mercredi 17 février 2016

La réincarnation

ב״ה

Exposer les fausses notions

La réincarnation


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Certains rabbins ont avancé comme thèse que les Juifs morts durant la Seconde Guerre Mondiale étaient les âmes réincarnées de pécheurs qui étaient expiés, et qu'ils payaient donc pour les péchés commis dans une autre vie antérieure.

Commençons par dire que tout concept toranique doit, par définition, être basé sur le rationnel. Puisque tous les concepts toraniques émanent de Dieu, toute Sa sagesse est vraie et doit suivre la raison. Lorsque Horov Sa´adhyoh Go`ôn ז״ל a décrit la réincarnation comme étant une absurdité, il s'est également attelé à une analyse minutieuse de cette théorie, et a fait apparaître au grand jour ses faux fondements. (Voir son ouvrage, « Ho`amounôth Wahadda´ôth »1.)

Contrairement à de nombreux Juifs d'aujourd'hui, Horov Sa´adhyoh Go`ôn n'a pas dit qu'étant donné qu'un rabbin respectable soutenait une telle opinion, c'est qu'on n'avait pas le droit de s'y opposer. Aucun d'ailleurs de nos Sages, Ga`ônim et Ri`shônim ne « suivaient le leader ». Ils suivaient plutôt la raison et les conclusions atteintes par leur propre raisonnement. C'est-à-dire que de nombreux disciples n'avaient pas nécessairement la même opinion que leurs maîtres, comme par exemple le Ramba''m ז״ל qui différait parfois du Ri''f, ou encore Rabbénou `avrohom ז״ל qui, sur certains sujets, différait de son propre père le Ramba''m. C'est ainsi que le Talmoudh2 rapporte une divergence d'opinion entre ´oullo` ז״ל et Rov Nahmon ז״ל. Le premier rapporta une opinion au nom de Rébbi Yôhonon ז״ל. Entendant cela, le deuxième lui répondit : האלהים אם אמר לי רבי יוחנן מפומיה לא צייתנא ליה « Par Dieu ! Même si Rébbi Yôhonon me l'avait dit de sa propre bouche, je ne l'aurais pas accepté ! ». Un peu plus loin, toujours sur la même page, le Talmoudh rapporte cette fois-ci une divergence d'opinion entre Rov `ôsha´yo` ז״ל et Rov `ammi. Le premier lui rapporta une opinion que ne soutenait pas le deuxième, qui lui répondit : האלהים אי אמר לי יהושע בן נון משמיה לא צייתנא ליה « Par Dieu ! Même si Yahôshoua´ bin Noun me l'avait dit de sa propre bouche, je en l'aurais pas accepté ! ». Il n'y a jamais eu une doctrine dans le Judaïsme soutenant que puisque tel ou tel éminent rabbin a avancé telle ou telle opinion, nous devons l'accepter et ne pas s'y opposer. Ce passage talmudique nous enseigne que la réputation d'Untel ou d'Untel n'est d'aucune importance pour décider de la vérité. Nous ne suivons pas une « autorité », même s'il s'agit de quelqu'un qui a étudié directement sous la supervision de Môshah Rabbénou ע״ה, comme Yahôshoua´ bin Noun ע״ה. Que suivons-nous donc ? La raison ! Lorsqu'on suit quelque opinion que ce soit, sa propre opinion doit être basée sur la raison et une argumentation claire et bien pensée. « Suivre le leader » n'est d'aucune utilité, ni d'aucun mérite pour le suiveur, puisque sa faculté de raisonnement est absente dans la sélection des actes qu'il fera. Il est comparable à un perroquet qui imite l'homme par pur instinct. Tout comme le perroquet ne peut être loué pour ses actes d'imitation, puisqu'ils ne sont pas le résultat d'une analyse et d'une intelligence, de même, le suiveur dans notre exemple n'a aucun crédit à son actif pour son mimétisme.

Quel serait l'argument de ces rabbins concernant les habitants de Sodome ? Oseraient-ils dire que Sodome fut également sacrifiée pour les péchés de générations précédentes ? La parole de Dieu ne dit pas une telle chose. Au contraire, Dieu a plutôt dit3 : וְחַטָּאתָם--כִּי כָבְדָה, מְאֹד « et leur péché est excessivement grand ». Et si ces rabbins en arrivaient en croire qu'il en est réellement ainsi, que les Juifs de la Seconde Guerre Mondiale furent créés par Dieu pour rectifier les péchés de générations antérieures à la leur, peut-être que les pécheurs d'origine étaient eux-mêmes en réalité uniquement des âmes réincarnées d'une génération encore plus antérieure. Donc, pourquoi supposer que les générations antérieures pour lesquelles les Juifs seraient morts durant la Seconde Guerre Mondiale étaient celles des pécheurs originels ? Comme vous le voyez, cet argument ouvre la porte à la possibilité d'innombrables générations n'ayant pas vécu pour elles-mêmes, mais pour des générations quasiment infinies avant les leurs pour rectifier leur mal en bien ! Cela soutiendrait également que le nombre de Juifs morts durant la Seconde Guerre Mondiale était exactement le même que celui des pécheurs originels ! Sur base de quoi peuvent-ils avancer de telles foutaises ? Diraient-ils que les générations de Sodome, du Déluge ou encore des Israélites dans le désert payaient aussi pour les péchés d'une génération antérieure ? Qu'est-ce qui empêche Dieu de punir un pécheur durant sa « première » vie ? Pourquoi Dieu doit-il le punir dans une vie ultérieure ? Cela n'a aucun sens, et c'est même une perversion de la justice Divine !

Qu'enseigne la Tôroh ? Les paroles de Dieu sont :

Davorim 24:16
Les pères ne doivent pas être mis à mort pour les enfants, ni les enfants pour les pères: on ne sera mis à mort que pour son propre péché.
לֹא-יוּמְתוּ אָבוֹת עַל-בָּנִים, וּבָנִים לֹא-יוּמְתוּ עַל-אָבוֹת: אִישׁ בְּחֶטְאוֹ, יוּמָתוּ

Yirmayohou 31:28-29
En ces jours, on ne dira plus: "Les pères ont mangé du verjus et les dents des enfants en sont agacées." Mais chacun périra pour ses propres fautes: tout homme qui mangera du verjus en aura, lui, les dents agacées.
בַּיָּמִים הָהֵם--לֹא-יֹאמְרוּ עוֹד, אָבוֹת אָכְלוּ בֹסֶר; וְשִׁנֵּי בָנִים, תִּקְהֶינָה. כִּי אִם-אִישׁ בַּעֲו‍ֹנוֹ, יָמוּת: כָּל-הָאָדָם הָאֹכֵל הַבֹּסֶר, תִּקְהֶינָה שִׁנָּיו

Yahazqé`l 18:20
C'est la personne qui pèche qui mourra: le fils ne portera pas la faute du père, ni le père la faute du fils; la justice du juste est imputable au juste, la méchanceté du méchant au méchant.
הַנֶּפֶשׁ הַחֹטֵאת, הִיא תָמוּת: בֵּן לֹא-יִשָּׂא בַּעֲו‍ֹן הָאָב, וְאָב לֹא יִשָּׂא בַּעֲו‍ֹן הַבֵּן--צִדְקַת הַצַּדִּיק עָלָיו תִּהְיֶה, וְרִשְׁעַת רשע (הָרָשָׁע) עָלָיו תִּהְיֶה

Souvent, nous entendons quelque chose au nom d'une éminente personne, mais cela ne doit pas être le critère pour suivre un concept. En tant qu'Israélites, nous menons des vies rationnelles, et nous n'aurions même suivi une Miswoh de la Tôroh si elle n'avait pas de sens, comme l'a déclaré le `ibn ´azro` ז״ל dans son commentaire sur la Parashath Yithrô. Le Judaïsme exige que chacun ait de la « connaissance » de ce qu'il fait et croit être vrai, dans tous les domaines. Comme l'a dit encore le `ibn ´azro` (toujours dans son commentaire sur la Parashath Yithrô) : « Si nous avions trouvé une Miswoh et qu'après avoir minutieusement étudié et consulté les Rabbins, nous n'avions trouvé aucun moyen de la comprendre et de l'accomplir, nous l'aurions abandonnée ! ».

Rajoutons également que la doctrine de la réincarnation pose un sérieux problème vis-à-vis d'un des treize principes de la foi israélites, à savoir, le principe fondamental de la récompense et punition Divine. Si quelqu'un a la capacité de devenir un autre être humain via la réincarnation, il contourne ainsi la punition qu'il aurait méritée pour ses propres actes. Cela déresponsabilise donc le pécheur (en fait, dans une discussion que j'ai eu récemment avec quelqu'un qui croit en cette doctrine de la réincarnation, il m'a dit que nous devrions faire preuve de beaucoup d'indulgence envers les pécheurs et les impies, car le fait que Dieu va les faire se réincarner pour qu'ils se corrigent est la preuve qu'on ne doit pas les juger). Puisqu'il a une autre chance, son péché d'origine ne nécessite pas obligatoirement d'être puni s'il parvient à le corriger dans sa « prochaine vie ». Il n'y a donc plus de punition pour un péché ; il peut essayer à nouveau en tant qu'âme nouvelle pour qui les compteurs sont remis à zéro. Mais Dieu n'a rien dit de toutes ces faussetés. Dieu a au contraire déclaré qu'il y a des punitions pour les actes corrompus et mauvais. Dieu n'a pas dit que vous pouvez essayer à nouveau dans une autre vie ! Au contraire, Il a dit que si vous deviez essayer à nouveau, c'était de votre vie, tant que vous n'étiez pas encore mort. C'est ainsi qu'Il dit4 :

Mais si le méchant revient de toutes les fautes qu'il a commises, qu'il observe toutes Mes lois, qu'il pratique le droit et la vertu, il vivra et ne mourra pas. Aucun des péchés qu'il a commis ne lui sera compté; grâce à la justice qu'il a pratiquée, il vivra. Est-ce que Je souhaite la mort du méchant, dit `adhônoy Dieu, ne préféré-Je pas qu'il revienne de sa conduite et qu'il vive? Et si le juste renonce à sa vertu et commet l'iniquité, et s'il fait des abominations pareilles à celles qu'a faites le méchant, vivra-t-il? On ne lui tiendra compte d'aucune des vertus qu'il a pratiquées; pour l'infidélité qu'il a commise et les péchés qu'il a fait, il mourra.
וְהָרָשָׁע, כִּי יָשׁוּב מִכָּל-חַטֹּאתָו אֲשֶׁר עָשָׂה, וְשָׁמַר אֶת-כָּל-חֻקוֹתַי, וְעָשָׂה מִשְׁפָּט וּצְדָקָה--חָיֹה יִחְיֶה, לֹא יָמוּת. כָּל-פְּשָׁעָיו אֲשֶׁר עָשָׂה, לֹא יִזָּכְרוּ לוֹ: בְּצִדְקָתוֹ אֲשֶׁר-עָשָׂה, יִחְיֶה. הֶחָפֹץ אֶחְפֹּץ מוֹת רָשָׁע, נְאֻם אֲדֹנָי יְהוִה: הֲלוֹא בְּשׁוּבוֹ מִדְּרָכָיו, וְחָיָה. וּבְשׁוּב צַדִּיק מִצִּדְקָתוֹ, וְעָשָׂה עָוֶל, כְּכֹל הַתּוֹעֵבוֹת אֲשֶׁר-עָשָׂה הָרָשָׁע יַעֲשֶׂה, וָחָי--כָּל-צִדְקֹתָו אֲשֶׁר-עָשָׂה לֹא תִזָּכַרְנָה, בְּמַעֲלוֹ אֲשֶׁר-מָעַל וּבְחַטָּאתוֹ אֲשֶׁר-חָטָא בָּם יָמוּת

De même, la Tôroh parle régulièrement de la sanction de ָרֵת « Koréth - retranchement », lorsqu'une âme est détruite après la mort parce que le pécheur n'aura pas fait Tashouvoh avant de mourir. Comment la Tôroh et nos Sages de mémoire bénie peuvent-ils enseigner que le Koréth existe si la réincarnation existe aussi ? Nous voyons là encore que la réincarnation est réfutée.

Devenir quelqu'un d'autre pose d'autres problèmes encore, puisque ceux qui croient en la réincarnation soutiennent que son but est de permettre qu'on corrige ses méfaits antérieurs. Mais la question à leur poser est celle-ci : Qui se souvient d'avoir été une autre personne d'une vie antérieure, de sorte qu'il puisse se rappeler ses péchés antérieurs afin de les corriger ? Personne n'admettrait une telle absurdité. On pourrait également demander : Combien de fois pourrait-on se réincarner ? Combien de « chances » nous sont données ? Si c'est un nombre de fois illimité (comme l'enseignent de nombreux adhérents à cette foutaise), il n'y a pas de Monde Futur, pas de récompense, ni de punition ! C'est clairement une doctrine anti-Tôroh !

Il existe des divergences sur de nombreuses questions de la pensée juive. Pour déterminer votre position, vous ne devez pas suivre « l'homme qui a la meilleure réputation ». Peut-être qu'après avoir accepté une opinion, quelqu'un tombera sur l'opinion d'un autre homme qui est encore plus éminent, et qui n'est pas d'accord avec le premier. Devra-t-il donc à présent abandonner la première opinion en faveur de la seconde, car cette dernière émane d'un rabbin plus éminent ? Cette méthode consistant à « suivre la réputation » est l'inverse de la recherche de la vérité. Une telle méthode ne prend pas non plus en compte la parole-même de Dieu (le TaNa''Kh), les enseignements de HaZa''l, et encore moins la raison qui nous a été donnée par Dieu. Cette méthode consistant à constamment passer d'une autorité acceptée à une autre est une réaction suscitée par la peur d'avoir tort. Mais si vous ne choisissez pas une opinion sur base du TaNa''Kh, de HaZa''l et de votre propre raisonnement, évidemment, vous n'aurez jamais ni tort ni raison. Vous ne serez qu'un mouton !

Pour que nos positions soient réellement les nôtres, et pour pouvoir user de notre libre-arbitre, nous devons choisir des positions philosophiques basées sur des principes raisonnés, et pas sur base des réputations.

1Page 259
2Houllin 124a
3Baré`shith 18:20

4Yahazqé l 18:21-24