ב״ה
La
Paroshoh avec le Ramba''m
Parashath
´éqav
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- Introduction
Vers
la fin de la Parashath ´éqav1,
la Tôroh nous offre le deuxième paragraphe du Shama´ qui, comme ce
fut également le cas pour le premier paragraphe (qui nous a été
présenté dans la Paroshoh précédente2),
se termine par la Miswoh
de la Mazouzoh3 :
וּכְתַבְתָּם
עַל-מְזוּזוֹת
בֵּיתֶךָ,
וּבִשְׁעָרֶיךָ
« Oukhathavtom
´al Mazouzôth Béthakho Ouvish´orakho – Et tu les inscriras sur
les poteaux de ta maison et à tes portes ».
L'obligation de « les »
inscrire fait à l'évidence référence à ces deux passages
bibliques que la Tôroh ordonne de placer, sous la forme d'un
parchemin, sur les poteaux (montants) de sa maison et de ses portes.
Bien
que le mot « Mazouzoh » signifie « poteau »,
et ne fait strictement pas référence au parchemin en lui-même, le
mot en est arrivé à être utilisé (déjà dans le Talmoudh) en
référence au parchemin, et nous allons donc adopter l'usage
familier du terme, en dépit de son inexactitude technique.
- Rejeter le pouvoir protecteur de la Mazouzoh
Le
Ramba''m ז״ל
consacre
deux chapitres de son Mishnéh Tôroh4
à l'explication des lois relatives à la Mazouzoh. Durant son
exposition de ces lois, il rejette catégoriquement la fonction
protectrice que l'on attribue souvent à la Mazouzoh5 :
Il
est une coutume répandue d’écrire sur la face extérieure de
la Mazouzoh, au niveau de l’intervalle entre les deux passages,
[le nom de Dieu] « Shadday ». Cela n’est pas
problématique, car [cet ajout] est fait sur la face extérieure
[de la Mazouzoh]. En revanche, ceux qui écrivent sur la face
intérieure des noms d’anges, des noms saints [de Dieu], des
versets ou des formes, font partie de ceux qui n’ont pas part au
Monde-à-Venir. En effet, [par cette pratique,] ces sots ne se
contentent pas d’annuler la Miswoh, mais font d’une
grande Miswoh, qui est [l’expression de] l’unité du
nom du Saint, béni soit-Il, l’amour qui Lui est dû, et Son
service, un talisman à leur propre profit, comme ils s’imaginent
dans leur cœur stupide, que cela les aide dans les vanités du
monde.
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מִנְהָג
פָּשׁוּט,
שֶׁכּוֹתְבִין
עַל הַמְּזוּזָה מִבַּחוּץ,
כְּנֶגֶד
הָרֵוַח שֶׁבֵּין פָּרָשָׁה לְפָרָשָׁה,
שַׁדַּי;
וְאֵין
בְּזֶה הֶפְסֵד,
לְפִי
שְׁהוּא מִבַּחוּץ.
אֲבָל
אֵלּוּ שֶׁכּוֹתְבִין בָּהּ מִבִּפְנִים
שְׁמוֹת מַלְאָכִים,
אוֹ
שְׁמוֹת קְדוֹשִׁים,
אוֹ
פָּסוּק,
אוֹ
חוֹתָמוֹת--הֲרֵי
הֶן בִּכְלַל מִי שְׁאֵין לָהֶן חֵלֶק
לָעוֹלָם הַבָּא:
שֶׁאֵלּוּ
הַטִּפְּשִׁים,
לֹא
דַּי לָהֶם שֶׁבִּטְּלוּ הַמִּצְוָה;
אֵלָא
שֶׁעוֹשִׂין מִצְוָה גְּדוֹלָה,
שְׁהִיא
יֵחוּד שְׁמוֹ שֶׁלְּהַקָּדוֹשׁ
בָּרוּךְ הוּא וְאַהֲבָתוֹ וַעֲבוֹדָתוֹ,
כְּאִלּוּ
הִיא קָמִיעַ לַהֲנָיַת עַצְמָן,
כְּמוֹ
שֶׁעָלָה עַל לִבָּם הַסָּכָל שֶׁזֶּה
דָּבָר הַמְּהַנֶּה בְּהַבְלֵי הָעוֹלָם
|
Le
Ramba''m objecte face à la pratique consistant à ajouter des
inscriptions mystiques au parchemin de la Mazouzoh pour deux
raisons :
- Il tranche clairement que les gens qui utilisent de telles Mazouzôth n'accomplissent pas du tout leur obligation. Des inscriptions étrangères sur la face intérieure du parchemin le disqualifient, et de ce fait on ne peut satisfaire aux exigences de la Miswoh avec un tel parchemin.
- Il condamne cette pratique également sur des bases philosophiques. Ceux qui adhèrent à cette coutume ajoutaient apparemment ces noms ou versets sur la base d'une croyance selon laquelle la Mazouzoh leur fournit une protection ou leur garantie une bénédiction et la prospérité. Il estime qu'une telle pratique reflète une approche erronée qui réduit à néant l'institution même de cette Miswoh, en faisant par-là un talisman, une amulette, ou une espèce de porte-bonheur.
En
tous les cas, invoquer des puissances spirituelles pour un gain
personnel est, aux yeux du Ramba''m, une chose méprisable et une
perspective hérétique de la nature de cette Miswoh.
Ailleurs,
dans son Mishnéh Tôroh, le Ramba''m développe son objection face à
cette approche d'une manière plus complète, en l'appliquant à
toutes les Miswôth, et pas seulement au cas spécifique de la
Mazouzoh6 :
Celui
qui prononce une incantation sur une plaie ou récite des versets
de la Tôroh, de même, celui qui récite [un verset] sur un
enfant pour le préserver de la peur, et celui qui pose un rouleau
de la Tôroh ou des Tafillin sur un enfant pour qu’il s’endorme,
ne font pas seulement partie des augures et des charmeurs, mais
[plus encore,] font partie de ceux qui nient la Tôroh, car ils
considèrent les paroles de la Tôroh une guérison pour le corps,
alors qu’elles sont une guérison pour l’âme, comme il est
dit7 :
« Elles seront la vie pour ton âme ».
En revanche, une personne en bonne santé a le droit de réciter
des versets et des psaumes afin d’être protégé par ce mérite,
et d’être sauvé des malheurs et des dommages.
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הַלּוֹחֵשׁ
עַל הַמַּכָּה וְקוֹרֶא פָּסוּק מִן
הַתּוֹרָה,
וְכֵן
הַקּוֹרֶא עַל הַתִּינוֹק שֶׁלֹּא
יִבָּעֵת,
הַמַּנִּיחַ
סֵפֶר תּוֹרָה אוֹ תְּפִלִּין עַל
הַקָּטָן בִּשְׁבִיל שֶׁיִּישַׁן--לֹא
דַּי לָהֶן שְׁהֶן בִּכְלַל חוֹבְרִים
וּמְנַחֲשִׁים:
אֵלָא
שְׁהֶן בִּכְלַל הַכּוֹפְרִים בַּתּוֹרָה,
שְׁהֶן
עוֹשִׂין דִּבְרֵי תּוֹרָה רִפְאוּת
גּוּף,
וְאֵינָן
אֵלָא רִפְאוּת נְפָשׁוֹת,
שֶׁנֶּאֱמָר
"וְיִהְיוּ
חַיִּים,
לְנַפְשֶׁךָ".
אֲבָל
הַבָּרִיא שֶׁקָּרָא פְּסוּקִין אוֹ
מִזְמוֹר מִתִּלִּים,
כְּדֵי
שֶׁתָּגֵן עָלָיו זְכוּת קְרִיאָתָן,
וְיִנָּצֵל
מִצָּרוֹת וּנְזָקִים--הֲרֵי
זֶה מֻתָּר
|
Le
Ramba''m interdit de considérer les lois de la Tôroh comme un
système mécanique de cause à effet qui apporte la santé, la
sécurité ou d'autres avantages. Il insiste sur le fait que les
Miswôth sont un moyen d'atteindre une « santé
spirituelle » ; elles nourrissent et raffinent les âmes
de ceux qui les accomplissent, et non leurs corps ou avoirs
financiers. Il est vrai qu'il dit, à la fin de ce passage, que l'on
peut réciter des versets bibliques pour obtenir des mérites grâce
auxquels on pourrait jouir d'une bonne santé. Mais considérer que
les Miswôth ou les objets des Miswôth possèdent des
pouvoirs intrinsèques de protection physique ou de bénédiction
physique et matérielle constitue, pour lui, rien d'autre que de
l'hérésie. Il déclare sans détour que ceux qui utilisent la
pratique des Miswôth de cette manière font partie de ceux
qui ont mécru dans la Tôroh.
Quel
est donc le but premier de la Miswoh de la Mazouzoh ? Le
Ramba''m traite de cette question dans ses remarques de conclusion
sur les lois relatives à la Mazouzoh8 :
Un
homme doit être scrupuleux à [l’accomplissement du
commandement de la] Mazouzoh, car c’est une obligation qui
incombe constamment à tout un chacun. [Ainsi,] à chaque fois
qu’il entrera et sortira [de chez lui], il se trouvera face à
l’unité du nom du Saint, béni soit-Il, se souviendra de son
amour pour Lui. Il se réveillera de son sommeil et de sa
préoccupation dans les vanités du temps. Il prendra conscience
qu’il n'y rien d’autre que la connaissance du Rocher du monde
qui dure éternellement. Il reviendra ainsi immédiatement à ses
esprits, et suivra le chemin des droits. Les sages d’antan ont
dit : « Qui a des Tafillin sur sa tête et
sur son bras, des Sisith
à son vêtement, et une Mazouzoh sur sa porte, peut être assuré
qu’il ne fautera point, car il aura de nombreux rappels. Ce sont
des anges qui l’empêcheront de fauter, comme il est dit9 :
''Un ange du Seigneur est posé près de ceux qui Le
craignent, et les fait échapper''. »
|
חַיָּב
אָדָם לְהִזָּהֵר בַּמְּזוּזָה,
מִפְּנֵי
שְׁהִיא חוֹבַת הַכֹּל תָּמִיד.
וְכָל
עֵת שֶׁיִּכָּנֵס וְיֵצֵא,
יִפְגַּע
בְּיֵחוּד שְׁמוֹ שֶׁלְּהַקָּדוֹשׁ
בָּרוּךְ הוּא--וְיִזְכֹּר
אַהֲבָתוֹ,
וְיֵעוֹר
מִשִּׁינָתוֹ וּשְׁגִּיָּתוֹ בְּהַבְלֵי
הַזְּמָן;
וְיֵדַע
שְׁאֵין שָׁם דָּבָר הָעוֹמֵד לְעוֹלָם
וּלְעוֹלְמֵי עוֹלָמִים,
אֵלָא
יְדִיעַת צוּר הָעוֹלָם,
וּמִיָּד
הוּא חוֹזֵר לְדַעְתּוֹ,
וְהוֹלֵךְ
בְּדַרְכֵי מֵישָׁרִים.
אָמְרוּ
חֲכָמִים,
כָּל
מִי שֶׁיֵּשׁ לוֹ תְּפִלִּין בְּרֹאשׁוֹ
וּבִזְרוֹעוֹ,
וְצִיצִית
בְּבִגְדוֹ,
וּמְזוּזָה
בְּפִתְחוֹ--מֻחְזָק
לוֹ,
שֶׁלֹּא
יֶחֱטָא:
שֶׁהֲרֵי
יֵשׁ לוֹ מַזְכִּירִים רַבִּים;
וְהֶן
הֶן הַמַּלְאָכִים שֶׁמַּצִּילִין
אוֹתוֹ מִלַּחֲטֹא,
שֶׁנֶּאֱמָר
"חֹנֶה
מַלְאַךְ-ה'
סָבִיב
לִירֵאָיו;
וַיְחַלְּצֵם
|
D'après
le Ramba''m, la fonction première d'une Mazouzoh est un rappel de
Dieu et du peu d'importance relative des vanités du monde. Citant un
passage talmudique10,
le Ramba''m groupe la Mazouzoh dans la même catégorie que les
Sisith et les Tafillin, qui sont trois Miswôth
qui ont pour objectif de créer un système de rappels réguliers des
obligations religieuses de l'Israélite.
Le
regroupement de ces trois Miswôth est particulièrement
instructif étant donné que la Tôroh elle-même renvoie
explicitement à cette fonction comme étant le but véritable des
Sisith et des Tafillin. Concernant les Sisith,
la Tôroh elle-même déclare11 :
Cela
formera pour vous des Sisith ; vous les verrez
et vous rappellerez de tous les commandements de `adhônoy, et les
accomplirez. Et vous ne vous égarerez pas après votre cœur et
après vos yeux, derrière lesquels vous vous prostituez
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וְהָיָה
לָכֶם,
לְצִיצִת,
וּרְאִיתֶם
אֹתוֹ וּזְכַרְתֶּם אֶת-כָּל-מִצְוֹת
יהוה,
וַעֲשִׂיתֶם
אֹתָם;
וְלֹא-תָתוּרוּ
אַחֲרֵי לְבַבְכֶם,
וְאַחֲרֵי
עֵינֵיכֶם,
אֲשֶׁר-אַתֶּם
זֹנִים,
אַחֲרֵיהֶם
|
Le
cœur et les yeux éloignent naturellement les gens du monde sublime
et significatif de la Tôroh et des Miswôth, et mènent vers
une recherche incessante du confort, des plaisirs et de la
gratification. Les Sisith ont pour but de rappeler à
l'homme sa mission spirituelle et l'empêcher par-là d'aveuglément
se préoccuper et s'adonner aux vanités du monde.
De
même, la Tôroh12
décrit les Tafillin comme étant un « signe » que
l'on porte sur son corps, indiquant par-là que la fonction de cette
Miswoh est de nous rappeler constamment de Dieu et Ses lois.
(Rappelons donc au passage qu'en principe, les Tafillin doivent être
portées toute la journée, si possible.)
D'après
le Ramba''m, la Mazouzoh rejoint ces deux Miswôth comme étant
un autre moyen de préserver une conscience continue de ses
responsabilités religieuses. Quand on fixe des Mazouzôth à ses
portes, on annonce par-là que c'est une maison qui sert HaShem ית׳
et
dont les membres suivent Ses commandements. Selon lui, la Mazouzoh ne
sert pas d'amulette de protection, mais est un rappel constant pour
l'occupant de la maison qu'il est, ou doit être, un serviteur loyal
du Tout-Puissant.
- La nature protectrice de la Mazouzoh démontrée par le Talmoudh
Comme
de nombreux commentateurs du Mishnéh Tôroh l'ont fait remarquer,
nous trouvons pourtant bel et bien dans la littérature talmudique un
grand nombre de passages indiquant que la Mazouzoh remplit également
une fonction protectrice. Il ne fait aucun doute que le récit le
plus célèbre sur la nature protectrice de la Mazouzoh soit celui de
`ounqélôs le converti ז״ל,
rapporté au traité ´avôdhoh Zoroh 11a.
Mais
au cas où quelqu'un pourrait en arriver à dire « Ce n'est
qu'une histoire, et on ne déduit pas une Halokhoh d'un récit »,
dix pages auparavant, au traité Manohôth
33b, le Talmoudh parle de la nature protectrice de la Mazouzoh
dans un contexte purement halakhique et non `aggadique. Là, le
Talmoudh discute de la raison pour laquelle une Mazouzoh est placée
au bord du poteau de la porte d'entrée, près du domaine public. Une
des explications offertes est qu'on la place là « afin
qu'elle le protège ». D'après cette explication, la
Halokhoh exige de placer la Mazouzoh sur le bord extérieur du poteau
de la porte d'entrée afin que les occupants de la maison puissent
jouir de façon maximale des forces protectrices de la Mazouzoh, qui
s'étendront même en-dehors des limites extérieures de la maison,
et pas seulement lorsqu'on se trouve dans sa maison. En fait, tout de
suite après cela, le Talmoudh rapporte un commentaire de Rébbi
Haninoh ז״ל
qui
répète presque mot pour mot les propos de `ounqélôs, c'est-à-dire
que par la Miswoh de la Mazouzoh HaShem se distingue des rois
du monde ; les rois du monde restent dans leur palais tandis que
des gardes sont chargés de leur protection. À l'inverse, HaShem,
qui est pourtant le Roi des rois, est Celui qui protège Ses sujets
grâce à la Mazouzoh tandis qu'ils sont sagement assis à
l'intérieur de leurs maisons. Le Talmoudh attribut donc, sans
l'ombre du moindre doute, une fonction de protection à la Mazouzoh.
Comment
donc le Ramba''m a-t-il pu rejeter cette qualité protectrice de la
Mazouzoh ?
- Réconcilier le Ramba''m avec le Talmoudh
Instinctivement,
nous pourrions répondre que ce sujet fait débat parmi les Sages du
Talmoudh et que le Ramba''m a décidé de s'aligner sur une opinion
plutôt que l'autre. Comme nous l'avons précédemment mentionné, le
Ramba''m conclut son exposition des lois relatives à la Mazouzoh en
citant un passage talmudique qui garantie que la mise en application
appropriée des Miswôth des Tafillin, des Sisith
et de la Mazouzoh offre une protection spirituelle face au péché.
Ce commentaire reflète clairement la perspective selon laquelle la
Mazouzoh a une fonction éducative et spirituelle, mais ne sert pas à
se protéger physiquement. De ce fait, peut-être que le Ramba''m se
disait que les différentes sources talmudiques exprimaient
différentes positions sur le sujet, et il a décidé de suivre
l'école qui conçoit la Mazouzoh comme un rappel constant, plutôt
qu'un protecteur.
Effectivement,
en traitant de la raison pour laquelle on doit placer la Mazouzoh au
poteau extérieur de sa maison, le Talmoudh cite deux opinions, dont
seule la première (que nous avons citée plus haut) associe cette
exigence halakhique à la fonction protectrice de la Mazouzoh.
L'autre explication est celle-ci : « Afin
que [lorsqu'il entre et sorte] il rencontre la Mazouzoh en premier ».
Cette deuxième explication reflète assez bien la perspective du
Ramba''m, puisqu'elle se focalise sur les bienfaits spirituelles et
l'inspiration que l'on pourrait avoir en voyant la Mazouzoh. D'après
cette opinion, les Sages désiraient s'assurer par cette Halokhoh que
l'on tombe sur la Mazouzoh le plus tôt possible, lorsqu'on entre ou
que l'on sort, afin de maximiser son influence. Il est donc possible
de dire que les deux explications pourraient refléter une divergence
d'opinion parmi les Sages talmudiques, et le Ramba''m a juste fait le
choix de souscrire à l'opinion qui considère la Mazouzoh comme un
rappel, et non un objet protecteur.
Mais
en y regardant de plus près, il est difficile d'imaginer que le
Ramba''m croyait qu'il existait un débat talmudique sur le sujet.
Après tout, non seulement il rejette catégoriquement la nature et
fonction protectrice de la Mazouzoh, mais il la considère en plus
comme étant une hérésie, un reniement d'un fondement de la foi
juive. Il est donc impossible d'imaginer qu'il ait pu qualifier
d'hérétique une position pourtant soutenue dans le Talmoudh.
L'approche
simple et brièvement développée par Rabbi Yôséph Qa`rô ז״ל,
dans son Kasaph Mishnéh (qui est un commentaire sur le Mishnéh
Tôroh), est plus probable. Il écrit que le Ramba''m s'opposait au
fait d'attribuer des pouvoirs protecteurs intrinsèques à la
Mazouzoh, mais que, par contre, il reconnaît que l'accomplissement
appropriée de cette Miswoh peut nous faire mériter une
protection et une bénédiction Divine. En vérité, le Ramba''m fait
lui-même explicitement cette distinction dans le passage des Hilkôth
´avôdhoh Zoroh Wahouqqôth Haggôyim cité plus haut. Bien
qu'il qualifie d'hérésie le fait de tenter de guérir une maladie
avec des objets saints, il permet de réciter des Tahillim et
d'autres versets bibliques pour obtenir un mérite par lequel jouir
d'une protection Divine. De même, Rabbi Yôséph Qa`rô suggère que
le rejet catégorique d'une capacité de protection intrinsèque à
la Mazouzoh par le Ramba''m ne remet pas en cause la possibilité de
jouir d'une protection Divine en récompense de l'accomplissement
approprié de cette Miswoh.
Il
est vrai que le Ramba''m insiste pour dire que la Mazouzoh ne peut en
elle-même offrir la moindre protection, car au final, ce
n'est qu'un objet. Elle sert donc de rappel de nos obligations,
plutôt que d'une amulette protectrice. Néanmoins, comme pour
n'importe quelle Miswoh, une mise en application appropriée
de cette Miswoh peut effectivement nous rendre dignes d'une
protection Divine. Ce n'est donc pas la Mazouzoh qui protège,
mais HaShem qui nous protège à travers l'accomplissement de la
Miswoh de la Mazouzoh. Et effectivement, les
passages talmudiques susmentionnés insistent sur le fait que c'est
HaShem qui protège l'Israélite par la Mazouzoh à sa porte, et non
la Mazouzoh en elle-même, ni même les paroles inscrites dessus. La
notion selon laquelle HaShem protège ceux qui accomplissent
fidèlement Ses commandements n'est pas du tout incompatible avec le
fait que le Ramba''m condamne ceux qui traitent la Mazouzoh comme une
amulette ou un talisman. De telles personnes tombent dans le piège
de croire que la Mazouzoh en elle-même, plutôt que le
Tout-Puissant, les protège. C'est donc de la pure hérésie !
À
l'évidence, il ne faut pas croire qu'accomplir les Miswôth
est une garantie de jouir de la protection Divine. Le Makhilto`13
faire remarquer les souffrances terribles qui se sont abattues sur
les Israélites en dépit de la présence des Mazouzôth à leurs
portes. Il explique que cela se produit à cause de nos
transgressions, qui nous font mériter des punitions en dépit de
notre mise en pratique de cette Miswoh, ce qui indique bien
encore que ce n'est pas la Mazouzoh en elle-même qui protège, mais
HaShem qui décide de le faire ou pas, selon notre comportement
vis-à-vis des commandements qu'Il nous a donnés. Si quelqu'un fixe
une Mazouzoh à sa porte mais ne vit pas dans le même temps avec la
conscience religieuse que la présence de la Mazouzoh est censée
engendrer en lui, le mérite obtenu par l'accomplissement de cette
Miswoh est annulé par ses fautes.
Il
n'y a donc pas de contradiction entre le Talmoudh et le Ramba''m !
- Nous réveiller de notre sommeil
En
conclusion, retournons un instant aux remarques de conclusions faites
par le Ramba''m à la fin de son exposition des lois relatives à la
Mazouzoh, où il présente de la façon suivante sa théorie quant à
la fonction de cette Miswoh :
[Ainsi,]
à chaque fois qu’il entrera et sortira [de chez lui], il se
trouvera face à l’unité du nom du Saint, béni soit-Il, se
souviendra de son amour pour Lui. Il se réveillera de son sommeil
et de sa préoccupation dans les vanités du temps. Il prendra
conscience qu’il n'y rien d’autre que la connaissance du
Rocher du monde qui dure éternellement. Il reviendra ainsi
immédiatement à ses esprits, et suivra le chemin des droits
|
וְכָל
עֵת שֶׁיִּכָּנֵס וְיֵצֵא,
יִפְגַּע
בְּיֵחוּד שְׁמוֹ שֶׁלְּהַקָּדוֹשׁ
בָּרוּךְ הוּא--וְיִזְכֹּר
אַהֲבָתוֹ,
וְיֵעוֹר
מִשִּׁינָתוֹ וּשְׁגִּיָּתוֹ בְּהַבְלֵי
הַזְּמָן;
וְיֵדַע
שְׁאֵין שָׁם דָּבָר הָעוֹמֵד לְעוֹלָם
וּלְעוֹלְמֵי עוֹלָמִים,
אֵלָא
יְדִיעַת צוּר הָעוֹלָם,
וּמִיָּד
הוּא חוֹזֵר לְדַעְתּוֹ,
וְהוֹלֵךְ
בְּדַרְכֵי מֵישָׁרִים
|
D'après
le Ramba''m, la Mazouzoh a pour but de réveiller l'homme « de
son sommeil et de sa préoccupation dans les vanités du monde ».
Cela nous transmet un message fondamental : un Israélite doit
constamment prêter attention à ce qui l'entoure (les livres saints,
les Sisith, les Tafillin, la Mazouzoh, etc.) et
utiliser chaque situation comme une opportunité de réveil
spirituel. Si quelqu'un mène sa vie attentivement, en prêtant
l'oreille à ce qui l'entoure et en étant sensible aux signaux qui
lui sont envoyés par les symboles qui l'entourent, la présence
silencieuse de la Mazouzoh pourra alors effectivement causer chez lui
une inspiration spirituelle lui faisant comprendre que rien ne vaut
plus la peine dans ce monde que d'être au service du Tout-Puissant,
et non du monde et ses artifices !
1Davorim
11:13-21
2Ibid.,
6:4-9
3Ibid.,
11:20
4Hilkôth
Tafillin Oumazouzoh Waséphar Tôroh Chapitres 5 et 6
5Hilkôth
Tafillin Oumazouzoh Waséphar Tôroh 5:4
6Hilkôth
´avôdhoh Zoroh Wahouqqôth Haggôyim 11:13
7Mishlé
3:22
8Hilkôth
Tafillin Oumazouzoh Waséphar Tôroh 6:13
9Tahillim
34:8
10Manohôth
43b
11Bamidhbor
15:39
12Shamôth
13:9, 16 ; Davorim 6:8, 11:18
13Parashath
Bô`