ב״ה
Indulgence
et bon sens
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Concernant
le phénomène grandissant des jeunes Hasidhim qui abandonnent
totalement la pratique religieuse pour mener leurs vies comme des
Gôyim (ceux qu'on appelle les « off the Derekh », ceux
qui s'écartent de la voie), un ami Hosidh me disait ceci :
Cela m’amène à
penser à tous ces « Noshrim », les gamins qui
abandonnent complètement le Yiddishkeit. Pourquoi personne ne les
aide à faire au moins un minimum et ne leur montre-t-il pas qu'ils
n'ont pas à laisser tomber même le Judaïsme de base. Ils pensent
que le Judaïsme est synonyme de rigueurs, d'interdictions, etc.,
etc., sans aucune flexibilité.
Si
un nouveau Ba´al Tashouvoh me disait qu'il désire respecter le
Shabboth mais a néanmoins besoin d'utiliser son ordinateur, je lui
dirais que si c'est pour faire des choses nécessaires, il peut le
faire, tout en tentant de l'utiliser le moins possible en raison de
l'esprit du Shabboth, parce que de nombreux Pôsqim ont soutenu qu'il
n'y avait aucune transgression du Shabboth lorsqu'on utilise un
ordinateur. Il me dira alors « Mais tous les Juifs et rabbins
diront qu'utiliser un ordinateur à Shabboth est une
transgression... ». Je lui dirai alors que la communauté a
adopté l'approche la plus stricte, mais que ce n'est rien d'autre
qu'une mesure de rigueur. Par conséquent, puisqu'il ne s'agit que
d'une Houmroh, il ne commettrait même pas de transgression en
respectant le Shabboth tout en utilisant un ordinateur.
J'ai
travaillé avec de nombreux jeunes qui venaient de familles très
religieuses et avaient abandonné totalement le Judaïsme, car cela
devenait trop rigide pour eux. L'Orthodoxie est devenue une pure
folie où les nouvelles mesures de rigueur sont chaque fois plus
strictes que les précédentes. Je dis toujours que si nos ancêtres
avaient vécu à notre époque, les rabbins des milieux Harédhim
les auraient considéré comme des frei, voire des impies !
Nous
ne devons pas nous voiler la face : les mesures de rigueur
dépassent les bornes, et il est tout à fait compréhensible que des
jeunes en ont marre et tournent complètement le dos à la foi. De
par mon expérience avec les jeunes « off the Derekh »,
je peux vous dire qu'ils ont besoin qu'on leur enseigne d'abord le
minimum requis par la Halokhoh et le Din. Puis, avec le temps, s'ils
le désirent, et surtout si cela est nécessaire à leur cas
particulier, ils peuvent aller « Lifnim Mashourath Haddin »
(au-delà de la lettre de la loi). Et il n'a jamais été interdit de
s'imposer des mesures de rigueur personnelles ! (Là où cela
devient une faute et quelque chose d'inapproprié, c'est lorsqu'on
veut imposer ses propres mesures de rigueur à tout le monde, ou que
l'on juge les autres par rapport à ses propres mesures de rigueurs.)
Pour l'heure, on demande beaucoup trop des gens. Le résultat en est
que lorsqu'ils tournent le dos au Yiddishkeit ou qu'ils ont en marre
des mesures de rigueur excessives, ils abandonnent entièrement le
Judaïsme. Pourquoi ? Parce que toutes leurs vies, on leur a dit
que ces Houmrôth constituaient la « Halokhoh » et
étaient obligatoires. De ce fait, ils grandissent avec une mentalité
selon laquelle « Le Judaïsme, c'est tout ou rien ! ».
Or, ce n'est pas vrai, et c'est pour cela qu'il est important de leur
montrer ce que dit précisément le Din. Et c'est l'un des objectifs
majeurs de ce blog, et je peux dire que, Dieu merci, cela a eu des
résultats très probants. Quand les gens savent que le Judaïsme ne
leur demande en fait pas toutes ces Houmrôth, ils se sentent plus
légers et confiants qu'il est en réalité plus facile d'accomplir
la volonté d'HaShem qu'ils ne le pensaient. Et ils se réconcilient
alors avec la foi et la pratique. Je reçois beaucoup de messages
dans ce sens, et c'est une grande exhortation pour moi à continuer
ce travail très précieux. Si la Halokhoh est « stricte »
sur un sujet, je ne peux pas être indulgent, et si elle est
« indulgente » sur un sujet, je dis clairement aux gens
que la Halokhoh est indulgente et qu'ils n'ont pas à suivre les
mesures de rigueur que les rabbins tentent de leur présenter comme
des « obligations ».
L'une
des raisons du nombre sans cesse croissant de Juifs « off the
Derekh » (qui s'écartent du chemin), ou encore de Juifs
hypocrites (qui donnent l'apparence publique qu'ils sont très pieux,
mais qui remettent en question ce qu'on leur enseigne, voire même
qui ne sont plus pratiquants chez eux mais seulement en public), est
précisément parce qu'on a tenté de robotiser tout le monde.
L'Orthodoxie est devenu une grande usine communiste où on doit
fabriquer le même Juif partout. À un moment donné, les gens n'en
peuvent plus, car ils ne se sentent plus eux-mêmes. Les gens doivent
avoir une marge d'action, savoir qu'il y a un minimum requis qu'ils
peuvent respecter sans se sentir coupable par rapport à ceux qui en
font plus, car ce minimum requis fait partie de la Halokhoh, et on
n'est donc pas un « pécheur » en s'y tenant.
Une
fois que le minimum requis est identifié, la personne est alors plus
libre d'évoluer à son rythme, et d'adopter, s'il le désire et s'en
sent la capacité, des mesures plus strictes. La personne s'épanouit
en progressant. Mais l'inverse n'est pas vrai ! On ne peut pas exiger
de tout le monde de mener sa vie comme s'il faisait partie des
« anges » et non des hommes. Car si on impose cela,
lorsque les gens échouent, rencontrent des difficultés, etc., ils
abandonnent TOUT
! Ou ils dépriment, ou sont hypocrites, etc. Des jeunes Hasidhim
ou Ba´alé Tashouvoh comme ça, il y en a beaucoup. Parce qu'on leur
a mis tout de suite sur les épaules une charge de 100 kilos, sans
même se soucier de savoir si c'était pour eux. Ce n'est pas pour
rien que le Talmoudh (et le Ramba''m ז״ל)
fait la différence entre ce qui est demandé du simple Israélite et
ce qu'on attend du Talmidh Hokhom.
Vous ne pouvez pas demander à l'intégralité des Juifs, comme cela
se fait dans les milieux hassidiques,
de mener une vie suivant les règles s'appliquant aux Talmidhé
Hakhomim
(étudier la majorité de la journée, n'avoir de préférence qu'un
rapport hebdomadaire avec son épouse, ne pas faire ceci ou cela,
etc.). C'est cela qui détruit les gens et leur foi. Tout le monde
n'est pas fait pour une mener une vie de grandes exigences. C'est
pourquoi, le Talmoudh a toujours différencié le comportement
attendu des Talmidhé Hakhomim
et celui des simples Israélites. Ce n'est pas une question
d'être plus libéral, permissif, etc., mais une question de bon sens
qui prend également en compte les situations particulières de
chacun.
Je
suis pour l'enseignement vers le bas, et non l'enseignement à partir
du haut. Par conséquent, il est beaucoup plus bénéfique et sain de
commencer par les bases et dire uniquement aux gens ce qui est le
minimum requis par la Halokhoh de notre foi qu'est le Judaïsme. Nous
ne sommes pas obligés de tout faire, mais nous n'avons pas non plus
le droit de ne rien faire. Faisons au moins un peu, c'est-à-dire
tâchons de savoir ce qui est le minimum requis et respectons-le dans
un premier temps (Mishnoh, `ovôth 2:21). Comme l'ont dit nos
Sages, « On ne tire pas de preuves du comportement d'un fou »
(Shabboth 104b). Et du point de vue de la Halokhoh, les
Harédhim sont des « fous », qui accordent plus
d'importance à des futilités (de quel côté sont les boutons de la
chemise, de quelles couleurs sont les chaussettes, quel style de
chapeau ou de manteau porter, etc.), aux apparences, aux choses
secondaires et à des Minhoghim insensés et superstitieux, plutôt
qu'à la Halokhoh. Ne prenez donc même pas en compte ce qu'ils font.
Sachez faire la différence entre le Judaïsme (cette foi remarquable
et extraordinaire) et les mouvements religieux qui se revendiquent du
Judaïsme. Sachez faire la différence entre, d'un côté, la
Halokhoh et le Din, et de l'autre côté, ce qui est de l'ordre du
Minhogh et du Lifnim Mashourath Haddin. Mais plus encore, faites les
choses pour HaShem et non pour les hommes. Là alors, vous
comprendrez la grandeur de la Tôroh et la flexibilité de la
Halokhoh.
De
plus, tout cela s'applique également à ceux qui veulent se
rapprocher du Judaïsme (non Juifs ou Juifs non pratiquants) mais
n'osent pas, étant freinés par toutes les mesures de rigueur et
d'autres pratiques qu'ils ont pu voir chez les Harédhim. Mais
dès lors qu'ils ont conscience que tous leurs actes doivent reposer
exclusivement sur ce que Dieu demande, ils ne peuvent qu'être en
paix.
Trop
souvent, certains Juifs très « religieux » ou « pieux »
ont tendance à regarder les autres Juifs de haut, à la limite comme
si ces derniers n'étaient pas eux-mêmes Juifs. Mais lorsqu'on
comprend le minimum requis par la Halokhoh, quand bien même on
serait soi-même très strict dans la pratique, on devient tout d'un
coup beaucoup plus compréhensible. C'est le meilleur moyen
d'accomplir la Miswoh d'aimer son prochain comme soi-même,
alors qu'être fanatique développe l'animosité et la méfiance.
(Voir à cet égard l'article intitulé « Juger
les gens sur l'apparence ».)
Cette
approche permet de présenter aux Gôyim et athées le vrai visage du
Judaïsme. Combien de Gôyim ne sont-ils pas effarés d'entendre
parler ou lire des articles sur certaines pratiques stupides,
exagérées ou superstitieuses qui ont cour dans certains milieux
juifs ? C'est l'une des définitions même du Hilloul
HaShem : accomplir des choses qui vont amener les gens à
mépriser la Tôroh, le Judaïsme, les Juifs, voire pire encore,
HaShem Lui-même ! À l'inverse, lorsqu'on leur montre la vraie
facette du Judaïsme, que c'est une foi plus flexible qu'ils ne le
pensent, c'est un énorme Qiddoush HaShem qui les amène à
reconsidérer leur vision du Judaïsme et des Juifs, que tous les
Juifs ne sont pas pareils, qu'ils ne doivent pas penser que ces
égarés représentent tous les Juifs, peu importe leur nombre, et
qu'on ne juge pas une foi religieuse sur base de ceux qui prétendent
la suivre, mais sur base de ces textes. Plein de Gôyim sont
intéressés qu'on leur présente la vraie face du Judaïsme. On doit
leur parler, les guider, répondre à leurs interrogations, et être
des modèles exemplaires de ce qu'est la foi israélite. Et pour se
faire, il faut absolument se débarrasser de tout ce qui ne provient
pas du Judaïsme mais de l'esprit tordu et pervers de certains qui
prétendent parler au nom du Judaïsme. (Il conviendrait de relire
l'article intitulé « Ce
qui empêche les Gôyim d'admirer notre foi ».)