mercredi 4 novembre 2015

Les Lois de Niddoh : La femme Niddoh, la Synagogue et les rituels religieux - Deuxième Partie

ב״ה

Les Lois de Niddoh

La femme Niddoh, la Synagogue et les rituels religieux


Deuxième Partie

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  1. Les premiers Pôsqim `ashkanazim

Au début du Moyen-âge, qui fut une période de grande superstition dans la société européenne, les Minhoghim qui éloignaient les femmes de la Synagogue et de l'accomplissement de rites religieux étaient courants dans les communautés juives d'Allemagne et de France, à cause de l'influence du Baraytho` DaNiddoh et du Séfar Hammiqsô´ôth, des ouvrages dont nous avons parlés dans les deux précédents articles. Les femmes dans ces communautés évitaient de prononcer des bénédictions, de prier et d'entrer dans les Synagogues durant leurs périodes menstruelles. Ces Houmrôth (mesures de rigueur) furent consignées par écrit dans les Pisqé Dinim de quelques-uns des Pôsqim `ashkanazim des 12ème et 13ème siècles.

  1. Rov `al´ozor de Worms (`ashkanaz, né aux environs de 1160, mort aux environs de 1230), auteur du Séfar Harôqéah)

Il y a une influence très clairement marquée du Baraytho` DaNiddoh (un livre pourtant hérétique) sur les règles de Niddoh énoncées par le Rov `al´ozor de Worms. Il cite toute une longue série de Houmrôth au nom des « Ma´aséh Hagga`ônim » et averti que l'impureté menstruelle est dangereuse.1

Concernant le fait de ne pas se rendre à la Synagogue, il écrit2 : « [Une Niddoh] a l'interdiction d'entrer dans la Synagogue jusqu'à ce qu'elle se soit immergée dans l'eau, étant donné que le crachat d'une Niddoh est impur ». Comme nous l'avons montré dans l'article précédent, cette interdiction tire sa source du Baraytho` DaNiddoh, et il est évident que le Rov `al´ozor de Worms acceptait les Houmrôth qui y étaient contenues comme étant la « Halokhoh ».

  1. Rov `ali´azar ban Yô`él Halléwi, surnommé le Ra`avia''h (`ashkanaz, 1140-1220)

Le Ra`avia''h écrit ceci3 :

... les Niddôth... ont la permission d'accomplir toutes ces choses (la prière et les bénédictions)... Mais les femmes se sont restreintes et isolées durant leurs périodes menstruelles de sorte qu'elles n'entrent pas à la Synagogue et, même lorsqu'elles prient, elles ne se tiennent pas devant leurs amies. Et je l'ai vu écrit dans les paroles des Ga`ônim qui citaient une Baraytho`, qui ne se trouve pas dans notre Tôsafto`. Et c'est une coutume valable, etc.

Le Ra`avia''h admet que, d'après la Halokhoh, les Niddôth peuvent s'adonner à tous les rites religieux comme n'importe laquelle des personnes impures. Cependant, il atteste que les femmes de son époque se seraient empêchées elles-mêmes de se rendre à la Synagogue durant leurs périodes menstruelles. Mais bien qu'elles n'allaient pas à la Synagogue, elles priaient, et les femmes qui étaient pures prenaient soin de ne pas prier près de celles qui étaient impures afin que les femmes impures n'aient pas à répondre « `omén » et commettre un Hilloul HaShem, une règle qui découle tout droit du Baraytho` DaNiddoh, page 19, comme nous l'avions vu dans l'article précédent. En fait, quand le Ra`avia''h parle des « paroles des Ga`ônim », il voulait dire le « Séfar Hammiqsô´ôth », parce que cette interdiction ne se retrouve dans aucun des écrits des Ga`ônim, mais dans le Séfar Hammaqsô´ôth, pages 19-20, comme cela a été rapporté dans l'article précédent. Quant à la Baraytho` qu'il mentionne, il s'agit de la Baraytho` DaNiddoh, et non des Baraytôth contenues dans la Tôsafto`.

Bien que le Ra`avia''h concède que la Halokhoh permet aux femmes de s'adonner aux rites religieux, il considère que le Minhogh des femmes qui s'en empêchent est « valable » (alors qu'il ne l'est pas du tout, puisque basé sur de la superstition et un livre hérétique).

  1. Rov Yishoq de Vienne (`ashkanaz, né aux environs de 1180, et mort aux environs de 1250), auteur du `ôr Zaroua´

Voici ce qu'écrit le Rov Yishoq de Vienne4 :

Il y a des femmes qui évident d'entrer à la Synagogue et de toucher un Séfar Tôroh ; c'est juste une Houmroh, mais elles font une bonne chose. Mon maître, `ovi Ho´azri (le Ra`avia''h) m'a dit que certaines femmes ne prient pas derrière une femme Niddoh et il disait avoir trouvé cela explicitement dans la Baraytho` Damasékhéth Niddoh. Il m'a dit qu'il y a trouvé de nombreuses Houmrôth. Voici la règle : on doit être aussi strict qu'on le peut concernant la Niddoh, et on sera béni pour cela.

Le Rov Yishoq de Vienne mentionne ici les Houmrôth tirées du livre hérétique « Baraytho` Damasékhéth Niddoh » (l'autre appellation du « Baraytho` DaNiddoh »). Il les a apprises de son maître, le Ra`avia''h, et il est évident qu'il n'a lui-même jamais lu personnellement le Baraytho` DaNiddoh, mais qu'il se basait sur ce qu'il en a entendu de son maître. Et comme ce dernier, il concède que ce ne sont que des Houmrôth, ou des Minhoghim, mais pas des Halokhôth. Néanmoins, il est d'accord avec son maître qu'il est une bonne chose de suivre ces Minhoghim.

Nous nous devons, par honnêteté, de signaler que très peu de Pôsqim `ashkanazim des 12ème et 13ème siècles se référaient à ces Houmrôth. Les quelques-uns qui le faisaient appartenaient tous aux Hasidhé `ashkanaz (à ne pas confondre avec le mouvement hassidique), un mouvement de pseudo piétistes qui étaient tous baignés dans le mysticisme (et qui dit « mysticisme » dit forcément « superstition » et « déraison »). Les auteurs du Séfar Harôqéah et du `ôr Zaroua´ étaient tous deux des disciples de Rabbi Yahoudhoh Hahosidh (décédé en 1217), une figure centrale du mouvement des Hasidhé `ashkanaz (c'est sur ce mouvement, entre autre, que les Hasidhim venus au 18ème siècle basèrent bon nombre de leurs pratiques étranges et hérétiques). Pour vous donner une idée de qui était le Rov Yahoudhoh Hahosidh et les excès dans lesquels tombent tous ceux qui touchent au mysticisme, voici l'anecdote suivante rapportée dans les Tashouvôth du Maharsha''l, à la fin de la Tashouvoh n°29 :

Rabbi Yahoudhoh Hahosidh, de Spire, dû immigrer de sa terre natale pour Ratisbonne, à cause du fait que sa femme avait touché son coffre, bien qu'il l'avait avertie, « Ne touche pas mon coffre lorsque tu n'es pas pure ! ». Elle oublia et le toucha, et il y avait de nombreux secrets sacrés écrits dans les livrets se trouvant dans ce coffre.

D'après cette histoire, Rabbi Yahoudhoh Hahosidh décida de quitter sa terre natale simplement parce que sa femme avait touché son coffre contenant des livres mystiques alors qu'elle était Niddoh. Pourquoi ? Parce que la femme Niddoh est perçue comme quelqu'un capable de nuire à son mari, exactement comme cela est enseigné dans le Baraytho` DaNiddoh !

Les Hasidhé `ashkanaz accordaient une place centrale au Baraytho` DaNiddoh, qu'ils considéraient comme faisant autorité d'un point de vue halakhique, raison pour laquelle ils suivaient scrupuleusement les interdictions qui y étaient contenues.

  1. Trouver l'équilibre entre les Houmrôth et la Halokhoh

Au Moyen-âge, les communautés séfarades n'acceptaient aucune des restrictions éloignant les femmes de la Synagogue et leur interdisant les activités religieuses, tandis que les communautés ashkénazes tendaient à les accepter. (Jusqu'à aujourd'hui, il existe des différences notoires entre ashkénazes et séfarades au niveau des lois de Niddoh, comme par exemple le nombre de jours qu'une femme est considérée Niddoh, à partir de quand est-ce qu'elle doit compter ses sept jours, etc. Nous y reviendrons, Dieu voulant, dans d'autres articles. Ces différences sont tellement marquées que beaucoup de livres sur les lois de Niddoh indiquent sur la couverture à quelle communauté ces livres sont destinés, ou sont divisés en deux, avec une partie réservée aux ashkénazes et une partie réservée aux séfarades.) Le Ramba''m ז״ל et Rabbi Yôséf Qa`rô (voir l’article précédent) tranchèrent explicitement qu'une femme Niddoh peut s'adonner aux activités religieuses et même tenir un Séfar Tôroh. À l'inverse, les communautés ashkénazes acceptaient ces Houmrôth du Baraytho` DaNiddoh, quelques fois comme des Halokhôth, et quelques fois comme des Minhoghim.

Ces Houmrôth incluaient de s'abstenir d'entrer dans une Synagogue, ainsi que de prier, réciter des bénédictions, et toucher un Séfar Tôroh et n'importe quel livre religieux. Ces Minhoghim étaient intégralement ou partiellement suivis parmi les femmes ashkénazes. La règle voulait que les Minhoghim des femmes qui se transmettaient de mère en fille avaient un tel pouvoir qu'il était difficile de les mépriser. C'est ainsi qu'ils se perpétuèrent.

Comme nous allons le voir ci-dessous, les Pôsqim `ashkanazim qui n'appartenaient pas à la mouvance des Hasidhé `ashkanaz furent confrontés à un grand dilemme lorsque ces Houmrôth furent adoptées par un nombre conséquent de `ashkanazim au-delà des rangs des Hasidhé `ashkanaz : d'un côté, ils cherchaient à faire des compromis avec les Minhoghim existants et se sentaient contraints de défendre les Minhoghim des femmes. Mais de l'autre côté, ils tenaient de limiter la portée de ces Minhoghim, car ils n'étaient que des Houmrôth, et non ce qu'exigeait la Halokhoh. Voici quelques exemples illustrant ce dilemme :

  1. Rabbi Yisro`él `isserlein (Allemagne, 1390-1460)

Le Rov Yisro`él `isserlein permit aux femmes Niddôth de se rendre à la Synagogue, au moins durant les fêtes de Tishri. Il écrit ceci5 :

Je leur ai permis de se rendre à la Synagogue lors des Grands Fêtes et d'autres occasions similaires, où de nombreuses femmes se rassemblent à la Synagogue pour écouter les prières et les lectures de la Tôroh. Et je me suis appuyé sur Rash''i, qui le permet dans ses Hilkôth Niddoh, afin de satisfaire les femmes, car cela les rendrait triste et les affligerait si tout le monde se rassemblait en communauté mais qu'elles devaient rester à l’extérieur.

Le Rov `isserlein admet qu'il n'y a aucune prescription halakhique interdisant aux femmes Niddôth d'entrer dans une Synagogue. C'est pourquoi, bien que c'était le Minhogh des femmes `ashkanaziyôth de s’abstenir de le faire, il leur permit de s'y rendre, plus particulièrement durant les dix jours entre Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim, afin de ne pas leur causer de tort et de peine.

Concernant les prières et les bénédictions, l'opinion du Rov `isserlein est citée par son disciple, Rabbi Yôséf de Höchstadt6 : « Et le Rov isserlein trancha qu'elles doivent faire la bénédiction sur les bougies, et réciter [en fait] toutes les bénédictions ».

  1. Rabbi Ya´aqôv ban Yahoudhoh Landau (`ashkanaz-Italie, 15ème siècle), auteur du Séfar Ho`oggour

Le Rov Landau rapporte dans son Séfar Ho`oggour les Houmrôth contenues dans le Séfar Hammiqsô´ôth et le `ôr Zaroua´. Après les avoir mentionnées, il écrit ceci7 :

Et moi, l'auteur, j'ai observé que dans mon pays les femmes sont accoutumées à entrer dans la Synagogue, prier et répondre à toutes les paroles de sainteté. Elles prennent seulement soin de ne pas regarder le Séfar Tôroh lorsque le Ba´al Qôréh le montre aux gens.

En d'autres mots, le Rov Landau était conscient des nombreuses restrictions relatives aux Niddôth et leur rapport avec les rites religieux. Néanmoins, il atteste que dans son pays (on ne sait pas s'il parle de l'Allemagne, où il est né, ou de l'Italie, où il a publié ce livre) les femmes Niddôth avaient la coutume de se rendre à la Synagogue, prier, répondre aux bénédictions. La seule trace des Minhoghim de distanciation qui était restée était que les femmes s'abstenaient de regarder le Séfar Tôroh lorsqu'il était soulevé par le Ba´al Qôréh.

  1. Rabbi Môshah `issarlès de Cracovie, surnommé le Ramo''` (Pologne, 1525-1572)

Nous avions mentionné dans l'article précédent que Rabbi Yôséf Qa`rô, dans son Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 88:1, avait tranché que les femmes Niddôth pouvaient lire et étudier la Tôroh, ainsi que prier. Mais dans ses gloses sur le Shoulhon ´oroukh, voici ce qu'écrit Rabbi Môshah `issarlès (qui commenta le Shoulhon ´oroukh à l'intention des communautés ashkénazes) :

Certains ont écrit qu'une femme Niddoh, lorsqu'elle expérimente ses écoulements de sang], ne doit pas entrer à la Synagogue, ni prier, ni mentionner le Nom, ni toucher un rouleau (Haggohôth Maymôni, Chapitre 4). Certains disent que tout cela lui est permis, et telle est l'opinion principale (Rash''i, Hilkôth Niddoh). Mais le Minhogh dans ces pays suit la première opinion. Mais nous sommes accoutumés à permettre durant les jours blancs. Même dans une localité où les gens sont accoutumés à être stricts, lors des Grandes Fêtes et occasions similaires, où beaucoup se rassemblent et vont à la Synagogue, elles ont la permission de se rendre à la Synagogue comme les autres femmes. [la raison à cela] que si elles devaient rester dehors alors que tous se rassemblent et vont à la Synagogue, ce serait très pénible pour elles. (Pisqé Mahar`''i, Simojn 132).
יש שכתבו שאין לאשה נדה בימי ראייתה ליכנס לבית הכנסת או להתפלל או להזכיר השם או ליגע בספר (הגהות מיימוני פרק ד'). ויש אומרים שמותרת בכל וכן עיקר (רש"י הלכות נדה). אבל המנהג במדינות אלו כסברא ראשונה. ובימי לבון נהגו היתר ואפילו במקום שנהגו להחמיר בימים נוראים וכהאי גוונא שרבים מתאספים לילך לבית הכנסת מותרין לילך לבית הכנסת כשאר נשים כי הוא להן עצבון גדול שהכל מתאספים והן יעמדו חוץ (פסקי מהרא"י סימן קל"ב

On voit ici tous les talents d'acrobate du Ramo''`. Il commence par rapporter l'opinion stricte, poursuit en disant qu'il est d'accord avec Rash''i ז״ל (dans le langage halakhique, l'expression כן עיקר « et telle est l'opinion principale » marque une approbation), mais conclut néanmoins que le Minhogh des communautés polonaises consiste à suivre l'opinion stricte. Toutefois, étant donné que ce n'est qu'un Minhogh, certains Pôsqim accordèrent des autorisations pour les jours blancs. Puis, suivant l'approche du Rov `isserlein (voir plus haut), le Ramo''` autorise les Niddôth à entrer à la Synagogue lors des fêtes de Tishri, même pendant leurs périodes de menstruation, afin de ne pas les peiner. Un vrai travail d'équilibriste, ou comment manger à toutes les tables !

  1. Rabbi `avrohom Gombiner (Pologne, 1637-1683), auteur du Moghén `avrohom

En réponse à la première opinion citée par le Ramo''` selon quoi les femmes Niddôth ne pourraient pas mentionner le Nom de Dieu, le Rov `avrohom Gombiner commenta ceci8 :

Certains disent que les femmes ont une obligation biblique de réciter la Birkath Hammozôn. S'il en est ainsi, comment peuvent-elles mépriser un commandement biblique sur la base d'une coutume infondée ? C'est pourquoi, il me semble qu'elle doit au moins écouter d'autres réciter la Birkath Hammozôn, et s'il n'y a personne d'autre de présent, elle doit la réciter elle-même à voix basse. C'est d'autant plus le cas concernant le Qiddoush, qui est une obligation biblique.

En d'autres mots, étant donné que les femmes ont une obligation biblique de réciter la Birkath Hammozôn après un repas et le Qiddoush à Shabboth (nous avions d'ailleurs mentionné ici que les femmes étaient autant astreinte à l'obligation du Qiddoush que les hommes), ces commandements bibliques ne peuvent pas être méprisés au nom d'un Minhogh selon lequel les femmes ne devraient pas réciter de bénédictions, ni prier, durant leur période menstruelle, qu'il décrit d'ailleurs comme un Minhogh infondé.

Toutefois, il accepte le Minhogh des femmes de ne pas entrer à la Synagogue ou regarder un Séfar Tôroh lorsqu'elles sont Niddôth, « et elles le font comme une coutume basée sur le respect et non parce que c'est interdit ». Comment peut-il, d'un côté, décrire comme infondé le Minhogh selon quoi les femmes ne devraient pas prier ou réciter des bénédictions lorsqu'elles sont Niddôth et, de l'autre côté, décrire comme une marque de respect les Minhoghim selon quoi les femmes ne devraient pas se rendre à la Synagogue ou regarder un Séfar Tôroh lorsqu'elles sont Niddôth, alors que tous ces Minhoghim émanent des mêmes sources infondées ? Ce sont les contradictions typiques des gens qui veulent faire des acrobaties pour satisfaire tout le monde !

De nombreux Pôsqim, comme les auteurs du Hayé `odhom et du Mishnoh Barouroh, suivirent l'approche du Moghén `avrohom : ils n'acceptaient pas les Houmrôth connectées à la prière et la mention du Nom de Dieu, mais ne s'opposaient pas aux Minhoghim des femmes de ne pas regarder un Séfar Tôroh et d'entrer dans une Synagogue.

  1. Opposition explicite à ces Houmrôth et Minhoghim

Plusieurs Pôsqim eurent le courage d'explicitement s'opposer à tous ces Minhoghim et Houmrôth. Voici quelques-uns d’entre eux :

  1. Rabbénou Yarouham (Provence-Espagne, 1290-1350), l'auteur du Séfar Tôldhôth `odhom WaHawwoh

Rabbénou Yarouham ז״ל s'opposa vigoureusement à tous ces Minhoghim qui, apparemment, s'était également répandus dans la Provence du 14ème siècle. Il écrit9 :

Certaines d'entre elles n'entrent pas à la Synagogue durant toute cette période. C'est un Minhogh erroné et une grande hérésie. On doit les réprimander !

  1. Rabbi Yôséf Youspa` Hahn (Allemagne, 17ème siècle), l'auteur du Yôséf `ômas

Le Rov Hahn ז״ל s'opposa aux Houmrôth que les femmes s'imposaient après un accouchement. Il écrit10 :

Les femmes après un accouchement s'imposent des Houmrôth qui mènent à la diminution de l'honneur de Dieu, béni soit-Il. Elles ne mentionnent pas le Nom de Dieu durant toute la période qui suit l'accouchement jusqu'à ce qu'elles se rendent à la Synagogue, et mangent donc sans s'être lavé les mains et sans avoir prononcé une bénédiction, et elles ne récitent pas la Birkath Hammozôn, en plus de ne pas prier et ne pas réciter le Shama´.

  1. Rabbi Hizqiyohou Da Silva (Italie-Palestine, 1659-1698), l'auteur du Pari Hodhosh

Au 17ème siècle, ces Houmrôth se répandirent également aux communautés séfarades, ce qui était nouveau. L'opposition du Rov Hizqiyohou Da Silva ז״ל le confirme. Il écrivit ceci dans son commentaire sur le Shoulhon ´oroukh11 :

Chaque homme doit émettre un avertissement dans sa maison à l'effet qu'elles ne doivent pas éviter de prier, qu'elles ont la permission, et même l'obligation, de prier.

  1. Rabbi `éliyohou ban Shalômôh Zalman (Lituanie, 1720-1797), surnommé le Go`ôn de Wilno` (ou le « Gra''`)

Le Gra''` ז״ל s'opposa également à tous ces Minhoghim, et trancha, par conséquent, ceci12 :

Une Niddoh et une femme après l'accouchement peuvent prier sans réserve, même pendant qu'elles saignent, et il leur est permis de prier à la Synagogue immédiatement.

Ces Pisqé Dinim et avertissements par les Pôsqim attestent que ces Houmrôth et Minhoghim insensés n'avaient pas disparu du temps des `aharônim. Ils ne commencèrent à décliner dans les communautés ashkénazes qu'au 19ème siècle. De nos jours, ils ont pratiquement disparu et la plupart des femmes Niddôth se rendent à la Synagogue et prient sans aucune crainte. Néanmoins, il existe encore quelques poches de résistance où ces pratiques superstitieuses sont encore suivies. Que cela soit la volonté d'HaShem qu'elles disparaissent totalement, prochainement et de nos jours. `omén !

  1. Conclusion

Nous pouvons résumer tout ce que nous avons appris de la manière suivante :

  1. D'après la Tôroh, une femme qui a des saignements utérins est impure, et est appelée « Niddoh » si cela se produit durant son cycle menstruel, ou « Zovoh » si cela se produit en-dehors ou au-delà de son cycle menstruel. Cette impureté n'avait de pertinence qu'aux époques du Mishkon et du Béth Hammiqdhosh, car ces Sanctuaires d'HaShem devaient rester constamment purs. Par conséquent, la femme Niddoh, comme n'importe quelle autre personne impure, ne pouvait pas approcher le Mishkon ou le Béth Hammiqdhosh, et tout objet ou personne qui la touchait devenait par-là impur et ne pouvait à son tour approcher le Mishkon ou le Béth Hammiqdhosh. Et lorsque le Mishkon existait, étant donné qu'il était situé à l'intérieur du camp des Israélites, les femmes Niddôth, comme n'importe quelle autre personne impure, devaient sortir du camp pour ne pas profaner le Mishkon.
  2. Après la destruction du Béth Hammiqdhosh, les Bathé Hakkippourim et les Bathé Midhroshim devinrent les institutions religieuses principales du culte israélite, remplaçant ainsi le Béth Hammiqdhosh. Puisqu'il n'y avait plus de Qorbonôth, les Tafillôth et le Limoudh Tôroh remplacèrent les Qorbonôth. HaZa''l considéraient la Synagogue comme un sanctuaire en miniature et les prières furent organisées aux mêmes heures qu'étaient offertes dans le passé les Qorbonôth.
  3. En dépit de cette comparaison au Béth Hammiqdhosh, ni la Mishnoh, ni la Tôsafto`, ni le Midhrosh, ni la Gamoro`, n'exigèrent des personnes impures, parmi lesquelles sont inclues les femmes Niddôth, de s'abstenir de se rendre à la Synagogue, étudier et lire la Tôroh, réciter le Shama´ ou toute autre bénédiction, ou encore prier. La majorité des Ga`ônim, Rash''i, le Ramba''m et Rabbi Yôséf Qa`rô tranchèrent que les femmes Niddôth devaient s'adonner aux activités religieuses durant leurs périodes de menstruation. En d'autres mots, d'un point de vue halakhique, aucune interdiction n'existe concernant l'accomplissement d'activités religieuses par une Niddoh.
  4. Durant l'ère des Ga`ônim, des coutumes et restrictions étranges basées sur des superstitions commencèrent à être appliquées aux femmes Niddôth. Ces restrictions furent consignées par écrit pour la première fois dans un ouvrage intitulé « Baraytho` Damasékhéth Niddoh » ou simplement « Baraytho` DaNiddoh », qui fut sans aucun doute rédigé par une secte qui ne suivait pas la Halokhoh normative (le Ramba''m pense qu'il s'agirait des Karaïtes). Ces restrictions furent plus tard reprises dans un ouvrage intitulé « Séfar Hammiqsô´ôth », probablement à la fin de l'ère des Ga`ônim. Ce livre exigea des femmes Niddôth de ne pas prier, ni entrer dans une Synagogue. Il ne fait aucun doute que le Baraytho` DaNiddoh fut la source du Séfar Hammiqsô´ôth.
  5. Au début de la période du Moyen-âge, ces Houmrôth se répandirent fortement dans les communautés d'Allemagne et de France, à cause de l'influence grandissante du Baraytho` DaNiddoh et du Séfar Hammiqsô´ôth. Les femmes dans ces communautés évitaient de réciter des bénédictions, de prier et d'entrer dans une Synagogue durant leurs périodes de menstruation. D'après le témoignage de Rash''i, ces Houmrôth existaient déjà au 11ème siècle. Une minorité de Pôsqim `ashkanazim des 12ème et 13ème siècle les acceptèrent et les citèrent abondamment, les élevant ainsi au rang de « Halokhoh ». Ces Pôsqim étaient liés au mouvement des Hasidhé `ashkanaz, qui étaient profondément versés dans le mysticisme et influencés par la littérature mystique, qui était clairement connectée au Baraytho` DaNiddoh.
  6. Les communautés séfarades du Moyen-âge n'acceptèrent pas ces Houmrôth.
  7. Ces Houmrôth furent acceptée entièrement ou partiellement par les femmes des communautés ashkénazes bien au-delà des Hasidhé `ashkanaz. Ce devinrent des Minhoghim de femmes qui se transmettaient de mère en fille, et ils étaient devenus incontournables. C'est pourquoi, de nombreux Pôsqim ne faisant pas partie des Hasidhé `ashkanaz se sentirent contraints de traiter du sujet. D'un côté, ils cherchèrent à faire des compromis et accepter le statut quo pour maintenir ces Minhoghim de femmes. Mais de l'autre côté, ils tentèrent de limiter la portée de ces Minhoghim, parce qu'il ne s'agissait que de Houmrôth et non de la Halokhoh.
  8. Certains Pôsqim s'opposèrent explicitement à ces Minhoghim. Leur opposition nous montre que ces Minhoghim n'avaient pas disparu du temps des `aharônim. Ces Minhoghim ne commencèrent à décliner parmi les communautés juives ashkénazes qu'au 19ème siècle, et de nos jours, ils ont pratiquement disparus parmi les femmes `ashkanaziyôth.

Conclusion : Les femmes Niddôth peuvent aller à la Synagogue, toucher le Séfar Tôroh et n'importe quel livre religieux, étudier et lire la Tôroh, prier et réciter des bénédictions, comme n'importe quel autre Israélite.
1Séfar Harôqéah, Hilkôth Niddoh, paragraphe 318, page 205
2Ibid., page 206
3Séfar Ra`avia''h, Volume 1, Masékhéth Barokhôth, paragraphe 68, page 45
4`ôr Zaroua´, Volume 1, Zitômir, 1866, Hilkôth Niddoh, Paragraphe 360
5Taroumath Haddashan, Pasaqim Oukhthavim, n°32
6Léqét Yôshér, `ôrah Hayim, page 131
7Séfar Ho`oggour, Hilkôth Taviloh, Paragraphe 1388
8Moghén `avrohom, `ôrah Hayim 88:2
9Séfar Tôldhôth `odhom WaHawwoh, Volume Hawwoh, Nétiv 26, Section 3, page 223c
10Yôséf `ômas, Partie 3, pages 342-343
11Pari Hodhosh, , `ôrah Hayim 88

12Ma´aséh Rov, Paragraphe 58. Voir aussi le commentaire du Gra''` sur `ôrah Hayim 88