jeudi 26 novembre 2015

Juger dans la précipitation

ב״ה

Juger dans la précipitation


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Dans la Sidhroh de cette semaine suivant le cycle triennal, la Sidhrath Wayhi Khol-Ho`oras Sofoh `ahath (qui peut être téléchargée dans la colonne de droite sur le blog), la Tôroh nous parle de la célèbre histoire de la Tour de Boval, et nous dit notamment ceci, après que la ville et la tour furent construites : וַיֵּ֣רֶד יְהוָ֔ה לִרְאֹ֥ת אֶת־הָעִ֖יר וְאֶת־הַמִּגְדָּ֑ל אֲשֶׁ֥ר בָּנ֖וּ בְּנֵ֥י הָֽאָדָֽם « et `adhônoy descendit pour voir la ville et la tour que les fils de l'Homme avaient construites ».1

Nous savons qu'HaShem ית׳ est incorporel et que les phénomènes physiques ne peuvent s'appliquer à Lui. De ce fait, nous ne devons pas comprendre littéralement qu'Il est « descendu » sur terre pour « voir » ce que faisaient les hommes à Boval. Le mot תּוֹרָה « Tôroh » provient de la même racine que le mot הוֹרָאָה « Hôro`oh », qui signifie « instruction ». Cela nous enseigne que la Tôroh a été rédigée dans le langage de l'homme de façon à ce qu'il puisse tirer du texte des instructions pour sa vie morale et spirituelle, ainsi que dans sa relation avec les autres. Nous savons donc qu'HaShem n'est pas littéralement « descendu » pour « voir » ce qui se passait à Boval. La question est donc : qu'est-ce que la Tôroh veut nous faire comprendre par-là ? Cela doit toujours être la question à se poser lorsqu'on est confronté à un texte de la Tôroh que nous savons qu'il ne faut pas prendre littéralement. La Tôroh emploie un certain langage pour nous transmettre une leçon. Laquelle ?

Rash''i ז״ל commente ce verset de la façon suivante :

Et HaShem descendit pour voir : Il n'avait pas besoin [de descendre] pour cela, mais cela vient enseigner aux juges qu’ils ne doivent pas condamner l’accusé avant de l’avoir vu et d’avoir compris [l’objet du litige].2
וַיֵּרֶד ה' לִרְאוֹת. לֹא הוּצְרָךְ לְכָךְ אֶלָּא בָּא לְלַמֵּד לַדַּיָּנִים שֶׁלֹּא יַרְשִׁיעוּ הַנִּדּוֹן עַד שֶׁיִּרְאוּ וְיָבִינוּ

La même leçon peut être tirée des paroles prononcées par HaShem concernant l'impiété des Sodomites. La Tôroh rapporte ceci3 :

Et `adhônoy dit : « La clameur de Sadhôm et ´amôroh est grande, et leur crime est immense. Je veux donc descendre et voir s'ils ont agi selon la clameur qui M'est parvenue, malheur à eux ! Sinon, Je le saurai ».
וַיֹּאמֶר יְהוָה, זַעֲקַת סְדֹם וַעֲמֹרָה כִּי-רָבָּה; וְחַטָּאתָם--כִּי כָבְדָה, מְאֹד. אֵרְדָה-נָּא וְאֶרְאֶה, הַכְּצַעֲקָתָהּ הַבָּאָה אֵלַי עָשׂוּ כָּלָה; וְאִם-לֹא, אֵדָעָה

Il est évident qu'HaShem n'avait pas besoin de « descendre » pour « voir » si ce qu'il « entendait » des crimes commis par les Sodomites était vrai ou pas. Mais cela vient nous apprendre une leçon très importante, à savoir, que les choses ne sont pas toujours telle qu'elles semblent l'être, et nous devons faire tout ce qui est possible de faire pour éviter d'en arriver à un jugement trop précipité.

Cette leçon à une énorme importance morale et pratique. Très souvent, nous entendons des choses qui suscitent en nous des sentiments puissants et nous tirons des conclusions sans prendre le temps de rassembler tous les faits, d'écouter les deux faces de l'histoire, et réfléchir sur le problème calmement et judicieusement. Nous nous laissons souvent influencer par une seule version des événements et prenons des mesures ou prononçons des paroles que nous regrettons plus tard. Il nous est enseigné dans les Pirqé `ovôth4 : הֱווּ מְתוּנִים בַּדִּין « Soyez pondérés dans le jugement ». Ce conseil s'applique dans tous les domaines de la vie. Nous devons aspirer à rester calmes et ne pas être ballottés par les premières impressions. Nous devons accorder aux gens décents le bénéfice du doute. Plus important encore, nous devons être capables de discerner les situations où nous agissons ou parlons sur le coup d'émotions fortes ou par un état de calme et avec une pensée claire.

De même, nous sommes quotidiennement inondés d'informations diffusées par les médias du système. C'est notamment le cas depuis les attaques survenues le 13 Novembre 2015 à Paris. Il y a beaucoup de mensonges, incohérences et contradictions dans ce qui nous parvient par la presse, les médias et réseaux sociaux, mais parce que les gens réagissent sous le coup de l'émotion, ils avalent tout ce qu'on leur dit et montre, et laisse au vestiaire toute réflexion critique et rationnelle. Nous devons apprendre à traiter chaque information de manière objective, et s'informer sur toutes les facettes d'un récit avant de tirer la moindre conclusion. Combien de gens n'ont-ils pas été condamnés à tort simplement parce que les médias ne diffusaient que des informations négatives sur eux ? L'affaire d'Outreau n'est qu'un exemple parmi des milliers ! Nous devons donc être prudents dans ce domaine, et ne pas tirer de conclusions trop hâtives. C'est ce que la Tôroh veut nous apprendre ici.

Nous pouvons appliquer cette leçon à un autre domaine. Nous vivons dans un monde d'informations instantanées où nous pouvons répondre immédiatement à des messages par des SMS et des courriels. Cela peut être très dangereux, car cela peut nous amener à faire des déclarations que nous n'avons pas eu la possibilité de repasser en revue. Après avoir rédigé une phrase sur le coup de l'émotion, ou par colère, etc., on devrait s'abstenir d'appuyer sur le bouton envoyé. Plutôt, on devrait attendre un peu, jusqu'à ce qu'on se soit calmé et réécrire ce qu'on avait écrit. Il n'y a rien de mal à retarder ses réponses, mais une fois que des paroles ont été prononcées ou envoyées on ne peut pas les reprendre.

Apprenons donc à ne pas être hâtifs dans le jugement, évitons les réactions irréfléchies, et surveillons ce que nous disons, très soigneusement. Cela contribuera à une vie beaucoup plus heureuse.

1Baré`shith 11:5
2Midhrosh Tanhoumo` 58:18
3Baré`shith 18:20-21

41:1