ב״ה
Musulmans
et Chrétiens : peut-on leur enseigner la Tôroh ?
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שו"ת
הרמב"ם
סימן קמט
השאלה הל"א שאלה מאמר ר' יוחנן (סנהדרין נ"ט א') גוי שעסק בתורה חייב מיתה, האם זה הלכה והחייב כל בר ישראל להמנע (מללמדו) דבר מן המצות חוץ משבע מצות או להעמידו עליהן, אם לאו
התשובה היא בלא ספק הלכה . וכאשר יד ישראל תקיפה עליהם, מונעים אותו מתלמוד תורה עד שיתגייר. אבל לא יהרג, אם עסק בתורה, לפי שאמר חייב מיתה ולא אמר נהרג כמו שאמרו (סנהדרין נ"ז א') על שבע מצות בן נח נהרג. ומותר ללמד המצות לנוצרים ולמשכם אל דתנו, ואינו מותר דבר מזה לישמעאלים, לפי מה שידוע לכם על אמונתם, שתורה זו אינה מן השמים, וכאשר ילמדום דבר מן כתוביה (וימצאוהו) מתנגד למה שבדו הם מלבם לפי ערבוב הסיפורים ובלבול העניינים אשר באו להם, (הרי) לא תהיה זו ראיה אצלם, שטעות בידיהם, אלא יפרשוה לפי הקדמותיהם המופסדות ויוכלו להשיב עלינו בזה בטענתם ויטעו כל גר וישראל, שאין לו דעת, ויהיה זה מכשול לישראל האסורין ביניהם בעונותם. אבל הערלים (ר"ל הנוצרים) מאמינים בנוסח התורה שלא נשתנה, ורק מגלים בה פנים בפרושם המופסד ומפרשים זאת בפירושים, שהם ידועים בהם, ואם יעמידום על הפרוש הנכון, אפשר שיחזרו למוטב, ואפילו לא יחזרו, כשרוצים שיחזרו, לא יבוא לנו מזה מכשול ולא ימצאו בכתוביהם דבר שונה מכתובינו
השאלה הל"א שאלה מאמר ר' יוחנן (סנהדרין נ"ט א') גוי שעסק בתורה חייב מיתה, האם זה הלכה והחייב כל בר ישראל להמנע (מללמדו) דבר מן המצות חוץ משבע מצות או להעמידו עליהן, אם לאו
התשובה היא בלא ספק הלכה . וכאשר יד ישראל תקיפה עליהם, מונעים אותו מתלמוד תורה עד שיתגייר. אבל לא יהרג, אם עסק בתורה, לפי שאמר חייב מיתה ולא אמר נהרג כמו שאמרו (סנהדרין נ"ז א') על שבע מצות בן נח נהרג. ומותר ללמד המצות לנוצרים ולמשכם אל דתנו, ואינו מותר דבר מזה לישמעאלים, לפי מה שידוע לכם על אמונתם, שתורה זו אינה מן השמים, וכאשר ילמדום דבר מן כתוביה (וימצאוהו) מתנגד למה שבדו הם מלבם לפי ערבוב הסיפורים ובלבול העניינים אשר באו להם, (הרי) לא תהיה זו ראיה אצלם, שטעות בידיהם, אלא יפרשוה לפי הקדמותיהם המופסדות ויוכלו להשיב עלינו בזה בטענתם ויטעו כל גר וישראל, שאין לו דעת, ויהיה זה מכשול לישראל האסורין ביניהם בעונותם. אבל הערלים (ר"ל הנוצרים) מאמינים בנוסח התורה שלא נשתנה, ורק מגלים בה פנים בפרושם המופסד ומפרשים זאת בפירושים, שהם ידועים בהם, ואם יעמידום על הפרוש הנכון, אפשר שיחזרו למוטב, ואפילו לא יחזרו, כשרוצים שיחזרו, לא יבוא לנו מזה מכשול ולא ימצאו בכתוביהם דבר שונה מכתובינו
En
voici les grandes lignes :
La
question posée est celle-ci : est-il permis d'enseigner la
Tôroh à un non Juif ?
Le
Ramba''m fait la distinction entre les Chrétiens et les Musulmans.
Les Musulmans n'acceptent pas la divinité de la Tôroh. C'est
pourquoi, chaque fois que la Tôroh contredit leurs traditions
confuses (alors que l'islam affirme n'être que la continuité des
prophètes Juifs ayant précédé l'islam et que cette religion n'est
venu apporter rien de nouveau mais seulement confirmer tout ce qui
avait été révélé avant elle), les Musulmans s'arrangent pour
expliquer la Tôroh d'une façon qui la rend compatible à leurs
traditions. Le discours mensongers des Musulmans peut troubler les
Juifs peu érudits et les convertis et deviendrait une pierre
d'achoppement pour ceux qui vivent parmi eux ou se retrouvent sous
leur autorité. Cette remarque est en tout point conforme avec
l'opinion bien connue du Ramba''m selon quoi la divinité de la Tôroh
la rend automatiquement immuable. Aucun prophète futur ne peut la
changer. Les Musulmans, qui rejettent la supériorité de Môshah
Rabbénou ע״ה
en
tant que père de tous les prophètes, et donc la divinité de la
Tôroh, s'accommodent de futures changements prophétiques. Ils n'ont
donc aucun problème avec le fait que certains passages de leur
Qouran et certaines de leurs traditions contredisent la Tôroh, car à
leurs yeux la Tôroh a été corrompue et Mouhammad est le
sceau de tous les prophètes venu apporter la dernière révélation.
De
l'autre côté, les Chrétiens croient en la divinité de la Tôroh.
Ils croient que Môshah Rabbénou avait une relation particulière
avec la prophétie. Ils croient également que la Tôroh qui existe
actuellement est l'originale, la même qui fut donnée par Dieu au
Mont Sinaï il y a plus de 3300 ans. Le seul problème est qu'ils
l'interprètent d'après leurs croyances. Ils ne nient pas du tout
les 613 Miswôth de la Tôroh, mais les considèrent plutôt
comme allégoriques et non pratiques (en d'autres mots, les Miswôth
n'ont pas été données, d'après eux, pour être mises en pratique,
mais pour enseigner des leçons morales, et doivent donc être
comprises de façon spirituelle). Lorsque le problème se situe au
niveau de l'interprétation ou de la compréhension des textes, on
peut démontrer aux égarés leurs erreurs et il est toujours
possible de les amener à voir la lumière. Et s'ils n'arrivent pas à
la voir, cela n'aura que très peu de conséquences, car ils ont
néanmoins le même respect que nous envers ces textes sur lesquels
nous divergeons. Ainsi, bien que nous ne devons pas enseigner la
Tôroh aux Musulmans, nous pouvons le faire avec les Chrétiens.
Cela
provient du fait que nous partageons un livre commun avec les
Chrétiens, tandis qu'avec les Musulmans nous partageons la croyance
de l'unité et unicité de Dieu. Notre conception de Dieu est très
proche de celle des Musulmans, et nous avons également avec eux la
même conception du respect des dogmes, suivons un code de règles
quotidiennes, et avons bon nombre de pratiques religieuses en commun.
Mais malgré tout cela, nous devons éviter de débattre et discuter
de la Tôroh avec les Musulmans, car ils n'acceptent pas la Tôroh
qu'ils disent être falsifiée. En outre ils disent du mal de nous
dans leurs textes (Dieu aurait changé les Juifs en singes et en
porcs ; les Juifs seraient les êtres les plus perfides de la
planète ; les Juifs mentent sur le contenu de la Tôroh et les
dogmes du Judaïsme ; les Juifs croiraient que Dieu aurait un
fils appelé Uzayr ; les Juifs comploteraient contre les
Musulmans pour leur faire abandonner l'islam ; les Juifs ne
seraient pas monothéistes, etc.), prétendent que leur faux prophète
serait l'autorité finale et affirment que tous les prophètes du
TaNa''Kh étaient Musulmans mais que nous nous serions détournés de
cette religion, d'où la raison pour laquelle Dieu aurait envoyé
Mouhammad, non pour fonder une nouvelle religion, mais pour ramener
les gens à la religion d'origine qui serait l'islam. Que voulez-vous
faire avec des gens pareils ?
Par
contre, nous pouvons enseigner la Tôroh aux Chrétiens, parce que
nous partageons un langage conceptuel commun qui peut s'appliquer,
non pas à la pratique religieuse, mais à la foi quotidienne. La
signification des termes pourraient ne pas être la même (expiation,
foi, rédemption, Messie, etc.) selon que l'on soit Chrétien ou
Juif. Cependant, bien que nous soyons en désaccord sur les
définitions, nous partageons le même vocabulaire et un texte
commun, ce qui permet de discuter et corriger leurs mauvaises
conceptions plus aisément. Avec les Musulmans, nous ne pouvons
communiquer parce que nous ne partageons pas un langage conceptuel
commun au niveau du texte. Pour eux, au niveau du texte, notre
religion est corrompue et seule la leur est pleinement correcte. Pour
le dire plus simplement, ils ne croient pas que nous ayons quoi que
ce soit à leur apprendre, ce qui n'est pas le cas des Chrétiens.
(Bien au contraire, nous voyons de plus en plus de Chrétiens
s'intéresser au Judaïsme, qu'ils considèrent être leur racine
spirituelle, puisque leur Messie et ses disciples étaient tous
Juifs, observaient le Shabboth, etc. Pour de nombreux Chrétiens,
étudier le Judaïsme est une manière de se connecter plus
intensément à leur Messie.)
La
leçon ici est plus que claire : la religion réside dans un
texte et une vie de foi, pas dans un raisonnement philosophique et
une théologie que l'on suppose partager avec d'autres. Nous avons
beaucoup de points communs théologiques et pratiques avec les
Musulmans, mais n'avons pas de texte commun ni la même conception de
la foi. De ce fait, nous ne trouverons pas de terrain d'entente avec
eux en leur parlant de Tôroh, un texte qu'ils estiment ne pas être
authentique, et parce que Môshah Rabbénou a été supplanté par
Mouhammad. De ce fait, ils ne seront pas disposés à
écouter !
Je
peux dire d'expériences personnelles que le Ramba''m a raison à
100%. Les bases textuelles communes que nous avons avec les Chrétiens
rendent les échanges plus honnêtes et vivants. Parce que les
Chrétiens croient dans la Tôroh, même s'ils ne l'appliquent pas et
l'interprètent différemment, il est possible de les ramener à la
raison aussi bien à partir de nos textes que des leurs, parce que
non seulement notre TaNa''Kh est inclue dans leur Bible, mais aussi
parce que les premiers Chrétiens étaient tout simplement des Juifs
qui croyaient et pratiquaient la Tôroh. Et le Christianisme n'a
jamais enseigné que nos textes étaient falsifiés, tout comme il ne
s'est jamais complètement séparé de la Tôroh (puisque les
Chrétiens lisent régulièrement le TaNa''Kh, car bon nombre de ce
qu'ils pensent être des prophéties sur leur Messie est basé sur le
TaNa''Kh). Par contre, l'islam s'est complètement séparé de la
Tôroh, la remplaçant intégralement par le Qouran (ce qui fait que
le Musulman n'accorde aucune valeur à la Tôroh, contrairement au
Chrétien) et la considérant falsifiée (nous ne pouvons donc leur
montrer leurs erreurs, car à chaque contradiction entre la Tôroh et
le Qouran ils répondront que ces contradictions proviennent de la
falsification de nos textes, tandis que les leurs sont venus corriger
nos erreurs), sans oublier la vénération de leur prophète qu'ils
élèvent au rang de dernier prophète et meilleur de tous les
hommes, ce qui fait que la parole de Mouhammad a plus de poids
que celle de Môshah Rabbénou (ce qui n'est pas le cas chez les
Chrétiens qui, bien qu'ils élèvent « Jésus » au rang
de Messie, Môshah Rabbénou est toujours dépeint dans leurs textes
comme étant le grand législateur du peuple d'Israël. C'est juste
qu'ils estiment que les lois de la Tôroh ne s'appliquent plus à eux
et n'ont donc pas de valeur pratique. Mais ils n'en rejettent pas la
valeur théologique et spirituelle). Ils adorent tellement Mouhammad
que ces gens interdisent de le représenter, comme s'il s'agissait de
Dieu !
Et
enfin, il est vrai qu'un Juif peu érudit a moins de chance d'être
attiré par le christianisme que l'islam, car il reconnaît aisément
la ´avôdhoh Zoroh du christianisme. Par contre, les ressemblances
pratiques avec l'islam pourront plus aisément le troubler et
l'attirer, et l'amener à s'éloigner de ses propres traditions ou en
arriver à considérer qu'il y aurait du bien dans l'islam. C'est
l'avertissement que le Ramba''m nous lance avant d'accepter de nous
embarquer dans des débats et discussions théologiques avec les
Musulmans.
1Responsa
n°149