ב״ה
Le
lavage des mains
Cet
article peut être téléchargé ici.
Aux
points 7 et 8 de l'article intitulé « Clarifications
sur les Birakhôth Hashahar », nous avions brièvement
parlé du lavage des mains. Suite à cela, la question suivante a été
posée :
Il existe de
très nombreuses coutumes divergentes sur la façon de se laver les
mains. Concrètement, et d'après le Talmoudh et le Ramba''m ז״ל,
comment devrions-nous appliquer cette Miswoh ?
C'est
une excellente question !
Tout
d'abord, commençons par rappeler qu'il n'existe que quatre moments
où il est halakhiquement requis de nous laver les mains, comme le
rappelle le Ramba''m ז״ל
dans
son Mishnéh Tôroh1 :
2.
Quiconque lave ses mains,
que ce soit pour manger, ou pour la récitation du Shama´, ou
pour la prière, bénit au préalable «...`ashar
Qiddashonou Bamiswôthow Wasiwwonou ´al Natilath
Yodhoyim », car ceci
est une Miswoh
des Sages et il nous a été ordonné par la Tôroh de les
écouter, car il est dit2 :
« Selon la Tôroh qu'ils t'instruiront, etc. ».
Quant aux Mayim `aharônim,
nous ne bénissons pas à leur propos, car elles ne furent
[instituées] qu'en raison du danger.
|
ב כָּל
הַנּוֹטֵל יָדָיו--בֵּין
לַאֲכִילָה,
בֵּין
לְקִרְיַת שְׁמַע,
בֵּין
לִתְפִלָּה--מְבָרֵךְ
בַּתְּחִלָּה,
אֲשֶׁר
קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְווֹתָיו וְצִוָּנוּ
עַל נְטִילַת יָדָיִם:
שֶׁזּוֹ
מִצְוַת חֲכָמִים הִיא שֶׁנִּצְטַוִּינוּ
בַּתּוֹרָה לִשְׁמֹעַ מֵהֶן,
שֶׁנֶּאֱמָר
"עַל-פִּי
הַתּוֹרָה אֲשֶׁר יוֹרוּךָ".
וּמַיִם
אַחֲרוֹנִים--אֵין
מְבָרְכִין עֲלֵיהֶן,
שְׁאֵינָן
אֵלָא מִפְּנֵי הַסַּכָּנָה
|
Ces
quatre moments sont donc :
- pour la récitation du Shama´,
- pour faire la prière (les Shamônah ´asréh ou ´amidhoh),
- pour manger (du pain ou des aliments qui se trempent dans un liquide), et
- après avoir mangé (du pain ou des aliments qui se trempent dans un liquide).
Les
trois premières situations nécessitent qu'on fasse au
préalable la bénédiction de נְטִילַת
יָדָיִם « ´al
Natilath Yodhoyim », mais pas la dernière. Pourquoi ?
Puisque HaZa''l n'ont exigé les Mayim `aharônim qu'en
raison du danger, d'après le Ramba''m, et qu'ils ont institué comme
règle qu'aucune bénédiction ne doit être faite lorsqu'une Miswoh
ne fut instituée qu'en raison d'un danger, la bénédiction de « ´al
Natilath Yodhoyim » ne sera pas faite lorsqu'on se lavera les
mains pour réciter la Birakhath Hammozôn. De quel danger
parle-t-on ? Si quelqu'un a mangé avec les mains, des
particules de nourritures et de la saleté se collent évidemment à
ses doigts. Il pourrait en arriver à se frotter les yeux ou toucher
d'autres orifices de son corps avec des mains sales, ce qui pourrait
lui causer de sérieux problèmes, comme nuire à ses yeux. Pour
éviter ce danger, HaZa''l ont institué une obligation de
nous laver les mains après un repas, avant de procéder à la
Birakhath Hammozôn. (Mais voir notre commentaire sur le Chapitre 6
des Hilkôth Barokhôth, où nous rapportons l'explication du
Ra`ava''d ז״ל
et
de Rabbénou `avrohom ban HaRamba''m ז״ל,
qui diffèrent du Ramba''m quant à la raison de l'institution de la
Miswoh de Mayim `aharônim. Sur la base de cette
explication alternative, ils préconisent que la bénédiction de
« ´al Natilath Yodhoyim » soit également faite pour les
Mayim `aharônim, et telle est notre pratique.)
Le
lavage des mains conforme aux instructions de HaZa''l suit
quatre étapes, pour ainsi dire :
- Nous remplissons un Kali (récipient) d'eau, puis
- nous disons la bénédiction de « ´al Natilath Yodhoyim ».
Les
`ashkanazim ont la coutume de faire la bénédiction après s'être
lavé les mains, mais c'est une coutume erronée. D'après le
Talmoudh, toutes les bénédictions relatives aux Miswôth
(c'est-à-dire, qui contiennent la phrase אֲשֶׁר
קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְווֹתָיו וְצִוָּנוּ
« Qui
nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a enjoint »)
doivent toujours se faire avant d'accomplir la Miswoh. (C'est
pour cela, par exemple, que tous les Juifs, excepté les `ashkanazim,
font d'abord la bénédiction sur les bougies de Shabboth, et
seulement après ils les allument.) Nos Sages de mémoire bénie
disent qu'il n'existe qu'une seule exception à cette règle. Comme
le rapporte le Ramba''m3 :
La
seule Miswoh
pour laquelle la bénédiction est faite après l’accomplissement
est l’immersion du converti, car il ne peut pas dire :
« ...Qui nous a
sanctifié par Ses commandements et nous a enjoint »
puisqu’il n’est pas sanctifié et n’est pas [encore] enjoint
[d’observer les commandements], jusqu'à ce qu'il se soit
immergé. C’est pourquoi, il fait la bénédiction sur
l’immersion après s’être immergé, car il était au début
inapte et dans l’impossibilité de faire la bénédiction
|
אֵין
לָךְ מִצְוָה שֶׁמְּבָרְכִין עָלֶיהָ
אַחַר עֲשִׂיָּתָהּ לְעוֹלָם,
אֵלָא
טְבִילַת הַגֵּר בִּלְבָד--שְׁאֵינוּ
יָכוֹל לוֹמַר,
אֲשֶׁר
קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְווֹתָיו וְצִוָּנוּ,
שֶׁעֲדַיִן
לֹא נִתְקַדַּשׁ וְלֹא נִצְטַוָּה,
עַד
שֶׁיִּטְבֹּל;
לְפִיכָּךְ
אַחַר שֶׁיִּטְבֹּל,
מְבָרֵךְ
עַל הַטְּבִילָה,
מִפְּנֵי
שֶׁהָיָה דָּחוּי מֵעִיקָרוֹ,
וְלֹא
הָיָה רָאוּי לַבְּרָכָה
|
C'est
la seule exception à la règle ! Et c'est ce qui a été
institué par HaZa''l !4
- On verse ensuite l'eau sur les mains (une fois sur chaque main suffit, et l'ordre n'a pas d'importance).
Bien
que verser de l'eau une fois sur chaque main suffit, il est en fait
préférable que l'eau soit versée sur les deux mains simultanément
par quelqu'un d'autre, et pendant que l'eau est versée on se lave
littéralement les mains en les frottant (comme sur l'image
d'illustration de cette article, exactement comme on le ferait si on
se lavait les mains au robinet).
La
pratique moderne consistant à ce que chacun verse lui-même l'eau
sur ses propres mains n'est pas la pratique d'origine, ni même la
meilleure façon d'accomplir la Miswoh (en quoi verser
simplement de l'eau sur ses mains les lavent-elles ? En fait,
celui qui verse lui-même l'eau sur ses mains doit également les
frotter pendant que l'eau est versée, afin de les laver réellement),
bien que ce soit Koshér. Certains se font verser l'eau sur les mains
par leurs femmes, leurs enfants, ou des amis, et un maître se fait
verser l'eau sur ses mains par son élève. Et telle est la מִצְוָה
מִן הַמֻּבְחָר « Miswoh
Min Hammouvhor » (la meilleure façon d'accomplir la
Miswoh).
Signalons
au passage que nos Sages disent qu'un homme ne peut pas se faire
verser de l'eau sur les mains par une femme autre que son épouse ou
sa fille. Même une servante ne peut pas faire cela pour son maître.
- Levez les mains plus ou moins au niveau du visage avec les doigts tournés vers le haut, de sorte que l'eau ne revienne pas après avoir dépassé le poignet. (C'est en réalité une des raisons pour lesquelles la formule de la bénédiction est « ´al Natilath Yodhoyim », qui ne signifie pas réellement « concernant le lavage des mains », mais plutôt « concernant l'élévation des mains ».)
Après
ça, on s'essuie les mains !
C'est
ainsi que l'on doit se laver les mains pour les trois premières
ablutions. Par contre, pour les Mayim `aharônim, après que l'eau a
été versée et qu'on s'est lavé les mains, on doit tourner les
mains vers le bas, et non vers le haut, afin que la saleté et tout
l'effet du sel quittent la main.5
Signalons
que la pratique moderne consistant à verser trois fois de l'eau sur
les mains avant de manger du pain n'est basée sur aucune source
authentique du Judaïsme. Nos Sages (et le Ramba''m) ont indiqué que
verser une fois suffisait, et telle est notre pratique. Le Shoulhon
´oroukh prescrit de verser deux fois sur chaque main. Mais il n'y a
aucune base dans la Halokhoh pour préconiser de verser trois fois !
Les gens le font par simple habitude, ou parce qu'ils l'ont lu dans
tel ou tel livre, mais cette pratique est inconnue du Judaïsme
véritable !
Notez
enfin que dans la liste des lavages obligatoires, le lavage des mains
que font bon nombre de Juifs au matin (beaucoup immédiatement après
s'être réveillé) est aux abonnés absents. Cette pratique est
basée sur la « Qabboloh » et n'a rien à voir avec la
Halokhoh, comme nous l'avons déjà expliqué à maintes reprises.
1Hilkôth
Barokhôth 6:2
2Davorim
17:11
3Hilkôth
Barokhôth 11:7
4Voir
Talmoudh, Barokhôth 51a
5Voir
Hilkôth Barokhôth 6:17