fur et à mesure du temps dans les
Siddourim (comme par exemple le עֵל
חֵטְא
« ´al
Hét` »,
qui est récité dix fois au cours de Yôm Hakkippourim) n'ont aucune
utilité. Dès lors que la prière susmentionnée aura été faite,
et qu'on y aura inséré ses propres péchés personnels, on est
quitte de son devoir de confession à Yôm Hakkippourim !
Il
convient de signaler que bien que cette prière gaonique
susmentionnée fut composée à l'origine pour n'être récitée qu'à
Yôm Hakkippourim, dans de nombreux Siddourim on la retrouve dans les
prières quotidiennes des jours de semaine, après les ´amidhôth du
matin et de l'après-midi en guise de supplications quotidiennes.
Et
enfin, quels sont les péchés pardonnés à Yôm Hakkippourim ?
Le Ramba''m rapporte ceci :
11.
La Tashouvoh et Yôm
Hakkippourim n'expient que les fautes qui sont entre l'homme et
l'Omniprésent, comme par exemple quelqu'un qui a mangé une chose
interdite ou qui a eu un rapport sexuel interdit, et des choses
semblables. Mais des fautes qui sont entre un homme et son
prochain, comme par exemple celui qui blesse son prochain, celui
qui maudit son prochain ou le vole, et d'autres cas semblables, ne
lui sont jamais pardonnées, jusqu'à ce qu'il paie à son
prochain ce qu'il lui doit et l'ait apaisé.
|
יא אֵין
הַתְּשׁוּבָה וְלֹא יוֹם הַכִּפּוּרִים
מְכַפְּרִין אֵלָא עֲבֵרוֹת שֶׁבֵּין
אָדָם לַמָּקוֹם,
כְּגוֹן
מִי שֶׁאָכַל דָּבָר אָסוּר אוֹ בָּעַל
בְּעִילָה אֲסוּרָה וְכַיּוֹצֶא בָּהֶן.
אֲבָל
עֲבֵרוֹת שֶׁבֵּין אָדָם לַחֲבֵרוֹ,
כְּגוֹן
חוֹבֵל חֲבֵרוֹ אוֹ הַמְּקַלֵּל אֶת
חֲבֵרוֹ אוֹ גּוֹזְלוֹ וְכַיּוֹצֶא
בָּהֶן--אֵינוּ
נִמְחָל לוֹ לְעוֹלָם,
עַד
שֶׁיִּתֵּן לַחֲבֵרוֹ מַה שְׁהוּא
חַיָּב לוֹ,
וִירַצֵּהוּ
|
12.
Même s'il lui a rendu
l'argent qu'il lui doit, il doit l'apaiser et lui demander de le
pardonner. Et même s'il n'a provoqué son prochain que par des
paroles, il doit l'apaiser et l'approcher jusqu'à ce qu'il lui
pardonne.
|
יב אַף
עַל פִּי שֶׁהִחְזִיר לוֹ מָמוֹן שְׁהוּא
חַיָּב לוֹ,
צָרִיךְ
לְרַצּוֹתוֹ וְלִשְׁאֹל מִמֶּנּוּ
שֶׁיִּמְחֹל לוֹ;
וְאַפִלּוּ
לֹא הִקְנִיט אֶת חֲבֵרוֹ אֵלָא
בִּדְבָרִים,
צָרִיךְ
לְפַיְּסוֹ וְלִפְגֹּעַ בּוֹ עַד
שֶׁיִּמְחֹל לוֹ
|
13.
Et si son prochain ne désire
pas lui pardonner, il doit faire venir une délégation de trois
individus faisant partie de ses connaissances19,
et ils l'approchent et demandent [pardon] auprès de lui. S'il
n'est pas apaisé par eux, il fait venir [une délégation] une
deuxième et une troisième fois. S'il n'agrée [toujours] pas,
qu'il le laisse et ne poursuive [plus l'affaire]. Et c'est alors
celui qui ne veut pas pardonner qui est le pécheur. Mais si
c'était son maître20,
il doit aller et venir même mille fois, jusqu'à ce qu'il lui
pardonne.
|
יג לֹא
רָצָה חֲבֵרוֹ לִמְחֹל לוֹ--מֵבִיא
לוֹ שׁוּרָה שֶׁלִּשְׁלוֹשָׁה בְּנֵי
אָדָם מֵרֵעָיו,
וּפוֹגְעִין
בּוֹ וּמְבַקְּשִׁין מִמֶּנּוּ.
לֹא
נִתְרַצָּה לָהֶן,
מֵבִיא
לוֹ שְׁנִיָּה וּשְׁלִישִׁית.
לֹא
רָצָה,
מַנִּיחוֹ
וְהוֹלֵךְ לוֹ;
וְזֶה
שֶׁלֹּא מָחַל,
הוּא
הַחוֹטֶא.
וְאִם
הָיָה רִבּוֹ--הוֹלֵךְ
וּבָא אַפִלּוּ אֶלֶף פְּעָמִים,
עַד
שֶׁיִּמְחֹל לוֹ
|
Et
qu'en est-il si la personne contre laquelle on a commis une faute
meurt avant qu'on ait pu lui demander pardon et lui restituer ce
qu'on lui devait ? Le Ramba''m écrit ceci :
15.
Celui qui a péché contre
son prochain, et son prochain meurt avant qu'il ne lui ait demandé
pardon, doit faire venir dix hommes, se tenir auprès de sa tombe
et dire devant eux : « J'ai
péché contre HaShem, le Dieu d'Israël, et contre cette
personne, car j'ai commis contre lui ceci et cela. »
Et s'il lui devait de l'argent, il doit le rendre à ses
héritiers. Et s'il ne lui connaît pas d'héritiers, il doit
remettre [la somme] au Béth Din et se confesser.
|
טו הַחוֹטֶא
לַחֲבֵרוֹ,
וּמֵת
חֲבֵרוֹ קֹדֶם שֶׁיְּבַקַּשׁ מִמֶּנּוּ
מְחִילָה--מֵבִיא
עֲשָׂרָה בְּנֵי אָדָם וּמַעְמִידָן
עַל קִבְרוֹ,
וְאוֹמֵר
לִפְנֵיהֶם חָטָאתִי לַה'
אֱלֹהֵי
יִשְׂרָאֵל וְלִפְלוֹנִי זֶה שֶׁעָשִׂיתִי
לוֹ כָּךְ וְכָּךְ.
וְאִם
הָיָה חַיָּב לוֹ מָמוֹן,
יַחְזִירוֹ
לְיוֹרְשָׁיו;
לֹא
הָיָה יוֹדֵעַ לוֹ יוֹרֵשׁ--יַנִּיחֶנּוּ
בְּבֵית דִּין,
וְיִתְוַדֶּה
|
Ce
sont là les principales Halokhôth relatives à la Tashouvoh
particulières des dix jours qui vont de Rô`sh Hashonoh à Yôm
Hakkippourim, ainsi que sur la nature de la confession à Yôm
Hakkippourim.
1Yasha´yohou
55:7
2Yirmayohou
31:18
3Hôshéa´
14:4
4Celui
qui s'immerge ainsi dans une Miqwah, son immersion n'est d'aucun
effet jusqu'à ce qu'il se débarrasse du cadavre de lézard qu'il
tient en main
5Mishlé
28:13
6Shamôth
32:31
7Ce
qui implique également le fait de prendre ses dispositions pour ne
plus en arriver à y penser ou se retrouver dans des situations nous
amenant à y penser
8Cela
inclut également le fait d'avoir des regrets pour les conséquences
de ce péché
9Yasha´yohou
55:6
10Nos
Sages ont dit que ce verset se référait à la période entre Rô`sh
Hashonoh et Yôm Hakkippourim ; c'est là qu'HaShem est plus
facilement trouvable et le plus proche de nous
11C'est-à-dire,
quand dit-on que la Tashouvoh est plus belle encore et immédiatement
acceptée durant la période des dix jours qui va de Rô`sh Hashonoh
à Yôm Hakkippourim ?
12Davorim
4:7
13Le
monde entier, Israélites et non Israélites, est jugé à Rô`sh
Hashonoh. Par contre, HaShem accorde un dernier délai de repentance
aux Israélites pour se mettre en ordre et amender leurs voies avant
qu'Il ne scelle leur jugement pour l'année qui a commencée. Et ce
délai s'étend jusqu'à Yôm Hakkippourim. Les Israélites ont donc
dix jours de plus que les non Israélites
14C'est-à-dire,
avant le dernier repas que l'on compte prendre avant que ne commence
le jeûne
15On
pourrait être tellement agité et paniqué de part le fait que Yôm
Hakkippourim approche que l'on risque de s'étouffer en mangeant,
sans avoir eu le temps de se confesser. Par conséquent, la
confession de Yôm Hakkippourim commence avant le dernier repas qui
précède le début du jeûne
16C'est-à-dire,
après avoir terminé son ´amidhoh
17C'est-à-dire,
même si entre les deux Yôm Hakkippourim on n'a pas reproduit les
péchés pour lesquels on s'est confessé
18Tahillim
51:5
19C'est-à-dire
trois amis de la personne offensée
20C'est-à-dire
si c'est son maître qu'il a offensé et que par trois fois son
maître a refusé de lui pardonner