ב״ה
Quelles
sont les cinq espèces de céréale inclues dans le « Homés » ?
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Tout
le monde sait qu'à Pésah,
cinq sortes de céréales sont considérées comme étant du Homés.
Si vous demandez quelles sont-elles, la réponse classique sera le
blé, l'orge, le seigle, l'épeautre et l'avoine. Mais en est-il
réellement ainsi ?
La
première fois que le Ramba''m ז״ל
nous
parle des cinq espèces de céréales dans son Mishnéh Tôroh, c'est
dans le passage suivant1 :
חֲמִשָּׁה
מִינִין הֶן--הַחִטִּים,
וְהַשְּׂעוֹרִים,
וְהַכֻּסְּמִין,
וְשִׁבֹּלֶת
שׁוּעָל,
וְהַשִּׁיפוֹן
« Il
y a cinq espèces [de céréale] : le Hittim,
le Sa´ôrim, le Koussamin, la Shibbôlath Shou´ol et le Shifôn ».
Le Ramba''m fait ici un copier-coller de ce qui est rapporté dans la
Mishnoh.2
À quoi correspondent ces noms ? חִטִּים
« Hittim »
et שְׂעוֹרִים
« Sa´ôrim »
correspondent respectivement au blé et à l'orge. Mais c'est après
que les choses se corsent. כֻּסְּמִין
« Koussamin »
est de nos jours compris dans l'imaginaire populaire comme désignant
le seigle. Mais c'est tout bonnement impossible, étant
donné que le seigle ne poussait communément pas dans la région
méditerranéenne. Dans son Commentaire sur la Mishnoh3,
le Ramba''m définit à juste titre le terme כֻּסְּמִין
comme
se référant plutôt à du blé sauvage. Dans son commentaire sur le
Talmoudh4,
Rash''i ז״ל
identifie
la שִׁבֹּלֶת
שׁוּעָל
« Shibbôlath
Shou´ol » et la שִׁיפוֹן
« Shifôn »
respectivement à l'avoine et au seigle. Mais de nombreux chercheurs
et rabbins de différentes époques ont contesté ces définitions,
notamment parce que, là encore, nous avons des preuves que l'avoine
et le seigle n'étaient pas des céréales que l'on cultivait
généralement en `aras
Yisro`él du temps de la Mishnoh. Ils affirment plutôt qu'il s'agit
respectivement de l'orge commune et de l'épeautre. C'est également
la conclusion du Ramba''m, qui l'affirme dans son Commentaire sur la
Mishnoh.5
Le terme שִׁבֹּלֶת
שׁוּעָל,
qui signifie littéralement « graines du renard », est
employé parce que, à l'inverse du blé et de l'orge, les graines
d'orge commune poussent séparément de la tige de la céréale,
comme une queue de renard, qui a des poils qui s'éparpillent plutôt
que de rester à plat. En outre, de toutes les céréales, c'est
celle que préfère le renard. Quant au שִׁיפוֹן,
le Ramba''m soutient que cette céréale ressemble au Koussamin.
C'est pourquoi certains commentateurs utilisent les termes
« Koussamin » et « Shifôn » comme des
synonymes. (Effectivement, l'épeautre et le blé sauvage se
ressemblent beaucoup.) D'ailleurs, le TaNa''Kh emploie le terme
« Koussamin » pour désigner l'épeautre.6
De tout cela, il y a des preuves biologiques et historiques.
(Pour
être totalement complet, d'après d'autres autorités qui divergent
avec Rash''i, שִׁבֹּלֶת
שׁוּעָל
désignerait
le millet, tandis que שִׁיפוֹן
désignerait
l'avoine. Mais cette position n'est pas possible, du moins pour
l'avoine qui ne poussait pas en `aras
Yisro`él.)
Pour
résumer, les cinq céréales sont :
Le
blé
L'orge
Le
blé sauvage
L'orge
commune
L'épeautre
À
noter que contrairement à l'erreur couramment faite, la Tôroh
n'interdit pas du tout de consommer des produits à base de ces cinq
céréales durant Pésah,
mais uniquement d'en consommer lorsque les produits qui en
contiennent ont levé. Toutes ces céréales peuvent être utilisées
pendant Pésah
pour préparer des aliments qui ne lèvent pas. En fait, jusqu'à
relativement récemment, les femmes confectionnaient elles-mêmes les
Massôth
pendant Pésah
(et non plusieurs semaines avant) en utilisant ces céréales.
Contrairement à beaucoup de femmes d'aujourd'hui, elles savaient
comment préparer du pain non levé et d'autres plats, sans aucun
problème, avec ces céréales. Il n'est pas du tout nécessaire de
se débarrasser, par exemple, d'un sac de farine, puisqu'elle n'est
pas levée.
1Hilkôth
Barokhôth 3:1
2Halloh
1:1
3Kil`ayim
1:1
4Pésahim
35a
5Kil`ayim
1:1
6Yahazqé`l
4:9