ב״ה
Les
principes fondamentaux de l'approche des Talmidhé HaRamba''m
Cet
article peut être téléchargé ici.
- Principe #1 : L'essence de l'alliance éternelle d'Israël est d'aspirer à observer l'intégralité de la Tôroh, en accord avec la Tradition Orale, en tant que loi constitutionnelle reçue de Dieu
La
Tôroh est une loi constitutionnelle reçue de Dieu dont les 613
Miswôth sont les termes de l'alliance éternelle entre HaShem
et le peuple d'Israël. De ce fait, elles ne peuvent jamais être
modifiées, que ce soit par une soustraction ou une addition de
Miswôth.1
En outre, elles constituent un système complète, de sorte que même
les domaines de l'étique, la spiritualité, et les principes de base
de la foi sont inclus en leur sein.
Toutes
les 613 Miswôth furent données par l'intermédiaire de
Môshah Rabbénou ע״ה
sous
deux formes (Écrite et Orale). Il est impossible de correctement
accomplir la forme écrite de la Tôroh sans la forme orale.2
Étant donné que la Tôroh Orale (qui est l'explication pratique des
613 Miswôth de la Tôroh Écrite) est un fondement
indispensable de l'alliance, celui qui mécroit en elle mécroit en
l'entièreté de la Tôroh.3
Se
tenir à l'ensemble de la Tôroh, et aspirer à obéir à
l'intégralité de la Halokhoh avec l'esprit approprié (et rien de
plus), est l'essence de cette alliance qui nous lie à HaShem ית׳.4
Ne pas garder la Tôroh, ou agir comme si l'un de ses composants
n'était plus contraignant, équivaut à violer l'alliance.5
Enfin,
aucun degré de charisme personnel, d'importance, de piété
religieuse ou de charité, ne peut compenser un tel déni de la Tôroh
(Écrite et/ou Orale).
- Principe #2 : Le Sanhédhrin & le Talmoudh sont le fondement-même de la Tôroh Orale et son autorité finale
Sur
ordre d'HaShem, Môshah Rabbénou institua une Cour Suprême de 70
Anciens en plus de lui-même, ce qui donna naissance au tout premier
Sanhédhrin, le fondement-même de la Tôroh Orale : ses
gardiens et l'autorité absolue pour toutes les générations
futures.6
Tout
comme le Sanhédhrin a l'autorité exclusive d’interpréter la
Tôroh, c'est également la seule entité dotée de l'autorité de
légiférer des décrets et d'instituer des coutumes qui sont
contraignants sur l'ensemble du peuple d'Israël et des Noahides.7
Seule
la forme de la Tôroh Orale qui fut fidèlement transmise à travers
ces tribunaux jusqu'au dernier Sanhédhrin qui a siégé à Tibèriade
est valable et obligatoire. La littérature talmudique (composée des
écrits légaux des Tanno`im et des `ammôro`im) est le récipient
final des traditions légales du dernier Sanhédhrin, qui fut
démantelé en 429 de l'ère courante par l'empereur Romain Théodose
II. Bien qu'il y ait des traditions toraniques et des explications
orales qui se sont perdues avec le temps, la Tôroh Orale de Môshah
est en notre possession et est restée intacte dans son écrasante
majorité.
Comment
la littérature talmudique peut-elle jouir d'une telle autorité,
alors que son produit final et faisant le plus autorité, à savoir,
le Talmoudh Bavli, fut codifié par un Béth Din post-Sanhédrique
situé en-dehors de la Palestine, plus d'un siècle après que le
dernier Sanhédhrin fut démantelé ?
Le
seul Béth Din post-Sanhédrique dont l'autorité législative était
universellement reconnue fut l'unique Béth Din de Rov `ashi ז״ל
et
Ravino` ז״ל
à
Babylone. Après que le Sanhédhrin de Tibèriade fut aboli, des
divergences naquirent concernant d'anciennes traditions légales
préservées à Babylone, les Baraytôth, qui semblaient contredira
la Mishnoh, ainsi que des décisions mishnaïques dont le sens était
devenu obscur. La Halokhoh reçut donc une re-codification par le
Béth Din de Rov `ashi, à savoir, le Talmoudh Bavli. Bien qu'il
inclut de nouveaux décrets et coutumes qui ne furent pas institués
par un Sanhédhrin, il est néanmoins considéré comme la source
écrite finale et faisant le plus autorité, à partir de laquelle la
Halokhoh est déterminée.
Néanmoins,
comme cela fut très bien compris par les plus grands Pôsqim
post-talmudiques, même les Sages de Babylone n'avaient pas le
pouvoir de contredire les traditions légales et contraignantes
établies en Palestine. De ce fait, leurs nouveaux décrets ne sont
pas aussi contraignants que ceux du Sanhédhrin, et ils n'avaient
pour unique but que de servir de sauvegarde à la Halokhoh. Leur
autorité est uniquement basée sur leur capacité unique à
déterminer et officiellement codifier ce qu'était la loi
originelle, et le fait que leurs décisions furent acceptées par la
majorité du peuple d'Israël, ce qu'aucun autre Béth Din ne pouvait
se prévaloir.
- Principe #3 : Les nouvelles lois & coutumes rabbiniques qui se sont développées en l'absence d'un Sanhédhrin ne sont pas contraignantes
Plus
de 1500 ans sont passés sans la moindre autorité légale,
contraignante et universellement reconnue sur le peuple d'Israël.
Les temps changeant, il aurait pu être tentant de reconsidérer la
raison des lois, et réinterpréter les sources écrites d'une
manière contraire à la Halokhoh telle qu'elle fut instituée. De
nouveaux décrets rabbiniques auraient pu semblé nécessaires sur
base des problèmes des temps. Cependant, étant donné que la
législation post-talmudique s'est faite sans l'autorité requise,
elle n'a pas le statut de Halokhoh. En l'absence d'un Sanhédhrin,
les nouvelles décisions et coutumes rabbiniques n'obligent pas
l'ensemble du peuple d'Israël (excepté dans des domaines
spécifiques et très limités où la Halokhoh elle-même dit
explicitement qu'il faut suivre la coutume locale).8
Peu importe les raisons invoquées pour justifier cette loi, cela ne
peut interférer avec la pratique de la Halokhoh telle que codifiée
par nos Sages de mémoire bénie.
Au
fur et à mesure des siècles, il est naturel que certaines coutumes
se soient développées et répandues parmi les masses des Juifs
religieux, même lorqu'elles contredisent la Halokhoh. Puisque les
décisions rabbiniques modernes ne peuvent entrer en conflit avec la
loi talmudique, une coutume populaire n'a pas l'autorité de
contredire la Halokhoh9,
même si elle est en accord avec l'opinion majoritaire des dirigeants
religieux de cette époque. (La règle selon laquelle nous devons
suivre l'opinion de la majorité dans les questions relatives à la
Tôroh ne s'applique que dans le contexte du Sanhédhrin.)
Il
y a une opinion très répandue selon laquelle ce qui vient d'être
dit ne s'appliquerait qu'aux coutumes populaires qui sont plus
indulgentes que la Halokhoh, tandis que celles qui sont plus strictes
ou ajoute à la Halokhoh authentique seraient obligatoires. Nous
rejetons cette position, car il a été interdit par la Tôroh
d'ajouter quoique ce soit à ce qui nous a été donné. Et
concernant les coutumes plus indulgentes que la Halokhoh elle-même,
il n'y a même pas de doute sur le fait qu'elles doivent être
rejetées.10
En
résumé,n sans un Sanhédhrin, la loi talmudique est scellée. Ce
que les Sages talmudiques ont décrété et rapporté dans la
littérature talmudique est légalement contraignant, même si la
raison du décret n'existe plus.11
De même, s'ils n'ont rapporté aucune décision sur un cas
particulier, c'est qu'aucune décision n'existe ; il n'y a pas
de Halokhoh dans un tel cas. (Chacun agira alors selon ce qui lui
semble le plus judicieux et conforme à l'esprit de la loi.)
- Principe #4 : La Halokhoh & la `aggodhoh
Tout
comme la Tôroh Écrite contient à la fois des Miswôth et
des histoires, la littérature talmudique contient à la fois de la
Halokhoh et de la `aggodhoh (que l'on appelle également
« Midhrosh »). Certaines écoles insistent sur la
compréhension littérale et absolue de tous les récits bibliques et
`aggodhôth talmudiques, et une interprétation figurée de la
Halokhoh pratique. Mais nous, nous aspirons à les comprendre suivant
l'esprit dans lequel ils furent originellement écrits : la
Halokhoh suivant son sens simple et littéral, et les `aggodhôth
suivant leur sens figuré, de façon à ce qu'elles ne contredisent
ni la Halokhoh ni la raison.
En
fait, d'après la tradition séfarade authentique et originelle
(c'est-à-dire avant que la « Qabboloh » ne soit acceptée
dans les milieux séfarades), on ne doit croire que dans les
Midhroshim qui sont rationnels et ont du sens.12
Bien que le Mishnéh Tôroh ne rapporte que quelques traditions
mishnaïques comme étant des faits historiques, le Ramba''m ז״ל
nous
exhorte à garder nos distances d'avec les Midhroshim qui concernent
la Fin des Jours et l'ère messianique.13
Cet avertissement fut également énoncé par le Ramba''n ז״ל,
lors de sa fameuse disputation de Barcelone, lorsqu'il a rappelé que
les Juifs n'avaient aucune obligation de croire dans les Midhroshim,
plus particulièrement s'agissant de ceux relatifs à la Fin des
Jours et l'ère messianique.
De
même, concernant les récits bibliques dont la compréhension
littérale semble contredire la raison et la science, tout en croyant
à 100% dans le texte, nous devons soit tenter de l'expliquer
conformément à la raison et à la science, soit admettre que la
vérité est un mystère qui dépasse notre compréhension. Mais en
aucun cas le texte de la Tôroh est fautif !
- Principe #5 : Quand être strict et quand être indulgent
Chaque
fois qu'il y a un doute concernant une question de Halokhoh (par
exemple, lorsque le texte n'est pas clair ou qu'il existe des
opinions divergentes entre deux sources fiables), on doit toujours
être strict lorsqu'il s'agit d'une Miswoh biblique, et
indulgent lorsqu'il s'agit d'une loi rabbinique.14
- Principe #6 : La raison réelle des souffrances juives à travers les siècles, et l'échec des dirigeants religieux
Les
terribles souffrances qu'a subi le peuple d'Israël à travers les
siècles sont le résultat direct de notre réticence à observer la
Halokhoh correctement et avec l'attitude appropriée en tant que
nation.15
Les Gôyim ne sont pas à blâmer pour nos souffrances terribles.
Tout
le poids de nos souffrances retombe sur les épaules des dirigeants
religieux. Plutôt que d'usurper l'autorité d'innover de nouvelles
coutumes ou réinterpréter la Halokhoh, les rabbins post-talmudiques
ont la responsabilité de servir de modèles du comportement
halakhique désirable, d'enseigner et montrer comment la Halokhoh
authentique s'applique à leur génération, et faire appliquer la
Tôroh au maximum de leur capacité, en réprimandant, si nécessaire,
les gens lorsqu'ils s'égarent. Ils ont également la responsabilité
de guider les Israélites vers l'accomplissement de l'entièreté de
l'alliance.
L'échec
des autorités religieuses à guider correctement le peuple est
principalement enraciné dans trois problèmes :
- Un échec à éduquer les masses ignorantes de Juifs dans la Halokhoh pratique. Au lieu de cela, ils placent un accent exagéré sur la spiritualité, qui est largement perçue alors comme étant distincte de la loi juive, et l'étude de la mystique. Une telle insistance sur la théologie plutôt que l'action concrète et pratique est l'opposée de l'approche authentique de la Tôroh. En outre, voir la Tôroh Orale à travers le prisme de concepts spirituels définis d'une manière pathétique et une interprétation simpliste des enseignements mystiques mène à la distorsion et transgression répandue de points centraux de la Halokhoh.
- Dans le système classique des Yashivôth, en particulier dans les milieux ultra-Orthodoxes, l'analyse critique et pratique de la lettre de la loi à partir des sources fondamentales de la Tôroh Orale est découragée, voire quasiment interdite. Bien au contraire, la majorité des autorités rabbiniques actuelles sont entraînées à étudier le Talmoudh à des fins purement intellectuelles et académiques, déconnectées de la vraie Halokhoh telle qu'elle doit être appliquée, puisqu'elles soutiennent que la pratique est déterminée par l'opinion majoritaire des rabbins vivants, et ceux décédés récemment. Le résultat est une rigidité chaque fois plus forte dans la pratique religieuse, et l'invention de coutumes et pratiques qui contredisent fréquemment les décisions des anciens titulaires de la Tôroh Orale.
- Une approche étroite de la Halokhoh qui n'aborde pas l'ensemble de la Tôroh. Or, comme cela a été dit plus haut, agir comme si la moindre partie de la Tôroh ne s'appliquerait plus ou ne serait plus contraignante équivaut à violer l’alliance.
- Principe #7 : La meilleure façon et la plus pratique d'étudier et appliquer l'entièreté de la Halokhoh : la Bible et le Mishnéh Tôroh
La
meilleure façon d'étudier, de pratiquer et enseigner la Halokhoh à
notre époque consiste à étudier le Mishnéh Tôroh avec le
TaNa''Kh, sous la guidance et la discipline d'un enseignant
compétent.16
C'est le seul ouvrage de loi juive qui traite de l'intégralité de
la Tôroh, et écrit d'une façon claire, concise et pratique pour
chaque génération. Il fut rédigé afin que la Halokhoh soit
accessible à tous les Israélites, et pas seulement l'élite, de
sorte que même les gens simples, les femmes et les enfants puissent
savoir pratiquer leur foi de la manière la plus authentique
possible. En outre, c'est le seul condensé compréhensible de
l'entièreté de la littérature talmudique.
Théoriquement,
l'entièreté de la Halokhoh peut être apprise complètement,
pratiquée avec succès et enseignée directement à partir des
sources écrites : la Bible et la somme totale de la littérature
talmudique (Mishnoh, Tôsafto`, Makhilto`, Sifro`, Sifré, Talmoudh
Yarousholmi et Talmoudh Bavli). Mais au niveau pratique, c'est très
compliqué. De nombreuses années d'étude intensive sont requises
pour maîtriser cette vaste littérature. L'ouvrage faisant le plus
autorité, le Bavli, est rédigé dans un dialecte araméen très
difficile mélangé à d'autres langues.17
En outre, plusieurs des textes de la littérature talmudique
accessibles à notre époque sont des versions censurées et pas
totalement exacts. Nous n'avons plus également la tradition requise
pour identifier les conclusions non contraignantes ajoutées dans le
Talmoudh-même par des rabbins post-talmudiques. Nous n'avons guère
la capacité de faire la distinction avec précision entre les
traditions légales authentiques reçues par les Ga`ônim qui ne
furent pas inclues dans le Talmoudh et leurs conclusions non
contraignantes. Le Ramba''m, l'un des plus grands maîtres du
Talmoudh à avoir existé, et qui , avec d'autres, avaient accès aux
manuscrits originaux, fut un un chercheur critique, qui parvint à
réaliser tout cela.
Nous
ne devons pas nous bercer d'illusions en prétendant que le Mishnéh
Tôroh est infaillible. Il contient effectivement une très petite
quantité de décisions légales qui peuvent difficilement être
connectées au Talmoudh ou qui en dévient légèrement (mais chaque
fois que cela est le cas, le Ramba''m a l'honnêteté intellectuelle
de le dire ou le faire comprendre). En outre, au vue de l'avancée de
la science et de la médecine ces 800 dernières années, nous ne
pouvons cacher le fait que les Hilkôth Yasôdhé Hattôroh et les
Hilkôth Dé´ôth contiennent quelques croyances et concepts erronés
(mais qui n'ont aucune incidence halakhique, puisque dans les Hilkôth
Yasôdhé Hattôroh, lorsqu'il traite de la science le Ramba''m admet
clairement qu'il s'est appuyé sur les connaissances de son époque
et les recherches des Grecs, et non pas le Talmoudh. De même, dans
les Hilkôth Dé´ôth, lorsqu'il parle de médecine et de santé, il
s'appuyait là encore, non pas sur la Halokhoh, mais les
connaissances de son temps et certains conseils personnels. De ce
fait, les erreurs contenues dans ces deux parties du Mishnéh Tôroh
ne sont d'aucune conséquence halakhique). Enfin, il existe pour
certaines lois des interprétations alternatives avancées par
d'autres Ri`shônim, qui sont tout à fait valables, quoique
différentes de l'approche du Ramba''m.
Tout
cela étant dit, rien de cela ne contredit le fait que le Mishnéh
Tôroh préserve, dans son écrasante majorité, la compréhension
authentique la plus fiable de la littérature talmudique.
C'est
pourquoi, plus qu'aucun autre ouvrage, le Mishnéh Tôroh du Ramba''m
est la base commune entre toutes les différentes branches du
Judaïsme moderne, qui est profondément divisé ; Safaradhim,
`ashkanazim, Hasidhim, Litvaqim, Modern Orthodox et Religieux
Nationalistes. On peut affirmer que ceux qui marchent dans les droits
sentiers du Mishnéh Tôroh sont les plus grands pionniers de l'unité
juive et la rédemption finale, car ce sont eux qui construisent la
seule base halakhique commune et vraie que tous les Juifs religieux
peuvent reconnaître.
Le
Mishnéh Tôroh est également le code halakhique le plus
compréhensible et facile à maîtriser dans son intégralité, ayant
été rédigé dans un Hébreu clair et simple qui ne demande pas
beaucoup de temps à apprendre. Normalement, les gens en bonne santé
et sérieux, sous la tutelle et la guidance d'un Talmidh Hokhom,
ont la capacité de maîtriser l'entièreté de la Halokhoh, en
utilisant uniquement la Bible et le Mishnéh Tôroh, sans aucune
autre source, même sans avoir été à la Yashivoh. Là encore,
c'est le but-même pour lequel ce livre fut composé.
- Principe #8 : Comment correctement s'adonner à l'étude de la Tôroh en tant que Juifs ou Noahides
Étudier
la Tôroh ne doit être fait qu'avec l'intention de mettre en
pratique ce que l'on apprend. Il n'existe pas de commandement
d'étudier la Tôroh juste pour s'acquitter de son devoir d'étudier
ou en guise d'exercice intellectuel.18
Si ce n'est pas pour la mise en pratique et le raffinement de nos
personnes, cela n'a pas d'intérêt.19
De même, les opinions des pseudos « Gadhôlé Yisro`él »,
qui ne s'appuient sur la littérature talmudique et le Mishnéh Tôroh
qu'à un niveau purement théorique, ne peuvent être comparées à
celles des Talmidhé Hakhomim qui vivent littéralement par
l'autorité de ce qui est écrit dans ces sources. Ces derniers sont
de loin plus fiables que les premiers, quand bien même ils feraient
partie de la minorité.
Bien
que cette approche soit moins fréquente aujourd'hui, cette étude et
mise en pratique pure de la Halokhoh directement à partir des
sources d'origine, sans passer par les rabbins, n'est pas une
invention ou théorie moderne. Ça a été la tradition authentique
des Juifs yéménites depuis des siècles, telle qu'elle a été
transmise à l'ancien Grand Rabbin du Yémen, Horov Yahya`
Qappa`h ז״ל,
et son petit-fils, Horov Yôséf Qappa`h ז״ל,
d'éminents Talmidhé Hakhomim en leurs générations
respectives. Les porteurs de torche qui poursuivent cette tradition
n'incluent pas seulement les fidèles disciples du Rov Qappa`h depuis
de nombreuses années, mais également des disciples indépendants et
sérieux du Ramba''m et du Talmoudh, aussi bien Yéménites (Dôr
Da´im) que non Yéménites (Talmidhé HaRamba''m). Nous pouvons
également inclure ceux qui ont rejeté depuis ses origines la
Qabboloh et continuent à faire vivre la vieille école de la
tradition andalouse (les Juifs de rite Hispano-Portugais). La même
approche générale vis-à-vis de l'étude de la Tôroh se poursuit
également en-dehors du cercle des discipels du Ramba''m, notamment
parmi les disciples sérieux du Go`ôn de Wilno`, que l'on appelle
les Litta`im (à ne pas confondre avec « Litvaqim »).
Quant
aux Gôyim, il leur est rabbiniquement interdit d'étudier en
profondeur l'entièreté de la Tôroh comme un Juif. Bien qu'ils
puissent avoir une familiarité générale avec toute la Tôroh, ils
ne peuvent pas creuser en profondeur les sujets qui sortent du cadre
des Lois Noahides et responsabilités des Nations.20
Néanmoins,
cela laisse toutefois la Tôroh Écrite (la Bible) librement
accessible aux Gôyim, ainsi qu'une grande partie du Mishnéh Tôroh,
puisque de nombreuses Halokhôth sont inclues dans le domaine des
Lois Noahides. En outre, comme le déclare le Ramba''m, une
fois qu'un Noahide maîtrise les Lois Noahides, il lui est
permis d'étudier et appliquer n'importe lesquelles des Miswôth
de la Tôroh, dès lors qu'il prend soin de les appliquer
conformément à tous les détails de la Halokhoh, et non pas à sa
façon.21
Puisque la majorité des Juifs actuels ne suivent pas la Halokhoh
authentique de nos Sages, et éloignent à tour prix les Noahides
de l'accomplissement de la Tôroh, cela implique que de tels Noahides
ne devraient étudier la Halokhoh qu'auprès des personnes
appartenant aux groupes susmentionnés (Talmidhé HaRamba''m, Dôr
Da´im, Litta`im, etc.)
Ce
qui doit être considéré comme étant hors-limites pour un
non-Juif, même Noahide, est la Tôroh Orale, à savoir,
l'étude des ouvrages des Sages d'antan : la Mishnoh, la
Tôsafto`, le Sifro`, le Sifré, la Makhilto`, les Midhroshim et les
deux Talmoudhim, qui sont même troublants pour des Juifs (comme cela
a été expliqué dans le Principe #7). Si tel est le cas pour
les ouvrages halakhiques authentiques de nos Sages, à combien plus
forte raison pour des ouvrages de la Qabboloh comme le Zôhar.
- Principe #9 : Assumer la responsabilité pour sa propre étude de la Tôroh, et le rôle de son rabbin
La
seule alternative au fait d'étudier seul consiste à se choisir un
guide halakhique, comme par exemple un rabbin, afin de dicter sa
façon de pratiquer la Halokhoh. Mais suivre une telle personne
n'exempte pas le disciple des erreurs de son rabbin. Chaque Juif est
personnellement responsable d'une pratique correcte de la Halokhoh,
et est punissable pour ses erreurs, même celles qu'il a apprises de
son rabbin s'il les suit aveuglément.22
Pour l'élève sérieux, même le plus grand des rabbins reste une
alternative pauvre au fait d'assumer soi-même la responsabilité de
son étude.
Néanmoins,
bien que l'étude indépendante soit!importante, la guidée
d'enseignants réellement compétents est cruciale. À l'inverse des
ouvrages rabbiniques récents, les ouvrages de nos Sages de mémoire
bénie furent rédigés afin d'être lus dans leur intégralité, et
compris dans le contexte de l'ensemble du texte. Le Mishnéh Tôroh
doit être bien lu, à plusieurs reprises dans son intégralité, de
préférence mémorisé, afin d'atteindre la compréhension la plus
exacte et précise de n'importe quelle partie de la Halokhoh. Tant
que quelqu'un n'a pas complété le texte plusieurs fois, et ne l'a
pas maîtrisé, il doit recevoir la guidée d'un enseignant qui, lui,
l'a lu à plusieurs reprises et le maîtrise.
De
plus, il est une chose de comprendre la Halokhoh, mais une autre de
savoir comment l'appliquer dans la vraie vie. C'est pourquoi, au-delà
de la connaissance du texte en lui-même, on doit se choisir un Rov
(maître), un Talmidh Hokhom (érudit), ou un Môréh
(enseignant) sur la base de ses nobles traits de caractère et
expérience de la vie.
- Principe #10 : Accomplir les Miswôth dans un esprit de joie, contentement de cœur et humilité
Une
mise en pratique précise et correcte de la Halokhoh ne doit pas se
faire machinalement, sans sentiment (comme un robot), ni dans un
esprit morose ou mélancolique, et encore moins avec arrogance ou un
air de supériorité vis-à-vis des Juifs égarés. Plutôt, les
Miswôth doivent être pratiquées dans un esprit de joie23,
et d'une manière qui influence sa propre personnalité, afin de les
accomplir dans un esprit de contentement de cœur sincère.
Par
conséquent, dans la tradition des Talmidhé HaRamba''m et ceux qui
suivent les Sages, l'étude de la Tôroh et la ´avôdhath HaShem
(service Divin) ne sont possibles que dans un esprit d'humilité.
L'étude honnête de la Tôroh peut amener quelqu'un à se lever
contre les pratiques juives modernes. À moins d'y prendre garde,
cela pourrait l'amener à regarder ses coreligionnaires de haut, à
Dieu ne plaise. Au contraire, l'approche des Talmidhé HaRamba''m
développe l'indulgence envers les masses égarés par
l'establishment rabbinique moderne, dont le comportement et les
Houmrôth injustifiées sont les raisons même pour lesquelles
de nombreux Juifs sont réticents à être pratiquants. Ainsi, plutôt
que mépriser ces Juifs, le Talmidh HaRamba''m va vers eux et les
éduque avec patience, amour et calme, de façon à les ramener
progressivement vers le droit chemin et leur faire appliquer au moins
le minimum requis par la Halokhoh.24
Quiconque rejoint cette tradition juste pour faire différemment des
autres, dans un esprit de rébellion contre la majorité, ou pour des
motifs autres que la seule volonté de servir HaShem correctement,
est une source d'ennui pour lui-même et les autres, plutôt qu'une
bénédiction.
De
plus, il n'y a absolument aucune permission ou raison de regarder de
haut et mépriser le moindre Juif, qu'il soit `ashkanazi, Safaradhi,
Hosidh, Harédhi, Modern Orthodox, etc. Nous devons
combattre les idées, pas les personnes ! Comprendre cela, et
devenir à nouveau une nation sous la bannière de Dieu, est la clef
non seulement de notre rédemption finale, mais de notre survie
également.
En
fait, nos Sages ne nous permit de regarder de haut ou mépriser
personne, même un Gôy, car il n'existe personne ou aucune création
dans ce monde qui n'ait son temps ou son importance.25
Et pour reprendre les propres paroles du Ramba''m, « Quiconque
pénètre dans ce monde » peut devenir « le saint des
saints » à travers la Tôroh.26
Même un Gôy peut recevoir l'Esprit Saint ou la prophétie.27
En
raison de ce potentiel incroyable que possède chaque être humain,
nous devons aimer toute l'humanité et la rapprocher de la Tôroh,
comme nous l'a enseigné Hillél l'Ancien ז״ל.28
Ce
sont là dix points essentiels et caractéristiques de notre
approche, en tant que Talmidhé HaRamba''m.
1Voir,
par exemple, Wayyiqro` 3:17, Davorim 4:2, 29:28, etc.
3Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Tashouvoh 3:17
4Voir
Qôhalath 12:13
5Voir
Wayyiqro` 26:15, Davorim Chapitre 11
6Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Sanhédhrin Chapitre 1, Hilkôth Mamrim Chapitre 1,
sur la base de Davorim 11:16 et 16:18
7Hilkôth
Mamrim Chapitre 1, sur la base de Davorim 17:8-13
8Voir
l'Introduction
du Ramba''m au Mishnéh Tôroh, aux points 32 à 35,
ainsi que les Hilkôth Gazéloh Wa`avédhoh 5:10-18
9Pour
comprendre la gravité d'une telle chose, voir le commentaire du
Safôrnô sur Davorim 28:14
10Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Shavithath ´osôr 3:3
11Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Mamrim 2:2
12Voir
le « Kalalé Hattalmoudh », par Rabbénou Shamou`él
Halléwi ibn Yôséf Hannoghidh (993-1056
13Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Malokhim Oumilhomôth 12:5
14Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Mamrim 1:9
15Davorim
28:47 ; Mishnoh, ovôth 5:7
16Dans
son Introduction
au Mishnéh Tôroh, au point 42, le Ramba''m est
clair sur le fait qu'aucun autre livre ne doit être utilisé entre
le TaNa''Kh et le Mishnéh Tôroh afin de déterminer la Halokhoh.
'Excepté la Mishnoh, comme il l'explique dans la lettre qu'il
rédigea à son plus éminent disciple, Rov Yôséf ban Rov
Yahoudhoh.)
17Tout
ce qui est dit dans ce Principe #7 a été expliqué par le Ramba''m
dans son Introduction
au Mishnéh Tôroh
18Voir
l'article intitulé « Exposer les fausses notions :
Étudier
la Tôroh Lishmoh »
19Mishnoh,
`ovôth 1:7
20Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Malokhim 10:11
21Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Malokhim 10:13
22C'est
le principe essentiel des Hilkôth Shaghoghôth, et cela fut
souligné à maintes reprises par le Rov Yôséf Qappa`h
23Davorim
28:47
24Voir
notamment l'article intitulé « Indulgence
et bon sens »
25Mishnoh,
`ovôth 4:3
26Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Shamittoh Wayôvél 13:11
27Yalqout
Shim ôni, Shôftim 42, Chapitre 4, sur base du Midhrosh
Tanhoumo`. Nous l'avions rapporté notamment dans l'article
intitulé « Une
femme peut-elle enseigner la Tôroh ? »
28Mishnoh,
`ovôth 1:12