mardi 1 décembre 2015

Les trente-neuf Malo`khôth : Qôsér – Moissonner

ב״ה

Les trente-neuf Malo`khôth expliquées clairement

sér – Moissonner


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  1. Introduction

La troisième Malo`khoh dans la Siddouro` Dapath est celle de קוֹצֵר « Qôsér ». Ce terme se traduit littéralement par « moissonnage » ou « récolte », et consiste à arracher de sa source naturelle une chose qui pousse. Un exemple simple serait le fait de cueillir une pomme d'un arbre.


  1. Les principaux aspects de Qôsér

Chaque fois que vous arrachez de sa source de croissance quelque chose qui pousse vous accomplissez un acte de Qôsér. Cela s'applique à toute chose qui pousse : des fruits, des légumes, des graines, des céréales, du bois, etc.

La chose qui pousse n'a pas nécessairement à être attachée à la terre ; elle peut pousser dans un autre milieu. Ainsi, par exemple, les champignons ou encore les fongus, qui ne poussent pas dans le sol, sont inclus dans la Malo`khoh de Qôsér. De même, les germes de haricots qui ont pris racine ne peuvent être retirées de leur environnement de croissance.

Une illustration intéressante de ce concept est une plante en pot. Au niveau de la Halokhoh, une plante qui pousse dans un pot perforé (que l'on appelle עַצִיץ נַקוּב « ´asis Naqouv ») est considérée comme étant connectée à la terre dans certains cas. (Les perforations dans le pot doivent être suffisamment larges que pour qu'une petite racine puisse passer à travers.) Étant donné que le pot a des trous, la plante peut absorber des nutriments du sol sur laquelle elle est placée ou au-dessus du sol. C'est la raison pour laquelle on dit de la plante qu'elle est « connectée » à la terre. Ainsi, si vous possédez une telle plante, et qu'elle a été placée sur la terre/le sol, vous ne pouvez pas la retirer de là à Shabboth.


La Malo`khoh de Qôsér s'applique également lorsqu'une croissance supplémentaire n'est plus du tout possible. Disons, par exemple, que notre ami `aharôn possède un arbre fruitier dans sa cour, et il remarque quelques fruits pleinement ouverts sur l'arbre. (En d'autres mots, les fruits ne tirent plus de nourriture de l'arbre.) Il ne lui sera pas permis d'arracher ces fruits à Shabboth.

Voici ce que nous avons vu jusqu'à présent : la Malo`khoh de Qôsér implique :
  • de détacher de sa source de croissance une chose qui pousse
  • même si cette source de croissance n'est pas la terre
  • et même si la chose qui pousse a en fait achevé sa croissance.

  1. D'autres scénarios : manger vos légumes

  1. Des légumes frais vendus avec leurs racines attachées

C'est une réelle bénédiction de pouvoir régulièrement acheter des produits frais. Ces légumes pourraient être vendus avec leurs racines encore attachées, et quelques fois même avec un peu de terre aussi.

Suivant les idées que nous avons développées plus haut, vous devrez retirer les racines ou la terre avant Shabboth si vous désirez consommer ces légumes à Shabboth. Ici, bien que les racines ne soient connectées à rien, la plante est encore attachée aux racines et pourrait en tirer de la nourriture. Séparer la plante des racines constituerait alors un acte de Qôsér.

  1. Des légumes poussant dans un environnement humide ou stockés dans le sol

Certains légumes (tels que les carottes, les oignions et les pommes de terre) sont souvent stockés dans une zone froide et humide après avoir été récoltés. Disons que vous avez quelques oignons dans votre grenier, et lorsque vous vous y rendez pour les utiliser à Shabboth, vous vous apercevez qu'ils ont germé. Cette sorte de germination se produit en raison des conditions dans lesquelles les oignons ont été stockés. Cela signifie-t-il que si vous les retirez du grenier vous aurez transgressé la Malo`khoh de Qôsér ?


En fait, non ! L'interdiction de Qôsér ne s'applique pas lorsque la croissance ou germination se produit d'une façon anormale. Ici, la croissance n'était pas « normale », étant donné que la plante n'était pas physiquement connectée à quelque source de croissance que ce soit.

  1. Un bref détour

Avant de continuer, arrêtons-nous un peu pour réfléchir au sens de cette Malo`khoh. Si nous revenons à l'idée d'ouvrage créateur (dont nous avions parlée dans la première leçon), nous pourrions mieux comprendre ce qui se cache derrière Qôsér.

Lorsque nous séparons de sa source une chose qui pousse, nous avons, dans le fond, créer une entité nouvelle : une fois que la chose qui pousse est déconnectée, elle n'est plus une plante, mais quelque chose prêt à un usage humain. Dans ce sens, c'est un nouvel « objet », et par conséquent l'acte du moissonnage ou de la récolte est un acte créateur.

À présent, poursuivons avec d'autres applications de cette Malo`khoh.

  1. Prolongations rabbiniques de Qôsér

Souvent, nos Sages de mémoire bénie ont étendu la Halokhoh en mettant en place des mesures appelées גְּזֵירוֹת « Gazérôth » (nous en avions fait mention dans la première leçon). Dans le cas de Qôsér, il existe un nombre de Gazérôth importantes à connaître.

  1. Faire usage d'un arbre

Les Sages ont décidé qu'on ne devrait pas faire usage d'un arbre à Shabboth. Étant donné que cueillir un fruit, casser une branche, et d'autres activités similaires sont considérées être du Qôsér, les Sages ont déterminé qu'interdire l'usage des arbres aiderait à éviter cette Malo`khoh.

Que signifie ici « faire usage » d'un arbre ? Tout ce qui implique de faire bouger l'arbre, comme par exemple :
  • se pencher sur un arbre
  • grimper à un arbre
  • secouer une branche.

La Gazéroh contre le fait d'utiliser des arbres s'étend également aux choses qui sont directement connectées à un arbre. Par exemple, si notre ami `aharôn avait placé sa veste sur une branche d'arbre, il ne pourrait la récupérer qu'une fois le Shabboth terminé. Mais il est permis de faire usage de quelque chose qui n'est qu'indirectement attaché à un arbre. Par exemple, il est permis de se coucher dans un hamac, dès lors qu'il n'est pas directement attaché à l'arbre, mais est, par exemple, attaché à des crochets, qui eux sont attachés à l'arbre. (Il va de soi que le hamac et les crochets doivent avoir été placés avant l'entrée du Shabboth, et l'arbre doit être suffisamment solide que pour ne pas bouger à cause des mouvements de balancement du hamac.)


Il est intéressant de constater que les Sages n'ont pas fait de distinction entre des arbres vivants et des arbres morts. Néanmoins, ils ont inclus une exception pour les souches d'arbres faisant moins de 30 centimètres de haut. Vous pourrez vous asseoir dessus ou vous tenir debout dessus à Shabboth, étant donné que personne ne considérerait cela comme entrant dans la même catégorie qu'un vrai arbre.

  1. Sentir des fruits attachés à un arbre

Il pourrait sembler logique que vous ne devriez pas respirer un fruit attaché à un arbre, étant donné que vous pourriez oublier que c'est Shabboth et arracher le fruit à cause de son odeur et son aspect appétissant, ce qui constituerait alors le cas classique de Qôsér. Nos Sages le pensaient également, et cet acte n'est par conséquent pas autorisé.

Cependant, cette Gazéroh ne concernait que les fruits des arbres. De ce fait, il vous est permis de respirer des fleurs, même celles qui sont encore attachées au sol.

  1. Faire usage des animaux

Imaginez ceci : vous êtes sur votre cheval à Shabboth, et vous passez sous un arbre. Certaines branches sont sur votre chemin, et vous les écartez du bras, en cassant certains au passage. Ou, vous avez besoin d'une branche pour donner de petits coups au cheval afin qu'il avance, et vous en arrachez un.

Comme nous l'avons appris, arracher une branche constituerait un acte de Qôsér. Afin d'éviter ce scénario, les Sages décidèrent d'interdire de monter quelque animal que ce soit à Shabboth.

À première vue, cela pourrait sembler être une interdiction exagérée. Après tout, ce ne sont pas tous les animaux qui peuvent être montés. Mais nous devons regarder au-delà du simple problème technique de casser une branche. Les animaux jouaient un rôle majeur dans la vie quotidienne des temps passés, et à certains endroits du globe c'est encore le cas aujourd'hui. En interdisant l'usage des animaux à Shabboth, les Sages faisaient une autre distinction significative entre notre comportement à Shabboth et celui que nous avons les autres jours de la semaine. Ce n'est donc pas qu'à cause de la Malo`khoh de Qôsér et l'éventualité d'en arriver à arracher une branche que les Sages l'ont interdit.

En outre, la Tôroh déclare explicitement que le Shabboth s'applique aussi à nos animaux. Eux aussi ont le droit de se reposer ce jour-là. Par conséquent, monter un animal à Shabboth équivaut à le faire travailler, puisqu'on l'utilise dans le but précis de vouloir se déplacer. De ce fait, ne pas monter un animal à Shabboth est logique au vue du fait que Shabboth est aussi un jour de repos pour les animaux possédés par des Israélites.


Ceux qui ont des animaux domestiques devraient consulter une autorité compétente pour savoir comment s'occuper d'eux à Shabboth.