ב״ה
Brève
histoire des Salihôth
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Nous
sommes entrés dans le mois de `aloul, ce qui signifie que nous ne
sommes plus qu'à un mois des fêtes du mois de Tishri (Rô`sh
Hashonoh, Yôm Hakkippourim et Soukkôth). Conformément à la
prescription qui veut qu'il faut commencer au moins un mois
auparavant l'étude des lois relatives aux fêtes, nous allons
commencer de temps à autre à passer en revue quelques Halokhôth et
Minhoghim relatives aux fêtes de Tishri. Nous allons commencer par
les Salihôth, prières de supplication.
Le
Shoulhon
´oroukh parle des lois relatives à Rô`sh Hashonoh du Chapitre
581
au Chapitre
603
de la partie `ôrah
Hayim.
Dans le Chapitre
581,
qui est intitulé ימי
תחנונים וערב ראש השנה
« Les
jours de supplications et la veille de Rô`sh Hashonoh »,
au Sé´iph
1,
Rabbi Yôséph Qa`rô ז״ל
écrit
ceci : נוהגים
לקום באשמורת לומר סליחות ותחנונים,
מראש
חודש אלול ואילך עד יום הכיפורים
« Il
est de coutume de se lever à `ashmôrath1
pour dire des Salihôth2
et des Tahanounim3
à partir de Rô`sh Hôdhash
`aloul et de continuer jusqu'à Yôm Hakkippourim. »
Ainsi,
le Minhogh qui prévaut aujourd'hui chez les Sapharadhim consiste à
réciter des Salihôth
chaque jour, pendant quarante jours, de Rô`sh Hôdhash
`aloul4
jusqu'à la veille de Yôm Hakkippourim. Sur quoi se base ce Minhogh
des Sapharadhim ?
La
Tradition enseigne que Môshah Rabbénou ע״ה
monta
sur le Mont Sinaï à Rô`sh Hôdhash
`aloul pour recevoir les deuxièmes Louhôth
Habbarith (Tables de l'Alliance) sur lesquelles étaient gravées les
´asarath Haddibbarôth (les Dix Paroles/Commandements). Môshah
Rabbénou passa ensuite les quarante jours qui suivirent sur la
montagne, priant et suppliant HaShem ית׳
de
pardonner le peuple d'Israël pour le péché du Veau d'Or, n'y
redescendant que le dixième jour du septième mois, c'est-à-dire le
10 Tishri, date de Yôm Hakkippourim, lorsque HaShem accepta
finalement de leur pardonner pour cette faute. C'est en souvenir de
ces événements que les Sapharadhim récitent les Salihôth
durant ces quarante jours, faisant ainsi des Salihôth
une préparation à Yôm Hakkippourim.
Mais
dans ses gloses sur le Shoulhon
´oroukh, le Ramo''` ז״ל
commente
ainsi le paragraphe susmentionné : ומנהג
בני אשכנז אינו כן,
אלא
מראש חודש ואילך מתחילין לתקוע אחר התפילה
שחרית.
ויש
מקומות שתוקעין גם כן ערבית.
ועומדים
באשמורת לומר סליחות ביום ראשון שלפני
ראש השנה.
ואם
חל ראש השנה שני (או)
שלישי,
אז
מתחילין מיום ראשון שבוע שלפניו
« Mais
le Minhogh des résidents de `ashkanaz n'est pas ainsi. Plutôt, à
partir de Rô`sh Hôdhash
[`aloul] et [les jours qui] suivent, on commence à sonner [du
Shôphor] après la prière de Shahrith.
Il y a certains endroits qui sonnent également ainsi à `arbith. Et
on se lève à `ashmôrath pour dire les Salihôth
le Dimanche qui précède Rô`sh Hashonoh. Et si Rô`sh Hashonoh
tombe un Lundi [ou] un Mardi, on commence alors à partir du Dimanche
de la semaine précédente. »
En
d'autres mots, la pratique qui prévaut aujourd'hui chez les
`ashkanazim n'est pas de commencer la récitation des Salihôth
à partir de Rô`sh Hôdhash
`aloul, mais plutôt à partir du Dimanche qui précède Rô`sh
Hashonoh si la fête tombe un autre jour que Lundi ou Mardi. Et si
Rô`sh Hashonoh tombe l'un de ces deux jours-là, les `ashkanazim
commenceront alors la récitation des Salihôth
à partir du Dimanche de la semaine précédente. Par contre, bien
qu'ils ne commencent pas la récitation des Salihôth
à partir de Rô`sh Hôdhash `aloul, les `ashkanazim ont le Minhogh
de sonner du Shôphor chaque jour du mois de `aloul jusqu'à la
veille, donc, de Rô`sh Hashonoh, afin de préparer le peuple à la
Tashouvoh, qui est le thème des fêtes de Tishri.
En
réalité, la pratique des `ashkanazim est, dans un certain sens, une
extension du Minhogh rapporté par le Ramba''m ז״ל,
qui écrit ceci dans son Mishnéh Tôroh5 :
וְנָהֲגוּ
כֻּלָּם לָקוּם בַּלַּיְלָה בַּעֲשֶׂרֶת
יָמִים אֵלּוּ,
וּלְהִתְפַּלַּל
בְּבָתֵּי כְּנָסִיּוֹת בְּדִבְרֵי
תַּחֲנוּנִים וְדִבְרֵי כִּבּוּשִׁין
עַד שֶׁיֵּאוֹר הַיּוֹם
« Et
tous ont la coutume de se lever durant la nuit pendant ces dix jours6
et prier dans les synagogues avec des paroles de supplications et des
paroles poignantes, jusqu'aux [premières] lueurs du jour7. »
C'était la pratique d'origine, née du temps des Ga`ônim, de faire
les Salihôth
durant les dix jours entre Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim, du
dernier tiers de la nuit jusqu'à l'aube. Les `ashkanazim ont donc
une pratique plus proche de l'original, à ceci près qu'ils ajoutent
au moins quatre jours avant Rô`sh Hashonoh. Si la fête tombe
n'importe quel jour de la semaine, autre qu'un Lundi ou un Mardi, les
Salihôth
commencent chez eux dès le Dimanche qui précède la fête, afin
d'avoir un minimum de quatre jours de Salihôth
durant le mois de `aloul avant les Salihôth
de la période des dix jours. C'est pourquoi, si Rô`sh Hashonoh
tombe un Lundi ou un Mardi, les `ashkanazim ne commencent pas les
Salihôth
le Dimanche qui précède la fête, car cela ne ferait qu'un ou deux
jours de Salihôth
durant le mois de `aloul avant la période des dix jours. Par
conséquent, ils les commencent à partir du Dimanche de la semaine
précédente. La question qui se pose tout naturellement est
celle-ci : Pourquoi les `ashkanazim estiment-ils si important
d'avoir au moins quatre jours de Salihôth
durant le mois de `aloul avant les Salihôth
du mois de Tishri ?
La
réponse est assez simple et nous permettra de mettre en lumière un
fait trop souvent ignoré des masses : Les Salihôth
sont des prières qui, à l'origine, ne furent composées que pour
être récitées lors des jours ou périodes de jeûne. C'est pour
cela que nous récitons des Salihôth
notamment le 10 Tévéth et le 17 Tammouz puisque ce sont des jours
de jeûne. De même, lors des périodes de sécheresse, nos Sages de
mémoire bénie ont institué de jeûner un Lundi, un Jeudi, puis à
nouveau le Lundi suivant, et des Salihôth
sont par conséquent réciter ces jours-là, puisqu'on jeûne. Bien
que le 9 `ov soit un jour de jeûne, on n'y récite pas de Salihôth,
mais plutôt des Qinôth, qui ont la même fonction que les Salihôth.
La récitation de Salihôth
fut toujours liée au fait de jeûner. C'est pourquoi, la coutume
d'origine consiste en réalité à jeûner durant les dix jours qui
vont de Rô`sh Hashonoh à Yôm Hakkippourim, puisqu'on y récite des
Salihôth
et que les Salihôth
sont indissociables du fait de jeûner.8
Or, entre Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim, il y a en fait des
jours où il est défendu de jeûner, à savoir les deux jours de
Rô`sh Hashonoh, Shabboth Shouvoh9
et le jour qui précède Yôm Hakkippourim10,
ce qui nous fait un minimum de quatre jours où nous ne pouvons pas
jeûner. Voilà pourquoi ces quatre jours sont anticipés durant le
mois de `aloul. C'est la raison pour laquelle les `ashkanazim d'antan
faisaient commencer les Salihôth
à partir du Dimanche qui précède Rô`sh Hashonoh si la fête tombe
n'importe quel jour, sauf un Lundi ou Mardi, auquel cas on commencera
alors à partir du Dimanche de la semaine précédente.
Il
convient de préciser que les quatre jours du mois de `aloul où les
`ashkanazim d'antan récitaient les Salihôth
et jeûnaient ne devaient pas nécessairement être consécutifs.
Voilà pourquoi nous lisons ceci dans le Qisour
Shoulhon
´oroukh11 :
הרבה
נוהגין להתענות בעשרת ימי תשובה.
ולפי
שחסרים ארבעה ימים שאינם מתענים בהם,
דהיינו
שני ימים ראש השנים,
שבת
וערב יום הכיפורים,
על
כן מתענין תמורתן ארבעה ימים בימי הסליחות
שקודם ראש השנה,
דהיינו
יום א'
דסליחות
וערב ראש השנה,
ועוד
שני ימים בינתים.
ובוחרים
ביום ב'
וה'.
ואם
אירע להם סעודת מצווה,
יכולין
לאכול,
ויתענה
יום אחר תמורתו;
או
אם יודע שתהיה לו סעודת מצווה,
יתענה
מקודם יום אחד תמורתו
« Beaucoup
ont la coutume de jeûner durant les dix jours de repentance. Étant
donné qu'il y a quatre jours durant lesquels on ne jeûne pas,
c'est-à-dire les deux jours de Rô`sh Hashonoh, Shabboth et la
veille de Yôm Hakkippourim, on jeûne par conséquent quatre jours
durant les jours des Salihôth
qui précèdent Rô`sh Hashonoh12,
c'est-à-dire le premier jour des Salihôth,
la veille de Rô`sh Hashonoh et encore deux [autres] jours entre eux,
de préférence un Lundi et un Jeudi13.
Si on est invité14
à un repas associé à une Miswoh15,
on pourra manger et jeûner un autre jour pour compenser. Ou si on
sait qu'il se trouvera à un repas associé à une Miswoh,
on doit jeûner un jour avant pour compenser. »
Signalons
que ces jeûnes commencent à l'aube et se terminent au coucher du
soleil (et non à la tombée de la nuit). C'est pour cela que les
Salihôth
se récitent de nuit, avant l'aube, de façon à permettre, après
les Salihôth,
de pouvoir manger, car à l'aube le jeûne commence.
Signalons
également que dans des documents d'explorateurs ayant visité
d'anciennes communautés séfarades, il est attesté que bon nombre
de ces Juifs jeûnaient durant la période des quarante jours entre
Rô`sh Hôdhash
`aloul et Yôm Hakkippourim (évidemment, ils ne jeûnaient pas à
Rô`sh Hôdhash
`aloul, les Shabbothôth, les deux jours de Rô`sh Hashonoh et la
veille de Yôm Hakkippourim), ce qui est logique puisque nous avons
expliqué que la récitation des Salihôth
est étroitement liée au fait de jeûner. Ainsi, bien que la coutume
d'origine suit ce que rapporte le Ramba''m et est proche de la
pratique des `ashkanazim, à savoir que les Salihôth
(et donc les jeûnes) ont lieu durant les dix jours qui vont de Rô`sh
Hashonoh à Yôm Hakkippourim, ceux qui suivent la pratique des
Sapharadhim devraient alors être logiques avec eux-mêmes et jeûner
durant toute la période de quarante jours (auxquels on soustrait les
jours où jeûner est défendu) entre Rô`sh Hôdhash
`aloul et Yôm Hakkippourim. En fait, la Tradition dit que Môshah
Rabbénou a bien jeûné durant cette période de quarante jours et
quarante nuits qu'il a passée sur le Mont Sinaï, priant et
suppliant HaShem de pardonner le peuple d'Israël pour le péché du
Veau d'Or.
En
résumé :
- Bien que les Sapharadhim aient le Minhogh de réciter les Salihôth durant quarante jours, de Rô`sh Hôdhash `aloul à Yôm Hakkippourim, la pratique qu'avait accepté tout le peuple d'Israël déjà du temps des Ga`ônim consiste à réciter les Salihôth durant les dix jours de Rô`sh Hashonoh à Yôm Hakkippourim.
- Étant donné que les Salihôth ne furent composées que pour être faites les jours de jeûne, la coutume authentique consisterait à jeûner durant la période des Salihôth. Ainsi, les Sapharadhim devraient jeûner durant les quarante jours entre Rô`sh Hôdhash `aloul et Yôm Hakkippourim (tout en soustrayant de ces quarante jours tous les jours où jeûner est défendu), tandis que pour nous qui suivons le Ramba''m, ainsi que pour les `ashkanazim, les jeûnes devraient avoir lieu durant les dix jours entre Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim.
- Puisque durant les dix jours entre Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim il y aura au minimum quatre jours où jeûner est défendu, les `ashkanazim développèrent le Minhogh d'anticiper ces quatre jours dans le mois de `aloul. C'est pourquoi, leurs Salihôth commençaient le Dimanche qui précédait Rô`sh Hashonoh, si la fête tombait au minimum quatre jours après, de façon à pouvoir jeûner et faire les Salihôth durant ces quatre jours-là. Mais si Rô`sh Hashonoh tombait un Lundi ou un Mardi, ils commençaient la récitation des Salihôth à partir du Dimanche de la semaine précédente. Et pendant ces jours-là, ils s'en choisissaient quatre (qui ne devaient pas forcément être consécutifs) durant lesquels ils jeûnaient et faisaient les Salihôth.
- Les Salihôth se font de nuit, plus précisément dans le dernier tiers de la nuit.
- Les jeûnes, par contre, commencent dès l'aube et se terminent au coucher du soleil.
- Il convient de signaler que ces jeûnes et Salihôth ne sont pas obligatoires, mais ne sont qu'un Minhogh. Mais il ne convient pas de faire les Salihôth sans jeûner les jours où on le fait, car les prières des Salihôth ne furent instituées que pour des jours où l'on jeûne réellement. Réciter les Salihôth sans jeûner n'a pas de sens. Mieux vaut donc s'abstenir de Salihôth plutôt que de les faire sans jeûner.
C'est
un excellent exemple qui met à nu l'argument de ceux qui prétendent
qu'il faudrait suivre le Shoulhon ´oroukh ou le Qisour
Shoulhon
´oroukh, et se tenir aux Minhoghim dont ont a hérités. En effet,
nous voyons que le Qisour
Shoulhon
´oroukh (qui s'adresse aux `ashkanazim) parle du Minhogh de jeûner
durant les jours où les Salihôth
sont récitées. Et telle était le Minhogh d'origine depuis l'époque
des Ga`ônim. Or, qui aujourd'hui le fait ? Quand cela arrange
certains, ils arrivent à trouver toutes les justifications pour
légitimer l'abolition d'un Minhogh. Mais lorsque cela les arrange
moins, tout d'un coup ils prétendent qu'il serait interdit
d'abandonner les Minhoghim dont on a héritées ! (Comme par
exemple les `ashkanazim qui continuent à stupidement interdire la
consommation des Qitniyôth à Pasah.)
C'est là que nous voyons clairement qu'il n'existe aucune cohérence
dans leurs propos, car la liste des Minhoghim ayant évolué ou ayant
été carrément abolis au fur et à mesure du temps est très
longue, et la façon de procéder aux Salihôth
n'en est qu'un exemple.
Comme
nous l’avons dit à maintes reprises, il n'existe en réalité
aucun Minhogh qui serait contraignant pour l'éternité, excepté
ceux qui proviennent tout droit de HaZa''l
et furent ratifiés par un Sanhédhrin !
La
pratique des Salihôth
entre Rô`sh Hôdhash `aloul et Yôm Hakkippourim, ou durant les dix
jours entre Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim, ne provenant pas de
HaZa''l,
personne n'a l'obligation de réciter les Salihôth
durant ces périodes-là. Mais ceux qui le font doivent alors faire
preuve de cohérence et également jeûner les jours où ils récitent
les Salihôth,
car ces prières ayant été composées uniquement pour n'être
récitées que des jours de jeûne, les réciter sans jeûner est une
aberration ! C'est pour cela que dans les temps passés on
jeûnait les jours des Salihôth !
Et telle était la pratique, aussi bien chez les `ashkanazim que chez
les Sapharadhim.
1Le
dernier tiers de la nuit
2Prières
de demandes de pardon
3Prières
de supplications
4Plus
précisément, à partir du lendemain de Rô`sh Hôdhash
`aloul
5Hilkôth
Tashouvoh 3:9
6Les
dix jours entre Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim
7C'est-à-dire,
l'aube
8Voir
les gloses du Ramo''` sur `ôrah Hayim
581:2
9Le
Shabboth qui tombe toujours entre Rô`sh Hashonoh et Yôm
Hakkippourim
10Le
jeûne de Yôm Hakkippourim dure 25h. Il est par conséquent défendu
de jeûner le jour qui précède le jeûne, de façon à pouvoir
bien se nourrir pour avoir les forces suffisantes de jeûner à Yôm
Hakkippourim
11128:12
12Afin
de compenser pour les quatre jours de la période des dix jours où
l'on ne pourra pas jeûner
13Ils
peuvent donc choisir, et il n'est pas obligatoire qu'ils soient
consécutifs
14L'un
des quatre jours du mois de `aloul que l'on avait choisis pour
jeûner
15Par
exemple, à une circoncision, un mariage, etc.