lundi 23 novembre 2015

Les trente-neuf Malo`khôth : Hôrésh – Labourer

ב״ה

Les trente-neuf Malo`khôth expliquées clairement

Hôrésh – Labourer


Cet article peut être téléchargé ici.

  1. Introduction

À présent que nous avons appris les fondamentaux des lois du Shabboth, nous sommes fin prêts à nous attaquer aux détails.

Les trente-neuf Malo`khôth sont divisées en quatre groupes de Malo`khôth. Le premier groupe est appelé סִידּוּרָא דְּפַּת « Siddouro` Dapath » (l'Ordre du Pain), parce qu'il contient les Malo`khôth nécessaires à la confection du pain, depuis le labourage de la terre jusqu'à ce que le pain soit placé dans le four. Ce groupe inclut les onze premières Malo`khôth.

Comme nous l'avions mentionné dans les deux premières leçons, chaque catégorie de Malo`khoh est basée sur une activité réalisée dans le cadre de la construction ou du fonctionnement du Mishkon. Il incombe donc, pour bien comprendre les paramètres de chaque Malo`khoh de la relier à son utilité pour le Mishkon. La raison pour laquelle tant de Juifs aujourd'hui ne savent pas réellement et entièrement ce qui est permis ou interdit de faire à Shabboth découle du fait qu'ils ignorent comment chaque Malo`khoh était appliquée dans le contexte du Mishkon. Pour palier à cette ignorance, pour chaque leçon nous connecterons chaque Malo`khoh à son application dans le Mishkon.

Les Israélites avaient besoin de faire pousser un certain nombre de choses afin que le Mishkon puisse fonctionner correctement. Ils faisaient pousser du blé pour en faire du לֶחֶם הַפָּנִים « Laham Happonim » (Pain de Proposition) qui était placé chaque semaine sur le ֻלְחָן « Shoulhon » (table cérémonielle).1 Ils faisaient également pousser diverses plantes qui étaient utiliser dans la confection des teintures nécessaires pour colorer les fils, rideaux, etc., du Mishkon.2

Étant donné que la terre doit être labourée afin de pouvoir planter, labourer est la première des trente-neuf Malo`khôth.

Commençons donc par-là !

  1. חוֹרֵשׁ « Hôrésh » (Labourer)


Avant de planter, on doit préparer le sol. Cela s'accomplissait (et c'est encore le cas) normalement en travaillant la terre (l'ouvrir jusqu'à une certaine profondeur, puis la retourner) au moyen d'une charrue ou d'un autre instrument. Labourer est donc le cas classique de la Malo`khoh de Hôrésh.

(Le contexte d'origine des Malo`khôth était une société agricole. Mais comme nous le verrons pour chaque leçon, même si nous ne vivons pas dans une telle société aujourd'hui, les principes sous-jacents des Malo`khôth sont toujours encore pertinents, et ont de nombreuses applications contemporaines.)

D'autres activités sont également inclues dans la `ov Malo`khoh de Hôrésh, à savoir, toute activité qui améliore le sol et l'aide à le préparer pour un potentiel ensemencement. En voici quelques exemples :

  • le sarclage
  • la fertilisation
  • débarrasser son terrain des pierres ou d'autres débris
  • humidifier la terre avec de l'eau

Toutes ces activités sont des Tôladhôth de Hôrésh.

La Malo`khoh de Hôrésh ne s'applique qu'à une terre qui pourrait être cultivée, ce que l'on appelle une terre arable. À l'inverse, labourer de l'argile dur ou une terre désertique n'est pas une transgression de Hôrésh (bien que si vous le faîtes, vous pourriez être en train de transgresser la Malo`khoh de Bônéh – construire). Aussi, si la terre est si molle qu'elle s'enfoncera immédiatement dans l'espace créé par votre labourage ou creusement, ce n'est pas considéré comme du Hôrésh. Nous pouvons l'expliquer en disant que votre acte n'a pas amélioré le sol pour l'ensemencement, étant donné que la terre est immédiatement retournée à son état d'origine.

En résumé, nous avons vu que :

La Malo`khoh de Hôrésh implique d'assouplir le sol sur une terre arable, de telle sorte que le sol reste là où il est après que vous l'ayez assoupli.

  1. Quelques applications de la Malo`khoh de Hôrésh

  1. Faire un sillon

Vous souvenez-vous de `aharôn dans la leçon précédente ? Il avait besoin de déplacer un banc à travers la partie terreuse de sa cour. En agissant ainsi, il pourrait créer des sillons, ce qui assouplirait le sol et constituerait alors une forme de Hôrésh.

La Halokhoh stipule que si le meuble est léger, par exemple une chaise de jardin, cela ne créera pas inévitablement des sillons, et de ce fait, `aharôn pourrait le traîner au sol. De l'autre côté, si l'objet est lourd, disons un banc ou une table, cela créera effectivement des sillons à cause de son poids, et `aharôn ne pourra alors pas le traîner au sol. (Comme nous l'avions expliqué dans la leçon précédente, même si `aharôn n'avait pas l'intention de créer des sillons, dès lors qu'il était inévitable que cela se fasse s'il traîne au sol la lourde chaise, il ne lui est pas permis de le faire.)

Vous pourriez alors vous poser la question suivante : s'il en est ainsi, comment se fait-il qu'il soit permis d'utiliser des poussettes ou encore des chaises roulantes à Shabboth ? Cela ne crée-t-il pas des sillons à cause des roues ? (Il est vrai que la plupart du temps, nous nous déplaçons sur des rues pavées. Mais il peut arriver que nous ayons à passer sur de la terre ou de l'herbe, comme par exemple dans un parc, et là, la question de Hôrésh se pose.)

Là, la Halokhoh nous demande de prêter une attention toute particulière à la réalité physique. Les objets sur roues comme les poussettes compressent le sol par le mouvement de roulement des roues. Cela n'améliore en réalité pas du tout le sol s'il devait y avoir un ensemencement, à l'inverse de l'assouplissement du sol, et n'est donc pas considéré comme du Hôrésh.

Il en est de même du fait de marcher sur de la terre. L'action de votre pied a un effet écrasant ou compactant, comme une poussette ou une chaise roulante. Là encore, ce ne sera pas considéré comme un acte de Hôrésh.

  1. Niveler le sol

Un autre aspect de cette Malo`khoh est le nivellement du sol, une activité désignée dans le Talmoudh sous l'expression de מַשְׁוֶה גוּמוֹת « Mashwah Ghoumôth ». Le cas typique consiste à aplanir un champ en remplissant un trou dans le sol ou en retirant un tas.

En appliquant cette idée, nous voyons que si vous désirez retirer de la boue ou toute autre matière de dessous vos chaussures, vous ne devez pas frotter vos chaussures sur un sol en terre. Cela aura pour effet de niveler le sol en-dessous de vous.3

De même, si vous avez un sol en terre battue dans votre maison, vous ne devez pas le balayer à Shabboth. Là encore, cela aura pour effet d'aplanir la surface du sol. D'après la majorité des Pôsqim, ce n'est pas un problème lorsqu'on balaie des sols qui ne sont pas en terre battue.

Et enfin, si quelqu'un veut jouer au ballon (par exemple, au football), cela ne doit pas se faire en pleine nature (ou un sol naturel). La raison en est que vous pourriez, même par inadvertance, prendre un temps pour niveler la surface (écraser les bosses, frotter le sol avec le pied, etc.) de sorte que le jeu puisse se dérouler correctement.


Ainsi, concernant le « nivellement », nous sommes passés du cas talmudique à certains exemples modernes, parmi lesquels :

  • frotter vos chaussures contre un sol en terre afin d'en retirer quelque chose qui se serait accroché dessous
  • balayer un sol en terre battue
  • jouer au ballon sur une surface naturelle
1Shamôth 25:30
2Ibid., verset 4

3Talmoudh, Shabboth 141a ; Mishnéh Tôroh, Hilkôth Shabboth 21:2