lundi 8 août 2016

Quelques questions sur la prière communautaire

ב״ה

Quelques questions sur la prière communautaire


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Questions :

Cher érudit et מורה הוראה,
שלומך ישגא לעד,

J'ai quelques questions concernant votre post intitulé "La prière communautaire comme du temps de HaZa"L", afin d'être sûr : 
1. Laquelle des versions est-elles choisie pour les 10 dibbarôth, celle de שמות ou celle de דברים ?
2. Y a-t-il une חזרה à la עמידה ?
3. Où se disent les קדישין, éventuellement, s'il y en a ?

Réponses :

  1. La version des 10 Dibbarôth

Tous les documents anciens que nous avons retrouvés (et ils sont en grand nombre) attestent que c'est la version de Davorim qui est récitée, à partir du verset 1 jusqu'au verset 17.

  1. La Hazzoroh à la ´amidhoh

Le Talmoudh1 rapporte une divergence d'opinion entre Rabbon Gamli`él ז״ל et les Sages concernant l'utilité de la Hazzoroh (répétition) de la ´amidhoh à Rô`sh Hashonoh. D'après le premier, il suffit seulement que le Shaliah Sibbour (Sha''s) récite lui-même toute la ´amidhoh pour acquitter toute l'assemblée. Entendant cet argument, les Sages demandèrent alors à Rabbon Gamli`él pourquoi l'assemblée priait-elle d'abord et seulement ensuite le Sha''s ? Rabbon Gamli`él leur répondit que le Sha''s laissait l'assemblée prier avant lui afin d'avoir le temps de préparer sa prière (en effet, non seulement il n'y avait pas de Siddourim et les prières devaient être connues par cœur, mais en outre les formules des bénédictions de la ´amidhoh de Rô`sh Hashonoh n'étaient pas les mêmes que celles pour le reste de l'année, sans compter qu'il fallait y inclure des versets bibliques pour les sonneries du Shôphor, ce qui laissait au Sha''s le temps de passer en revue dans son esprit les bonnes formules et sélectionner des versets). Il pose alors aux Sages la question suivante : D'après vous, pourquoi est-ce que le Sha''s descend devant le `arôn Qôdhash pour faire la Hazzoroh ? Les Sages lui répondirent que c'était afin d'acquitter ceux qui ne savaient pas prier. Entendant cela, Rabbon Gamli`él leur répliqua que tout comme le Sha''s acquittait ceux qui ne savaient pas prier, il acquittait également ceux qui savaient prier.

Le Talmoudh cherche à différencier entre la Tafilloh quotidienne et celle de Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim, où tout le monde est considéré comme ne connaissant pas la prière. Dans ce cas, les Sages seraient d'accord avec Rabbon Gamli`él sur le fait que le Sha''s acquitte aussi bien ceux qui savent prier que ceux qui ne le savent pas et qu'une Hazzoroh n'est donc pas nécessaire. Par contre, pour la Tafilloh qui se fait tout au long de l'année, que la plupart des gens connaissent, ils seraient en désaccord avec lui. Le Talmoudh conclut effectivement que même Rabbon Gamli`él exigent que tous prient individuellement tout au long de l'année et que le Sha''s procède ensuite à la Hazzoroh afin d'acquitter ceux qui ne savent pas prier. C'est ainsi que le Ramba''m ז״ל tranche ceci dans son Mishnéh Tôroh2 :

2. Tous se lèvent ensuite immédiatement et prient à voix basse. Et celui qui ne sait pas prier se lève [aussi] et reste silencieux jusqu'à ce que le Shaliah Sibbour ait prié à voix basse avec les autres. Quiconque de l'assemblée termine sa prière recule de trois pas en arrière et reste debout à la place qu'il a atteinte lorsqu'il a reculé.
ב  וְהַכֹּל עוֹמְדִין מִיָּד, וּמִתְפַּלְּלִין בְּלַחַשׁ, וּמִי שְׁאֵינוּ יוֹדֵעַ לְהִתְפַּלַּל, עוֹמֵד וְשׁוֹתֵק עַד שֶׁיִּתְפַּלַּל שְׁלִיחַ צִבּוּר בְּלַחַשׁ עִם שְׁאָר הָעָם; וְכָל שֶׁיִּגְמֹר תְּפִלָּתוֹ מִן הַצִּבּוּר, יִפְסֹעַ שָׁלוֹשׁ פְּסִיעוֹת לַאֲחוֹרָיו, וְיַעֲמֹד בִּמְקוֹם שֶׁהִגִּיעַ אֵלָיו בָּעֵת שֶׁפָּסַע
3. Après que le Shaliah Sibbour ait reculé de trois pas en arrière, il commence à prier à voix haute depuis le début des bénédictions afin d'acquitter celui qui n'a pas prié. Et tous se tiennent debout et restent silencieux et répondent « `omén ! » après chaque bénédiction, que ce soit ceux qui ne se sont pas acquittés de leur devoir que ceux qui se sont déjà acquittés de leur devoir.
ג  וְאַחַר שֶׁיִּפְסֹעַ שְׁלִיחַ צִבּוּר שָׁלוֹשׁ פְּסִיעוֹת לַאֲחוֹרָיו, מַתְחִיל וּמִתְפַּלֵּל בְּקוֹל רָם מִתְּחִלַּת הַבְּרָכוֹת, לְהוֹצִיא אֶת מִי שֶׁלֹּא הִתְפַּלַּל; וְהַכֹּל עוֹמְדִין וְשׁוֹמְעִין, וְעוֹנִין אָמֵן אַחַר כָּל בְּרָכָה וּבְרָכָה, בֵּין אֵלּוּ שֶׁלֹּא יָצְאוּ יְדֵי חוֹבָתָן, בֵּין אֵלּוּ שֶׁכְּבָר יָצְאוּ יְדֵי חוֹבָתָן

Il est tranché la même chose dans le Shoulhon ´oroukh3 de Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל.

Le Moghén `avrohom4 ז״ל fait donc à juste titre remarquer que nous pouvons déduire de tout cela que celui qui sait comment prier ne s'acquitte pas de son devoir en écoutant la Hazzoroh du Sha''s. Si tel est le cas, pourquoi le Sha''s doit-il même procéder à une Hazzoroh ? Dans une de ses Tashouvôth, le Ramba''m explique que la Hazzoroh se fait uniquement pour accomplir le décret de HaZa''l qui l'ont exigée, et la Hazzoroh n'est par conséquent pas une bénédiction en vain puisque HaZa''l n'ont pas exigé de notre part que l'on vérifie si chaque individu sait prier ou pas.

Néanmoins, il n'existe aucune preuve qu'il y ait la moindre obligation de procéder éternellement à une Hazzoroh. Il est bien connu que dans une autre de ses Tashouvôth le Ramba''m a aboli pour les communautés dont il avait la charge la Hazzoroh de la ´amidhoh. C'est ainsi que jusqu'à nos jours, la plupart des Juifs yéménites, ainsi que les Talmidhé HaRamba''m, ne font pas de Hazzoroh de la ´amidhoh. Le Ramba''m a fait remarquer que lorsque ceux qui savaient prier avaient prié en silence, ils avaient tendance à ne pas du tout écouter la Hazzoroh du Sha''s, répondant « `omén ! » machinalement, sans réellement prêter attention à ses bénédictions, tandis que ceux qui ne savaient pas prier se mettaient à parler ou faire d'autres choses pendant la prière silencieuse. Ces choses existent jusqu'à nos jours dans la majorité des synagogues, et cela est un Hilloul HaShem car cela va à l'encontre de l'atmosphère d'ordre, de recueillement et de sainteté qui doit prévaloir dans une synagogue ou tout lieu où des hommes s'assemblent pour prier. C'est pourquoi le Ramba''m a aboli la Hazzoroh.

Nous pouvons ajouter un argument supplémentaire pour soutenir ce Pasaq d'abolition du Ramba''m. HaZa''l ont institué le principe de la Hazzoroh afin que même ceux qui ne savaient pas prier puissent être acquittés de leur devoir rien qu'en écoutant le Sha''s et en répondant « `omén ! » à ses bénédictions. Comme cela a été dit plus haut, dans les temps talmudiques il n'y avait pas de Siddourim. De plus, les formules des bénédictions pouvaient varier d'un lieu à l'autre, car le texte n'était pas entièrement formalisé et standardisé. Ces deux éléments font que de nombreuses personnes ne savaient pas prier. Or, de nos jours, les Siddourim sont facilement accessibles, et ce dans toutes les langues, de sorte que même celui qui ne sait pas prier peut simplement ouvrir un Siddour et lire le texte tel qu'il est imprimé. La raison de l'institution de la Hazzoroh n'est donc plus d'actualité à nos époques. C'est une raison supplémentaire d'en justifier l'abolition. Il existe trois pratiques pouvant être suivies :

  1. passer la prière silencieuse et procéder directement à la récitation à voix haute de la ´amidhoh par le Sha''s
  2. tout le monde prie à voix basse et il n'y a pas de Hazzoroh
  3. le Sha''s récite à voix haute les trois premières bénédictions de la ´amidhoh, puis tout le monde récite à voix basse toutes les bénédictions intermédiaires, et le Sha''s conclut enfin la prière par la récitation à voix haute des trois dernières bénédictions de la ´amidhoh.

  1. Les Qaddishin dans la prière

D'un point de vue strictement talmudique, le Qaddish ne se récite à la synagogue ou au Béth Hammidhrosh qu'après un cours ou un sermon donné par un maître ou un rabbin. La pratique consistant à réciter des Qaddishin au cours des offices de prière est post-talmudique ; elle est probablement née du temps des Ga`ônim ou au début de l'ère des Ri`shônim. Alors que le Qaddish était à l'origine une prière faite par les rabbins après leurs cours et sermons pour exprimer l'espoir que le nom d'HaShem soit sanctifié dans ce monde-ci comme il l'est dans les sphères célestes et que le peuple vive pleinement dans ce monde-ci d'après les diktats de la Tôroh afin de faire de la Terre un lieu de résidence paisible pour la Shakhinoh et amener l'ère messianique, le Qaddish est progressivement devenu une formule servant à marquer la séparation entre les différentes parties composant les offices de prière, d'où la raison pour laquelle il y en a excessivement trop. Tous ces Qaddishin ne sont d'aucune utilité d'un point de vue strictement talmudique.

D'après le Ramba''m, voici les endroits de l'office où un Qaddish est récité :

  1. Shahrith
  1. juste avant de faire le בָּרְכוּ « Borakhou »
  2. après les supplications (Tahanoun) faites après la ´amidhoh
  3. après les prières de supplication et les versets de miséricorde faits après le וּבָא לְצִיּוֹן גּוֹאֵל « Ouvo` LaSiyôn Gô`él »

  1. Minhoh
  1. après le תְּהִלָּה, לְדָוִד « Tahilloh LaDhowidh » (Tahillim 145)
  2. après les supplications (Tahanoun) faites après la ´amidhoh

  1. ´arbith
  1. après avoir fait le Shama´ et ses bénédictions
  2. après avoir terminé la ´amidhoh

Pour de plus amples informations, voir le Chapitre 9 des Hilkôth Tafilloh Ouvirakhath Kôhanim, dans le Mishnéh Tôroh du Ramba''m.

1Rô`sh Hashonoh 33b-34a
2Hilkôth Tafilloh Ouvirakhath Kôhanim 9:2-3
3`ôrah Hayim 124:1

4Ibid.