ב״ה
La
Paroshoh avec le Ramba''m
Parashath
Shôphtim
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La
dernière partie de la Parashath Shôphtim nous introduit au rituel
appelé עֶגְלָה
עֲרוּפָה
« ´aghloh
´arouphoh » (rupture [de la nuque] d'une génisse), qu'une
communauté a l'obligation d'accomplir lorsque le corps d'une
personne assassinée est découvert sans que l'on ne sache qui est le
tueur. Les dirigeants religieux de la ville la plus proche du site de
la scène du crime doivent briser la nuque d'un veau dans une zone
inhabitée de la ville et laver leurs mains au-dessus de la carcasse.
Ils font ensuite une déclaration par laquelle ils se déchargent de
toute responsabilité pour le crime, et les Kôhanim assistant à la
cérémonie élèvent une prière dans laquelle ils demandent à
HaShem ית׳
le
pardon au nom de tout le peuple d'Israël.
Le
Ramba''m ז״ל,
dans son Guide des Égarés, offre l'explication suivante quant à la
raison cachée de ce rituel1 :
La nature bienfaisance de la
loi relative à la ´aghloh ´arouphoh est évidente, car c'est la
ville qui est la plus proche de la personne assassinée qui apporte
la génisse, et dans la plupart des cas le meurtrier vient de cet
endroit. Les Anciens du lieu invoquent Dieu comme témoin, d'après
l'interprétation de nos Sages, afin d'attester qu'ils ont toujours
gardé les routes en bon état, les ont protégées, et ont toujours
orienté toute personne qui demandait son chemin ; ainsi, la
victime n'a pas été tuée parce qu'ils furent négligents dans ces
dispositions générales, et ils ne savent pas qui l'a tuée. La
règle veut que l'investigation, la procession des Anciens, les
mesures mises en place, et l'apport de la génisse, finissent par
faire parler les gens, et en rendant l'événement public le
meurtrier pourrait être retrouvé, et celui qui le connaît, ou a
entendu parler de lui, ou est remonté à lui par un quelconque
indice, finira par nommer le meurtrier...
Il
est bien connu qu'il est un acte de grande impiété et de
culpabilité de la part de celui qui connaît le meurtrier de garder
le silence à son sujet, tandis que les Anciens invoquent Dieu comme
témoin du fait qu'ils ne connaissent rien du meurtrier...
D'après
le Ramba''m, l'objectif caché derrière le rituel de la ´aghloh
´arouphoh est de trouver le coupable. Étant donné que les Anciens
déclareront devant HaShem qu'en tant que représentants de la ville
ils n'ont aucune responsabilité dans ce crime, quiconque doté
d'informations s'avancera certainement et les partagera avec les
autorités religieuses. Et en général, la procédure même, qui est
publique, génère un intérêt, de la curiosité et des
conversations, ce qui augmente les chances de retrouver le meurtrier.
En d'autres mots, plus un événement est public et réalisé de
façon solennelle, plus les chances que les langues se délient
augmentent.
La
Tôroh déclare qu'à travers ce rituel2 :
וְנִכַּפֵּר
לָהֶם,
הַדָּם
« le
sang [de la victime] leur sera expié ».
D'ailleurs, dans son Mishnéh Tôroh, le Ramba''m conclut ainsi son
exposition des lois relatives à la ´aghloh ´arouphoh3 :
וְהַקָּדוֹשׁ
בָּרוּךְ הוּא מְכַפֵּר עַל הַדָּם,
שֶׁנֶּאֱמָר:
וְנִכַּפֵּר
לָהֶם,
הַדָּם
« Et
le Saint, béni soit-Il, fait expiation concernant le sang [de la
victime], ainsi qu'il est dit : ''Et le sang [de la victime]
leur sera expié''. »
À première vue, il semble donc que ce rituel n'a pas pour but de
simplement assister les autorités dans leur investigation du crime,
mais également pour l'obtention d'une expiation de tout le peuple en
raison de ce crime. Étant donné que le meurtrier n'a pas été
retrouvé et puni pour son crime, une certaine autre forme
d'expiation est nécessaire, et pour cette raison, il semblerait que
la Tôroh ait exigé de procéder à ce rituel.
Tout
cela nous transmet une leçon fondamentale, alors que nous sommes
entrés dans le mois sacré de `aloul, qui nous prépare aux fêtes
du mois de Tishri. Nous obtenons une expiation par rapport à nos
mauvais actes pas simplement en suppliant HaShem au moyen de prières
déchirantes, de paroles sincères sorties tout droit du cœur et de
larmes de remords, mais aussi, et surtout, en faisant des efforts
sincères pour corriger nos maux spirituels, en prenant des
initiatives concrètes pour améliorer notre comportement et nos
Middôth, et en faisant les pas nécessaires pour trouver et éliminer
le « criminel » qui se trouve à l'intérieur de nous.
Et
alors, comme dans le cas de la ´aghloh ´arouphoh, lorsqu'HaShem
aura vu nos efforts, nos tentatives de trouver le « criminel »
en nous et l'éliminer, quand bien même nous n'aurions pas
totalement éliminé le « criminel » en nous, Il sera
miséricordieux pour nous pardonner.
1Môréh
Navoukhim, Volume 3, Chapitre 40
2Davorim
21:8
3Hilkôth
Rôséah Oushamirath Naphash 9:4