jeudi 7 avril 2016

Les trente-neuf Malo`khôth : Tôfér et Qôréa´

ב״ה

Les trente-neuf Malo`khôth expliquées clairement

Tôfér – Coudre


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  1. Introduction

Parmi les activités nécessaires à la confection des tissus nous avons la Malo`khoh de תּוֹפֵר « Tôfér – coudre », qui possède de nombreuses applications pratiques contemporaines.

À l'inverse de la Malo`khoh de Qôshér, où deux entités sont attachées ensemble mais peuvent être séparées, Tôfér consiste à attacher fermement deux surfaces flexibles au moyen d'un troisième matériau. Le paradigme de cette Malo`khoh est la couture comme son nom l'indique. Lorsque vous cousez, vous combinez des matériaux de telle sorte qu'ils deviennent un. Coudre était réalisé dans le Mishkon afin de combiner les tissus tissés dont nous avons traités dans les leçons précédentes.1

Cette Malo`khoh ne s'applique pas que lorsqu'on utilise une aiguille et du fil ; d'autres types d' « attaches » sont inclus dans Tôfér. Voici quelques exemples2 :

  • scotcher : par exemple, coller avec du scotch des bouts d'un papier qui se sont décollés
  • coller : par exemple, en utilisant de la glu ou en scellant une enveloppe gommée
  • agrafer


  1. Qu'est-ce qui n'est pas inclus ?

Il existe un nombre important d'actes qui impliquent d' « attacher » deux choses ensemble mais ne sont pas considérés être une transgression de cette Malo`khoh. Nous allons donner quelques exemples concrets.

  • Boutonner


Garder quelque chose en place au moyen d'un bouton n'est pas du Tôfér. La raison à cela est que les entités ayant été attachées ainsi ne sont pas fusionnées ensemble (alors que lorsqu'on coud deux choses ensemble, elles sont fusionnées).

  • Fermer avec du velcro (ou ruban auto-agrippant ou scratch)


Lorsque vous utilisez du velcro, vous connectez un côté de l'objet à l'autre. Pourquoi n'est-ce pas, donc, un acte de Tôfér ?

Nous devons faire appel à la notion de דֶּרֶךְ תַּשְׁמִישׁוֹ « Darakh Tashmishô – usage ordinaire d'une chose ». Quand j'utilise un objet de la manière dont il était censé être utilisé, cette action n'est généralement pas une Malo`khoh. Il doit obligatoirement y avoir un autre élément créatif à mon acte afin qu'il ait le statut de « Malo`khoh » dans le contexte du Shabboth. Au niveau du velcro, son but-même est d'être fermé et ouvert à maintes reprises. C'est pourquoi, lorsque j'en fais usage, je n'accomplis aucune Malo`khoh. En outre, comme nous le verrons plus bas, l'attache réalisée par le velcro est temporaire, ce qui est une base supplémentaire pour permettre son emploi.

  • Épingle de sécurité


Contrairement aux boutons, les épingles de sécurité pénètrent la surface du tissu qu'elles servent à connecter, ce qui en fait un type d' « attache » plus « grave » par rapport aux lois du Shabboth. Mais parce que les épingles se détachent si facilement du tissu et qu'on ne les utilise généralement que pour des attaches temporaires et non permanentes (à l'inverse des tissus que l'on coud ensemble), les épingles de sécurité ne constituent aucun problème à Shabboth.

  1. Temporaire contre permanent

Un acte d' « attache » qui a pour but d'être permanent n'est pas autorisé. La raison à cela est que lorsqu'on cousait des tissus dans le Mishkon, c'était évidemment dans l'intention qu'ils restent attachés ainsi pour toujours (ou du moins jusqu'à ce qu'ils se déchirent et qu'on doive alors les réparer). De l'autre côté, des connexions qui sont de nature temporaire sont permises. Nous avions déjà mentionné cela en parlant du velcro. D'autres exemples classiques sont les fermetures à glissières (ou éclair) ou encore les aimants.

Nous pouvons donner comme autre exemple les pansements (ou d'autres bandages similaires). Il est permis d'attacher un pansement sur la peau, puisqu'il ne sera là que pour une courte période de temps. Nous pouvons placer dans la même catégorie les couches jetables. Elles sont souvent des languettes adhésives de chaque côté qui maintiennent la couche sur le bébé. Vous pouvez attacher la couche avec ces languettes parce qu'elle est de toute façon destinée à être retirée du bébé et est donc de nature temporaire.


Qôréa´ - Découdre

Tôfér a une Malo`khoh partenaire connue sous le nom de קוֹרֵעַ « Qôréa´ - découdre ». C'est l'inverse total de Tôfér. Par conséquent, tout ce que nous avons dit sur Tôfér va s'appliquer exactement de la même manière à Qôréa´. Ainsi, tout comme il est interdit de causer une attache permanente, il est interdit de détacher deux choses qui avaient été attachées ensemble de façon permanente. Tout comme une attache temporaire est autorisée, il est permis de détacher deux choses qui avaient été attachées ensemble de façon temporaire.

Au niveau biblique, seul le fait de détacher dans le but d’attacher à nouveau est interdit. Mais nos Sages ont également interdit de détacher dans un but destructif.

Voici quelques exemples pour illustrer cette Malo`khoh :

  • Déchirer un bout de papier

Déchirer un papier à Shabboth constitue un acte de Qôréa´. Mais qu'en est-il des mouchoirs en papier et des serviettes ?

Des mouchoirs en papier et des serviettes pourraient se déchirer alors qu'on les utilise normalement. Mais puisque cette déchirure n'est pas intentionnelle ni inévitable, nous pouvons en faire usage. S'il arrive qu'ils se déchirent, ce n'est pas une transgression du Shabboth.

  • Décoller une étiquette collée sur une bouteille ou un autre objet

C'est interdit à Shabboth en vertu de la règle suivante : Chaque fois que deux objets sont attachés ensemble (par exemple, par de la colle ou parce qu'on les a coud ensemble), les séparer est un acte de Qôréa´.

  • Décoller des pages qui se sont collées ensemble par accident

Il arrive très fréquemment que l'on découvre que des pages d'un livre se sont collées ensemble accidentellement (par exemple, à cause d'une tache de nourriture qui a séché). Il est permis de les décoller, puisqu'on n'a jamais eu pour intention de les coller ensemble.

  • Défaire un emballage

Dans nos cuisines, nous trouvons de nombreux produits emballés ainsi que des produits frais dans des paquets. Évidemment, retirer la nourriture de sa barquette implique une forme de déchirure. Nous devons donc comprendre quel type d'emballage il est permis d'ouvrir à Shabboth.

L'approche la plus pratique consiste à ouvrir les paquets nécessaires avant Shabboth. Par exemple, si vous savez que vos enfants voudront des biscuits le Shabboth après-midi, il serait préférable d'ouvrir le paquet avant l'entrée du Shabboth.

Mais tout ne peut pas être ouvert à l'avance, et vous ne savez pas toujours avant l'entrée du Shabboth ce dont vous aurez besoin et envie pendant Shabboth. De ce fait, ouvrir les paquets à l'avance n'est pas une solution absolue.

En fait, la règle de base est que les emballages alimentaires peuvent être ouverts à Shabboth s'il n'était pas possible de le faire avant (par exemple, parce que le produit va sécher, s’abîmer, etc.) ou que l'on a oublié de le faire. Nos Sages de mémoire bénie ont fait une exception pour les déchirures nécessaires pour obtenir de la nourriture, des médicaments ou d'autres nécessités.3

1Rash''i sur Shamôth 26:3
2Ramba''m, Mishnéh Tôroh, Hilkôth Shabboth 10:11

3Mishnoh, Shabboth 22:3