ב״ה
Les
trente-neuf Malo`khôth expliquées clairement
Bishoul
– Cuire
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- Introduction
Nos
Sages de mémoire bénie ont dit1 :
וַעֲשׂוּ
סְיָג לַתּוֹרָה « et
faîtes une clôture à la Tôroh ». C'est-à-dire, émettez
des lois qui préservent contre la possibilité de transgresser la
Halokhoh. Dans cette leçon, nous allons analyser un certain nombre
de lois que HaZa''l
ont émises pour empêcher de transgresser, même par inadvertance,
la Malo`khoh de Bishoul à Shabboth.
Gardez
à l'esprit que toutes les lois relatives à la Malo`khoh de Bishoul
ne s'appliquent que dans le cas d'une cuisson effectuée au moyen du
feu ou d'un dérivé du feu. (Pour une explication sur l'expression
« dérivé du feu », voir la première
leçon
sur cette Malo`khoh.)
- Shahiyoh – Laisser de la nourriture sur une flamme
Cuire
est évidemment une activité quotidienne. Par conséquent, les Sages
craignaient que l'on en arrive momentanément à oublier que c'est
Shabboth, ou qu'en oubliant que cuire n'est pas autorisé à
Shabboth, on s'occupe de ses affaires comme d'ordinaire.
C'est
pourquoi, ils interdirent de laisser de la nourriture non cuite sur
une flamme ouverte durant Shabboth. C'est une interdiction appelée
שְׁהִיָּה
« Shahiyoh »
dans le langage halakhique. D'après la Tôroh, il n'y aurait aucun
problème à le faire, puisque la cuisson s'effectue d'elle-même.
Pourquoi donc HaZa''l
l'ont-ils interdit ? Tout simplement parce que nous pourrions en
arriver à ajuster la flamme si elle est ouverte et facilement
accessible, contribuant ainsi à contrôler la cuisson, ce qui est
interdit.
Pour
éviter ce problème, et aussi pour créer une différence entre
Shabboth et les autres jours (voir l'article intitulé « Exposer
les fausses notions : ´ouvadhin Dahôl – Les activités de
semaine »),
nos Sages ont stipulé que nous ne pourrions laisser des aliments non
cuits que sur une flamme couverte,
c'est-à-dire que l'on ne voit plus. C'est la source de cette plaque
de métal rabattue placée au-dessus des brûleurs de la
cuisinière/gazinière, et appelée en Yiddish un בלעך
« blèkh ».
Ainsi,
à l'origine, un blèkh est simplement une plaque métallique que
l'on place au-dessus de la cuisinière/gazinière, afin qu'elle
couvre complètement la flamme, au point qu'on ne la voit plus, mais
cette plaque est suffisamment fine que pour laisser la chaleur passer
à travers et réchauffer l'aliment que l'on a déposé dessus. De
cette manière, on peut réchauffer à Shabboth un aliment cuit qui
s'était refroidi, ou laisser sur le feu un aliment qui n'avait pas
terminé de cuire avant l'entrée de Shabboth de façon à ce qu'il
cuise pendant Shabboth, et tout cela sans même manipuler la flamme.
Aujourd'hui,
la majorité des « Orthodoxes », lorsqu'ils entendent le
mot « blèkh », l'assimilent à la plaque chauffante
électrique sur laquelle ils placent leurs aliments pour les
réchauffer, ou sur laquelle ils déposent avant l'entrée de
Shabboth des aliments non cuits qui continueront donc de cuire
pendant Shabboth. Puisque les « Orthodoxes » considèrent
généralement que cuire avec de l'électricité est tout autant
interdit que de cuire avec du feu, car à leurs yeux l'électricité
est du feu, ils utilisent donc cette plaque chauffante électrique,
étant donné que la « flamme est couverte » (il n'y a
pas de flamme à une plaque chauffante électrique), et qu'il n'y a
en plus pas du tout de boutons (ce qui fait qu'elle garde toujours
une chaleur constante et qu'il n'y a aucune possibilité d'altérer
la flamme). À première vue, cela pourrait paraître ingénieux,
mais cela ne sert en réalité à rien du tout !
En
effet, les règles de Bishoul ne s'appliquent que lorsqu'on cuit avec
du vrai feu ou son dérivé. Or, lorsqu'on cuit avec une cuisinière
électrique et non à gaz, ou encore avec une plaque à induction, il
n'y a pas du tout de flamme, et la cuisson s'opère donc grâce à un
phénomène indirect (voir la condition n°7, dans l'article intitulé
« Les
trente-neuf Malo`khôth de Shabboth : Travail réfléchi »).
Puisqu'il n'y a pas de flamme, la cuisinière électrique ou la
plaque à induction est automatiquement considérée comme « une
flamme couverte ». Et puisqu'il n'y a de toute façon pas de
flamme, même augmenter ou diminuer la chaleur sont permis, car ce
n'est pas la chaleur que nos Sages ont interdit de contrôler, mais
le fait de manipuler la flamme lorsqu'on cuit sur du feu. C'est ainsi
que cuire avec le soleil ou encore les sources naturellement chaudes
de Tibèriade sont permis, car il ne s'agit pas de feux mais de
sources de chaleur. Or, cuire avec des sources de chaleur n'est pas
un problème, dès lors que cette chaleur n'est pas causée par une
flamme et n'est pas le dérivé d'un feu ! En conclusion,
utiliser une plaque chauffante électrique ou une cuisinière
électrique, c'est en fait du pareil au même.
Tout
au long de ce cours, nous emploierons donc le terme blèkh suivant
son sens originel et non dans le sens de la plaque chauffante
électrique.
- Hazoroh – Remettre de la nourriture sur le blèkh
À
Shabboth, nous faisons souvent face à un dilemme. D'un côté, nous
désirons consommer des plats chauds le Shabboth après-midi, et de
l'autre côté il nous est interdit de cuire. Comment faire ? Il
existe deux options :
- Laisser quelque chose cuire toute la nuit afin qu'il soit encore chaud le Shabboth matin à l'heure du deuxième repas.
- Trouver un moyen halakhiquement acceptable de réchauffer la nourriture.
Rappelez-vous
que dans la leçon
précédente,
nous avions mentionné brièvement les bases du réchauffement
d'aliments à Shabboth. Nous avions appris que les aliments solides
peuvent être réchauffés. (Ainsi que les liquides, d'après le
Ramba''m ז״ל.)
Mais
les Sages ont ajouté une autre restriction à cette permission. En
plaçant une marmite sur le feu pendant Shabboth, on pourrait donner
l'impression de cuire quelque chose de nouveau, ce qui est interdit.
Ils émirent alors une règle selon quoi une marmite ne pourrait être
replacée sur le feu que lorsqu'on rend évident le fait qu'il ne
s'agit pas là d'une cuisson nouvelle, mais plutôt simplement la
continuité d'une précédente cuisson. C'est le principe de חֲזָרָה
« Hazoroh ».
Pour
le rendre évident, HaZa''l
ont interdit que la marmite ne soit remise sur le feu que si un
certain nombre de conditions sont remplies :
- La marmite doit avoir été retirée du feu avec l'intention de la remettre dessus après s'être servi.
- Après avoir été retirée du feu, la marmite doit constamment être tenue par la personne.
- La flamme sur laquelle on remet la marmite doit être couverte.
- La nourriture doit être complètement cuite (voir la première leçon sur la Malo`khoh de Bishoul concernant les niveaux de cuisson à atteindre pour qu'un aliment soit considéré cuit) et encore chaude lorsqu'on la ramène sur le blèkh (même si elle a refroidi à un niveau inférieur à Yadh Sôladhath Bô, tant qu'elle a encore de la chaleur, on peut la remettre sur la flamme couverte).
Comme
cela a été expliqué, en agissant ainsi, on maintient clairement
une connexion continue entre la nourriture et sa source de chaleur
originelle, le blèkh.
Dans
une situation de nécessité, la nourriture pourra être remise sur
le feu si les conditions 1 et 2 ne sont pas remplies. Prenons le cas
suivant :
Avant
d'aller au lit le Vendredi soir, Rivqoh remarque que sa
cuisinière/gazinière s'est éteinte, ne lui laissant plus aucune
source de chaleur pour que le Hamin2
puisse continuer à cuire toute la nuit sur le blèkh. Rivqoh touche
la marmite et elle est encore chaude. Et en le goûtant un peu, elle
se rend compte qu'il a atteint le niveau de Ma`akkél Ban Darousa`y
(voir la première
leçon
sur la Malo`khoh de Bishoul). Mais évidemment, d'ici au lendemain
matin, tout sera abîmé. Y a-t-il un moyen valable pour sauver son
Hamin ?
Il
existe une excellente solution. Rivqoh peut emporter sa marmite de
Hamin
chez une voisine et la laisser continuer à cuire toute la nuit sur
le blèkh de sa voisine. La raison pour laquelle cela est permis est
que, bien que techniquement parlant la marmite de Rivqoh a été
« retirée » du blèkh (sans remplir la condition de
constamment la tenir et la ramener sur le même blèkh), le simple
fait de l'avoir apportée chez sa voisine pour qu'elle continue à
cuire est une indication claire qu'il ne s'agit pas d'une cuisson
nouvelle. En outre, c'est une situation de nécessité. Or, remettre
une marmite sur le feu n'est qu'une interdiction rabbinique et non
biblique, et nous sommes donc toujours plus indulgents vis-à-vis des
interdictions rabbiniques dans des situations de nécessité. Et
enfin, Rivqoh peut « ramener » la marmite sur n'importe
quel blèkh, et pas obligatoirement que le sien.
Normalement,
lorsque nous plaçons un blèkh sur la cuisinière/gazinière, nous
ne gardons allumée qu'une seule des flammes. Cela génère une
quantité de chaleur suffisante pour se répandre à l'entièreté de
la surface du blèkh. Mais dans le même temps, toutes les parties du
blèkh ne seront chauffées équitablement : plus vous êtes
proche de la flamme elle-même, plus il fera chaud.
Pour
bien comprendre le point que nous voulons développer, il pourrait
être utile de diviser le blèkh en trois sections :
Section
A (en rouge) :
La zone du blèkh directement au-dessus de la flamme.
Section
B (en orange) :
La zone du blèkh qui n'est pas directement au-dessus de la flamme.
Néanmoins, elle est suffisamment chaude que pour que la marmite
atteigne la température de Yadh Sôladhath Bô.
Section
C (en jaune) :
La zone du blèkh qui n'est pas directement au-dessus de la flamme,
et chauffe seulement, mais ne peut pas amener la marmite ou la
nourriture à atteindre la température de Yadh Sôladhath Bô.
Ainsi, si vous placez la nourriture sur cette zone, elle ne peut pas
devenir cuite.
Voici
une application pour comprendre où nous voulons en arriver avec ça :
La
Halokhoh interdit de retirer de la nourriture d'une marmite tandis
qu'elle se trouve encore sur la Section A, car le fait de remuer la
nourriture a pour conséquence d'accélérer la cuisson ou mieux
répartir la chaleur (nous l'avions mentionné dans la première
leçon
sur la Malo`khoh de Bishoul). Mais si vous faites glisser la marmite
sur la Section B (ou même C), il est alors permis de remuer la
nourriture ou de la retirer de la marmite sans non plus avoir à être
confronté au problème de devoir tenir en main la marmite tout le
temps que vous l'aurez retiré du blèkh, ni à celui d'avoir
l'intention de le remettre sur le blèkh en la retirant, ni encore à
celui de ne remettre sur la marmite sur le blèkh que si l'aliment
était cuit, puisque vous n'êtes même pas considéré comme ayant
retiré la casserole du blèkh. Mais attention, il faudra prendre
soin de remettre le couvercle sur la marmite avant de la faire à
nouveau glisser sur la Section A, puisque attendre que la marmite
soit à nouveau sur la Section A pour remettre le couvercle est un
acte qui favorisera l’accélération de la cuisson et une meilleure
isolation de la marmite, ce qui est interdit lorsqu'une marmite se
trouve au-dessus du feu, comme nous l’avions vu dans la première
leçon
sur cette Malo`khoh.
- Aliments sortis du réfrigérateur
Tout
ce que nous avons vu jusqu'à présent ne concernait que des aliments
qui se trouvaient sur le blèkh depuis le Vendredi soir et qui y
resteront tout au long du Shabboth. Mais qu'en serait-il pour des
aliments que vous ne comptiez pas du tout laisser sur le feu durant
toute la nuit ? Par exemple, y a-t-il un moyen de réchauffer
une Halloh
ou du Kugel pour le deuxième repas de Shabboth ?
La
réponse est oui ! La solution courante consiste à réchauffer
la nourriture en la plaçant au-dessus d'une marmite/casserole qui se
trouve sur la source de chaleur. Par exemple, vous prenez une
casserole propre et vide et la placez sur votre cuisinière/gazinière,
qui est déjà couverte par un blèkh. Puis, vous placez la
nourriture que vous souhaitez réchauffer sur cette casserole.
Inhabituel, n'est-ce pas ? En effet, mais au moins le problème
de donner « l'impression de cuire » est résolu, puisque
personne ne croira même que vous puissiez cuire une chose nouvelle
par une telle méthode convolutée.
Une
autre solution, et qui est beaucoup plus « normale »,
consiste à simplement placer la nourriture sur une zone proche
de la cuisinière/gazinière, de sorte que la chaleur dégagée par
le blèkh la réchauffera. Cela fonctionnera si vous avez une surface
dans votre cuisine qui se chauffe bien à cause de la chaleur de la
cuisinière/gazinière. Et évidemment, c'est permis puisqu'il n'y a
aucune apparence de cuisson tant que la nourriture n'est pas
directement
placée sur le blèkh (c'est-à-dire, la cuisinière/gazinière).
Qu'en
est-il de réchauffer des aliments non cuits ?
Étant
donné qu'on ne considère pas qu'une cuisson s'est produite lorsque
la température est inférieure à Yadh Sôladhath Bô, vous pouvez
placer des aliments non cuits à n'importe quel endroit où la
nourriture n'atteindra pas cette température. De ce fait, vous
pouvez sans aucun problème réchauffer des aliments non cuits
au-dessus d'un radiateur. De même, il est permis de placer un
aliment froid sur la Section C du blèkh.
Ceci
soulève la question suivante : si je désire réchauffer un
aliment non cuit, pus-je le placer à un endroit qui est plus
chaud
que la température de Yadh Sôladhath Bô, dès lors que je le
retire avant
qu'il n'atteigne lui-même cette température ? La réponse
classique est non, car on pourrait l'oublier et le laisser là. Mais
la vraie réponse halakhique est que cela va dépendre. La question à
se poser sera celle-ci : si je laissais l'aliment là,
pourrait-il atteindre la température de Yadh Sôladhath Bô avant la
fin du Shabboth ? Si la réponse est oui, on ne peut pas le
placer à cet endroit ; si la réponse est non, on pourra le
faire.
- Dans d'autres contextes que la nourriture
La
Malo`khoh de Bishoul s'applique également en-dehors du contexte de
la nourriture. En effet, dans le contexte de la construction et du
fonctionnement du Mishkon, cuire ne servait pas qu'au manger, mais
également pour produire les teintures par lesquelles on allait
teindre les rideaux du Mishkon.
La
Malo`khoh de Bishoul s'applique donc avec n'importe
quelle
matière ou substance qui sera physiquement modifiée par la chaleur
du feu. C'est une des raisons invoquées par les « Orthodoxes »
pour généralement interdire d'allumer une ampoule à incandescence.
C'est très fortement contestable, notamment parce que le filament en
tungstène n'est pas chauffé directement par du feu. En appuyant sur
le bouton de l'interrupteur, on ne fait qu'enclencher un système
préexistant qui va indirectement causer le réchauffement du
filament à une température suffisamment élevée que pour produire
de la chaleur et de la lumière. C'est un phénomène tout autant
indirect que le fait de tirer la chasse des toilettes, ou encore
d'ouvrir le robinet d'eau chaude (un acte que les « Orthodoxes »
interdisent également, car une nouvelle eau froide est chauffée
lorsque le robinet d'eau chaude est ouvert. C'est insensé, car alors
même ouvrir le robinet d'eau froide serait problématique, car bien
que l'eau ne soit pas chauffée, on enclenche quand même un système
qui pompe l'eau jusqu'au robinet. Or, ils ne l'interdisent pas, car
il s'agit d'un acte indirect, logique qu'ils ne veulent pas appliquer
à l'eau chaude, ce qui est incohérent. Dès lors que nous n'avons
pas manuellement nous-mêmes chauffé cette eau avec du vrai feu, il
n'y a en cela qu'un acte indirect).
Concernant
la Malo`khoh de Bishoul, tout le monde s'accorde à dire que la
chaleur du soleil n'est pas considérée comme du feu, puisque ce
n'est pas une forme habituelle de cuire. Par conséquent, il est
permis de cuire quelque chose avec le soleil. Par exemple, quelqu'un
pourrait utiliser une loupe pour diriger la chaleur du soleil dans la
direction qu'il souhaite et ainsi cuire un œuf. De l'autre côté,
les « Orthodoxes » interdisent d'utiliser un chauffe-eau
solaire, parce qu'il s'y retrouve souvent des éléments électriques
fonctionnant lorsqu'il fait nuageux. Puisqu'ils considèrent
l'électricité comme du feu, un chauffe-eau solaire ne peut être
utilisé à Shabboth, selon eux. Mais là encore, si l'on considère
que l'électricité n'est pas du feu dans le sens entendu par la
Halokhoh, et qu'il s'agit en plus d'un acte indirect, cela ne pose
pas de problème.
En
vertu des lois du Bishoul, chauffer avec du feu un métal pour qu'il
fonde est interdit, tout comme chauffer n’importe quoi d'autre
(comme par exemple du plastique) avec du feu, dans le but d'en
modifier la forme.
Voilà !
Nous avons non seulement terminé l'analyse de la Malo`khoh de
Bishoul, mais avons également terminé de traiter de la Siddouro`
Dappath !
1Mishnoh,
`ovôth 1:1
2La
version séfarade du Tcholent ashkénaze