dimanche 21 février 2016

Le Talmoudh fait-il réellement mention de la perruque ?

ב״ה

Exposer les fausses notions

Le Talmoudh fait-il réellement mention de la perruque ?


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Ce n'est pas un secret que nous sommes totalement opposés à la pratique qu'ont de nombreuses femmes « Orthodoxes » de « couvrir » leurs cheveux avec une perruque. Cette pratique est tellement insensée et contradictoire qu'il ne vaut même pas la peine de s'étendre sur les raisons pour lesquelles elle ne doit pas être suivie. N'importe qui d'intelligent comprendra que c'est une innovation et déviation flagrante du Judaïsme authentique, en dépit des justifications qu'avancent ses défenseurs.

L'une d'entre elles est particulièrement fallacieuse, et est fréquemment citée. Pour « démontrer » de l'antiquité du port de la perruque (que les yiddishisants appellent שייטל « sheitl ») au sein du peuple juif, ils prétendent qu'on en ferait déjà mention dans le Talmoudh lui-même. Or, ce n'est absolument pas le cas. Voici ce que dit la Mishnoh1 :

Une femme peut sortir avec une tresse de cheveux coupés, que ce soit les siens ou ‎ceux d'une autre femme, ou d'un animal, avec un fronteau, avec des ‎pendeloques lorsque ils sont cousus, et avec un bandeau ou un postiche ‎dans une cour.
יוֹצְאָה אִשָּׁה בְחוּטֵי שֵׂעָר, בֵּין מִשֶּׁלָּהּ בֵּין מִשֶּׁל חֲבֶרְתָּהּ בֵּין מִשֶּׁל בְּהֵמָה, וּבַטוֹטֶפֶת וּבַסַּנְבּוּטִין בִּזְמַן שֶׁהֵן תְּפוּרִין. בַּכָּבוּל וּבְפֵאָה נָכְרִית לֶחָצֵר

Le contexte de cette Mishnoh est la question suivante : avec quel artifice une femme a-t-elle le droit de sortir pendant le Shabboth ? Cette question fut posée par crainte qu'elle en arrive à retirer cet artifice de sa tête et la prendre en main dans le domaine public, transgressant ainsi une interdiction du Shabboth. Sur plusieurs Mishnoyôth, divers artifices sont mentionnés et déclarés permis ou interdits à Shabboth. Ici, la Mishnoh permet à une femme de sortir dans une cour en ayant sur sa tête une פֵאָה נָכְרִית « Pé`oh Nokhrith ». La formulation de la Mishnoh implique que cela lui est interdit dans l'espace public le Shabboth. C'est à partir de cette Mishnoh que certains en ont conclu que couvrir ses cheveux avec une perruque était permis, puisqu'ils interprètent l'expression « Pé`oh Nokhrith » comme se référant à ce qu'on appelle aujourd'hui une perruque. Cette interprétation est totalement erronée.

Premièrement, si l'expression « Pé`oh Nokhrith » désignait une perruque, les « Orthodoxes » qui permettent d'en porter devraient alors être logiques et ne permettre à leurs femmes de n'en porter une à Shabboth que lorsqu'elles sont dans une cour, et non dans l'espace public !

Deuxièmement, « Pé`oh Nokhrith » ne signifie absolument pas « perruque », mais désigne quelque chose de complètement différent. On peut avoir un aperçu de sa signification à partir du contexte lui-même et de l'étymologie de cette expression. « Pé`oh » signifie « coin » ou « extrémité » d'une chose. Donc, il faudrait demander à ces « Orthodoxes » pourquoi est-ce qu'une perruque serait appelée « Pé`oh » ! Cela n'a aucun sens ! Si une perruque est placée sur la tête, en quoi s'agit-il d'un « coin » ou d'une « extrémité » de quelque chose ? Quant au mot « Nokhrith », il signifie « étranger ». Littéralement, « Pé`oh Nokhrith » signifie donc « coin étranger » ou « extrémité étrangère ». De quoi peut-il bien s'agir ?

Comme l'explique très bien le Go`ôn de Wilno` ז״ל, dans son commentaire sur cette Mishnoh, une « Pé`oh Nokhrith » est ce qu'on appelle communément de nos jours « un postiche », qui est une mèche de faux cheveux que l'on attache à l'extrémité d'une étoffe, d'un tissu, ou de quelque autre matière, avec par exemple de la colle ou encore en la cousant. Les femmes Israélites les mettaient en-dessous de leur foulard afin que la mèche ressorte du foulard. En effet, les femmes avaient toujours les cheveux qui dépassaient de leur foulard ou voile, et telle a toujours été la norme, contrairement à ce qui est enseigné dans le Zôhar, qui insiste pour que l'intégralité des cheveux soient couverts. Jusqu'à aujourd'hui, la pratique normative consiste à laisser visibles certains de ses cheveux, et non de les couvrir intégralement. Mais si une femme souffrait, par exemple, d'une maladie ou d'une certaine condition qui fait qu'elle n'avait pas de cheveux ou trop peu, au point qu'en mettant son foulard ou voile aucun de ses cheveux n'en dépassait, et qu'elle n'était pas ravie de son apparence du fait que peu de ses cheveux dépassait du foulard ou du voile par rapport aux autres femmes qui en avaient beaucoup plus, elle avait recourt à un tel artifice et attachait une fausse mèche à une autre matière qu'elle plaçait sous son foulard ou voile en laissant dépasser la mèche, et cela donnait l'impression qu'il s'agissait de ses vrais cheveux, et elle ressemblait ainsi à n'importe laquelle des autres femmes. C'est là le sens d'une « Pé`oh Nokhrith ». Cela n'a donc rien à voir avec une perruque !

Signalons que contrairement au Zôhar, toutes les sources juives authentiques, depuis le Talmoudh jusqu'à la majorité des Ri`shônim, en passant par tous les Ga`ônim, ne voient aucun problème à ce qu'une femme révèle ses cheveux sous son foulard ou voile. Cela a été et reste la pratique majoritaire au sein du peuple juif. D'ailleurs, la Miswoh s'appelle ִיסוּי הָרֹאשׁ « Kisouy Horô`sh – couvrir la tête » et non « couvrir les cheveux ».



Quant à la première partie de notre Mishnoh, à savoir, יוֹצְאָה אִשָּׁה בְחוּטֵי שֵׂעָר, בֵּין מִשֶּׁלָּהּ בֵּין מִשֶּׁל חֲבֶרְתָּהּ בֵּין מִשֶּׁל בְּהֵמָה « Une femme peut sortir avec une tresse de cheveux coupés, que ce soit les siens ou ‎ceux d'une autre femme, ou d'un animal », on parle là d'une presse de cheveux dont elle se sert pour se coiffer, ou qu'elle a nouée pour en garnir son front. La Mishnoh mentionne ensuite un fronteau. Il s'agit d'un joyau dont les femmes s'ornaient le front, comme l'illustre la peinture suivante :


Quant aux pendeloques, il s'agit de petits bijoux qui se portent suspendus (à une chaîne, à un ruban, à un collier, à un bracelet, etc.), comme sur l'illustration suivante (les pendeloques sont les bijoux sur les côtés) :


Pour revenir à la perruque, la vérité est qu'à un certain moment en Europe, la plupart des femmes ne se couvraient plus la tête avec un foulard ou un voile, et avaient adopté la pratique non juive de porter la perruque. Certains Pôsqim qui estimaient que mieux valait « couvrir » ses cheveux avec une perruque plutôt que ne pas du tout les couvrir en arrivèrent à tenter de justifier cette pratique coûte que coûte. Mais rien ne saura légitimer de remplacer le foulard ou le voile par une perruque. Il est même préférable de ne pas du tout couvrir sa tête plutôt que de porter une perruque, qui n'a aucun lien avec la tradition juive et est un travestissement de notre religion !


1Shabboth 6:5