ב״ה
Exposer
les fausses notions
Vérifier
les parchemins des Mazouzôth et des Tafillin
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article peut être téléchargé ici.
Quelqu'un
m'a soumis la question suivante :
La coutume
consistant à vérifier les Mazouzôth deux fois en sept ans, ainsi
que les Tafillin, s'applique-t-elle aujourd'hui, alors que nous avons
une meilleure qualité de protection des Mazouzôth et Tafillin ?
C'est
une question très intéressante, qui va nous permettre d'exposer une
autre fausse notion très répandue dans les milieux dits
« Orthodoxes », et nous rendre compte à quel point il
est toujours essentiel de ne traiter chaque pratique, croyance ou
doctrine qu'à partir des sources d'origine pour juger de leur
pertinence, et non pas à partir des sources actuelles, ni de ce qui
se fait dans la majorité des communautés. Voici ce que rapporte le
Ramba''m ז״ל,
dans son Mishnéh Tôroh1 :
La
Mazouzoh d'un particulier doit être vérifiée deux fois par
[cycle de] sept [ans[, et la Mazouzoh [d'une propriété] publique
deux fois par [cycle] de jubilé, par crainte qu'une lettre s'en
soit déchirée ou effacée ; puisqu'elle est fixée dans les
murs, elle peut pourrir.
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מְזוּזַת
הַיָּחִיד,
נִבְדֶקֶת
פַּעֲמַיִם בַּשָּׁבוּעַ,
וּמְזוּזַת
רַבִּים,
פַּעֲמַיִם
בַּיּוֹבֵל--שֶׁמֶּא
נִקְרְעָה מִמֶּנָּה אוֹת אוֹ נִמְחֲקָה:
מִפְּנֵי
שְׁהִיא קְבוּעָה בַּכּוֹתָלִים,
מַרְקֶבֶת
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La
source de cette Halokhoh est la Gamoro` de Yômo` 11a. À
présent, comprenons de quoi il s'agit.
Beaucoup
de personnes, lorsqu'ils entendent le mot מְזוּזָה
« Mazouzoh »,
pensent directement à la boite en plastique dans laquelle se trouve
un parchemin, et qui est fixée à l'entrée des portes d'un
bâtiment. Or, halakhiquement parlant, cela ne se rapporte qu'au
parchemin en lui-même. Dans les temps passés, comme nous le lisons
dans la Halokhoh susmentionnée, les Mazouzôth étaient des
parchemins que l'on incrustait tel quel dans les murs. Il n'y avait
donc pas de boîte pour les protéger, par exemple de l'humidité à
l'intérieur du mur, ou même encore des bestioles qui pourraient les
ronger. Par conséquent, HaZa''l émirent une obligation de
les vérifier au moins deux fois en sept ans lorsqu'il s'agit d'une
Mazouzoh privée (la maison ou la cour d'un particulier, par un
exemple), et au moins deux fois en cinquante ans pour une Mazouzoh
publique (par exemple, à la porte de la ville, à l'entrée d'une
cour publique, etc.), de façon à s'assurer qu'aucune lettre ne
s'était déchiré ou effacée, auquel cas la Mazouzoh ne serait plus
valable et devrait être changée.
Rash''i
ז״ל,
dans son commentaire sur la Gamoro`, explique que si les Sages
avaient exigé de les vérifier plus souvent, le peuple ne l'aurait
de toute façon pas fait. En fait, on comprend que HaZa''l ne
voulaient pas que les gens soient obsédés par la validité de leurs
Mazouzôth, et que les gens ne passent pas tout leur temps à les
vérifier, imprégnant ainsi la Mazouzoh de pouvoirs particuliers et
favorisant donc la superstition. Par conséquent, ils n'exigèrent de
ne le faire qu'à une très petite fréquence. Ce qui est incroyable,
c'est que dans de nombreuses communautés hassidiques se sont
développées de nombreuses croyances mystiques et superstitieuses
autour de la Mazouzoh. Par exemple, au moindre problème qu'ils
rencontrent dans leurs vies, de nombreux Hasidhim ont comme premier
réflexe d'aller vérifier leurs Mazouzôth, même si elles l'ont été
il n'y a pas longtemps. Ils croient qu'il existe une corrélation
entre la validité des Mazouzôth et les bénédictions ou malheurs
qu'ils expérimentent !
La
vérification des Mazouzôth est devenue un business très lucratif
pour des scribes peu scrupuleux. En effet, à notre époque, les
Mazouzôth sont vérifiées plus fréquemment que deux fois en sept
ans. L'encre et le parchemin employés par bon nombre de scribes sont
différents de ceux utilisés dans les temps passés et il y a une
plus grande possibilité que les lettres s'effacent ou que le
parchemin se déchire. Je soupçonne que cela est voulu, afin que les
gens retournent régulièrement chez le scribe et paient à nouveau
pour la réécriture d'autres parchemins. En outre, la calligraphie
de nombreux scribes n'est pas professionnelle, et de nombreuses
erreurs sont fréquemment découvertes sur les parchemins. Par
conséquent, il est très important de ne faire rédiger ses
parchemins que par des scribes dignes de confiance et professionnels,
qui accomplissent leur travail avec honnêteté et sérieux. Dieu
merci, il en existe de très bons !
Qu'en
est-il des parchemins des Tafillin ? Doivent-ils être
vérifiés ? Si oui, à quelle fréquence ? La réponse est
qu'ils ne nécessitent même pas de vérification. Voici ce que
rapporte le Ramba''m quelques chapitres avant2 :
Celui
qui écrit les Tafillin à la main, ou les achète d'un expert ou
de toute autre personne, et les fait vérifier et les remet dans
leurs compartiments, n'a plus jamais besoin de les faire vérifier,
même après plusieurs années. Tant que ce qui les recouvre est
intact, elles sont présumées [valides], et on ne nourrit aucune
crainte qu'une lettre aurait pu s'effacer à l'intérieur ou se
trouer. Hillél l'Ancien avait l'habitude de dire :
« Celles-ci3
sont du père de ma mère ! ».
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הַכּוֹתֵב
תְּפִלִּין בִּכְתָב יָדוֹ,
אוֹ
שֶׁלְּקָחָן מִן הַמֻּמְחֶה,
אוֹ
מִשְּׁאָר אָדָם וּבְדָקָם וְהִחְזִירָם
לְעוֹרָן--אֵינוּ
צָרִיךְ לְבָדְקָן פַּעַם אַחֵר,
וְאַפִלּוּ
אַחַר כַּמָּה שָׁנִים:
כָּל
זְמָן שֶׁחִפּוּיָן שָׁלֵם,
הֲרֵי
הֶן בְּחֶזְקָתָן,
וְאֵין
חוֹשְׁשִׁין לָהֶן,
שֶׁמֶּא
נִמְחֲקָה אוֹת מִתּוֹכָן אוֹ נִקְּבָה.
הִלֵּל
הַזָּקֵן הָיָה אוֹמֵר,
אֵלּוּ
מִשֶּׁלַּאֲבִי אִמָּא
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Comme
l'expliquent les commentateurs, la différence entre les parchemins
des Mazouzôth et ceux des Tafillin est que ces derniers sont
protégés à l'intérieur des compartiments des Tafillin et ne sont
donc pas, contrairement aux parchemins des Mazouzôth, exposés à
l'air, le vent, la pluie et les bestioles, et nous pouvons donc
présumer que les lettres sont intactes. La seule chose qui est
requise est de les faire vérifier une seule fois lorsqu'on les a
rédigés soi-même ou qu'on les a achetés de quelqu'un d'autre,
afin de s'assurer qu'il n'y a aucune erreur et que tout a été
rédigé comme il fallait. Après cette vérification, il ne sera
plus jamais nécessaire de les vérifier. Et c'est également
rapporté par Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל
lui-même
comme étant la Halokhoh.4
Les
mêmes arnaques et erreurs susmentionnées au niveau des Mazouzôth
existent aussi au niveau des Tafillin, et beaucoup ont la pratique de
faire vérifier leurs Tafillin chaque année, d'autres moins
fréquemment. Et c'est là encore tout bénéfice pour les scribes et
fabricants de Tafillin.
Mais
ce qu'il faut comprendre, c'est que si les parchemins ont été
vérifiés au moins une fois au moment de l'achat (ou après qu'on
ait terminé de les rédiger soi-même), plus aucune vérification
n'est nécessaire, quand bien même entre-temps des lettres
pourraient s'être effacées. Pourquoi ? Parce que les
parchemins sont « cachés » à l'intérieur des
compartiments. Ils ne sont donc pas visibles. Or, la Halokhoh exige
que toute chose ne soit basée que sur ce qu'on voit. Puisqu'ils ne
se' voient pas, il n'y a plus à rouvrir les Tafillin pour les
vérifier. La seule chose qui pourrait les invalider, c'est si
précisément l'extérieur des Tafillin s’abîmait, étant donné
que c'est une chose dont on peut se rendre compte à l’œil nu. Par
conséquent, les faire vérifier tous les ans ne sert à rien, et
c'est ainsi que Hillél ז״ל
portait
les Tafillin de son grand-père sans les avoir fait vérifier, bien
que ce dernier était mort plusieurs années en arrière. Ce qui
compte est l'extérieur et non plus l'intérieur des Tafillin.
Nous
comprenons d'autant plus les Halokhôth relatives à la vérification
des Mazouzôth. La seule raison pour laquelle nos Sages ont exigé de
les vérifier est que dans les temps passés, les Mazouzôth
n'étaient pas protégées dans des boites comme aujourd'hui. Les
parchemins étaient donc exposés aux éléments extérieurs, ce qui pouvait les abimer. Mais pour que l'on ne s'en préoccupe pas trop souvent non
plus, ils demandèrent qu'ils ne soient vérifiés que deux fois en
sept ans, ou deux fois en cinquante ans. Et que fallait-il vérifier ? Non pas s'il y avait des erreurs (puisque cela est censé être fait immédiatement après avoir achevé de rédiger les parchemins ou les avoir achetés), mais si le parchemin était encore intact et que des lettres ne s'étaient pas effacées. Nous basant sur les
Halokhôth relatives à la vérification des Tafillin, nous pouvons
comprendre trois choses essentielles par rapport aux Mazouzôth
d'aujourd'hui :
- Si le parchemin de la Mazouzoh a été vérifié une fois au moment de l'achat, ou après qu'on l'ait soi-même rédigé, et qu'aucune erreur ne fut trouvée, et
- qu'on l'a placé dans une boite de telle sorte qu'il est ainsi protégé des éléments extérieurs (pluie, vent, bestioles, etc.), le faire revérifier ne sera plus jamais nécessaire, même au bout de plusieurs années, quand bien même il se pourrait que des lettres s'effacent ou que le parchemin se déchire.
1Hilkôth
Tafillin Oumazouzoh Waséfar Tôroh 5:9
2Ibid.,
2:15
3Ses
Tafillin
4Shoulhon
´oroukh, `ôrah Hayim 39:10