vendredi 1 avril 2016

Les trente-neuf Malo`khôth : Qôshér et Mattir (nouer et dénouer)

ב״ה

Les trente-neuf Malo`khôth expliquées clairement

Qôshér – Nouer


Cet article peut être téléchargé ici.

  1. Introduction

Les nœuds ont toujours joué un rôle important dans l'histoire humaine, notamment dans les domaines de l'agriculture et de la navigation, pour attacher le bétail, etc. Il existe en fait des centaines de types de nœuds, dont beaucoup servent à des usages bien spécifiques.

Les nœuds étaient nécessaires dans le Mishkon pour diverses activités, comme faire tenir les mailles à l'extrémité d'un morceau de tissu.1 Il est donc logique que nous en parlions juste après avoir abordé les Malo`khôth relatives au tissage. Cette Malo`khoh est appelée קוֹשֵׁר « Qôshér – nouer ».

  1. Qu'est-ce qu'un nœud ?

Comme nous l'expliquerons, tout ce que nous appelons « nœud » dans le langage populaire n'en constitue pas forcément un au niveau halakhique. Pour qu'un nœud soit considéré comme tel par la Halokhoh, il doit posséder deux caractéristiques :

  • il doit être permanent et
  • fait de façon professionnel.

Qu'entend-t-on par « permanent » ? Rash''i ז״ל et le Ri''f ז״ל expliquent qu'il s'agit d'un nœud que l'on noue dans le but de le laisser ainsi pour toujours, sans aucune intention de le défaire un jour.

Qu'entend-t-on par « professionnel » ? Le Ri''f et le Ramba''m ז״ל expliquent qu'il s'agit d'un nœud ayant été fait à la manière des artisans. Le Ramba''m donne comme exemple le nœud des âniers, le nœud des marins, les nœuds des lanières que font les cordonniers quand ils font des chaussures et des sandales, etc. En d'autres mots, il s'agit d'un nœud tellement serré qu'il ne se défera jamais de lui-même.

Évidemment, vous pouvez avoir un nœud qui a été fait avec l'intention d'être permanent mais qui n'est pas très serré. Pour que quelque chose soit considéré être un nœud d'après la loi de la Tôroh, les deux conditions doivent être remplies. Autrement, ce n'est pas un nœud d'un point de vue biblique. C'est ainsi que le Ramba''m écrit2 :

Une femme peut attacher l'ouverture de son manteau, même s'il a deux ouvertures, les fils de son foulard, même s'il n'est pas serré sur sa tête, les lanières de chaussures et de sandales que l'on attache autour du pied en les mettant, et les outres de vin et d'huile, bien qu'elles aient deux ouvertures, une marmite de viande, bien qu'il soit possible de retirer la viande sans détacher le nœud. On peut attacher un seau avec une ficelle, une ceinture ou quelque chose de semblable, mais pas avec une corde. On peut attacher [une corde] devant un animal ou à ses pieds pour ne pas qu'il ne sorte, bien que cela nécessite deux nœuds. Une corde qui est attachée à une vache, on peut l'attacher à l'auge ; une corde qui est attachée à l'auge, il est permis de l'attacher à une vache. Mais on ne doit pas amener une corde de chez soi et l'attacher à la vache et à l'auge. Si on a une corde de tisserand qu'il est permis de porter, on peut l'apporter et l'attacher à la vache et à l'auge, parce que tous ces nœuds ne sont pas [des nœuds] de professionnel, et on les attache et les défait [à volonté]. C'est pourquoi il est permis de les attacher. Il est permis de défaire les ouvertures de paniers de dattes et de figues sèches, de les déchirer ou de les couper, [puis] les prendre et les consommer.
קוֹשֶׁרֶת אִשָּׁה מַפְתְּחֵי הַחֲלוּק, אַף עַל פִּי שֶׁיֵּשׁ לוֹ שְׁנֵי פְּתָחִים; וְחוּטֵי סְבָכָה, אַף עַל פִּי שְׁהוּא רָפוּי; וּרְצוּעוֹת מַנְעָל וְסַנְדָּל שֶׁקּוֹשְׁרִין אוֹתָן עַל הָרֶגֶל, בְּשָׁעַת מַלְבּוּשׁ; וְנוֹדוֹת יַיִן וְשֶׁמֶן, אַף עַל פִּי שֶׁיֵּשׁ לוֹ שְׁתֵּי אָזְנַיִם; וּקְדֵרָה שֶׁלְּבָשָׂר, אַף עַל פִּי שֶׁיְּכוּלָה לְהוֹצִיא הַבָּשָׂר וְלֹא תַתִּיר הַקֶּשֶׁר. וְקוֹשְׁרִין דְּלִי בִּמְשִׁיחָה, אוֹ בְּאַבְנֵט, וְכַיּוֹצֶא בּוֹ--אֲבָל לֹא בְּחֶבֶל. וְקוֹשְׁרִין לִפְנֵי בְּהֵמָה אוֹ בְּרַגְלָהּ, בִּשְׁבִיל שֶׁלֹּא תֵצֵא, אַף עַל פִּי שֶׁיֵּשׁ לָהּ שְׁנֵי אֵיסָרוֹת. וְחֶבֶל שֶׁהָיָה קָשׁוּר בַּפָּרָה, קוֹשְׁרוֹ בָּאֵבוּס; הָיָה קָשׁוּר בָּאֵבוּס, קוֹשְׁרוֹ בַּפָּרָה. אֲבָל לֹא יָבִיא חֶבֶל מִתּוֹךְ בֵּיתוֹ, וְיִקְשֹׁר בַּפָּרָה וּבָאֵבוּס; וְאִם הָיָה חֶבֶל גַּרָּדִי שֶׁמֻּתָּר לְטַלְטְלוֹ, הֲרֵי זֶה מֵבִיא וְקוֹשֵׁר בַּפָּרָה וּבָאֵבוּס. מִפְּנֵי שֶׁכָּל אֵלּוּ הַקְּשָׁרִים, מַעֲשֵׂה הִדְיוֹט הֶן, וְאֵינָן לְקַיָּמָה, אֵלָא פַּעַם קוֹשֵׁר וּפַעַם מַתִּיר; וּלְפִיכָּךְ מֻתָּר לִקְשֹׁר אוֹתָן, לְכַתְּחִלָּה. חוֹתָלוֹת שֶׁלִּתְמָרִים וְשֶׁלִּגְרֹגְּרוֹת--מַתִּיר, וּמַפְקִיעַ, וְחוֹתֵךְ, וְנוֹטֵל וְאוֹכֵל

  1. D'autres exemples courants

Nous avons établi que tout nœud qui n'est ni permanent ni professionnel peut être fait à Shabboth. Voici quelques exemples courants de la vie de tous les jours.

  • Les chaussures


L'exemple le plus simple est le type de nœud que nous faisons en laçant nos chaussures. Il n'est pas « professionnel » d'après notre définition, puisqu'il peut être défait facilement, et il n'est pas non plus permanent, puisqu'on ne les noue jamais avec l'intention qu'ils durent longtemps. L'écrasante majorité des gens défont leurs lacets à la fin de la journée lorsqu'ils retirent leurs chaussures. Ce n'est donc pas un problème à Shabboth.

  • Une cravate


La majorité des Pôsqim permettent de nouer une cravate à Shabboth. La raison à cela est que la façon avec laquelle le nœud est fait n'implique pas du tout un vrai nœud halakhique mais est plutôt une variation d'un nœud coulant, qui est un nœud fait de façon à pouvoir facilement être défait rien qu'en tirant sur une extrémité.

Puisqu'un nœud coulant peut être défait sans aucune difficulté, il est traité différemment d'un vrai nœud au niveau halakhique. C'est ainsi que le Ramba''m écrit3 :

Un nœud coulant est permis car on ne le confondra pas avec un nœud. C'est pourquoi on peut joindre les deux extrémités d'une corde qui s'est rompue, enrouler une ficelle autour d'elles, et attacher par un nœud coulant.
הָעֲנִיבָה מֻתֶּרֶת, לְפִי שְׁאֵינָהּ מִתְחַלֶּפֶת בִּקְשִׁירָה; לְפִיכָּךְ הַחֶבֶל שֶׁנִּפְסַק--מְקַבֵּץ שְׁנֵי קְצוֹתָיו, וְכוֹרֵךְ עָלָיו מְשִׁיחָה, וְעוֹנֵב עֲנִיבָה

  • Les sacs poubelles


De nombreux sacs poubelles ont deux petites ficelles au dessus, qui sont destinées à être tirées et attachées ensemble une fois que le sac est plein. Les nouer de cette façon est comparable au nœud que l'on fait pour nos chaussures et est donc permis.

Mattir – Dénouer

  1. Introduction

À première vue, cela semble être une Malo`khoh étrange, puisque défaire un nœud implique un acte destructeur plutôt que constructif, et nous avions appris au tout début (voir l'article intitulé « Travail réfléchi ») que les lois du Shabboth ne concernaient que des activités créatrices ou constructrices. Comment peut-on donc interdire de défaire un nœud ?

Pour répondre à cette question, nous devons à nouveau remonter le temps et comprendre comment cette Malo`khoh de מַתִּיר « Mattir – dénouer » était réalisée dans le cadre des activités du Mishkon. Afin d'obtenir une teinture bleue spécifique appelée תְּכֵלֶת « Takhélath », les Israélites avaient besoin de capturer une espèce de crustacé dont le sang permettait d'obtenir cette couleur. La pêche nécessitait des filets et fabriquer les filets nécessitaient à la fois de nouer et dénouer des cordes. Par conséquent, l'acte de dénouer un nœud devint une Malo`khoh à elle toute seule.

  1. Application de cette Malo`khoh

Mattir est tout simplement la contrepartie exacte de Qôshér. En d'autres mots, tout nœud qu'il est permis de faire à Shabboth il est également permis de le défaire, et tout nœud qu'il est interdit de faire à Shabboth il est de même interdit de le défaire.4

Il existe trois indulgences à cette Malo`khoh :

  1. il est permis de défaire tout nœud qui n'avait pas été fait dans l'intention d'être permanent et qui n'était pas professionnel (ou si un seul des deux critères était rempli) ;
  2. il est permis de défaire tout nœud qui avait été fait dans l'intention d'être permanent, mais dont le nœud cause un malaise, un inconfort ou une difficulté. Par exemple, si une femme possède un tissu qui a été solidement noué (disons une décoration d'une robe) et ne peut l'utiliser sans défaire le nœud, il lui sera permis de le faire ;
  3. tout nœud qui avait été fait par accident (que ce soit à Shabboth ou avant) peut être défait à Shabboth. De par le fait que c'était un accident, une erreur, nous ne le considérons pas comme un « nœud ».
1Diverses raisons sont données dans le Talmoudh pour expliquer la nécessité des nœuds. Voir, par exemple, dans le Bavli, à Shabboth 74b, et dans le Yarousholmi, à Shabboth 7:2
2Hilkôth Shabboth 10:3
3Ibid., Halokhoh 5

4Ibid., Halokhoh 7
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