samedi 26 mars 2016

Preuves supplémentaires concernant les vraies Massôth

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Preuves supplémentaires concernant les vraies Massôth


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Nous avions publié l'an dernier un article dans lequel nous expliquions que les vraies Massôth sont molles et souples, et non sèches et dures.

La Tôroh ordonne à tous les Juifs, hommes et femmes, de consommer de la Massoh la première nuit de Pésah.1 Cependant, nulle part il n'est expliqué comment préparer cet aliment et à quoi il ressemble.

Il existe plusieurs différences significatives entre ce qui est communément appelée la Massoh « ashkénaze » et la Massoh « séfarade » : la première est un pain fin, dur, qui ressemble à des crackers, qui est souvent cuit plusieurs mois avant Pésah et peut être conservé de longues périodes de temps, tandis que la deuxième est épaisse, fine, ressemble à du pain pita, n'est cuite que pendant Pésah (ou à peine quelques jours avant), et ne se conserve pas longtemps. Puisque chaque type de Massoh nécessite exactement les mêmes ingrédients, à savoir, de la farine et de l'eau, l'explication de leur apparence et goût différent réside ailleurs. Nous avions expliqué dans l'article susmentionné que cette « Massoh » dure n'était qu'une innovation causée par des considérations pratiques (les Occidentaux et `ashkanazim ont cessé il y a près de 300 ans de cuire eux-mêmes leurs propres pains et Massôth) et non halakhiques, nous allons à présent apporter des preuves supplémentaires sur le fait que les vraies Massôth sont celles qui suivent le rite Safaradhi, Témoni et Talmidh HaRamba''m, et non `ashkanazi, un fait que de plus en plus de Rabbonim reconnaissent.

Si vous jetez un coup d’œil dans les sources traditionnelles, vous ne trouverez pratiquement aucune description explicite de la la Massoh et son processus de cuisson. La raison à cela est très simple à comprendre : tout le monde était intimement familier avec le processus de cuisson parce que, jusqu'à l'ère moderne, chacun cuisait ses propres Massôth. Certaines communautés juives, comme par exemple les Témonim et parmi les Safaradhim, n'ont jamais perdu la coutume de cuire eux-mêmes les Massôth souples, et le font aujourd'hui pratiquement comme cela se faisait des milliers d'années en arrière.

Le Talmoudh2 discute du cas d'une mioche de pain moisi qui a été retrouvée dans une corbeille à pains et qui cause un doute quant à savoir s'il s'agit d'un pain Homés ou d'un pain Massoh. Pour le Juif moderne, cela semble étrange ; après tout, toutes les Massôth et les pains que nous connaissons aujourd'hui sont différents et ne peuvent être confondus.

À gauche, du pain, et à droite, des Massôth « ashkénazes »

Comment se peut-il donc que quelqu'un puisse les confondre ? Clairement, dans les temps bibliques et talmudiques, les Massôth et le pain étaient identiques ! En fait, la Tôroh elle-même surnomme la Massoh לֶחֶם עֹנִי « Laham ´ôni – le pain du pauvre »3, et il est donc logique qu'elle ressemble au pain. Les Témonim surnomment également la Massoh « Laham – pain », et les Massôth Témonim et Safaradhim ressemblent à s'y méprendre à ce qu'on appelle communément « pain pita », les seules différences étant la levure, l'huile et les assaisonnements dans le pain. Nous avions vu dans l'article intitulé « Le mythe des Hallôth de Shabboth » que les pains dont on parle dans les textes traditionnels sont ce qu'on appelle aujourd'hui « pains palestiniens », et lorsqu'on les compare aux Massôth Témonim et Safaradhim, on voit de façon flagrante comme ils se ressemblent :

à gauche, un pain-pita palestinien, à droite, des Massôth « séfarades »

Même le Mishnoh Barouroh4 écrit que le cas dont parle le Talmoudh se réfère à une période où la pratique consistait à cuire des Massôth épaisses qui ressemblaient à des miches de pain Homés.

Et au cas où quelqu'un oserait avancer comme argument qu'il s'agissait d'une Massoh dure telle qu'on la fabrique généralement de nos jours et d'une Massoh-Homés dure, la suite du passage talmudique susmentionnée invalide totalement une telle supposition, puisqu'elle explique clairement à quoi ressemble la Massoh. Le Talmoudh explique que si plusieurs « jours de Massoh » sont passés, on peut supposer que de la Massoh fut cuite quotidiennement, et que chaque jour une Massoh fraîche fut jetée dans la corbeille, amenant l'ancienne à devenir moisie. Comme cela a été expliqué, les Juifs ne cuisaient pas leurs Massôth plusieurs mois ou semaines avant Pésah, contrairement à ce qui se fait aujourd'hui, mais durant chaque jour de Hôl Hammô´édh Pésah. Ce que le Talmoudh nous dit ici n'a du sens que si l'on parle des Massôth souples, car peu importe la fraîcheur d'une Massoh fine et dure qui est placée au-dessus d'une « vielle » Massoh dure et sèche, elle ne moisira jamais après une semaine. Mais une Massoh souple qui ressemble à du pain-pita moisira effectivement au bout d'une semaine si on la laissait dans une corbeille. De cette Gamoro`, il est clair que dans les temps bibliques et talmudiques, la Massoh était souple et ressemblait au pain de l'époque, à savoir, le pain-pita, ou pain palestinien. La seule différence est leurs ingrédients, comme cela a été dit plus haut.

Ailleurs, le Talmoudh5 déclare que pour accomplir la Miswoh de la Massoh lors du Sédhar de Pésah, on peut utiliser de la מַצָּה הִינָא « Massoh Hino` », que Rash''i ז״ל décrit comme étant de la Massoh n'étant pas complètement cuite. La Gamoro` demande alors comment déterminer qu'elle est suffisamment cuite pour ne devenir Homés. Elle répond que la Massoh doit être cuite au point que, si jamais elle se brise, les « fils » de pâte non cuits encore collants ne s'en détacheront pas lorsque les parties sont séparées. Lorsque le Shoulhon ´oroukh cite ce cas talmudique, le Mishnoh Barouroh6 décrit un autre signe de cuisson suffisante non mentionné dans le Talmoudh. Il écrit que mettre un doigt dedans et l'en ressortir sec est un signe qu'elle est suffisamment cuite. (Même aujourd'hui, on vérifie la cuisson d'un cake pour voir s'il est complètement cuit en insérant et retirant, par exemple un cure-dent, et en vérifiant si de la pâte y adhère.) Le Hozzôn `ish ז״ל souligne, à juste titre, qu'avec la pâte très sèche utilisée de nos jours pour faire la Massoh ressemblant à des biscottes ou crackers, le doigt ressortira de toute façon sec, même si elle n'est pas du tout cuite.7 En raison de tout cela, il est évident que le Talmoudh et le Shoulhon ´oroukh traitaient d'une Massoh n'ayant rien à voir avec la pâte extrêmement sèche utilisée les Massôth modernes dures et fines.

Le Tour8 ז״ל citant son père (le Ro`''sh ז״ל, début du 14ème siècle) écrit que la pratique en France et en Allemagne consistait à faire les trois Massôth nécessaires au Sédhar de Pésah à partir d'une seule `isarôn (un dixième d'une `éfoh) de farine. Une `isarôn, qui équivaut à 43,2 œufs, est la quantité obligatoire pour la Miswoh de Halloh, et même d'après les mesures relativement petites cela dépasse les 1200 grammes, permettant d'obtenir des Massôth d'au moins 400 grammes chacune. Cette pratique est mentionnée également par le Ramo''`9 ז״ל, plus de 250 ans après l'époque du Tour. Le Mishnoh Barouroh fait remarquer qu'au 19ème siècle cette pratique avait été oubliée à certains endroits10, sous-entend très clairement qu'à de nombreux autres endroits elle était encore suivie. Une telle pratique ne peut être possible qu'avec de larges Massôth ou d'épaisses Massôth. Les Massôth fines modernes faites à la main ne font chacune approximativement que 70 grammes. Même en utilisant la mesure la plus petite de la `isarôn, cela voudrait dire qu'une Massoh fine faite à partir d'un tiers d'une `isarôn ferait plusieurs fois la surface d'une Massoh moderne, de nombreux mètres de diamètre, quelque chose qui est toute évidence irréaliste, puisque cela ne pourrait pas rentrer dans un four. En outre, le Ramo''`11 déclare qu'il ne faut pas faire la Massoh trop large. Le fait que les trois Massôth étaient obtenues à partir d'une seule `isarôn indique que leurs Massôth devaient être significativement plus épaisses que les Massôth modernes.

Cela prouve que dans le passé, ils utilisaient des Massôth épaisses et certainement qu'elles étaient souples et non dures.

Le Shoulhon ´oroukh12 déclare qu'il ne faut pas faire des Massôth trop épaisses. Mais que signifie « trop épaisses » ? C'est-à-dire qui font plus qu'une Tafah, ce qui correspond à 8 centimètres. (Voir le Talmoudh Yarousholmi, Pésahim 2:4 ; le Talmoudh Bavli, Pésahim 37a.) Le Ramo''`13 exprima son inquiétude concernant des Massôth si épaisses, et conseillent plutôt de faire des Massôth רְקִיקִין « Raqiqin », c'est-à-dire, fines, parce qu'elles sont plus lentes à lever que d'autres pains. Le fait que le Ramo''` n'explicite pas l'épaisseur idéale qu'il avait à l'esprit pourrait amener certains à penser qu'il défendait les Massôth fines, dures, et épaisses comme du papier, de notre époque. Mais il n'en est pas ainsi ! Le Bé`ér Hétév14 cite le Béth Hillél15 (décédé en 1690) soutenant que la pratique consistait à faire des Massôth plus fines que du pain ordinaire et les rendre aussi épaisses qu'un doigt, c'est-à-dire plus épaisses encore que les Massôth souples. En outre, il convient de signaler que bien que « Raqiqin » désigne des pains fins, cela ne signifie pas extrêmement fins comme certains pourraient le supposer. En fait, le Ramba''m ז״ל, qui consommait des Massôth souples ressemblant à du pain-pita, décrit ses propres Massôth comme étant « Raqiqin ».16 Même la majorité des Massôth souples d'aujourd'hui sont plus fines qu'un doigt, et il est indéniable que toutes les Massôth faisant un doigt d’épaisseur étaient des Massôth souples. Si les Massôth dures d'aujourd'hui sont aussi fines qu'une carte de crédit, une Massoh dure de l'épaisseur d'un doigt ressemblerait à un tronc d'arbre !

De tout cela, il ressort clairement que les Massôth telles que décrites dans tous les textes halakhiques sont souples et épaisses, et ressemblent exactement aux pains Homés. Mais avec le temps, en raison du fait que les gens ne préparaient plus eux-mêmes leurs Massôth en Europe, on commença à cuire ses Massôth avant Pésah pour s'assurer de ne pas préparer des pains Homés pendant Pésah. Pour s'assurer qu'elles ne moisissent pas rapidement, contrairement aux Massôth souples, on les fit plus sèches et plus fines. Enfin, en raison de l'invention des machines à Massôth, des fours commerciaux, et d'une diversité de produits commerciaux étiquetés « Koshér LaPésah », quelque part au début du 20ème siècle, les Massôth ultra fines aussi dures que des crackers et biscottes qui sont les plus connues aujourd'hui devinrent dominantes.

Mais ces Massôth dures ne peuvent avoir le statut de « pain ». Le Talmoudh17 discute des règles relatives au פַּת הַבָּאָה בְּכִסְנִין « Path Habbo`oh Bakhisnin », littéralement « pain qui passe par le filtre ». Il existe trois façons différentes de comprendre cette expression :

  1. Le Ramba''m la définit comme étant « une pâte qui a été pétrie dans du miel, ou de l'huile, ou dans de la graisse, ou mélangée dans toute sorte de condiment, et cuite ».18 C'est ce qu'on appelle de nos jours « pain Mazônôth ».
  2. Le Shoulhon ´oroukh19 donne deux autres interprétations de cette expression :
  1. celle de Rabbénou Hanon`él ז״ל : une pâte fourrée par d'autres matières sucrées. Par exemple, les tartes servies en guise de dessert, comme les tartes aux pommes
  2. celle du Rov Hay Go`ôn ז״ל : des crackers ou biscuits.

La troisième définition décrit exactement la Massoh moderne. C'est pour cela que de très nombreux Pôsqim ont tranché que l'on doit dire « Mazônôth » et non « Hammôsi` » en consommant une Massoh dure. Et telle est l'approche de la majorité des Pôsqim Safaradhim, ainsi que des Témonim et Talmidhé HaRamba''m. Mais plusieurs Pôsqim `ashkanazim ont néanmoins tenté de défendre la pratique ashkénaze consistant à faire « Hammôsi` » sur une Massoh dure. L'argument principal est basé sur un passage talmudique reprit par le Ramba''m, qui déclare que l'on fait normalement « Mazônôth » sur du Path Habbo`oh Bakhisnin, sauf lorsqu'on en fait alors son repas, auquel cas on fera « Hammôsi` ».20 Puisque cette Massoh dure est consommée comme base du repas durant Pésah, on peut alors faire la bénédiction de « Hammôsi` » dessus. Cette justification sous-entend clairement que même d'après les `ashkanazim, cette Massoh dure n'est pas du « vrai pain ». C'est pour cela que les `ashkanazim ne font « Hammôsi` » qu'en ne mangeant qu'une Massoh entière, car s'ils mangent des morceaux de Massoh, la bénédiction est alors « Mazônôth », car elle a le même statut qu'un biscuit, ou cracker ! C'est là encore un argument supplémentaire contre la Massoh dure moderne, puisqu’elle n'a pas le statut de « vrai pain », et cela pose, par conséquent, de réels doutes quant à savoir si on peut vraiment l'utiliser pour le Sédhar de Pésah !

En outre, le Mishnoh Barouroh21 écrit que pour les crackers très très fins qui sont cuits en plaçant la pâte entre deux barres/planches métalliques et cuisent instantanément, la bénédiction sera « Mazônôth » même si on en fait son repas. Ces crackers ont un statut halakhique inférieur au Path Habbo oh Bakhisnin. Or, certains rabbins contemporains soulèvent des doutes quant à la validité des Massôth dures modernes, qui pourraient tomber dans cette catégorie, et on ne devrait ni faire « Hammôsi` » dessus, ni les utiliser pour le Sédhar de Pésah.22 Certains fabricants de Massôth se vantent de l'épaisseur ultra fine de leurs Massôth et du fait que le four qu'ils utilisent est tellement chaud que les Massôth cuisent en quelques secondes à peine. Ce genre de Massôth puissent réellement être problématiques.

Il y aurait encore beaucoup à dire, mais l'essentiel a été dit !

1Shamôth 12:18
2Pésahim 7a
3Davorim 16:3
4446:12
5Pésahim 37a
6461:13
7Hozzôn `ish, `ôrah Hayim, Mô´édh 120:17, page 190a
8À la fin de `ôrah Hayim 475
9475:7
10Mishnoh Barouroh 475:46
11454:1
12`ôrah Hayim 460:5
13460:4
14460:8
15Yôréh Dé´oh 97
16Mishnéh Tôroh, Hilkôth Homés Oumassoh 8:6
17Barokhôth 41a-42b
18Mishnéh Tôroh, Hilkôth Barokhôth 3:9
19`ôrah Hayim 168:7
20Mishnéh Tôroh, Hilkôth Barokhôth 3:9
21168:37

22Voir le Mishnéh Tôroh, Hilkôth Homés Oumassoh 6:8