ב״ה
Preuves
supplémentaires concernant les vraies Massôth
Cet
article peut être téléchargé ici.
Nous
avions publié l'an dernier un article dans lequel nous expliquions
que les
vraies Massôth sont molles et souples, et non sèches et dures.
La
Tôroh ordonne à tous les Juifs, hommes et femmes, de consommer de
la Massoh la première nuit de Pésah.1
Cependant, nulle part il n'est expliqué comment préparer cet
aliment et à quoi il ressemble.
Il
existe plusieurs différences significatives entre ce qui est
communément appelée la Massoh « ashkénaze » et
la Massoh « séfarade » : la première est un
pain fin, dur, qui ressemble à des crackers, qui est souvent cuit
plusieurs mois avant Pésah et peut être conservé de longues
périodes de temps, tandis que la deuxième est épaisse, fine,
ressemble à du pain pita, n'est cuite que pendant Pésah (ou
à peine quelques jours avant), et ne se conserve pas longtemps.
Puisque chaque type de Massoh nécessite exactement les mêmes
ingrédients, à savoir, de la farine et de l'eau, l'explication de
leur apparence et goût différent réside ailleurs. Nous avions
expliqué dans l'article susmentionné que cette « Massoh »
dure n'était qu'une innovation causée par des considérations
pratiques (les Occidentaux et `ashkanazim ont cessé il y a près de
300 ans de cuire eux-mêmes leurs propres pains et Massôth)
et non halakhiques, nous allons à présent apporter des preuves
supplémentaires sur le fait que les vraies Massôth sont celles qui
suivent le rite Safaradhi, Témoni et Talmidh HaRamba''m, et non
`ashkanazi, un fait que de plus en plus de Rabbonim reconnaissent.
Si
vous jetez un coup d’œil dans les sources traditionnelles, vous ne
trouverez pratiquement aucune description explicite de la la Massoh
et son processus de cuisson. La raison à cela est très simple à
comprendre : tout le monde était intimement familier avec le
processus de cuisson parce que, jusqu'à l'ère moderne, chacun
cuisait ses propres Massôth. Certaines communautés juives,
comme par exemple les Témonim et parmi les Safaradhim, n'ont jamais
perdu la coutume de cuire eux-mêmes les Massôth souples, et le font
aujourd'hui pratiquement comme cela se faisait des milliers d'années
en arrière.
Le
Talmoudh2
discute du cas d'une mioche de pain moisi qui a été retrouvée dans
une corbeille à pains et qui cause un doute quant à savoir s'il
s'agit d'un pain Homés ou d'un pain Massoh.
Pour le Juif moderne, cela semble étrange ; après tout, toutes
les Massôth et les pains que nous connaissons aujourd'hui
sont différents et ne peuvent être confondus.
À
gauche, du pain, et à droite, des Massôth « ashkénazes »
Comment
se peut-il donc que quelqu'un puisse les confondre ? Clairement,
dans les temps bibliques et talmudiques, les Massôth
et le pain étaient identiques ! En fait, la Tôroh elle-même
surnomme la Massoh
לֶחֶם
עֹנִי « Laham
´ôni – le pain du pauvre »3,
et il est donc logique qu'elle ressemble au pain. Les Témonim
surnomment également la Massoh
« Laham
– pain », et les Massôth Témonim et Safaradhim ressemblent
à s'y méprendre à ce qu'on appelle communément « pain
pita », les seules différences étant la levure, l'huile et
les assaisonnements dans le pain. Nous avions vu dans
l'article intitulé « Le
mythe des Hallôth de Shabboth »
que les pains dont on parle dans les textes traditionnels sont ce qu'on
appelle aujourd'hui « pains palestiniens », et lorsqu'on
les compare aux Massôth Témonim et Safaradhim, on voit de façon
flagrante comme ils se ressemblent :
à
gauche, un pain-pita palestinien, à droite, des Massôth
« séfarades »
Même
le Mishnoh Barouroh4
écrit que le cas dont parle le Talmoudh se réfère à une période
où la pratique consistait à cuire des Massôth
épaisses qui ressemblaient à des miches de pain Homés.
Et
au cas où quelqu'un oserait avancer comme argument qu'il s'agissait
d'une Massoh
dure telle qu'on la fabrique généralement de nos jours et d'une
Massoh-Homés
dure, la suite du passage talmudique susmentionnée invalide
totalement une telle supposition, puisqu'elle explique clairement à
quoi ressemble la Massoh.
Le Talmoudh explique que si plusieurs « jours de Massoh »
sont passés, on peut supposer que de la Massoh
fut cuite quotidiennement, et que chaque jour une Massoh
fraîche fut jetée dans la corbeille, amenant l'ancienne à devenir
moisie. Comme cela a été expliqué, les Juifs ne cuisaient pas
leurs Massôth
plusieurs mois ou semaines avant Pésah,
contrairement à ce qui se fait aujourd'hui, mais durant chaque jour
de Hôl
Hammô´édh Pésah.
Ce que le Talmoudh nous dit ici n'a du sens que si l'on parle des
Massôth
souples, car peu importe la fraîcheur d'une Massoh
fine et dure qui est placée au-dessus d'une « vielle »
Massoh
dure et sèche, elle ne moisira jamais après une semaine. Mais une
Massoh
souple qui ressemble à du pain-pita moisira effectivement au bout
d'une semaine si on la laissait dans une corbeille. De cette Gamoro`,
il est clair que dans les temps bibliques et talmudiques, la Massoh
était souple et ressemblait au pain de l'époque, à savoir, le
pain-pita, ou pain palestinien. La seule différence est leurs
ingrédients, comme cela a été dit plus haut.
Ailleurs,
le Talmoudh5
déclare que pour accomplir la Miswoh
de la Massoh
lors du Sédhar de Pésah,
on peut utiliser de la מַצָּה
הִינָא « Massoh
Hino` », que Rash''i ז״ל
décrit
comme étant de la Massoh
n'étant pas complètement cuite. La Gamoro` demande alors comment
déterminer qu'elle est suffisamment cuite pour ne devenir Homés.
Elle répond que la Massoh
doit être cuite au point que, si jamais elle se brise, les « fils »
de pâte non cuits encore collants ne s'en détacheront pas lorsque
les parties sont séparées. Lorsque le Shoulhon
´oroukh cite ce cas talmudique, le Mishnoh Barouroh6
décrit un autre signe de cuisson suffisante non mentionné dans le
Talmoudh. Il écrit que mettre un doigt dedans et l'en ressortir sec
est un signe qu'elle est suffisamment cuite. (Même aujourd'hui, on
vérifie la cuisson d'un cake pour voir s'il est complètement cuit
en insérant et retirant, par exemple un cure-dent, et en vérifiant
si de la pâte y adhère.) Le Hozzôn
`ish ז״ל
souligne,
à juste titre, qu'avec la pâte très sèche utilisée de nos jours
pour faire la Massoh
ressemblant à des biscottes ou crackers, le doigt ressortira de
toute façon sec, même si elle n'est pas du tout cuite.7
En raison de tout cela, il est évident que le Talmoudh et le
Shoulhon
´oroukh traitaient d'une Massoh
n'ayant rien à voir avec la pâte extrêmement sèche utilisée les
Massôth
modernes dures et fines.
Le
Tour8
ז״ל
citant
son père (le Ro`''sh ז״ל,
début du 14ème siècle) écrit que la pratique en France et en
Allemagne consistait à faire les trois Massôth
nécessaires au Sédhar de Pésah
à partir d'une seule `isarôn (un dixième d'une `éfoh) de farine.
Une `isarôn, qui équivaut à 43,2 œufs, est la quantité
obligatoire pour la Miswoh
de Halloh,
et même d'après les mesures relativement petites cela dépasse les
1200 grammes, permettant d'obtenir des Massôth
d'au moins 400 grammes chacune. Cette pratique est mentionnée
également par le Ramo''`9
ז״ל,
plus de 250 ans après l'époque du Tour. Le Mishnoh Barouroh fait
remarquer qu'au 19ème siècle cette pratique avait été oubliée à
certains endroits10,
sous-entend très clairement qu'à de nombreux autres endroits elle
était encore suivie. Une telle pratique ne peut être possible
qu'avec de larges Massôth
ou d'épaisses Massôth.
Les Massôth
fines modernes faites à la main ne font chacune approximativement
que 70 grammes. Même en utilisant la mesure la plus petite de la
`isarôn, cela voudrait dire qu'une Massoh
fine faite à partir d'un tiers d'une `isarôn ferait plusieurs fois
la surface d'une Massoh
moderne, de nombreux mètres de diamètre, quelque chose qui est
toute évidence irréaliste, puisque cela ne pourrait pas rentrer
dans un four. En outre, le Ramo''`11
déclare qu'il ne faut pas faire la Massoh
trop large. Le fait que les trois Massôth
étaient obtenues à partir d'une seule `isarôn indique que leurs
Massôth
devaient être significativement plus épaisses que les Massôth
modernes.
Cela
prouve que dans le passé, ils utilisaient des Massôth
épaisses et certainement qu'elles étaient souples et non dures.
Le
Shoulhon
´oroukh12
déclare qu'il ne faut pas faire des Massôth
trop épaisses. Mais que signifie « trop épaisses » ?
C'est-à-dire qui font plus qu'une Tafah,
ce qui correspond à 8 centimètres. (Voir le Talmoudh
Yarousholmi, Pésahim
2:4 ; le Talmoudh Bavli, Pésahim
37a.)
Le Ramo''`13
exprima son inquiétude concernant des Massôth
si épaisses, et conseillent plutôt de faire des Massôth
רְקִיקִין
« Raqiqin »,
c'est-à-dire, fines, parce qu'elles sont plus lentes à lever que
d'autres pains. Le fait que le Ramo''` n'explicite pas l'épaisseur
idéale qu'il avait à l'esprit pourrait amener certains à penser
qu'il défendait les Massôth
fines, dures, et épaisses comme du papier, de notre époque. Mais il
n'en est pas ainsi ! Le Bé`ér Hétév14
cite le Béth Hillél15
(décédé en 1690) soutenant que la pratique consistait à faire des
Massôth
plus fines que du pain ordinaire et les rendre aussi épaisses qu'un
doigt, c'est-à-dire plus épaisses encore que les Massôth
souples. En outre, il convient de signaler que bien que « Raqiqin »
désigne des pains fins, cela ne signifie pas extrêmement fins comme
certains pourraient le supposer. En fait, le Ramba''m ז״ל,
qui consommait des Massôth
souples ressemblant à du pain-pita, décrit ses propres Massôth
comme étant « Raqiqin ».16
Même la majorité des Massôth
souples d'aujourd'hui sont plus fines qu'un doigt, et il est
indéniable que toutes les Massôth
faisant un doigt d’épaisseur étaient des Massôth
souples. Si les Massôth
dures d'aujourd'hui sont aussi fines qu'une carte de crédit, une
Massoh
dure de l'épaisseur d'un doigt ressemblerait à un tronc d'arbre !
De
tout cela, il ressort clairement que les Massôth
telles que décrites dans tous les textes halakhiques sont souples et
épaisses, et ressemblent exactement aux pains Homés.
Mais avec le temps, en raison du fait que les gens ne préparaient
plus eux-mêmes leurs Massôth
en Europe, on commença à cuire ses Massôth
avant Pésah
pour s'assurer de ne pas préparer des pains Homés
pendant Pésah.
Pour s'assurer qu'elles ne moisissent pas rapidement, contrairement
aux Massôth
souples, on les fit plus sèches et plus fines. Enfin, en raison de
l'invention des machines à Massôth,
des fours commerciaux, et d'une diversité de produits commerciaux
étiquetés « Koshér LaPésah »,
quelque part au début du 20ème siècle, les Massôth
ultra fines aussi dures que des crackers et biscottes qui sont les
plus connues aujourd'hui devinrent dominantes.
Mais
ces Massôth
dures ne peuvent avoir le statut de « pain ». Le
Talmoudh17
discute des règles relatives au פַּת
הַבָּאָה בְּכִסְנִין
« Path
Habbo`oh Bakhisnin », littéralement « pain
qui passe par le filtre ». Il existe trois façons différentes
de comprendre cette expression :
- Le Ramba''m la définit comme étant « une pâte qui a été pétrie dans du miel, ou de l'huile, ou dans de la graisse, ou mélangée dans toute sorte de condiment, et cuite ».18 C'est ce qu'on appelle de nos jours « pain Mazônôth ».
- Le Shoulhon ´oroukh19 donne deux autres interprétations de cette expression :
- celle de Rabbénou Hanon`él ז״ל : une pâte fourrée par d'autres matières sucrées. Par exemple, les tartes servies en guise de dessert, comme les tartes aux pommes
- celle du Rov Hay Go`ôn ז״ל : des crackers ou biscuits.
La
troisième définition décrit exactement la Massoh moderne.
C'est pour cela que de très nombreux Pôsqim ont tranché que l'on
doit dire « Mazônôth » et non « Hammôsi` »
en consommant une Massoh dure. Et telle est l'approche de la
majorité des Pôsqim Safaradhim, ainsi que des Témonim et Talmidhé
HaRamba''m. Mais plusieurs Pôsqim `ashkanazim ont néanmoins tenté
de défendre la pratique ashkénaze consistant à faire « Hammôsi` »
sur une Massoh dure. L'argument principal est basé sur un
passage talmudique reprit par le Ramba''m, qui déclare que l'on fait
normalement « Mazônôth » sur du Path Habbo`oh
Bakhisnin, sauf lorsqu'on en fait alors son repas, auquel cas on fera
« Hammôsi` ».20
Puisque cette Massoh dure est consommée comme base du repas
durant Pésah, on peut alors faire la bénédiction de
« Hammôsi` » dessus. Cette justification
sous-entend clairement que même d'après les `ashkanazim, cette
Massoh dure n'est pas du « vrai pain ». C'est pour
cela que les `ashkanazim ne font « Hammôsi` »
qu'en ne mangeant qu'une Massoh entière, car s'ils mangent
des morceaux de Massoh, la bénédiction est alors
« Mazônôth », car elle a le même statut qu'un biscuit,
ou cracker ! C'est là encore un argument supplémentaire contre
la Massoh dure moderne, puisqu’elle n'a pas le statut de
« vrai pain », et cela pose, par conséquent, de réels
doutes quant à savoir si on peut vraiment l'utiliser pour le Sédhar
de Pésah !
En
outre, le Mishnoh Barouroh21
écrit que pour les crackers très très fins qui sont cuits en
plaçant la pâte entre deux barres/planches métalliques et cuisent
instantanément, la bénédiction sera « Mazônôth »
même si on en fait son repas. Ces crackers ont un statut halakhique
inférieur au Path Habbo oh Bakhisnin. Or, certains rabbins
contemporains soulèvent des doutes quant à la validité des Massôth
dures modernes, qui pourraient tomber dans cette catégorie, et on ne
devrait ni faire « Hammôsi` » dessus, ni les
utiliser pour le Sédhar de Pésah.22
Certains fabricants de Massôth se vantent de l'épaisseur
ultra fine de leurs Massôth et du fait que le four qu'ils
utilisent est tellement chaud que les Massôth cuisent en
quelques secondes à peine. Ce genre de Massôth puissent
réellement être problématiques.
Il
y aurait encore beaucoup à dire, mais l'essentiel a été dit !
1Shamôth
12:18
2Pésahim
7a
3Davorim
16:3
4446:12
5Pésahim
37a
6461:13
7Hozzôn
`ish, `ôrah Hayim, Mô´édh 120:17, page 190a
8À
la fin de `ôrah Hayim
475
9475:7
10Mishnoh
Barouroh 475:46
11454:1
12`ôrah
Hayim 460:5
13460:4
14460:8
15Yôréh
Dé´oh 97
16Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Homés Oumassoh 8:6
17Barokhôth
41a-42b
18Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Barokhôth 3:9
19`ôrah
Hayim 168:7
20Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Barokhôth 3:9
21168:37
22Voir
le Mishnéh Tôroh, Hilkôth Homés
Oumassoh 6:8